L'antiquité classique Nicole Diouron (Éd.), Pseudo-César. Guerre d'Espagne. Tex
L'antiquité classique Nicole Diouron (Éd.), Pseudo-César. Guerre d'Espagne. Texte établi et traduit Philippe Torrens Citer ce document / Cite this document : Torrens Philippe. Nicole Diouron (Éd.), Pseudo-César. Guerre d'Espagne. Texte établi et traduit. In: L'antiquité classique, Tome 70, 2001. pp. 298-300; https://www.persee.fr/doc/antiq_0770-2817_2001_num_70_1_2472_t1_0298_0000_2 Fichier pdf généré le 07/04/2018 298 COMPTES RENDUS J. Henderson réédite ici, avec quelques modifications et adjonctions, huit études qu'il a publiées depuis 1989. Elles portent toutes sur la manière dont divers auteurs latins et Appien ont traité les thèmes des guerres civiles (de 49 à 31) et de leur conséquence, la terreur sous les Césars. L'on peut donc lire ou relire dans une présentation commode des travaux en général fort pénétrants, comme sur l'XPDNC (« expediency ») de César et sur la continuité entre le Bellum Gallicum et le Bellum Civile, sur la vision des rois en Horace, Satires 1, 7, sur Y Ode 2, 1 à Asinius Pollion, sur l'ambiguïté verbale chez Lucain, sur la narration dans la Thébaïde de Stace, sur notre réception de Tite-Live... Le volume a été pourvu en outre d'une introduction, d'un tableau chronologique, d'un index locorum et d'un index rerum. Mais on n'y trouvera pas de conclusion, peut-être parce qu'il n'est guère aisé d'établir des liens entre ces sujets trop disparates pour constituer un véritable livre. Philippe Desy Nicole DlOURON (Éd.), Pseudo-César. Guerre d'Espagne. Texte établi et traduit par N.D. Paris, Les Belles Lettres, 1999. 1 vol. 13 χ 20 cm, CXI-196 p. en partie doubles (Collection des Universités de France). ISBN 2-25 1-01413-6. Il convient de saluer l'énorme travail accompli par Nicole Diouron, qui a établi, traduit et commenté ce texte difficile et ingrat que T.R. Holmes avait défini comme « the worst book of Latin Literature ». L'œuvre constitue un objet linguistique fascinant : elle est rédigée par un écrivain maladroit, mais qui a une teinture de rhétorique et cherche à produire des effets littéraires, dans un style à la fois gauche et prétentieux qui offre de redoutables difficultés d'interprétation. Nicole Diouron les a affrontées avec beaucoup de science et de patience, et les explique au lecteur tant dans son introduction que dans ses notes. Vingt-trois pages sont consacrées à exposer les délicats problèmes posés par la tradition manuscrite, et l'auteur, page CIII, propose un nouveau stemma. Le mauvais état du texte et les particularités de son style rendent la tâche difficile à qui veut comprendre le déroulement des opérations militaires et saisir stratégies et tactiques des antagonistes. La commentatrice s'est efforcée de clarifier tout cela autant que possible. Elle a aussi, et fort judicieusement, souligné que l'intérêt de ce récit est de nous présenter le point de vue d'un officier de rang moyen, qui saisit mal les grands mouvements décidés par les commandants, mais rend compte des opérations telles qu'elles sont vécues sur le terrain par les combattants. Il semble bien, en effet, que le rédacteur se soit inspiré des notes de César - ce que suggèrent certaines parentés avec les autres commentaires de César lui-même et la présence des procédés de déformation qu'avait analysés Michel Rambaud - et leur ait ajouté ses propres informations, issues d'un journal de bord qu'il aurait tenu lui-même. L'autre intérêt de ce texte est la lumière qu'il jette sur l'Espagne de cette époque-là. Le point de vue étroitement militaire du narrateur limite malheureusement son apport dans ce domaine. Les notes, appuyées sur de nombreuses études de spécialistes espagnols contemporains, exploitent ces informations lorsque cela est possible, mais nous regrettons que, sur ce point, il manque un chapitre de synthèse. La traduction est minutieuse et cherche à tenir compte des effets stylistiques ; il lui arrive parfois d'en imaginer de discutables : en 5, 6 (Hic alternis non solum morti mortem aggerabant, COMPTES RENDUS 299 sed túmulos tumulis exaequabant) l'auteur traduit : « Alors, des deux côtés, non seulement on entassait mort sur mort, mais les tombes étaient aussi hautes que des tertres » ; le parallélisme et le chiasme disparaissent, et la traduction, malgré les justifications qu'en donne l'auteur dans sa note 5, 11 de la p. 63, me paraît discutable : « par un raffinement rhétorique, túmulos semble être employé dans le sens de "tombeau, élévation de terrain recouvrant des cadavres" et tumulis dans celui de "tertre"» ; l'auteur elle-même définit tumulus comme un tombeau collectif, et il semble possible de comprendre : « ...non seulement on entassait mort sur mort, mais les tertres funéraires des uns égalaient les tertres funéraires des autres » ; non solum... sed est suffisamment justifié par le passage de l'individuel au collectif. En 6, 4, illa obscuratione est traduit par « à la faveur de l'obscurité », alors qu'il s'agit de la mauvaise visibilité due au brouillard : « opacité » conviendrait mieux. Les paragraphes 7 et 8 développent des explications géographiques particulièrement embrouillées, et toutes les solutions retenues par la traductrice ne nous semblent pas satisfaisantes. Loca edita est traduit d'abord par « région élevée », puis par « région accidentée » ; loca, traduit par « région » est un peu plus loin (8, 3) rendu par « hameaux », et la traductrice s'en justifie dans une note ; peut-être néanmoins l'emploi du terme vague « endroits » aurait-il permis de fournir un meilleur équivalent du mot également vague (mais distinct de regio) employé par l'auteur latin. En 8, 3, dans « ils y maintiennent des postes de guet », le lecteur ne sait pas à quel nom renvoie le pronom « ils » et l'emploi de « on » aurait été préférable. En 8, 4 item magna pars eius prouinciae montibus fere munita et natura excellentibus locis est constituía est traduit « par ailleurs, une grande partie des places de cette province sont, en général, protégées par des montagnes et installées sur des hauteurs naturelles » : le texte vient de mentionner des tours de guet « permettant de voir au loin dans toutes les directions », et item souligne l'analogie de situation entre ces tours et les oppida de la région ; la traduction défère par « en général » ne s'impose pas non plus et « presque fortifiées par les montagnes » paraîtrait plus adéquat ; « installées sur des hauteurs naturelles » nous semble aussi affaiblir un texte qui souligne la supériorité que la nature confère à ces sites. La même expression, excellens natura, appliquée quelques lignes plus loin à un tertre, est rendue par « assez élevé ». D'autres passages sont de la même façon sous-traduits : en 23, 3 centuriones (...) flumen trans gressi duo restituerunt aciem est traduit « rétablirent le combat » : d'après le contexte, ces deux centurions avaient plutôt reconstitué le front, que l'ennemi venait d'enfoncer ; en 23, 6 et 7 intra praesidia illorum est traduit par « dans les lignes ennemies » et munitione praesidii ita coangustabantur par « ils étaient si à l'étroit à l'intérieur des fortifications » ; en 24, 2, l'opposition aequo loco/iniquum locum est faiblement rendue par « en rase campagne/en terrain défavorable » (alors qu'ailleurs aequo loco est plus justement traduit par « en terrain plat ») ; en 26, 3, « notre chance habituelle » semble au-dessous de nostra felicitas. À l'opposé, nous signalerons quelques surtraductions : en 26, 2 des chevaliers ont été « jetés en prison » (in custodiam) ; le mot « prison » évoque pour nous un lieu bien précis ; l'Antiquité connaissait le cachot pour les esclaves, mais les hommes libres d'un certain rang sont plutôt confiées à la garde d'autres citoyens ; dans le doute, « placés en détention » éviterait tout risque d'anachronisme. En 24, 6 duorum 300 COMPTES RENDUS centurionum interino est traduit par « meurtre » : un terme plus neutre (« mise à mort ») semblerait souhaitable. Les réserves de détail que nous venons de formuler n'entachent pas le jugement globalement très favorable que nous inspire ce travail fouillé, très bien informé, qui permet au lecteur français d'aborder enfin ce curieux objet historico-littéraire que constitue la Guerre d'Espagne. Philippe TORRENS Annette Flobert, Tite-Live. Histoire romaine. Livres XLI-XLV. Introduction, notes, traduction inédite, répertoire général des noms géographiques. Paris, GF Flammarion, 1999. 1 vol. 10,5 χ 18 cm, 510 p. Prix : 66 FF. ISBN 2-08-071035-4 II ne semble pas que les lecteurs de YAC aient été informés de la publication dans la GF Flammarion de cette traduction inédite et annotée de Y Histoire romaine de Tite-Live, qui a commencé en 1993 et que l'on doit à Annette Flobert. Le présent volume, qui est le septième et le dernier, couvre les événements des années 178 à 167 av. J.-C. ; il traite essentiellement des affaires de Grèce et de la guerre menée contre Persée en Macédoine. Outre la traduction, chaque tome de cette œuvre monumentale comporte une introduction, des notes, des index historiques et de la bibliographie. Le septième comporte en outre un répertoire des noms géographiques portant sur l'ensemble de Y Histoire romaine. La collection, destinée à ce qu'on appelle un public cultivé, n'a pas uploads/Litterature/ antiq-0770-2817-2001-num-70-1-2472-t1-0298-0000-2.pdf
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- Publié le Mar 01, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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