Sous la direction de : Jean-Marie GUILLON et Pierre LABORIE Professeur d'histoi

Sous la direction de : Jean-Marie GUILLON et Pierre LABORIE Professeur d'histoire contemporaine a I'universite de Provence (Aix-Marseille I). Professeur d'histoire contemporaine a I'universite de Toulouse-l.e Mirail. Ont collabore it cet ouvrage : Fran.;:ois BEDARIDA Renee BEDARIDA Fran.;:ois BOULET Patrick CABANEL Remy CAZALS Daniel CORDIER jean-Louis CUVELLIEZ Laurent DOUZOU Genevieve DREYFUS-ARMAND Helene DUMORA-RATIER Georges FOURNIER jose GOTOVITCH Philippe jOUTARD H.-Roderick KEDWARD Claude LEVY Olivier LOUBES Fran~ois MARCOT Robert MENCHERINI Denis PESCHANSKI Renee POZNANSKI Serge RAVANEL jean RIVES Fran.;:ois ROUQUET jacqueline SAINCLIVIER Emile TEMIME Dominique VEILLON jean-Pierre VERNANT Olivie r WIEVIORKA Serge WOLIKOW Directeur de recherches all C NRS. Ancien directeur de I'lnstitut d'Histoire du Temps PreSent. Historienne. Professeur agreg" d'histoire. Maitre de conferences a I'universite de Toulouse-Le Mirail. Maitre de conferences a I'universite de Toulouse-Le Mirail. Compagnon de la Liberation. Auteur d'une biographie de Jean Moulin (trois tomes deja parus). Directeur d'ecole a Toulouse.Titulaire d'un DEA d'histoire. Chercheur a I'lnstitut d'Histoire du Temps Present (CN.R.S.). Conservateur en chef a la Bibliotheque de documentation internationale comemporaine (Nanterre). Doctorante en histoire. Professeur d'histc>ire contemporaine a I'universite de Toulouse-Le I"lirail. Directeur du Centre de recherches et d'etudes historiques de la Seconde guerre mondiale, Belgique. Professeur a I'universite de Bruxelles. Recteur de I'academie de Toulouse. Chancelier des Universites. Professeur d'histc>ire a I'universite de Sussex. Docteur en histoire, charge de mission a I'lnstitut d'Histoire du Temps Present: (CN.R.S.). Professeur agrege d'histoire. Maitre de confere,nces a I'universite de Franche-Comte. Maitre de confere,nces a I'universite d'Avignon. Charge de recherches au CNRS (Institut d'Histoire du Temps Present). Professeur a I'unillersite de Beer Sheva, Israel. Ancien commandant des Forces Fran~aises de I'lnterieur (FFI) de la region de Toulouse. Compagnon de la Liberation. Professeur d'histoire contemporaine a I'universite de Toulouse-Le Mirail et a I'IEP de Toulouse. Maitre de conferences a I'universite de Rennes I. Professeur d'histoire contemporaine a I'universite de Rennes 2. Professeur emerite d'histoire con tempo raine, universite de Provence. Ingenieur de recherche CNRS, Institut d'Histoire du Temps Present. Professeur au College de France. Ancien commandant adjoint des FFI de la region de Toulouse. Maitre de conferences a I'universite de Valenciennes et a I'IEP de Paris. Professeur d'histoire contemporaine a I'universite de Bourgogne. Sous la direction de Jean-Marie Guillon et Pierre Laborie Memoire et Histoire la Resistance Preface de Philippe Joutard t: nIT In ,., C' • • I~, 1 Iii Sur Ie concept de Resistance En propos ant cette esquisse speculative sur la notion de Resistance, je me fixe un double objectif: d'abord analyser Ie processus de construction de l'ob- jet historique appele Resistance, ensuite etudier si et comment l'application a la ResIstance du concept d'idealtype sert a I' eclairer et ala mieux comprendre. La construction d' un objet historique Ce qui fait la puissance d'attraction de la Resistance, ce qui l'erige en modele, en symbole et meme en my the, c'est que l'universalisme s'y combine avec l'historicite. Car, d'un cote, elle ex prime une structure binaire fondamen- tale et perenne de I' experience vecue (c' est Ie couple antithetique soumis- sion/resistance, resignation/refus, collaboration/revolte), d 'un autre cote, par son application a un champ historique privilegie -les annees 1939-1945 - elle detient un statut d'evenement-phare : c'est un des grands moments de l'his- toire universelle, sans pour autant que la notion soit epuisee par ces six annees de feu. D'ou la taille de l'enjeu, puisqu'ecrire l'histoire de la Resistance consiste a rien moins qu' a constituer en objet historique une structure de Ia condition humaine. En meme temps - et c' est la un autre atout de Ia notion de Resistance - son universalisme lui permet une expression et une representation par de multiples canaux, tels que Ia litterature et l'art, a l'egal du recit historique. Ainsi Ie film Libera me d' Alain Cavalier entend representer sur Ie mode symbolique Ie combat eternel mene contre Ia force et I'injustice par des hommes et des femmes pratiquant une resistance tan tot active tan tot passive, tan tot clandes- tine, tantot ouverte. La ou surgit l'oppresseur - a fortiori I'occupant-oppres- seur -, Ia surgit Ie resistant, archetype de Ia conscience qui dit non. Si l'idee 46 MEMOIRE ET HISTOIRE : LA RESISTANCE de base du cineaste est que l'opel~ession et la resistance sont de tous les temps, Ie film est clairement situe a notre epoque. Le Lihera me de la liturgie chn-:- tienne (<< Libere-moi, Seigneur, de la mort eternelle ») y devient un « Libere- nouS de la guerre, de la violence, du mal ». En ce sens, comme J'a ecrit lean-Michel Frodon dans Le Monde, c'est « non pas un film sur la resistance, mais un film de resistance ». Si I'on a recours a l'etymologie, on note que les mots resislance et l-esis- ter sont run et I'autre tres anciens dans la langue fran~aise, puisqu'ils apparaissent des Ie XlIle siecle, derives du latin resistere, ou Ie prefixe re marque l'opposition et Ie verbe sistere signifie, au sens intransitif, « tenir ferme » ou « se maintenir », et, en emploi transitif, « arreter ». Tous les dic- tionnaires, qu'ils soient anciens (Furetiere, Dictionnaire de Trevoux) ou recents (Littre, Robert), soulignent que derriere Ie terme resistance il y a non seulement la notion de fermete, de consistance, de continuite, au sens de la defense de son etre et de son identite, mais aussi Ie refus de se soumettre « aux volontes, aux desseins, aux entreprises, aux sentiments d' autrui » (Dictionnaire de Trevoux), autrement dit la volonte de dire non. Mais, malgre cet eclairage semantique, 1a notion historique de Resistance, telle qu' elle s' appJiq ue aux annees J 939- 1945, reste diffici Ie a definir. D'abord, parce que Ie concept se derobe constamment a force de se diversifier, voire se diluer dans Ie temps et l'espace : y a-I-il une ou des resistances? L'objet etudie releve-t-il de la categorie de I' un ou du multiple? En second lieu, Ie primat epistemologique de la Resistance fran~aise est-il justifie ? En effet, des l'apres-guerre, c'est Ie cas fran~ais qui a servi de modele, tant pour des raisons internes - Ie phenomene historique de la Resistance fran~aise concentre en lui la plupart des parametres du phenomene global- que pour des raisons externes : la Resistance fran~aise a sans conteste beneficie d'un traite- ment historiographique privilegie, en raison tout a la fois des travaux multiples realises par les histOliens, de l'attention qui lui a ete portee par les pouvoirs publics et par la societe civile, de I'impulsion donnee par Henri Michel - au point d'etre erigee en paradigme de la Resistance europeenne. Mais un tel gal- locentrisme est-il justifie ? Est-il scientifiquement legitime de privilegier ainsi, sur Ie plan conceptuel et sur Ie plan historique, la Resistance fran~aise ? En velite, si l'on veut couvrir tout Ie champ, la definition doit etre assez large et ouverte pour embrasser la diversite du reel, mais egalement assez pre- cise pour respecter l'unite du phenomene etudie. Sans renier la definition que j'avais proposee naguere, a l'occasion du Congres international des sciences historiques de Stuttgart (<< la Resistance est l'action clandestine menee, au nom de la liberte de la nation et de la dignite de la personne humaine, par des vol on- taires s'organisant pour lutter contre la domination, et Ie plus sou vent l'occu- pation, de leur pays par un regime nazi ou fasciste ou satellite ou allie l »), mais 1. Vingrieme Slicle, nO II , juillet-septembre 1986, p. 80. SUR LE CONCEPT DE RESISTANCE 47 . conscient de son caractere trop descriptif et trop empirique, je crois pitts ope- ratoire d 'emprunter a la demarche sociologico-historique de Max Weber la notion d' idealtype. Un idealtype, on Ie sail, est une construction conceptuelle, dans laquelle Ie concept, construit abstraitement, ordonne en un ensemble Ies caracteristiques essentielles d 'un phenomene. C'est donc un instrument privilegie pour la connaissance historique - un referent propre a eviter la dilution dans la multi- tude des faits, a combattre Ie flottement, I 'eparpiJlement et les confusions dans 1 'analyse des donnees empiriques, a permettre de saisir les relations entre celles-ci. En effet, dans la mesure ou la realite historique est infinie et inepuisable _ tout particulierement dans Ie cas de I'objet Resistance, structure perenne autant que conjoncturelle - , il faut a l'historien un rigoureux instrument ratio- nalisateur. Sans cacher que cette abstraction rationnelle ne correspond point directement ala realite empirique telle qu'elle existe effectivement (mais dont elle ne fait disparaitre, ni les particularites, ni les variantes, ni 1 'individuel, ni I 'exceptionnel). Neanmoins l'avantage de cette sorte d'utopie de recherche, construite par l'historien en accentuant unilateralement un ou plusieurs angles de vue et en enchainant une multitude de phenomenes isoles et diffus, c'est d'avoir Ie caractere operatoire d'un instrument de selection, d'organisation et d'analyse des materiaux tout en servant de test a la validite de J'idealtype. Ainsi, en appliquanl a 1 'ensemble historique Resistance ce processus a la fois utopique et logique de rationalisation - on pourrait presque dire de stylisation -, on peut esperer n' en retenir que les elements determ inants de fa~on a ecJairer uploads/Litterature/ bedarida-concept-resistance-pdf.pdf

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