Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie 27 | 1999 Varia L’horizon de rétro

Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie 27 | 1999 Varia L’horizon de rétrospection des grammairiens de l’ Encyclopédie Sylvain Auroux et Bernard Colombat Édition électronique URL : http://rde.revues.org/821 DOI : 10.4000/rde.821 ISSN : 1955-2416 Éditeur Société Diderot Édition imprimée Date de publication : 15 octobre 1999 ISSN : 0769-0886 Référence électronique Sylvain Auroux et Bernard Colombat, « L’horizon de rétrospection des grammairiens de l’Encyclopédie », Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie [En ligne], 27 | 1999, mis en ligne le 04 août 2007, consulté le 02 octobre 2016. URL : http://rde.revues.org/821 ; DOI : 10.4000/rde.821 Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée. Propriété intellectuelle Sylvain AUROUX, Bernard COLOMBAT L’horizon de rétrospection des grammairiens de l’Encyclopédie L’objet de l’enquête Ce travail s’inscrit dans un programme de la division « grammaire » de l’UMR 7597, programme destiné à isoler le corpus représentatif des grammaires importantes dans la constitution de la linguistique occidentale sur une période longue (de l’Antiquité au XXe siècle). Il s’agit ici d’étudier la perception qu’avaient les Encyclopédistes des travaux antérieurs concernant l’étude du langage, ce que nous nommons « horizon de rétrospection »1. L’Encyclopédie de Diderot est un instrument particuliè- rement adapté à ce type de recherches en raison de la dispersion de la matière en de nombreux articles (nous y reviendrons), de sa polyphonie (plusieurs auteurs), de sa durée (1751-1765), qui explique l’introduction de nouvelles références2, de l’importance accordée aux phénomènes linguistiques et de son retentissement dans l’Europe des Lumières. L’idée de l’enquête est simple : il s’agit de recenser les citations présentes dans les articles de l’Encyclopédie, et à partir de là de tirer des conclusions sur la présence des domaines étudiés et des autorités invoquées dans ces domaines. Au moins dans un premier temps, la réalisation en est schématique. Nous avons retenu les auteurs cités dans chaque article pour effectuer un comptage, mais sans tenir compte ni de la longueur de l’article3, ni de la fréquence des citations dans chaque article, ni du fait que 1. Cf. Auroux, 1986. Cette étude est également le prolongement de deux enquêtes, faites à l’occasion de travaux sur la sémiotique des Encyclopédistes (Auroux, 1972, 1973, 1979) et d’une communication faite au Colloque sur l’héritage des grammairiens latins et traitant de la présence des grammairiens latins dans l’Encyclopédie (Colombat, 1988). 2. Nous nous limiterons ici à la première version ; le remaniement profond des articles pour l’Encyclopédie Méthodique (1782-1786) fera l’objet d’un prochain travail. 3. Longueur très variable d’un article à un autre : certains articles, comme CONSTRUCTION, INVERSION, sont très longs, et dressent un état complet de la question ; d’autres au contraire sont très brefs, et ne servent souvent qu’à renvoyer aux articles les plus importants. Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, 27, octobre 1999 l’auteur cité peut être revendiqué comme autorité, ou au contraire réfuté. Deux exemples : i) le nom de Quintilien apparaît cinq fois dans l’article INVERSION, et les textes de l’Institution oratoire y sont longuement cités ; dans notre analyse pourtant, l’article INVERSION ne compte que pour une occurrence ; ii) le nom de Despautère apparaît dans cinq articles, mais l’appréciation portée sur lui est tantôt négative (ex. ANTIPTOSE : « la prétendue antiptose de Despautère et de la foule des grammatistes »), tantôt positive (ex. DIÉRÈSE : « le docte Despautère »), tantôt neutre (ex. FIGURE 2). En vérité cette ambiguïté se traduit également dans les entrées de l’Encyclopédie : le fait qu’il y ait une entrée ANTIPTOSE et une entrée ÉNALLAGE n’est pas preuve de la reconnaissance de ces deux figures, puisque ces deux articles n’ont pour but que d’en réfuter l’existence. Beauzée écrit de même dans l’article GALLICISME [qu’] on aurait dû omettre l’art. GALLICISME, qui ne devrait pas plus paraître ici que l’art. ARABISME qu’on n’y a point mis, et mille autre qui n’y sont point. L’art. IDIOTISME qui les comprend tous, est le seul art. encyclopédique sur cet objet ; et nous ne donnons celui-ci, que pour céder aux instances qui nous en ont été faites. En d’autres termes, il ne faut pas déduire de la présence de tel ou tel article dans l’Encyclopédie la validité du concept qu’il expose. Même prudence donc concernant les citations : citation ne vaut pas autorité. Il n’empêche que même la citation réfutée a son importance, du fait même qu’il faille la réfuter. Par ailleurs, une citation peut contenir à son tour une autre citation (le cas est fréquent dans les articles qui sont constitués en grande partie par des extraits du Traité des tropes de Du Marsais). Mais il faut admettre que la citation dans la citation est à son tour assumée. Toutes ces réserves une fois exposées, notre relevé garde — croyons-nous — sa validité4. 112 SYLV AIN AUROUX ET BERNARD COLOMBAT 4. Dans notre relevé, nous nous sommes heurtés à des difficultés de trois types : i) Le repérage des auteurs est parfois difficile, par exemple à cause des variantes orthogra- phiques ou des abréviations affectant les noms propres, en particulier dans le cas de citations dans les citations. ii) Il n’est pas toujours aisé d’établir l’activité proprement métalinguistique de l’auteur cité ; en particulier pour les traducteurs, il est difficile de dire si le choix de telle ou telle traduction relève chez lui d’une réflexion proprement linguistique sur les deux langues à faire correspondre. iii) L’identification des sources n’a pas toujours été facile. Certains instruments (cf. bibliographie) nous ont bien aidés, au premier chef l’édition de vingt articles de l’Encyclopédie donnée par F. Douay-Soublin (1988), en particulier le passage consacré à « la table de travail de Du Marsais » (1988 : 427-440), ainsi que l’Index nominum du tome II de l’Histoire des idées linguistiques (Auroux dir., 1992). Nous remercions aussi † Françoise Desbordes pour les renseignements fournis sur les grammairiens latins et Sophie Kessler-Mesguich pour ceux fournis sur les grammaires de l’hébreu. 322 auteurs ou œuvres se répartissant ainsi : 82 auteurs (25 %) pour l’Antiquité et le Moyen Age. En fait, très peu d’auteurs appartiennent à ce dernier, si l’on considère qu’Isidore de Séville et Johannes Grammaticus (déb. VIIe s.) se rattachent encore à l’Antiquité. Restent alors quelques auteurs pour le Moyen Age : Paul Diacre (VIIIe s.), cité dans l’art. CARACTÈRES ; Guillaume d’Ockham, cité dans l’art. DATIF pour une remarque sur le caractère « artificiel », et non « philosophique » des langues (Du Marsais, 1987 : 494) ; Pierre Lombard et Saint Thomas d’Aquin pour l’introduction de l’article LY en français (art. ARTICLE) ; le lexicographe Huguccio de Pise (art. P). 47 auteurs pour la Renaissance (15 %). 94 auteurs ou œuvres5 pour le XVIIe s. (soit 29 %). 94 œuvres ou auteurs6 (soit 31 %) pour le XVIIIe s., ou plus exactement, compte tenu de la date de rédaction de l’Encyclopédie, une première grosse moitié du XVIIIe s. Si l’on prend en compte, non plus le nombre d’auteurs par période, mais le nombre d’articles citant au moins une fois tel auteur de telle période, on obtient une image plus fidèle de la représentation de chaque période, image qui serait encore affinée si l’on prenait le nombre de citations dans chaque article (cf. supra, « L’objet de l’enquête »). L’analyse des données 1. Répartition par périodes GRAPHE 1 Nombre d’auteurs ou d’œuvres répertoriés par période L’HORIZON DE RÉTROSPECTION DE L’ENCYCLOPÉDIE 113 5. La distinction tient au fait que, en ce qui concerne Port-Royal, les grammairiens de l’Encyclopédie renvoient le plus souvent aux œuvres, et non aux auteurs : nous les avons donc suivis. 6. La distinction tient ici au fait qu’il y a un certain nombre de renvois à des revues (ex. Journal littéraire), à des ouvrages collectifs (ex. Dictionnaire de Trévoux, Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres) ou anonymes (ex. Délices de la langue latine). XVIIIe siècle (99 auteurs) 31 % XVIIe siècle (94 auteurs) 29 % ANTIQUITÉ (82 auteurs) 25 % RENAISSANCE (47 auteurs) 15 % Si la part de l’Antiquité (324 des 1 297 occurrences, soit 25 %) et du XVIIIe s. (412 art. ; 32 %) restent relativement stables, la part de la Renaissance diminue considérablement (127 articles ; 10 %), alors que celle du XVIIe s. (434 articles ; 33 %) augmente assez nettement. Un grand nombre d’auteurs humanistes ne sont en effet cités qu’une fois (29 sur 47), alors qu’au XVIIe s. les ouvrages de Port-Royal (surtout la Nouvelle Méthode Latine, la Grammaire Générale et Raisonnée et la Nouvelle Méthode Grecque) sont cités dans un très grand nombre d’articles (respectivement 44, 28 et 24). 2. L’Antiquité et le Moyen Âge GRAPHE 3 Les auteurs de l’Antiquité cités dans 5 articles et plus 114 SYLV AIN AUROUX ET BERNARD COLOMBAT GRAPHE 2 Nombre d’articles faisant référence aux auteurs ou aux œuvres de telle ou telle période XVIIIe siècle (412 articles) 32 % XVIIe siècle (434 articles) 33 % ANTIQUITÉ (324 articles) 25 % RENAISSANCE (127 articles) 10 % QUINTILIEN (42 articles) AUTRES (120) PRISCIEN (39) CICÉRON (33) SERVIUS (18) ISIDORE (13) F DGA H DO VAR VAR uploads/Litterature/ auroux-colombat-l-x27-horizon-de-retrospection-des-grammairiens-de-encyclopedie.pdf

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