NŒUD La théorie du nœud esquissée par J. Lacan Jean-Michel Vappereau Présentati
NŒUD La théorie du nœud esquissée par J. Lacan Jean-Michel Vappereau Présentation de la série des fascicules de résultats 1. Dans le champ de Freud, nos fascicules de résultats prennent les choses au sérieux, ils font série. La série de nos résultats de topologie en extension s’adresse à ceux qui veulent se frayer une voie dans ce champ, sans en rester pétrifiés d’effroi ou pétris d’indifférence. Nous empruntons l’expression de "fascicules de résultats" à l’équipe Bourbaki. Les mathématiciens de ce groupe développent la construction des mathématiques à partir des termes de la théorie des ensembles. Dans le mode d’emploi de leur traité qu’ils ont divisé en livres, ils précisent la fonction de ces fascicules : "À certains Livres (soit publiés, soit en préparation) sont annexés des fascicules de résultats. Ces fascicules contiennent l’essentiel des définitions et des résultats des Livres, mais aucune démonstration." Leur tentative présente avec la nôtre une distinction qui ne peut prêter à confusion; nos fascicules ne sont annexés à aucun traité d’une envergure comparable. Par contre, dans notre construction de l’objet de la psychanalyse, à partir du fondement de la théorie des ensembles, nous disposons de l’œuvre de Freud et des écrits de Lacan, ces derniers sont accompagnés de son enseignement de séminaire. 2. La psychanalyse a été inventée par Freud lorsqu’il découvre l’inconscient. Cette invention est achevée par Lacan au travers d’un commentaire critique du texte de Freud, qui le met à l’épreuve de sa propre logique. Cette pratique s’appuie sur une méthode, elle produit un discours. La méthode est connue de ceux qui étudient des textes. Elle a reçu ses lettres de noblesse avec Champollion qui l’a déjà employée avec succès. La méthode psychanalytique consiste à comparer deux versions d’un même texte, puisque le discours analytique repose sur l’hypothèse selon laquelle notre appareil psychique s’élabore au travers d’une série de traductions, transcriptions, translittérations. Nous regroupons ces différents actes sous le terme de traduction, qui est ici à l’étude. Pour recourir à cette méthode, il faut disposer de plusieurs versions du texte étudié. La psychanalyse ne s’applique qu’à un sujet parlant qui fournit lui-même, en un même discours, les différentes versions d’un même texte (É, pp. 747-748) 1. Ce que l’on appelle sottement psychanalyse appliquée n’est que l’emploi de la méthode psychanalytique, dans la critique littéraire par exemple. L’étude du problème que pose la traduction culmine dans une pratique de l’écriture que le Docteur Lacan retrouve dans l’écriture de la langue japonaise. Le lecteur peut savoir que le lettré japonais écrit sa propre langue (lecture kun-yomi) par le recours aux caractères qui servaient à écrire un état archaïque de la langue chinoise (lecture on-yomi) 2 qu’il ne méconnaît pas. Fig. 1 Ainsi se dit et s’écrit l’élément que nous écrivons eau dans nos contrées. Cette pratique de la lettre appelle de nombreuses remarques. Pour engager la discussion, nous nous contenterons ici de quelques-unes d’entre elles. Le recours à cette écriture produit un effet de traduction permanente. Cette traduction s’effectue dans une même culture pour le Japonais lettré. Cela s’éprouve au plus pur en japonais écrit du fait des caractères qui introduisent dans la traduction une autre dimension; celle-ci est produite par une fiction de trois. Nous retrouvons cette instance de la lettre dans les Écrits de Lacan lorsqu’il présente la structure du signifiant grâce au couple d’opposition hommes/dames, Fig. 2 qui surmonte deux portes identiques, signalant chez nous ces lieux isolés soumis aux lois de la ségrégation urinaire (É, p. 499). Il y a quelque impertinence à illustrer ainsi la fonction de la lettre, mais c’est pourtant celle- ci qui est présente chez nous, jusque dans notre vie publique, et dont l’articulation paraît comme effacée dans l’écriture alphabétique. C’est sur le même mode que les éléments cliniques peuvent s’entendre dans la pratique. Les propos de l’analysant doivent aller jusqu’à rencontrer la structure du champ freudien pour atteindre à la dimension du discours. Cette structure est topologique car le discours analytique s’inscrit dans l’époque d’une science logico-mathématique dont la topologie vise au fondement. C’est donc par une série de traductions qu’il y a passage de la particularité du cas à l’universalité de ce qui se fonde. Ce geste ne prétend pas nous sortir de ce fantasme mais a la prétention d’en rendre compte. Il ne s’agit pas d’une abstraction toujours plus désincarnée, comme l’a cru Husserl en ses Fondements de l’arithmétique, à propos du concept de chat, mais d’une matérialité littérale, comme le lui rappelle Frege, où le fondement des concepts repose sur l’extension des cas particuliers portée à la dimension de l’ensemble. Le concept de chat n’est pas un chat abstrait auquel a été retiré le poil, les moustaches, les yeux, etc., mais la collection des chats, lorsqu’elle donne lieu à un ensemble selon des conditions précises. Nous parlerons donc de concept, à propos de cette collection, à la condition qu’une lettre, un nom, puissent lui être assignés, et nous dirons alors qu’elle est un ensemble. Cette assignation dépend de contraintes textuelles bien connues en théorie des ensembles, moins aperçues en d’autres domaines 3. Ainsi se pose la délicate question du nom propre. La pratique de la psychanalyse va à l’interprétation du fait de la traduction en s’appuyant sur les dessins ou les mathèmes de la topologie et en ayant recours à la topologie en usage en mathématique, celle-ci ne se prête d’ailleurs pas à une topologie appliquée mais réalise, comme dans la lecture du japonais, un parler bilingue. Fig. 3 Nous pourrions multiplier les exemples à propos de chaque concept de la psychanalyse. D’où la nécessité de nos éléments de topologie, car que dire d’un lettré japonais qui méconnaîtrait la lecture on-yomi (le chinois ancien) prétendant s’en passer pour écrire de manière univoque la langue japonaise (lecture kun-yomi)? La conversation courante met à contribution le regard et la voix, la pratique de Freud consiste dans son principe à isoler la voix au détriment du regard dans le traitement psychanalytique lui-même (étape majeure du training analytique, [É p. 698]). Cette pratique répond à ce qui s’y découvre, les affres du transfert où, dans le jeu des passions, l’ignorance se cache derrière l’amour, parfois derrière la haine. Mais elles doivent, comme nous venons de le dire, être articulées à l’ensemble du training qui fait de ce transfert une formation de l’inconscient. La pratique de Lacan s’inscrit dans cette configuration. Il entreprend de retourner à Freud en effectuant, dans le cas de la pratique elle-même comme à propos de chaque concept, un renversement lent mais radical. Sa pratique de la structure consiste alors à écarter la voix, c’est ce qu’a fait Lacan à l’extrême de son parcours, pour condenser l’attention sur le regard, spécialement avec les dessins de topologie. Le moment de bascule de ce renversement, selon la structure du champ freudien, trouve sa réalisation pratique avec les séances courtes. Cette étape, où cette pratique se réduit à une simple coupure, est nécessaire. Notre trajet n’est pas de rester collé à l’un ou à l’autre des moments de la structure, mais il est de n’en négliger aucun. Notre projet est d’approche de Lacan, approche de Freud, dans le prolongement de ce double mouvement qui reste indépassable — la pratique s’en trouve élargie. La pratique de la psychanalyse ne vise sans doute pas à produire des mathématiques mais nécessite de ne pas les méconnaître. La formation s’achève, chez l’analysant, par la séparation de l’analyste d’avec de l’analysé dont il se doit de faire le compte rendu. La pratique (la clinique, la structure et l’acte) ne tient pas si l’on esquive le fondement dogmatique de la traduction, c’est-à-dire de la lecture, de l’inconscient. Le discours analytique progresse à partir de cette pratique, mais il est déjà là pour nos générations. Ce n’était pas le cas pour Freud, pas encore pour Lacan, ils n’en disposaient pas. Le discours analytique est le lien social qui se forme, du fait de cette pratique, et qui lavec ses résultats. Où l’on voit que ça ne se fait pas tout seul. Cela commence à partir de deux, appareillés des œuvres de Freud et des écrits de Lacan. Ces raisons nous conduisent à considérer en préambule la topologie telle qu’elle va être dite comme l’argument du discours. Ce discours, en train de se faire, se présente selon plusieurs versions dans l’œuvre de Freud, plusieurs traductions dans l’enseignement de Lacan. Il nous faut les faire raisonnés par l’emploi de la méthode psychanalytique dont l’apprentissage constitue l’autre étape du training. Cette méthode ne saurait être négligée dans les comptes rendus de l’épreuve, comme elle ne saurait l’être dans les effets internes qu’elle produit. 3. L’œuvre de Freud est divisée en deux topiques, séparées par un moment intermédiaire (1914-1915) où s’affirme la nécessité du passage de la première à la seconde. Il y a trois chapitres topologiques dans l’enseignement de Lacan, rapportés à trois types de variétés mathématiques : graphes (1953-1961), surfaces (1961-1971), nœuds (1972-1981). Nous définissons et développons ces notions dans la série de nos résultats. Freud 1re topique. Dès la lettre 52 adressée à Fliess, Freud uploads/Litterature/ vappereau-jean-michel-noeud-1996-frances.pdf
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- Publié le Fev 04, 2022
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- Langue French
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