L"ATMAN-BRAHMAN DANS LE BOUDDHISME ANCIEN l ' PUBLICATIONS DE L'ÉCOLE FRANÇAISE
L"ATMAN-BRAHMAN DANS LE BOUDDHISME ANCIEN l ' PUBLICATIONS DE L'ÉCOLE FRANÇAISE D'EXTR~ME-ORIENT VOLUME XC L' ATMAN-BRAHMAN DANS LE BOUDDHISME ANCIEN PAR Kamaleswar BHATIACHARYA Ouvrage publié avec le Concours du Centre National de la Recherche Scientifique ÉCOLE FRANÇAISE D'EXTRÊME-ORIENT PARIS 1973 Dépositaire: Adrien-Maisonneuve, 11, rue Saint-Sulpice, Paris (6e) ·~ © Ecole française d'Extrême-Orient, Paris, 1973 ~· ji B- ~~7_., A~s-+~ anatlani aliamanar[L passa lokar[L sadevakar[L 1 nivitfhar[L namarüpasmi1]1 idar[L saccan ti mafifiali 1 f Sn. 756 AVANT-PROPOS Ce livre est né d'un hasard. Conformément à une promesse ancienne\ nous voulions écrire un livre sur le bouddhisme dans l'ancien Cambodge. Mais la rencontre d'une stance d'inscription nous a amené à étudier à fond le problème de l' alman dans le bouddhisme. Ce problème existe-t-il? le bouddhisme n'a-t-il pas nié l'atm an? demandera-t-on, peut-être. Nous n'avons qu'une réponse, que nous avons essayé de formuler de diverses façons à travers ce livre, mais toujours en l'appuyant sur une étude du Canon pali, notamment des Nikaya, à savoir : le Buddha ne nie pas l'atman upani~adique; au contraire, il l'affirme indirectement, en niant ce qu'on croit faussement être l'atman. Aux savants éminents, qui ont consacré leurs vies à l'étude du bouddhisme, nous n'adressons qu'une prière : qu'ils adoptent une attitude vraiment bouddhique, et qu'ils lisent ce livre avant de dire : << C'est impossible )) ! Il nous faut expliquer la forme particulière que revêt cet ouvrage. La plupart des chapitres qui le composent furent présentés, entre 1963 et 1967, comme <<rapports annuels)) au Centre National de la Recherche Scientifique. Au cours des années, ces << rapports )) ont été modifiés quant à leur contenu ; mais nous leur avons conservé leur forme initiale, peut-être à tort. La plupart des appendices sont issus de ce qui n'était, à l'origine, que des notes. Quelquefois (par exemple, à propos de namarüpa, Appendice IV), nous ne faisons qu'esquisser des recherches qui pourraient être poursuivies dans le détail. Pour expliquer la philosophie upani~adique et bouddhique, nous avons recouru quelquefois à des parallèles avec les philosophies occidentales. Les similitudes qui apparaissent mériteraient sans doute d'être approfondies. Mais, pour l'instant, nous n'avons pas d'autre but que de rendre notre exposé aussi compréhensible que possible. Un certain nombre de comparaisons que l'on trouvera ici sont d'ailleurs celles mêmes que nous établissions pour nos étudiants à la Brown University, Providence, Rhode Island (USA). Nous devons ajouter que l'élaboration de cet ouvrage doit beaucoup à cet enseignement. Nos étudiants, sympathiques et attentifs, nous ont ouvert parfois par leurs remarques des horizons nouveaux. (1) Les Religions brahmaniques dans l'ancien Cambodge, d'après l'épigraphie et l'iconographie ( = Publications de l'École fran,aise d' Extréme-Orient, XLIX, Paris, 1961), p. 5. 2 AVANT-PROPOS A tous les auteurs qui sont cités dans cet ouvrage, nous devons quelque chose. Cependant, nous sommes particulièrement redevable à ceux qui ont étudié ce problème avant nous, notamment Hermann Oldenberg, Ananda Coomaraswamy et Sarvepalli Radha- krishnan1. Pour notre compréhension du Madhyamaka, nous devons beaucoup aux travaux de T. R. V. Murti et de K. Venkata Ramanan. Nous nous som1nes abstenu, autant que possible, de donner à ce livre un caractère polémique. Plus soucieux de dire ce que nous avions à dire nous-même que de juger les autres, nous n'avons cité aucun auteur pour le critiquer, sauf sur des points qui sont pour nous essentiels. Si les conditions dans lesquelles nous avons dû travailler avaient été meilleures, nous aurions pu, sans doute, obtenir un résultat plus proche de celui dont nous avions rêvé. Mais nous avons rencontré toutes sortes de difficultés pour consulter les livres essentiels ... Nous tenons à dire ce que nous devons à Jeffrey L. Masson, excellent sanskritiste. Celui-ci a non seulement mis à notre disposition sa bibliothèque personnelle à Providence, mais nous a aussi procuré de Harvard un grand nombre de textes palis et sanskrits dont nous avions besoin. Nous regrettons de n'avoir pas pu lire un certain nombre de sources secondaires importantes. M. Alexander B. Griswold, qui a bien voulu lire notre manuscrit, nous a décidé, le premier, à publier cet ouvrage. Nous le remercions vivement de ses encouragements. Nous n'oublions pas non plus les entretiens féconds que nous avons eus, à Paris, avec Walpola Rahula Thera, Tripitakavagisva- racarya. En dépit d'une divergence d'opinions, il a eu la bonté de nous éclairer sur bien des points. Nous pensons avec regret à trois maîtres disparus : Louis Renou, Paul Mus et George Cœdès. Tous trois ont suivi avec une grande bienveillance nos efforts depuis nos premières recherches sur l'épi- graphie sanskrite du Cambodge. Mais, pour le présent travail, c'est à M. Renou que nous devons le plus. Ce grand maitre d'indianisme n'aimait pas les esprits<< aventureux>>, et nous devons dire que l'accueil qu'il avait réservé à nos premiers <<rapports>> était plutôt froid. Mais il nous est agréable de nous rappeler que, après avoir lu notre chapitre sur le brahman (ch. II), il s'était enfin déclaré <<convaincu>>. Nous remercions, encore une fois, M. Filliozat, Directeur de l'École française d'Extrême-Orient, ainsi que le Centre National de la Recherche Scientifique, pour tout le soutien qu'ils ont bien voulu nous accorder, soutien sans lequel ce livre n'aurait jamais vu le jour. Paris-Brown University-Paris. Juin 1970 (1) Le problème des rapports entre le bouddhisme et les Upani!i!ad n'a pas cessé d'intéresser les chercheurs. Cf. P. Horsch, • Buddhismus und Upani~aden •, dans Pratidànam: Indian, Iranian and Indo-European Studies presented to F.B.J. Kuiper on his Sixtieth Birthday (The Hague-Paris, Mouton, 1968), pp. 462-477. --....- I 1. c c CHAPITRE PREMIER ATMAN ANATMAN Une inscription sanskrite du Cambodge, l'inscription B de Bàt èu:rp. (règne de Rajendravarman : 944-968 A.D.), débute par la stance suivante1 : Buddho bodhif!l vidadhyad vo yena nairiilmyadarsanam 1 viruddhasyapi sadhuktaf!l sadhanalJl paramatmanalJ Il L'idée de paramülman est contradictoire (viruddha) à la doctrine de nairiilmya; néanmoins, le Buddha a enseigné cette même doctrine comme moyen (sadhana) d'atteindre au paramalman 1 G. Cœdès, lorsqu'il éditait et traduisait cette inscription en 1908, y voyait une contamination du bouddhisme par l'hindouisme au Cambodge. Nous sommes amené aujourd'hui à écarter cette hypothèse, grâce au M ahayana-SiilralalJlkara, édité et traduit par S. Lévi en 1907 et 1911. La stance 23 du chapitre IX dit en effet : silnyatayalJl visuddhayalJl nairiilmyülmagralabhalalJ,2 1 buddhalJ suddhatmalabhitvad gata atmamahatmatam Il Le commentateur, d'accord avec le texte3 , écrit : taira canasrave dhülau buddhanalJl paramülma nirdisyale. - kif!l karaf).am? - agranairiilmyiilmakalvül. agralJl nairülmyalJl visuddha talhata, sa ca buddhanam alma, svabhavarthena. lasyalJl visuddhayam agralJl nairülmyam ülmanalJl buddha labhante suddham. alal} sud- dhülmalabhilvad buddha ülmamahülmyalJl prapla ily anenabhisalJldhina buddhanam anasrave dhatau paramülma vyavaslhapyale. (1) G. Cœdès, • Les inscriptions de Bàt èurp •, JA. 1908 (2), pp. 230 et 241, sl. I (cf. pp. 241-242, n. 4). (2) La lecture de S. Lévi est ici corrigée d'après G. M. Nagao, Index to the Mahiiyiina- Sütriilal!lkiira, I (Tokyo, 1958), p. xm. (3) Ce n'est pas, semble-t-il, toujours le cas. Cf. infra, p. 17, n. 2; p. 59, n. 2. Cf. aussi, ci-uessous, l'interprétation de nairiitmyiitmiigraliibhatal;. Nous ne discutero"s pas ici le problème (souvent discuté) de l'identification du ou des auteurs de ce texte et de ce commentaire. Nous voulons dire, simplement, qu'ils ne nous semblent pas avoir été composés par une même personne. 4 L'ATMAN·BRAHMAN DANS LE BOUDDHISME ANCIEN D'après la traduction de S. Lévi, légèrement modifiée: << Dans la Vacuité1 toute pure, les Buddha ont atteint le sommet de l' atman qui consiste dans l'lmpersonnalité2 • Puisqu'ils ont ainsi trouvé l' atman pur, ils sont arrivés à la grandeur de l'atm an. >> << Et, dans ce Plan Sans-Écoulement, on indique le paramiilman des Buddha. - Pourquoi donc? - Parce que leur iii man consiste dans l'Impersonnalité capitale. L'Impersonnalité capitale, c'est l' Ainsité3 toute pure, et elle est l' iilman, au sens de nature-propre4, des Buddha. Quand elle est toute pure, les Buddha arrivent à l'Impersonnalité capitale, qui est l'atm an pur. Arrivés à l' iilman pur, les Buddha arrivent à la grandeur de l' atman. Et c'est avec cette Arrière-pensée que le paramiilman des Buddha est classé dans le Plan Sans-Écoulement.>> Le commentaire du Ralnagolraviblziiga explicite encore davantage cette pensée : taira yii rüpiidike vasluny anilye niiyam iii smpjliii, du~klze suklzam iii, anatmany iilmeli, asubhe sublzam iii salJljnii, ayam ucyaie caiurvidho viparyiisa~. eiadviparyayel).a calurvidha eviiviparyiiso vedilavya~. - kalamas calurvidha~? - y ii lasminn eva rüpiidike vasluny aniiya- salJljnii, du~khasalJljnii, aniilmasaf!1jnii, asubhasalJljnii, ayam ucyale calurvidhaviparyiisaviparyaya~. - sa klzalv e$a nilyiidilak$at:talfl Talhiigatadharmakiiyam adhikrlyeha viparyiiso 'blziprelo yasya prali- pak$el).a caluriikiirii Talhiigatadlzarmakiiyagul).apiiramilii vyavaslhiipilii, ladyalhii nilyapiiramilii, sukhapiiramilii, iilmapiiramilii, subhapiira- mileli. e$a ca granlho vislarel).a yalhiisülram anuganlavya~: viparyaslii, Bhagavan, sallvii upiilfe$U pancasüpiidiinaskandhe$U. le bhavanly anilye nilyasalJljnina~, du~khe sukhasaf!1jnina~, aniilmany iilma- sa1[ljnina~, asubhe subhasalJljnina~. sarva8riivakapralyekabuddhii api, Bhagavan, sünyaliijniineniidr#apürve sarvajnajniinavi$aye Taihiigala- dharmakiiye viparyaslii~. ye, Bhagavan, sallvii~ syur Bhagavala~ pulrii aurasii nilyasalJljnina iilmasalJljnina~ sukhasa1[ljnina~ subha- saf!1}ninas le, Bhagavan, sallvii~ syur aviparyaslii~; syus le, Bhagavan, samyagdarsina~. - lat kasmiid dhelo~? - Talhiigaladharmakiiya eva, Bhagavan, nilyapiiramilii, sukhapiiramilii, iilmapiiramilii, subha- piiramilii. ye, Bhagavan, sallviis Taihiigaladharmakiiyam evalJl pasyanli le sam yak pasyanli; ye sam yak pasyanli le Bhagavala~ pulrii auras ii iii vislara~. (1) Sünyatti : cf. infra, pp. 96-97. uploads/Litterature/ atman-brahman-dans-le-bouddhisme-ancien-by-bhattacharya.pdf
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- Publié le Apv 27, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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