1/514 Daniel CHARLES La Fiction de la postmodernité selon l'esprit de la musiqu

1/514 Daniel CHARLES La Fiction de la postmodernité selon l'esprit de la musique 2/514 pour Catherine et Christophe, Jacqueline et Julien. Du même auteur : La Pensée de Xenakis, Paris, Ed. Boosey and Hawkes, l968. Pour les Oiseaux, Entretiens de John Cage avec Daniel Charles, Paris, Ed. Pierre Belfond, l976. (Ouvrage traduit en allemand, en anglais, en espagnol, en italien, et en japonais.) Le Temps de la voix, Paris, Ed. Universitaires (J.-P.Delarge), l978. Gloses sur John Cage, Paris, Union Générale d'Editions, l978. (Ouvrage traduit en japonais.) John Cage oder die Musik ist los, Berlin, Merve Verlag, l979. Sur la Route du sel, en collaboration avec le sculpteur Bauduin, Paris, Ed. Brunidor,l984. Musik und Vergessen, Berlin, Merve Verlag, l984. Poetik der Gleichzeitigkeit, Bern, Benteli Verlag, l987. Zeitspielräume. Performance Musik Aesthetik, Berlin, Merve Verlag, l989. Musketaquid. John Cage, Charles Ives, und der Transzendentalismus, Berlin, Merve Verlag, l994. Musiques nomades, Ecrits réunis et présentés par Christian Hauer, Paris, Editions Kimé, l998. 3/514 Sommaire La Fiction de la postmodernité ............................................... 1 Sommaire ..........................................................................................3 Avant-propos.....................................................................................5 Liminaire : Genèse de cet ouvrage ..................................................13 Première partie : Incursions dans la théorie....................................45 Chapitre 1 : Nietzsche postmoderne ? ......................................................... 46 Chapitre 2 : La musique comme "métaphore absolue" ................................ 69 Chapitre 3 : Mythe, Musique, Postmodernité .............................................. 80 Chapitre 4 : Musique et narrativité : L'écriture du bruit............................. 101 Chapitre 5 : Art Gestell Doxa.................................................................... 114 Seconde partie : Le partage de l'oreille .........................................128 Chapitre 6 : Dufrenne : voir, écouter, penser............................................. 129 Chapitre 7 : Barthes, ou la langue dans l'oreille......................................... 141 Chapitre 8 : Eros musicien, ou le fourmillement des coups ....................... 151 Chapitre 9 : Ballif le postmoderne............................................................. 168 Chapitre 10 : Musique, expression, liberté ................................................ 179 Troisième partie : Musique et transcendantalisme.........................202 Chapitre 11 : De Thoreau à Charles Ives................................................... 203 Chapitre 12 : Emerson selon Charles Ives ............................................... 214 Chapitre 13 : Cage lecteur de Thoreau ...................................................... 233 Chapitre 14 - Musique et an-archie .......................................................... 241 Chapitre 15 - Lévinas : l'éthique du récit.................................................. 288 Quatrième partie : Figures du désœuvrement................................305 Chapitre 16 : Glose sur un poème de John Cage........................................ 306 Chapitre 17 : ZAJ ou le cercle des compositeurs disparus ....................... 330 Chapitre 18 : Le temps zéro chez Chris Newman...................................... 349 Chapitre 19 : Les tuniques de Nessus....................................................... 364 Chapitre 20 - L'appel de l'avalanche......................................................... 374 Chapitre 21 - Le passage des pierres ........................................................ 380 4/514 Cinquième partie : Présenter l'imprésentable................................394 Chapitre 22 : Musique, visage, silence ...................................................... 395 Chapitre 23 : L'Ereignis dans le Tao ........................................................ 414 Chapitre 24 : Gloses sur le Ryoan-ji......................................................... 421 Chapitre 25 : Le Ryoan-ji porté à l'écran................................................... 436 Chapitre 26 : Narcissisme et postmodernité ............................................. 442 Chapitre 27 : Au delà du narcissisme ?..................................................... 453 Envoi.............................................................................................484 Chapitre 28 : A la recherche d'une société sans conflit ............................. 485 Sources..........................................................................................500 Bibliographie.................................................................................504 Note sur la bibliographie........................................................................... 505 Bibliographie 1 : "transatlantique" ............................................................ 506 Bibliographie 2 : "transpacifique"............................................................. 510 Index nominum..............................................................................514 5/514 Avant-propos Dans les études qui vont suivre, on n'a pas entrepris de passer en revue la production romanesque du XXe siècle, comme l'avait fait par exemple en 1987 la Postmodernist Fiction de Brian McHale, et comme l'a tenté à nouveaux frais Stephen Baker dans The Fiction of Postmodernity (1).A vrai dire, lorsque Jean- François Mattéi m'avait demandé, voici trois ans, de réfléchir à une Critique de la postmodernité, l'idée de substituer Fiction à Critique s'était immédiatement imposée à moi, parce qu'il me semblait qu'une catégorie (ou métacatégorie) comme postmodernité relevait d'une volonté de construction historique dont les tenants de la Théorie critique comme Adorno n'avaient tenu compte, justement, qu'en vue d'une critique à sens unique. Peut-être était-ce l'effet d'un parti-pris ? Il se trouve que, jeune musicien , j'avais rencontré Adorno aux Ferienkurse de Darmstadt ; mais le sentiment que m'avaient laissé l'homme et sa dialectique, malgré l'intérêt que je portais à la Philosophie der neuen Musik et à ses autres écrits (2), était celui d'un malaise persistant - celui qu'a décrit Jean-François Lyotard dans ses "Dérives", et approfondi dans "Adorno come diavolo" (3) : se laisser aller à une critique tellement sûre d'elle-même qu'elle ne débouchât que sur du Hegel au carré, cela revenait à une démission, face à la besogne de pensée qu'exigeait l'aventure artistique pour être au moins interrogée sur ses origines. L'idéal adornien de la "musique informelle" me paraissait susceptible de faire l'objet d'une approche bien plus efficace en termes d'Auszugsgestalten (c'est-à- dire de "formes-esquisses") : avec le compositeur Dieter Schnebel, disciple d'Ernst Bloch, je voyais dans l'Experimentum mundi, donc dans le "système ouvert", tel que la postmodernité invitait à le repenser, l'expression la plus rigoureuse de la "poétique de l'histoire" à laquelle conduisait la pensée blochienne ; les musiques expérimentales valaient d'être interrogées en tant que faisant signe vers ce que Gérard Raulet appelait "une autre rationalité" (4). Fidèle, d'autre part, à l'idée (chère, jadis, à Merleau-Ponty, et de là à Lyotard) de l'urgence d'une relativisation du relativisme, je croyais nécessaire non seulement, comme Lyotard l'avait suggéré dans sa contribution magistrale à l'Encyclopédie philosophique universelle (4), de "réécrire la modernité" à la façon de Heidegger, mais de remonter – ne serait-ce que pour vérifier la connivence qu'avait su diagnostiquer Gérard Raulet entre Bloch et Nietzsche - jusqu'à l'adversaire juré de Hegel qu'avait décrit Deleuze dans son livre sur Nietzsche, et dont la généalogie de la postmodernité ne pouvait à l'évidence faire l'économie (5). Le mot de fiction, Nietzsche ne l'avait-il pas en effet déjà imposé non seulement à Deleuze, mais à Lyotard, c'est-à-dire aux deux philosophes français les plus impliqués, volens nolens, dans les débats de fond touchant la postmodernité ? C'est donc en relisant un passage à mon sens capital de l'"Adorno come diavolo" 6/514 de Jean-François Lyotard, que je pris ma décision quant à l'intitulé du présent ouvrage – il s'agissait du passage dans lequel Lyotard réclamait, pour aborder les musiques "affirmatives", "pauvres et concrètes (celles de Cage avant tout)"(6), que l'on abandonnât l'"alternative" prônée par Adorno : n'étant "ni apparence, musica ficta, ni connaissance laborieuse, musica fingens", l'œuvre (ou la non- œuvre) "povera" serait "jeu métamorphique d'intensités sonores, travail parodique de rien, musica figura."(7) La Fiction de la postmodernité, donc, serait une enquête sur l'élaboration de la "catégorie postmodernité", et cette enquête ne se déroberait pas à la nécessité de juger, krinein. Mais sans arrogance : elle suivrait non pas l'aveuglement somnambulique qui paraissait de mise à Francfort, mais la rigueur dans l'autocritique qu'avait su s'imposer l'auteur de Discours, Figure, au long d'un parcours intellectuel qui l'a conduit ou reconduit dans les parages de Heidegger. Cela permettrait de faire droit à la relative complexité sémantique du mot fiction : celui-ci n'est pas seulement synonyme de "fabrication", car au latin fabricare, le fingere ajoute la nuance d'une "feinte". Et "feinte" nous expédie vers l'eirôneia, l'ironie des Grecs : "ironie" et postmodernité devraient, en principe, faire bon ménage (8). Cela explique la propension générale à rabattre la sémantique du mot "fiction" sur les "arts de littérature" : ceux-ci n'autorisent- ils pas le dédoublement, la duplicité, bref le double jeu ? Rien de surprenant, si l'on y pense, à ce que le maître d'Adorno, Lukàcs, se soit permis de voir dans l'"ironie de l'écrivain (...) la mystique négative des époques sans Dieu"(9). Mais rappelons-nous le parallèle qu'avait méticuleusement agencé, jadis, Lucien Goldmann entre Lukàcs et Heidegger (10); en songeant à la fascination commune ressentie chez ces auteurs pour la "mort de Dieu", et en général la via negativa (avec tout ce qu'elle comporte d'angoisse de coulpe), ne faudrait-il pas dédoubler et redupliquer, en l'honneur des postmodernes, le diagnostic de Janicaud sur le "tournant théologique" de la phénoménologie, et emboîter le pas au "Pour une philosophie non théologique" de Mikel Dufrenne (11) ? Il se pourrait bien, en effet, que l'enjeu le plus constant de la "logique floue", fuzzy, des postmodernes, fût de l'ordre (ou du désordre) non pas seulement de la théologie, mais de la théologie négative, et que celle-ci s'accommodât à son tour de ce que Derrida a suggéré d'appeler, dans le fil de Georges Bataille, une "athéologie négative" - ce qui débouche assurément sur l'"indécidable" des déconstructionnistes...à moins qu'une autre logique, ou qu'une autre rationalité, ne nous guidât secrètement vers un tout autre lieu. En se laissant aller à ces rêveries, il était aisé, certes, d'extrapoler. Mais on ne quittait guère pour autant le champ d'exercice du discours : on se contentait de parachever, à l'aide de théologèmes ou de non-théologèmes plus ou moins vagues, le linguistic turn. Cela ne revenait-il pas à penser en rond ? - Il y avait bien le brûlot de Bruno Latour, Nous n'avons jamais été modernes, qui avait le mérite de couper court à ces "rondeurs" de la pensée qu'étaient les "métarécits" selon Lyotard. Toutefois, et Latour n'y prenait pas garde, son 7/514 anorexie volontaire le portait à s'inventer parfois des adversaires un peu trop minces, ou sur mesure ; Heidegger, notamment, se voyait récusé à propos de la différence ontologique, par exemple, au moyen d'une facilité : "Dès que nous uploads/Litterature/ charles-d-la-fiction-de-la-post-modernite-selon-l-x27-esprit-de-la-musique.pdf

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