HISTOIRE D'ANNIBAL PAR LE COMMANDANT EUGÈNE HENNEBERT. OFFICIER DE L'INSTRUCTIO
HISTOIRE D'ANNIBAL PAR LE COMMANDANT EUGÈNE HENNEBERT. OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. TOME PREMIER PARIS - 1870 LIVRE PREMIER. — TEMPS DE CARTHAGE ANTÉRIEURS À ANNIBAL. CHAPITRE PREMIER. — LA PHÉNICIE. CHAPITRE II. — TYR. CHAPITRE III. — FONDATION DE CARTHAGE. CHAPITRE IV. — LA LIBYE. CHAPITRE V. — SPLENDEUR DE L'EMPIRE CARTHAGINOIS. CHAPITRE VI. — LUTTES DE CARTHAGE ET DE SYRACUSE. CHAPITRE VII. — PREMIÈRES SCÈNES DU DRAME PUNIQUE. CHAPITRE VIII. — AMILCAR BOU-BARAKA. CHAPITRE IX. — GUERRE DE LIBYE. CHAPITRE X. — FONDATION DE CARTHAGÈNE. LIVRE DEUXIÈME. — CARTHAGE AU TEMPS D'ANNIBAL. CHAPITRE PREMIER. — ORGANISATION POLITIQUE. CHAPITRE II. — SITUATION INTÉRIEURE. CHAPITRE III. — FINANCES. CHAPITRE IV. — GUERRE. CHAPITRE V. — MARINE. CHAPITRE VI. — AGRICULTURE. CHAPITRE VII. — INDUSTRIE ET COMMERCE. CHAPITRE VIII. — TRAVAUX PUBLICS. CHAPITRE IX. — JUSTICE. CHAPITRE X. — RELIGION ET MŒURS DES CARTHAGINOIS. CHAPITRE XI. — LETTRES, SCIENCES ET ARTS. LIVRE TROISIÈME. — ANNIBAL EN ESPAGNE. CHAPITRE PREMIER. — ANNIBAL. CHAPITRE II. — PRÉLUDE DE LA DEUXIÈME GUERRE PUNIQUE. CHAPITRE III. — SAGONTE. CHAPITRE IV. — RECONNAISSANCES. CHAPITRE V. — L'ARMÉE D'ITALIE. CHAPITRE VI. — CONQUÊTE DE LA CATALOGNE. LIVRE QUATRIÈME. — LES PYRÉNÉES ET LE RHÔNE. CHAPITRE PREMIER. — PASSAGE DES PYRENEES. CHAPITRE II. — MARCHE D'ANNIBAL DES PYRÉNÉES AU RHÔNE. CHAPITRE III. — PASSAGE DU RHÔNE. APPENDICES. Appendice A. — Notice bibliographique. — Appendice B. Notes sur Carthage au temps d'Annibal. — Appendice C. Numismatique de Carthage. — Appendice D. Antiquités puniques. — Appendice E. Notice iconographique. — Appendice F. De l'art de l'attaque et de la défense des places dans l'antiquité. — Appendice G. Notice ethnographique. LIVRE PREMIER. — TEMPS DE CARTHAGE ANTÉRIEURS À ANNIBAL. CHAPITRE PREMIER. — LA PHÉNICIE. Chaque race humaine a son génie ; elle a sa part d'action certaine dans le jeu des événements nécessaires au développement de l'humanité. Fatalement entraînées les unes vers les autres, les diverses populations du globe ne s'agitent que pour multiplier, suivant des lois déterminées, leurs points de contact et leurs mélanges, et de tous les mouvements humains dus à ces instincts ethnologiques, les plus féconds, sans contredit, sont le commerce et la guerre. Tous les peuples antiques nous apparaissent sous une physionomie originale, mais toujours en harmonie avec le mode d'activité qu'ils ont suivi et avec la grandeur du but qu'ils se proposaient d'atteindre. Les uns sont essentiellement guerriers et conquérants ; les autres ne tendent qu'à l'industrie et au négoce. Il est aussi des nations, à l'esprit moins exclusif, dont les forces vives peuvent s'appliquer heureusement à des objets divers. Elles ont, durant un temps, le talent d'équilibrer leurs moyens d'action et de faire que, loin de se nuire, leurs opérations de commerce et de guerre se prêtent un mutuel et solide appui. Telle fut Carthage au temps de sa splendeur. L'histoire vraie de cet empire oublié saurait nous offrir sans doute des enseignements précieux, si l'on n'avait à déplorer les effets de la vengeance de Rome, qui n'en a laissé venir à nous que quelques fragments. Et ces documents incomplets se trouvent épars dans des livres qu'ont publiés des étrangers, des ennemis ! Toutefois, il est encore utile d'interroger des ruines, de faire appel à de saines méthodes pour tenter de rendre un peu de vie à ce monde perdu pour nous. Une étude de Carthage doit nécessairement être précédée de celle de sa métropole, et, tout d'abord, il convient d'esquisser à grands traits le caractère et les mœurs du peuple phénicien. C'est ce que nous allons faire aussi rapidement que possible. La Phénicie1 était une réunion de tribus chamitiques2, qui, antérieurement aux âges de l'histoire, avaient vécu de la vie nomade dans les plaines qui s'étendent 1 Φοενίκη, Phœnice, Phœnicia. (Servius, Ad Virgil. Æn., I. — Cicéron, De finibus, IV, XX.) Ce nom fait allusion au palmier, Φοΐνιξ, symbole de Tyr. 2 Les fils de Noé qui sortirent de l'arche étaient Sem, Cham et Japhet ; or Cham est le père de Chanaan. (Genèse, IX, 18.) Chanaan engendra Sidon. (Genèse, X, 15.) — Après cela, les Chananéens se dispersèrent. (Ibid., X, 18.) Sidon, vers l'an 2000 avant l'ère chrétienne, fonda la ville qui porta son nom et qui, dès l'an 1800, tenait le premier rang parmi toutes les cités du monde. Les Phéniciens sont bien des Chamites, et c'est à tort que Heeren les prend pour une branche de la grande tribu sémitique. de la Méditerranée au Tigre, et de la pointe méridionale de l'Arabie jusqu'au mont Caucase ; puis, cédant à la supériorité numérique des Egyptiens et des Juifs, elles avaient été refoulées le long des côtes de la Syrie, suivant une zone étroite de cinquante lieues de long sur huit ou dix de large1. Ainsi acculés à la mer, les Phéniciens la prirent pour patrie. Le littoral qu'ils occupaient était découpé de baies donnant des abris sûrs, et hérissé de montagnes couvertes de forêts. Le Liban leur offrait tout le bois nécessaire à d'importantes constructions navales. Favorisé par une situation exceptionnelle, ce peuple vit s'accumuler dans ses entrepôts toutes les marchandises de l'Asie, et le commerce d'exportation devint bientôt pour chacun de ses ports une source de richesses considérables2. Les côtes de Syrie se couvrirent de bonne heure3 d'un grand nombre de centres de population4, qui devinrent autant de ruches1 livrées à toute l'activité du commerce maritime. Le pays des Phéniciens s'appelait Canaan (de cana, être bas) ou pays bas, par opposition à celui des Hébreux et des Araméens, qui était le haut pays (aram, élevé). 1 Les limites de la Phénicie varièrent avec les phases diverses de son histoire. A l'aurore des temps historiques, Chanaan fut borné par ceux qui s'étendaient de Sidon à Gerara et à Gaza, jusqu'à Sodome, Gomorrhe, Adama, Seboïm et Lesa. (Genèse, X, 19.) Plus tard, sous la domination perse, la Phénicie, formant la cinquième province (νόµος) de l'empire, s'étendait de la ville de Posidium, en Cilicie, jusqu'aux frontières de l'Egypte, et comprenait, indépendamment du littoral, la Syrie et la Palestine. (Hérodote, III, XCI.) Éleuthère fut, à une certaine époque, considérée comme limite septentrionale de la Phénicie. (Strabon, XVI, II, XII. — Pline, V, XVIII, XIX. — Ptolémée, V, XX.) Sous Alexandre, la frontière sud passait par la ville de Césarée. (Guillaume de Tyr, XIII, II.) En résumé, bornée à l'ouest par la Méditerranée, à l'est par la chaîne du Liban et de l'Anti-Liban, la Phénicie s'étendait du 31e au 35e degré de latitude nord ; sa largeur variait de trois à dix myriamètres. 2 Les Phéniciens exerçaient aussi la piraterie. Au temps d'Homère, ils se montraient sur les côtes de la Grèce, tantôt en négociants, tantôt en corsaires. Ils vendaient chèrement aux Grecs des jouets et des bagatelles et leur enlevaient leurs filles et leurs garçons, dont ils allaient trafiquer sur les marchés de l'Asie. (Homère, Odyssée, XV, v. 402.) 3 Bien avant les Hébreux, les Phéniciens avaient renoncé à la vie nomade, et, dès le temps de Moïse, ils habitaient des villes. Toutes celles de leurs cités qui ont laissé un nom étaient construites bien avant le temps du roi David, et ces cités furent les premiers centres d'industrie du monde antéhistorique. Elles donnèrent asile aux premiers pêcheurs, navigateurs et métallurgistes, transformés par l'imagination des peuples en autant de divinités primordiales. Le dieu Belus ou Baal apparaît spécialement sous la physionomie d'un conquérant, d'un chef de pirates. L'industrie et la guerre : c'est bien là le génie de Carthage, fondée par les descendants de Belus. 4 Les principales villes de Phénicie étaient : Tyr, Tyrus, Τύρος, en hébreu araméen Tsounr (le rocher), aujourd'hui Sour ; Sidon, en phénicien et en hébreu Tsidon (la pêche), aujourd'hui Saïda ; Béryte, Berytus, Βήρωτος, aujourd'hui Beyrouth ; Byhlos, en phénicien Ghibl, aujourd'hui Djebaïl ; Tripolis, aujourd'hui Tripoli ; Aradus, aujourd'hui Ruad. Les villes phéniciennes étaient de dimensions restreintes, et la population y était extraordinairement compacte. Les maisons d'Aradus avaient plus d'étages que celles de Rome. ..............Tabulata tibi jam tertia fumant ; Tu nescis : nam si gradibus trepidatur ab imis, Ultimus ardebit quem tegula sola tuetur. (Juvénal, III.) La Phénicie n'était pas, à proprement parler, un Etat, et son organisation politique formait un singulier contraste avec celle des grandes monarchies asiatiques. Ce n'était qu'un ensemble de villes isolées, auxquelles les besoins d'une défense commune avaient imposé le système fédératif, et qui s'étaient constituées en ligue déjà vers le temps de Moïse. A des époques déterminées se tenait une diète générale. Les représentants des villes liguées se réunissaient à Tripoli pour y délibérer sur les intérêts de la confédération. Ordinairement, l'une des cités phéniciennes prenait une sorte de supériorité sur les autres, mais seulement à titre de capitale fédérale. Sidon fut d'abord à la tête de la confédération ; plus tard, du règne de Salomon à celui de Cyrus, l'hégémonie échut à Tyr2. Quelle était la constitution intérieure de ces villes phéniciennes ? Chacune avait son organisation particulière, et, bien que gouvernée par des rois3, formait en réalité une république urbaine indépendante. Le pouvoir royal, exempt de toutes formes despotiques, y uploads/Litterature/ annibal-1.pdf
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- Publié le Jan 18, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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