Paul Henri Thiry, baron d'Holbach (1723-1789) TRAITÉ DES TROIS IMPOSTEURS Moïse

Paul Henri Thiry, baron d'Holbach (1723-1789) TRAITÉ DES TROIS IMPOSTEURS Moïse, Jésus-Christ, Mahomet (1777) [1932] Paris : Éditions de l’idée libre, 1932, 160 pp. Première édition : 1777. Traité des trois imposteurs. Moïse, Jésus-Christ, Mahomet (1777) [1932] 2 Table des matières Traitées dans le livre Des trois Imposteurs et des pièces relatives à cet ouvrage Note de l’éditeur. CHAPITRE I. — De dieu. Fausses idées que l’on a de la Divinité, parce qu’au lieu de consulter le bon sens et la raison, on a la faiblesse de croire aux opinions, aux imaginations, aux visions des gens intéressés à tromper le peuple et à l’entretenir dans l’ignorance et dans la superstition. CHAPITRE II. — Des raisons qui ont engagé les hommes à se figurer un être invisible qu’on nomme communément Dieu. De l’ignorance des causes physiques et de la crainte produite par des accidents naturels, mais extraordinaires ou terribles, est venue l’idée de l’existence de quelque puissance invisible ; idée dont la politique et l’imposture n’ont pas manqué de profiter. Examen de la nature de Dieu. Opinion des Causes Finales réfutée comme contraire à la saine physique. CHAPITRE III. — Ce que signifie le mot Religion. Comment et pourquoi il s’en est introduit un si grand nombre dans le monde. Toutes les religions sont l’ouvrage de la politique. Conduite de Moïse pour établir la religion judaïque. Examen de la naissance de Jésus-Christ, de sa politique, de sa morale et de sa réputation après sa mort. Artifices de Mahomet pour établir sa religion. Succès de cet imposteur, plus grand que celui de Jésus-Christ. CHAPITRE IV. — Vérités sensibles et évidentes. Idée de l’être universel. Les attributs qu’on lui donne dans toutes les re- ligions sont, pour la plupart incompatibles avec son essence et ne conviennent qu’à l’homme. Opinion d’une vie à venir et de l’existence des esprits combattue et rejetée. CHAPITRE V. — De l’âme. Opinions différentes des philosophes de l’antiquité sur la nature de l’âme. Sentiment de Des- cartes réfuté. Exposition de celui de l’auteur. CHAPITRE VI. — Des esprits qu’on nomme démons. Origine et fausseté de l’opinion qu’on a de leur existence. SENTIMENTS sur le traité des Trois Imposteurs. Extrait d’une lettre ou dissertation de M. de La Monnoye à ce sujet. RÉPONSE à la dissertation de M. de La Monnoye sur le traité des Trois Imposteurs. COPIE de l’article XI du tome premier, seconde partie des Mémoires de Littérature, imprimés à La Haye, chez Henri du Sauzet, 1706. Traité des trois imposteurs. Moïse, Jésus-Christ, Mahomet (1777) [1932] 3 Note de l’éditeur _______ La présente édition du Traité des Trois Imposteurs a pour auteur le baron d’Holbach, l’un des plus éminents et des plus courageux parmi les Encyclopédistes, dont l’admirable effort a rendu possible la chute — tout au moins partielle — des an- tiques tyrannies et des dogmes abrutisseurs. Nous avons reproduit textuellement l’édition parue en 1777, probablement à Londres, sans nom d’éditeur (voir « Dic- tionnaire des Anonymes et Pseudonymes », de Barbier, table des auteurs, t. IV, p. 229). Cette édition est absolument rarissime et introuvable, et nous pensons, en la réimprimant, être agréable aux bibliophiles, autant qu’aux libres penseurs… Ces derniers seront agréablement surpris en constatant avec quelle vigueur et quelle logique l’auteur du Traité des trois Imposteurs malmène la superstition — et ceux qui en profitent. Quand on songe que ces pages furent publiées sous l’ancien régime, à l’époque où l’Eglise, toute puissante, traînait les incrédules devant les tribunaux, on ne peut qu’applaudir au courage de nos précurseurs — et tâcher de s’en inspirer. Nous reproduisons aussi les intéressantes Annexes concernant l’auteur du Traité des Trois Imposteurs (arbitrairement at- tribué à Etienne Dolet, à Michel Servet, et même à Machiavel, à Erasme, à Boccace… et à quelques autres). Traité des trois imposteurs. Moïse, Jésus-Christ, Mahomet (1777) [1932] 4 Chapitre I De Dieu § I Quoiqu’il importe à tous les hommes de connaître la vérité, il y en a très peu cependant qui jouissent de cet avantage. Les uns sont incapables de la rechercher par eux-mêmes, les autres ne veulent pas s’en donner la peine. Il ne faut donc pas s’étonner si le monde est rempli d’opinions vaines et ridicules ; rien n’est plus capable de leur donner cours que l’ignorance ; c’est là l’unique source des fausses idées que l’on a de la Divinité, de l’Ame, des Esprits et de presque tous les autres objets qui composent la Religion. L’usage a prévalu, l’on se contente des préjugés de la naissance et l’on s’en rapporte sur les choses les plus essentielles à des personnes intéressées qui se font une loi de soutenir opiniâtrement les opinions reçues et qui n’osent les détruire de peur de se détruire eux-mêmes. § II Ce qui rend le mal sans remède, c’est qu’après avoir établi les fausses idées qu’on a de Dieu, on n’oublie rien pour enga- ger le peuple à les croire, sans lui permettre de les examiner ; au contraire, on lui donne de l’aversion pour les philosophes ou les véritables savants, de peur que la raison qu’ils enseignent ne lui fasse connaître les erreurs où il est plongé. Les partisans de ces absurdités ont si bien réussi qu’il est dangereux de les combattre. Il importe trop à ces imposteurs que le peuple soit ignorant, pour souffrir qu’on le désabuse. Ainsi on est contraint de déguiser la vérité, ou de se sacrifier à la rage des faux savants, ou des âmes basses et intéressées. § III Si le peuple pouvait comprendre en quel abîme l’ignorance le jette, il secouerait bientôt le joug de ses indignes conduc- teurs, car il est possible de laisser agir la raison sans qu’elle découvre la vérité. Ces imposteurs l’ont si bien senti, que pour empêcher les bons effets qu’elle produirait infailliblement, ils se sont avisé de nous la peindre comme un monstre qui n’est capable d’inspirer aucun bon sentiment, et quoiqu’ils blâment en général ceux qui sont déraisonnables, il seraient cependant bien fâchés que la vérité fut écoutée. Ainsi l’on voit tomber sans cesse dans des contradictions continuelles ces ennemis jurés du bon sens ; et il est difficile de savoir ce qu’ils prétendent. S’il est vrai que la droite raison soit la seule lumière que l’homme doive suivre, er si le peuple n’est pas aussi incapable de raisonner qu’on tâche de le persuader, il faut que ceux qui cherchent à l’instruire s’appliquent à rectifier ses faux raisonnements, et à détruire ses préjugés ; alors on verra ses yeux se dessiller peu à peu et son esprit se convaincre de cette vérité, que Dieu n’est point ce qu’il s’imagine ordinairement. § IV Pour en venir à bout, il n’est besoin ni de hautes spéculations, ni de pénétrer fort avant dans les secrets de la nature. On n’a besoin que d’un peu de bon sens pour juger que Dieu n’est ni colère, ni jaloux ; que la justice et la miséricorde sont des faux titres qu’on lui attribue ; et que ce que les Prophètes et les Apôtres en ont dit ne nous apprend ni sa nature, ni son es- sence. Traité des trois imposteurs. Moïse, Jésus-Christ, Mahomet (1777) [1932] 5 En effet, à parler sans fard et à dire la chose comme elle est, ne faut-il pas convenir que ces Docteurs n’étaient ni plus habiles, ni mieux instruits que le reste des hommes ; que bien loin de là, ce qu’ils disent au sujet de Dieu est si grossier, qu’il faut être tout à fait peuple pour le croire ? Quoique la chose soit assez évidente d’elle-même, nous allons la rendre encore plus sensible, en examinant cette question : S’il y a quelque apparence que les Prophètes et les Apôtres aient été autrement conformés que les hommes ? § V Tout le monde demeure d’accord que pour la naissance et les fonctions ordinaires de la vie, ils n’avaient rien qui les dis- tinguât du reste des hommes ; ils étaient engendrés par des hommes, ils naissent des femmes, et ils conserveraient leur vie de la même façon que nous. Quant à l’esprit, on veut que Dieu animât bien plus celui des Prophètes que des autres hommes, qu’il se communiquât à eux d’une façon toute particulière : on le croit d’aussi bonne foi que si la chose était prouvée ; et sans considérer que tous les hommes se ressemblent, et qu’ils ont tous une même origine, on prétend que ces hommes ont été d’une trempe extraordinaire ; et choisis par la Divinité pour annoncer ses oracles. Mais, outre qu’ils n’avaient ni plus d’esprit que le vulgaire, ni l’entendement plus parfait, que voit-on dans leurs écrits qui nous oblige à prendre une si haute opinion d’eux ? La plus grande partie des choses qu’ils ont dites est si obscure que l’on n’y entend rien, et en si mauvais ordre qu’il est facile de s’apercevoir qu’ils ne s’entendaient pas eux-mêmes, et qu’ils n’étaient que des fourbes ignorants. Ce qui é donné lieu à l’opinion que l’on a conçue d’eux, c’est la hardiesse qu’ils ont eue de se uploads/Litterature/ baron-d-x27-holbalch-le-traite-des-trois-imposteurs-moise-jesus-mahomet-1777-pdf.pdf

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