RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNE DÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUP

RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNE DÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITÉ MENTOURI CONSTANTINE FACULTÉ DES LETTRES ET DES LANGUES DÉPARTEMENT DE LANGUE ET DE LITTÉRATURE FRANÇAISES MÉMOIRE Présenté en vue de l’obtention du MAGISTER En Science des Textes Littéraires. L’HISTOIRE ET L’AMBIGUÏTE DU SENS DANS EL EULDJ, CAPTIF DES BARBARESQUES DE CHUKRI KHODJA. Par Afaf AMROUCH Devant le Jury : PRÉSIDENT : Farida LOGBI, Maître de conférences, Université de Constantine. RAPPORTEUR : Jamel ALI-KHODJA, Professeur, Université de Constantine. EXAMINATEUR :Nedjma BENACHOUR, Maître de conférences, Université de Constantine. Janvier 2007. Dédicaces Au peuple ALGERIEN qui a su expulser le colonisateur de notre pays… Au peuple PALESTINIEN qui souffre encore… Aux IRAKIENS aussi… A la mémoire de tout MARTYR… Remerciements Je tiens à remercier tout d’abord, mon directeur de recherche M. le Professeur Jamel ALI-KHODJA d’avoir assuré une direction motivante pendant une année entière de travail. Qu’il trouve ici l’expression de toute ma reconnaissance et ma gratitude. Mes vifs remerciements s’adressent également à : - Mme Nedjma BENACHOUR pour sa gentillesse et ses encouragements, - Mme Farida LOGBI d’avoir accepté de me lire et de me juger, - Chef du département M. ABDOU et toute l’Équipe de l’Université MENTOURI-Constantine, - Toute l’Équipe de l’E. N. S. de Constantine et surtout à M. CHIBANE, le directeur, - Tout enseignant ayant contribué à ma formation. Un remerciement spécial est aussi adressé à tous mes amis et à leur tête HARIZA Hadda pour tous les documents qu’elle a bien voulu me confier. Je réserve mes derniers remerciements à toute ma famille d’avoir me soutenue tout au long de mes études. Ainsi à tous ceux qui m’ont aidée et épaulée. 4 TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION………………………………………………………...6 PROBLÉMATIQUE……………………………………………………14 PREMIÈRE PARTIE : TÉMOIGNAGE DE DEUX BARBARIES…………………………………………………………….18 I. 1. La période turque………………………………………………20 I. 2. Le débarquement des Français……………………………..…25 I. 3. Nos intellectuels en révolte contre l’oppresseur…………...….28 DEUXIÈME PARTIE : COMBATTRE L’ARABE C’EST COMBATTRE L’ISLAM………………………………………………31 II. 1. Chukri KHODJA et la langue française…………………………...32 II. 1. 1. Dans quelle langue Chukri KHODJA s’est-il exprimé ?...32 II. 1. 2. Le français comme moyen de combat……………………37 II. 2. Les religions en contact…………………………………………….40 II. 2. 1. L’Islam combattu………………………….…………….40 II. 2. 2. L’Islam comme partie intégrante de l’identité algérienne…………………………….……………….….………44 5 TROISIÈME PARTIE : EL EULDJ, UN TEXTE POLYPHONIQUE À L’ÉCOUTE DE SON ÉPOQUE…………………………….…………..52 III. 1. El Euldj, répond-il aux caractéristiques du roman polyphonique ?................................................................................................53 III. 1. 1. Le discours romanesque comme discours transgressif……54 III. 1. 2. El Euldj, le héros tourmenté………………………............59 III. 1. 3. L’assimilation comme idée motrice du roman…………....64 III. 1. 4. Quelques agrammaticalités émergeant dans le corpus……68 III. 1. 5. L’ironie et l’implicite……………………………………..71 III. 1. 6. Énumération, répétition, négation et points de suspension.74 III. 1. 7. Le discours rapporté………………………………………76 III. 1. 8. Rencontre des langues et des styles……………………….79 III. 1. 9. L’intertextualité…………………………………………...82 III. 2. El Euldj comme produit naissant « d’une confrontation de l’écrivain et de sa société »…………………………………………...92 III. 2. 1. La personnalité dédoublée du créateur………..……….….93 III. 2. 2. L’École d’Alger……………………..………………….…94 III. 2. 3. Pour qui écrit-on ?...............................................................97 III. 2. 4. Pourquoi l’ambiguïté ?........................................................99 III. 2. 5. El Euldj dans son dialogue avec la société…….....……...100 CONCLUSION…………………………................................................111 BIBLIOGRAPHIE…………………………………………….………..114 ANNEXE. INTRODUCTION 7 Tout peuple possède une littérature qui lui est propre et qui apporte un enrichissement certain à sa culture. A son tour, la littérature algérienne de langue française se montre bel et bien capable de contribuer aussi au rayonnement de notre patrimoine culturel comme au développement des lettres françaises. Situer la naissance de cette littérature après 1945, c’est occulter un moment de notre histoire culturelle et littéraire en particulier. Certes, la littérature algérienne de langue française a ressurgi avec éclat autour des années 50, mais elle est née dans les années 20. La première génération d’écrivains de l’Algérie coloniale de l’entre- deux-guerres est née du colonialisme et vivant de son idéologie. C’est la période du roman colonial. On assiste donc à l’émergence de la littérature algérienne de langue française avec un groupe d’écrivains, citons entre autres : Caïd BEN CHERIF, Ahmed Ben Mostapha, goumier, 1920 ; Abdelkader HADJ-HAMOU, Notre Afrique (un recueil de nouvelles), 1925, Zohra, la femme du mineur (roman), 1925, Les Compagnons du jardin1 ; Chukri KHODJA, MAMOUN, L’Ebauche d’un idéal, 1928, EL EULDJ, Captif des Barbaresques, 1929 ; Slimane BEN IBRAHIM (avec Etienne DINET), Khadra, danseuse des Ouled Naïl, 1930 ; Mohamed OULD CHEIKH, Myriam dans les palmes, 1936, Poètes d’Oranie (une anthologie poétique) ; Ali BELHADJ (pseudonyme de Mohammed SIFI), Souvenirs d'enfance d'un blédard2, 1941; Aïssa ZEHAR, Hind à l’âme pure ou l’histoire d’une mère, 1942; et enfin les frères ZENATI, Bou El Nouar, le jeune Algérien, 1945. 1 Pour ce roman, HADJ-HAMOU a pris un pseudonyme et s’est fait appeler: Abdelkader FIKRI. 2 Ce roman a obtenu le grand prix littéraire de l’Algérie en 1941 mais dont le manuscrit n’a jamais été publié. 8 Ce noyau d’écrivains nourri au sein de la tradition arabo-islamique est le produit de l’appareil scolaire français. Le pouvoir colonial attend donc de ces derniers une validation de son idéologie : « L’ordre colonial, les bienfaits de la colonisation sont autant de thèmes qui ressurgissent sous la plume de l’écrivain autochtone. Pourtant, sous cette apparente unité de ton, l’œuvre développe ses propres contradictions. »3 Ces écrivains algériens vont introduire leurs discours dans l’univers discursif de la colonie. Alors, l’intelligentsia de cette époque produit une littérature relatant l’événement politique sans jamais en poser les termes dans la clarté. Né dans le premier quart du siècle, le roman reprend tous les poncifs et les stéréotypes coloniaux sur les méfaits de la course des pirates, des barbaresques, l’insécurité, la misère, la marginalisation, et surtout l’alcoolisme. Née d’un besoin d’écriture chez quelques écrivains qui s’expriment dans la langue de l’occupant, cette littérature nie, dans sa pratique, la politique d’assimilation prônée par le pouvoir colonial. Produite par des compatriotes, elle suit de près l’événement politique et aspire à se faire entendre. Les écrivains autochtones vont donner leur point de vue sur les problèmes issus du phénomène colonial en articulant la littérature autour de rapports dichotomiques: histoire / idéologie, colonisé / colonisateur, Métropole / Colonie. Bref, c’est une littérature moralisante qui marque une série de ruptures thématiques, formelles et idéologiques. Les écrivains de cette époque recourent souvent au folklore et s’adressent au lecteur français en premier lieu. 3 A. LANASRI, La littérature algérienne de l’entre-deux-guerres : Genèse et fonctionnement, http://www.limag.com. 9 Parmi les œuvres citées ci-dessus, le corpus qui nous occupe est celui de Chukri KHODJA, EL EULDJ, Captif des Barbaresques4. Nous essayons d’étudier principalement la dimension carnavalesque qui se manifeste dans ce dernier. La littérature de l’entre-deux-guerres mondiales avec les écrivains émergeant et les œuvres produites demeure malheureusement inconnue des non-spécialistes. Les œuvres de la période des premiers balbutiements de la littérature algérienne de langue française avec toutes leurs caractéristiques ne méritent-t-elles pas d’être étudiées ? Telle est notre motivation du choix du corpus. Étant donné que l’écrivain est très peu connu, on a jugé nécessaire de donner quelques repères biographiques. KHODJA Chukri, pseudonyme de HASSEN KHODJA Hamdane. Né le 11 février 1891 à Alger (Casbah). Famille de petits commerçants. Son grand-père maternel était président du tribunal d’Alger et écrivain. Études primaires à l’école d’indigènes (Soustara). A 16 ans, à la mort de son père, s’engage comme un comptable chez un commerçant juif de la rue de la Lyre. L’année suivante, il est admis à la Médersa d’Alger dont il fréquente les cours jusqu’en 1922, obtenant le diplôme supérieur. Reçu alors au concours d’interprète judiciaire. Nommé successivement à Remchi, Oued Fodda, Tablat, Médéa, il se fixera à Blida. En 1933, il est examinateur de toutes les classes d’interprètes judiciaires. Il est très affecté par les procès que lui impose la guerre de libération et l’arrestation des siens ; il demande sa retraite, en cessant progressivement ses activités. Retraite définitive en 1960. Il fut l’ami d’Abdelkader HADJ- 4 C. KHODJA, EL EULDJ, Captif des Barbaresques, Arras, INSAP, éd. de la revue des Indépendants, 1929. Réédité à Paris, Sindbad. Réédité avec MAMOUN, L’Ebauche d’un idéal, à Alger O. P. U. collection « Textes Anciens », 1992. 10 HAMOU et il eut des activités dans la vie d’associations : ainsi, il créa à Médéa, avec le Muphti FAKHAR, une société d’entraide sociale, et, à Blida, avec DJEDDOU, une association culturelle musulmane pour laquelle il s’attira des remontrances du pouvoir colonial. En 1929, il obtint le prix littéraire de la Société des artistes africains pour son second roman, publié à compte d’auteur. Il ne semble pas avoir collaboré aux revues littéraires, contrairement à OULD CHEIKH, BEN CHERIF, ou HADJ-HAMOU. Quelques années avant sa mort, il fit une grave crise dépressive et détruisit tout ce qu’il avait comme manuscrits. Il est mort en 1967, à l’âge de 76 ans5. Chukri KHODJA est l’un des auteurs illustrant une littérature dite « ethnographique »6 (ou documentaire), selon laquelle, l’écrivain algérien va se faire ethnographe et peindre sa société de l’intérieur. Cela prouve une volonté d’affirmation d’une identité authentiquement algéro-islamique. Faisant partie du groupe d’intellectuels formés dans les écoles françaises, Chukri KHODJA doit à uploads/Litterature/ amr952.pdf

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