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Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue d'Histoire littéraire de la France. http://www.jstor.org Aspects de la réception des "Illuminations" (1886-1936) Author(s): André Guyaux Source: Revue d'Histoire littéraire de la France, 87e Année, No. 2, Rimbaud: "Illuminations" (Mar. - Apr., 1987), pp. 221-230 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40529065 Accessed: 12-03-2016 14:03 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 128.59.222.12 on Sat, 12 Mar 2016 14:03:40 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions ASPECTS DE LA RÉCEPTION DES « ILLUMINATIONS » (1886-1936) Du temps qui nous sépare de la publication des Illuminations, je n'envisagerai ici que le premier demi-siècle, 1886-1936. Le Rimbaud d'Étiemble et de Yassu Gauclère, publié chez Gallimard en 1936 et dédié à Jacques Rivière, constitue un terme, un commencement et un relais idéal, rassemblant déjà les éléments principaux du « mythe » de Rimbaud et constituant le premier essai de thématique objective et raisonnée. C'est au début des années trente qu'apparaissent les premiers travaux universitaires. Julius Rutsch publie, en 1931, dans Die Neueren Sprachen, une étude d'une dizaine de pages sur le style des poèmes en prose rimbaldiens, qu'Étiemble, dans sa thèse, en 1952, citera encore comme l'une des rares études formelles de l'œuvre de Rimbaud. Au même moment, Alan Rowland Chisholm publie quatre articles dont un dans la Revue d'Histoire littéraire de la France (avril-juin 1930) et trois dans The French Quarterly (mars 1929, mars 1930 et mars-juin 1931), repris en 1930 dans un essai intitulé The Art of Rimbaud, publié à Melbourne, ouvrage indispensable qui, à ma connaissance, ne figure au catalogue d'aucune bibliothèque française. En 1935, deux « diplômes » dactylographiés voient le jour mais resteront inédits : le Diplôme d'Études Supérieures de Françoise Des Maisons, Le Vocabulaire, la syntaxe et le style de Rimbaud, travail attentif et précurseur, dont la Bibliothèque municipale de Charleville conserve un exemplaire, et le mémoire de licence de Jacques Pohl, Essai sur l'imagination de Rimbaud, présenté à l'Université de Bruxelles, précurseur lui aussi, offrant notamment des vues originales sur « Marine ». Dès leur publication en 1886, les Illuminations font, on le sait, un violent effet sur quelques esprits en quête de mystère et de formes R.H.L.F., 1987, n° 2, p. 221-230. This content downloaded from 128.59.222.12 on Sat, 12 Mar 2016 14:03:40 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions 222 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE inédites, sur Claudel en particulier. On n'a retrouvé, de l'année 1886, que deux comptes rendus, celui, dans Le Symboliste (7- 14 octobre), de Fénéon1, bien placé pour connaître ces textes puisqu'il en a préparé les éditions pré-originale et originale ; et quelques lignes de Teodor de Wyzewa dans La Revue indépendante, en décembre 2. Il faut attendre la décennie suivante pour rencontrer un nouvel écho aux Illuminations, et suivant une forme de critique très particulière, celle des plagiats de Jean Lorrain, dans L'Écho de Paris le 13 juillet 1891 et le 10 août 1895 3. Le Réveil avait publié, en 1892, une étude du symboliste belge Hubert Krains, sur « Les poèmes en prose d'Arthur Rimbaud », significative surtout quant à l'intérêt pour le poème en prose, auquel s'exerce Emile Verhaeren dans les mêmes années. 1895 est la date de la seconde préface de Verlaine : aux Poésies complètes de Rimbaud, publiées chez Vanier. Il avait, en 1886, préfacé l'édition originale des Illuminations. En 1895, Rimbaud est mort. En 1886, il est ailleurs et Verlaine ne sait pas où. Comme la monographie des Poètes maudits en 1883-1884 et celle des Hommes d'aujourd'hui en 1888, la préface de 1886 est affectée d'une sorte de réserve ou de crainte : et si Rimbaud lisait ces lignes ? On Ta dit mort plusieurs fois. Nous ignorons ce détail, mais en serions bien triste. Qu'il le sache, au cas où il n'en serait rien 4. La même pensée apparaissait dans Les Poètes maudits, en 1883- 1884: [...] si ces lignes tombent d'aventure sous ses yeux, que M. Arthur Rimbaud sache bien que nous ne jugeons pas les mobiles des hommes et soit assuré de notre complète approbation (de notre tristesse noire, aussi) en face de son abandon de la poésie, pourvu, comme nous n'en doutons pas, que cet abandon soit, pour lui, logique, honnête et nécessaire 5. Les circonlocutions familières du style de Verlaine cachent en l'occurrence un malaise, l'effet d'une intimidation exercée par 1. Repris dans les Œuvres plus que complètes de Félix Fénéon, textes réunis et présentés par Joan U. Halperin, Genève, Droz, tome II, 1970, p. 572-575. 2. Dans la rubrique « Les livres », p. 201-202. 3. M. Louis Forestier, qui a retrouvé le premier de ces plagiats, lui a consacré une étude dans les Mélanges offerts à Pierre-Olivier Walzer (Neuchâtel, A la Baconnière, 1985). Le second avait été republié, sans indication particulière de « source », dans un recueil posthume de Lorrain, Voyages, première édition rehaussée de trente-trois bois et compositions par A. Deslignères, Paris, Edouard-Joseph, 1921, p. 19-22. Ce second plagiat avait été signalé par Georges Maurevert dans son Livre des plagiats, Paris, Fayard, [1922], au chap. « Jean Lorrain, d'après Arthur Rimbaud et Jules Laforgue », p. 265-271. 4. Œuvres en prose complètes, texte établi, présenté et annoté par Jacques Borei, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1972, p. 632. 5. Ibid., p. 644. This content downloaded from 128.59.222.12 on Sat, 12 Mar 2016 14:03:40 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions ASPECTS DE LA RÉCEPTION DES « ILLUMINATIONS » 223 l'homme et dont l'œuvre, posthume ou quasi posthume, a pris le relais. Les textes de Verlaine ne constituent pas à proprement parler un commentaire. Son propos, en 1886 encore, est de révéler un poète « maudit », c'est-à-dire inconnu ou méconnu, et qui est, comme il l'écrit en 1883, « maudit par lui-même » 6, en laissant ses œuvres inédites et en désertant la littérature. Verlaine, d'une part, veut apprivoiser un improbable Rimbaud dont les yeux tomberaient sur les lignes qu'il lui consacre et qui peut-être désapprouverait l'entreprise editoriale, comme il eût, dit-il, probablement « déconseillé d'entreprendre »7 la publication des Poètes maudits. Il lui faut, d'autre part, apprivoiser le lecteur, le rassurer, défendre l'œuvre de son étrangeté rédhibitoire : « M. Arthur Rimbaud est né d'une famille de bonne bourgeoisie à Charleville (Ardennes), où il fit d'excellentes études [...] 8 ». C'est dans l'interstice de cette double précaution, mais aussi dans l'esprit le plus verlainien, et dans une sympathie poétique d'une rare qualité que se placent les quelques mots qui peuvent, à la rigueur, passer pour un commentaire des Illuminations. On les trouve dans le fascicule des Hommes d'aujourd'hui (1888), au moment où Verlaine détache, et cite, « Aube » et « Veillées » (les plus verlai- niens d'ailleurs des poèmes en prose de Rimbaud) de ce pur chef-d'œuvre, flamme et cristal, fleuves et fleurs et grandes voix de bronze et d'or : les Illuminations 9. Rare, peut-être unique essai, unique dans sa brièveté suggestive, dans sa fulgurance, de critique mimétique. Il s'agit pour Verlaine, non pas d'expliquer mais d'évoquer, de figurer les Illuminations. Trois syntagmes métaphoriques, où l'antithèse si usée pourtant du premier : flamme et cristal, l'allitération intensive du second : fleuves et fleurs, et la synesthésie désormais traditionnelle du troisième : grandes voix de bronze et d'or, font merveille. On peut invoquer des repiquages textuels, retrouver des « fleuves » dans « Vies » ; des « fleurs » dans « Enfance », « Aube », « Après le Déluge » et « Fleurs » ; des « voix » dans « Solde » et dans « Jeunesse n » et « m » ; de 1'« or » dans « Promontoire » et « Fleurs », - il n'y a de « bronze » nulle part ; on peut observer qu'un texte comme « Barbare » file l'antithèse du rouge et du blanc, telle qu'elle apparaît dans « flamme et cristal », avec une 6. Ibid., p. 655. 7. Ibid., loe. cit. 8. Préface de 1886, ibid.. o. 631-632. 9. Ibid., p. 801. This content downloaded from 128.59.222.12 on Sat, 12 Mar 2016 14:03:40 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions 224 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE virtuosité poétique qui fait de ce poème une prouesse du discontinu dans le continu. La réussite de Verlaine reste largement mystérieuse, intuitive, sinon instinctive. Que penser en revanche du troisième paragraphe de la préface de 1886 où, avec application, Verlaine s'évertuait à donner le contenu, la teneur des Illuminations, et nous infligeait : De la joie évidente d'être uploads/Litterature/ andre-guyaux.pdf
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- Publié le Dec 24, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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