TRAVAUX DE L'INSTITUT D'13TUDES IRANIENNES DE L'UNIVERSIT13 DE PARIS --~-l----

TRAVAUX DE L'INSTITUT D'13TUDES IRANIENNES DE L'UNIVERSIT13 DE PARIS --~-l---- E. BENVENISTE TITRES ET NOMS PROPRES EN IRANIEN ANCIEN " . PARIS (7e) LIBRAIRIE C. KLINCKSIECK Il, rue de Lille, Il 1966 PRÉFACE Entre les titres et les noms propres, il y a sur le domaine iranien des relations que le présent ouvrage met diversement en lumière. Ces deux types de noms ont bien des traits en commun. Ils comptent une forte proportion de composés, indice de formations souvent très anciennes. Ils se maintiennent longtemps à travers les changements de la langue. On voit même parfois des noms propres devenir des / titres. Plus généralement titres et noms propres sont issus(i du même vocabulaire traditionnel ; ils peuvent perpétuer. des termes ou des formes sortis de l'usage commun et que \. nous aurions peu de chances de rencontrer ailleurs. Mais . notre information sur les phases anciennes de l'iranien reste lacunaire, et une faible partie seulement de ces noms nous a été transmise par voie directe. Or c'est justement dans les plus hautes périodes de l'iranien qu'il importerait de replacer, pour les étudier, ces titres et ces noms. La titulature est liée à des structures sociales et à des formes d'organisation dont elle est souvent le seul témoignage, et la société achéménide a été à cet égard une des plus complexes et des mieux différenciées qu'on puisse trouver dans le monde antique. De même, l'onomastique iranienne est dans une large mesure de date achéménide, sinon plus ancienne encore. Pour compenser quelque peu l'absence de documents originaux sur cette période, nous avons eu la ressource de puiser dans des témoignages étrangers, heureusement abondants, qui apportent des transcriptions ou des notices d'intérêt souvent capital. Nous avons donc mis à profit des données éparses en quantité de langues, sur une aire qui s'étend de Rome à la Chine, pour compléter le rôpertoire des titres ou des noms et pour en assurer l'analyse. Bien des documents nouveaux ont surgi au cours de ces dernières années en telle ou telle langue de ce domaine, qui transforment certains problèmes. Mais le cloisonnement des spécialités fait qu'on 6 E. BENVENISTE n'en a pas toujours tenu compte. Nous avons tenté de montrer sur quelques exemples le parti qu'on peut tirer d'une comparaison large et méthodique entre ces diverses traditions pour restituer des formes ou pour les interpréter. C'est avant tout à la connaissance de l'iranien ancien que ces recherches peuvent contribuer. Mais par leur conséquences elles intéressent aussi l'histoire des relations entre l'Iran et les peuples voisins, l'étude des notions et en particulier des croyances. On verra dans les derniers chapitres que l'onomastique achéménide, comparée à celle de l'Avesta, montre la prédominance de certains noms divins et de certains termes religieux. Notre documentation onomastique a bénéficié d'un apport inédit qui l'a beaucoup enrichie. Le professeur R. T. lIallock de l'Université de Chicago a eu l'amabilité de mettre à notre disposition l'index des noms personnels contenus dans les tablettes élamites de Persépolis, dont il prépare l'édition. Nous le remercions vivement de cette obligeante communica- tion qui nous a permis d'utiliser par avance un matériel important. E. B. AVANT-PROPOS Toute la première partie de ce travail est consacrée aux titres. La matière en a été puisée pour les deux premiers chapitres, les plus longs, dans la grande inscriptiorr trilingue de Sapur. Ce monument, aussi important pour le linguiste que pour l'historien, contient de longues listes de personnages désignés comme bénéficiaires des fondations royal.-:s. Leurs noms et titres sont donnés en perse, en parthe et en grec. Seuls les titres royaux et princiers ont été étudiés ici. Aux développements qu'ils ont appelés, on jugera des problèmes qu'ils posent et dont les plus intéressants ne sont pas toujours ceux qui arrêtent d'abord le regard. Nous les avons considérés dans les particularités des textes originaux en procédant à une confrontation systématique des trois versions. Parfois de faibles discordances peuvent mettre sur la voie d'observations notables, mais pour s'en assurer, il faut étendre la vérification à l'inscription entière. Puis, à partir des formes ainsi établies, nous procédons à des comparaisons avec d'autres séries de témoignages, iraniens ou étrangers, en vue d'éclairer le sens du Lerme ou d'en restituer la forme. Les deux chapitres suivants sont employés à 1'estaurer dans le passé de l'Iran des titres attestés à peu près cxelusive- ment par des traditions étrangères. Nous colligeons et rapprochons ces données historiques pour en tirer les éléments d'une démonstration. Il a paru nécessaire d'envisager alors des parallèles dans d'autres civilisations pour voir s'ils dépendent ou non d'une influence iranienne. CHAPITRE PREMIER ROIS ET PRINCES 1 Nous mettrons en tête le titre de «foi)), bien que la forme iranienne ne soit jamais écrite phonétiquement dans l'ins- cription de Sapur; on en a seulement l'idéogramme MLK' et la traduction grecque ~lXcrLÀEUC;, dont nous savons qu'ils recouvrent le terme Stih ; à cet égard le texte ne nous apprend rIen. En revanche la manière dont le nom royal est formulé se révèle très instructive. On prendra comme exemple 1. 4 le nom de « Sapur roi, fils de Papak ~) dans les trois versions: m. perse shp[whry MLK' Z]Y p'pk'n m. parthe shypwhr MLK' p'pk'n grec :E1X1t6>POU ~lXaLÀl:(ùc; IIIX1tIXXIX'I Comparons-y, puisqu'ils n'ont pas plus que celui-ci attiré l'attention, les autres exemples de cette formulation patro- nymique dans l'inscription : 54-55 m. perse S's'n ZY 'wlsyk'n Pldky ZY Pldk'n m. parthe S's'n 'wrnwlm Prdk Prdlm grec :ElXaoc'lou 't"oG ' Ap'l1JxlX\I <DlXppe:X <DlXppLXIX\I m. perse Wrlgnpl ZY {Iwlk'n 'sp[wrk ZY] 'sp[wrk]'n m. parthe Wrlrgnpl ijwrkn 'spwrk 'spwrkn grec rOlXpOIX'IL1tIX't" • QpWIX\I Aa1tOOpLX ' Aa1tOOpLylX\I perse Pwlp·k Z y Mltynk' n Z ydky ZY 'dnyk1 Sl;tpwhry Z y parthe Pwhrk M rlynkn Z y' k nywdply Sl;ty pwl;tr grec IIoopLx MEp3LylX\I ZLy 't"oü 3L1t\loxÀ~'t"opoc; :E1X1t6>POU (1) Voir sur ce titre Maricq, Res gestae, pp. 322, 324; et Eilers, Der alte Name des pers. Neujahr{estes, 1953, p. 33. 12 E. BENVENISTE perse Wycnyk'n S~pw~ry ZY Mtlwc[n]k'n parthe Wyznkn S~ypw(tr Mirbwznlm grec roue:ç'YJv~yocv ~<X7t6>pOU Me:e:pwÇw'YJYocv 56 perse Dynky ... ZY P'pk'n parthe Dynkyh ... P'pkn grec d'YJv&.x'YJe; .•• TIOC7tOCXOCV 58-9 perse PwkCiry ZY Wsplykn Wyply ZY Pldk'n MirJ.twsl parthe P'sl;r Wysprkn Wyprd Prdkn Mlryl;wSt grec TIocç'YJpou rOUOCcr7te:p~yocv Owpe:pou 't'oU Owpe:p~yocv Me:p- xouoccr't'ou perse ZY Blysk'n ... Mlrky [Z]Y Twslk'n Zydky ZY parthe Bryskn Mirk Twsrkn Zy'k grec 't'oü Be:p"'l](nyocv Me:e:p~x Tou()'()'e:~nyocv Z"'I]X perse Zplk'n 1 - 63 Gwndply ZY 'dwk'n parthe Zbrkn Wyndprn 'bkn grec Zocop~xocv - ruvl)~cpEp Aoyocv 65 perse Ywdmlty ZY Lsllm 'ril;slr ZY Wyplkn ... NrsJ.ty parthe Ywdmrl Rslkn 'rll;slr Wyprdkn ... NrysJ.tw grec d~w[.le:pl)ou 'Poc(),'t'~yocv ' Ap't'oci;ocpou rUL(pe:p~yocv ... NocpcrOCLOU perse Bldk'n 2 SJ.tpwl;ry ZY Nrsl;ykn ... 66 p'sp[ly] ZY parthe Brdkn SJ.typwl;r Nrysl;wkn... P'sprd grec Bocpptyocv ~ocowp NocpG'"'IJYocv ... I1OC(),(PEpl) perse P'splylcn 'd'My ZY Dzplylm ... 'rlJ.tStr ZY parthe P' s pl'dkn 'bdgs y Dyzplkn ... 'ril;Str grec TIOC(),cpEpl)~yOCV Aol)ocyoce; d'YJcro'YJl)~yocv ... ' Ap't'oci;&.pou perse Bll;!ikn ... s's'n '" ZY s'snykn ... Bgdl ZY parthe Byl(iJkn ... s'sn ... s'snkn ... Bgdl grec TI ~ni;~yocv ... ~oc()'ocv ... ~oc()'ocvyocv ••• Bocl)ou perse Wldplkn Zrwnd'l ZY Bndk'n parthe Wrdplykn ... Zrw'ndl Bndkn grec rouÀ~6"'1]yocv Zcy.pouocvlloc1: Bocvll~yocv (1) Nous omettons 1. 60-61 BR BYT' ZY p'pk'n. Le titre BR BYT' est étudié ci-dessous p. 23. (2) C'est le seul exemple dans la série onomastique m. perse d'un nom qui ne soit pas construit avec ZY. Pour cette raison même l'omission de l'izàfet peut être considérée comme accidentelle. cr. ci-après p. 13. TITRES ET NOMS PROPRES EN IRANIEN ANCIEN 13 perse Wnd'r ZY s'snykn ... Wrd'n ZY N'splkn parthe Wyn'r s'snykn ... Wrdn N'splkn grec rU~VViXp 1:iXO"iX'I1iX'I ••• OÔiXp~iX'IOU NiX07CiX~~1iX'I Au total 27 exemples de la désignation patronymique. Le patronyme est formé pareillement en parthe et en perse par un dérivé en -akün. Mais dans la construction de ce dérivé les deux dialectes diffèrent. En parthe le dérivé patronymique en -akün suit immédiatement le nom propre qu'il détermine; en m. perse il y est relié .par la particule ZY, c'est-à-dire ï(g). Ainsi le m. parthe dit Sühpur Püpakün, le m. perse 8ühpur ï Püpakün. Cette distinction fondamentale a valeur de critère dialectal. Sur les 27 exemples énumérés, il n'y a aucune exception. La seule anomalie est mp. NrslJy Bldk'n (1. 65) où l'omission de ZY ne peut être qu'accidentelle, puisque les noms m. perses qui précèdent et qui suivent celui-ci ont tous régulièrement ZY entre le nom et le patronyme. Les deux textes sont ainsi bien caractérisés sous ce rapport. Nous sommes donc en mesure de formuler une règle de syntaxe onomastique, qui nous est révélée par la comparaison des deux versions : le patronyme en -akün est directement apposé au nom propre en parthe, mais coordonné par ï en perse. Ce principe n'a pas été observé ailleurs, et ne pouvait guère l'être. Il faudra voir s'il se vérifie dans les autres monuments épigraphiques du moyen-iranien occidental. Mais on doit s'attendre à constater des différences entre les textes, d'abord selon leur âge, puis d'après leur appartenance dia- lectale à l'intérieur même du parthc. Car ce que nous dénom- mons parthe uploads/Litterature/ benveniste-e-titres-et-noms-propres-en-iranien-ancien-pdf.pdf

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