Classicisme 1 Classicisme Pour les articles homonymes, voir Classique. Le class
Classicisme 1 Classicisme Pour les articles homonymes, voir Classique. Le classicisme est un mouvement culturel, esthétique et artistique qui se développe en France, et plus largement en Europe, à la frontière entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle, de 1660 à 1715. Il se définit par un ensemble de valeurs et de critères qui dessinent un idéal s'incarnant dans l’« honnête homme » et qui développent une esthétique fondée sur une recherche de la perfection, son maître mot est la raison. La centralisation monarchique, qui s'affirme dès 1630 sous l'autorité de Richelieu d'abord, puis de Mazarin, dépasse le cadre politique pour toucher le domaine culturel. Doctes et littérateurs regroupés dans diverses académies inventent alors une esthétique fondée sur des principes assez contraignants qui amèneront la critique moderne à assimiler, de façon souvent réductrice, classicisme et respect des règles qui doivent permettre la production d'œuvres de goût inspirées des modèles de l'art antique marqués par l'équilibre, la mesure et la vraisemblance. Le classicisme concerne la littérature du XVIIe siècle, en particulier le théâtre, mais aussi d'autres arts comme la musique, la peinture ou l'architecture (voir l'architecture classique en France). Origine et définition de la notion La notion de « classicisme » pose quelques problèmes de définition. C'est pourquoi il peut être utile de revenir à l'origine sémantique du mot pour en comprendre le sens. Le terme classicus désigne en latin la classe la plus fortunée de la société. Par glissements successifs, le terme a désigné la dernière classe des auteurs, c'est-à-dire les écrivains de référence, ceux qu'on étudie dans les classes[1]. C'est à partir de ce sens que le mot a été utilisé pour désigner d'une part les auteurs de l'Antiquité dignes d'être imités et d'autre part les auteurs français du XVIIe siècle qui ont développé un art de mesure et de raison en défendant le respect et l'imitation des Anciens. Le terme de classicisme est utilisé pour la première fois par Stendhal en 1817 pour désigner les œuvres qui prennent pour modèle l'art antique par opposition aux œuvres romantiques. Le classicisme renverrait à un moment de grâce de la littérature française où l'esprit français se serait le plus parfaitement illustré. Ce moment correspondrait à la seconde moitié du XVIIe siècle, voire plus précisément encore aux années 1660-1680. Cette vision est défendue par les historiens de la littérature du XIXe siècle[2]. De ce fait, le classicisme a servi de repoussoir à tous ceux qui défendaient une littérature moins réglée, à commencer par les romantiques. Le terme de classicisme appliqué à une période de la littérature nationale est propre à la littérature française. Les autres littératures européennes réservent ce terme aux premiers auteurs classiques, c'est-à-dire les auteurs de l'Antiquité grecque qui ont servi ensuite de modèle à toute l'Europe[3]. Le classicisme à la française ne se définit cependant pas seulement par des critères historiques. Il répond également à des critères formels. Les œuvres classiques reposent sur une volonté d'imitation et de réinvention des œuvres antiques. Elles respectent la raison et sont en quête d'un équilibre reposant sur le naturel et l'harmonie. De ce fait, de nombreuses œuvres du XVIIe siècle ont été écartées par les partisans du classicisme, car elles ne répondaient pas aux normes classiques. Le terme baroque a été plus tard emprunté aux arts plastiques pour désigner cette littérature qui ne rentrait pas dans les cadres théoriques de l'époque, en particulier la littérature de la première moitié du XVIIe siècle. Mais il va de soi que les auteurs du XVIIe siècle n'avaient pas conscience de ces catégories et que la littérature dite baroque a très largement nourri la littérature dite classique. Il en va de même pour le maniérisme qui précède le classicisme et le rococo qui le suit. Roger Zuber[4] définit le classicisme à partir de la notion de goût qui désignerait une capacité à trouver un équilibre juste entre des tendances contraires. Ce goût serait né dans les salons mondains et aurait profondément influencé la littérature de la seconde moitié du siècle. Classicisme 2 Molière, un des artistes favoris de Louis XIV. Le classicisme français atteindra son apogée sous le règne de ce dernier Littérature Contextes La centralisation monarchique qui s'affirme dès 1630 dans le domaine politique sous l'autorité de Richelieu d'abord, puis de Mazarin et de Louis XIV a des conséquences dans le domaine culturel avec la création de l'Académie française en 1635, puis d'autres Académies qui ambitionnent de codifier la langue et de réglementer la composition des œuvres. Il ne faut cependant pas assimiler trop vite autorité politique et autorité culturelle. D'un point de vue idéologique, la grande question du XVIIe siècle est la question religieuse. Les écrivains classiques sont donc nécessairement pétris de culture religieuse. Certaines œuvres, comme Les Provinciales de Pascal ou l'œuvre de Bossuet relèvent même entièrement de la religion. Beaucoup seront influencés par le jansénisme. Ce sont les œuvres des doctes qui définissent les théories du goût classique, à travers des lettres, des traités, des arts poétiques. Vaugelas, Guez de Balzac ou Dominique Bouhours légifèrent ainsi sur la bonne utilisation de la langue. Jean Chapelain et l'abbé d'Aubignac définissent les règles du théâtre classique. Ils diffusent ce goût auprès du public mondain des salons qu'ils fréquentent. Les canons littéraires sont définis aussi dans des ouvrages non théoriques, œuvres littéraires, ou préfaces les justifiant. Il en va ainsi chez les plus grands dramaturges : Molière, Racine et surtout Corneille qui fut mêlé à de nombreuses querelles et fit la somme de ses opinions sur l'écriture théâtrale dans Les Trois discours sur l'art dramatique. Il faut cependant remarquer que les dramaturges plaident le plus souvent pour une adaptation des règles qu'ils n'appliquent que rarement à la lettre. L'enseignement des doctes est en effet fondé sur des règles tirées des modèles grecs et latins. On lit et relit à cette époque La Poétique d'Aristote dont l'interprétation est à l'origine de la plupart des règles du théâtre classique. En poésie, c'est L'Art poétique d'Horace qui sert de référence. Enfin, les auteurs classiques puisent dans les modèles antiques pour créer leurs propres œuvres. Pour autant, elles ne relèvent pas de l'imitation pure. Les grands auteurs ne réutilisent ces modèles que pour en faire des œuvres modernes. Ainsi, si La Fontaine reprend les fables d'Esope et de Phèdre, c'est pour en donner une version moderne dont la morale sociale et politique ne peut être comprise que dans le contexte du XVIIe siècle. Classicisme 3 Caractéristiques Boileau par Hyacinthe Rigaud Le classicisme du XVIIe siècle est loin de se limiter à une imitation des Anciens. Doctes et littéraires inventent en fait une esthétique fondée sur des principes d'ordre assez contraignants qui amèneront la critique moderne à assimiler classicisme et respect des règles. L'écriture classique se veut fondée sur la raison. On y a parfois vu l'influence du rationalisme de Descartes, mais il s'agit plutôt d'un intérêt pour la lucidité et l'analyse. Les héros et héroïnes classiques ne sont en général pas rationnels, mais leurs passions, souvent violentes, sont analysées par l'écriture qui les rend intelligibles[5]. Le classicisme est donc davantage influencé par une volonté de soumettre le déraisonnable à l'ordre de la raison que par un véritable rationalisme qui inspirera plus tard les philosophes des Lumières. En créant une forme d'ordre, les écrivains classiques recherchent au plus haut point le naturel. Donner l'impression d'une parfaite adéquation entre la forme et le fond et d'une écriture qui coule de source est en effet l'idéal du style classique. À cet égard, le classicisme entre effectivement en tension avec ce que fut le style baroque. Charles Sorel écrit ainsi : « Leur langage naturel qui paraît simple aux esprits vulgaires est plus difficile à observer que ces langages enflés dont la plupart du monde fait tant d'estime. »[6] Cette recherche d'une forme de simplicité dans l'écriture fera l'admiration de nombreux auteurs du XXe siècle tels que Valéry, Gide, Camus, ou Ponge. Or pour donner l'impression de naturel, il importe avant tout de ne pas choquer le lecteur. C'est pourquoi les règles de vraisemblance et de bienséance jouent un rôle majeur au XVIIe siècle. La vraisemblance correspond à ce qui peut paraître vrai. L'objectif n'est pas de représenter la vérité, mais de respecter les cadres de ce que le public de l'époque considère comme possible. Boileau a pu dire dans son Art poétique que « le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable ». Est vraisemblable ce qui correspond aux opinions du public en termes de morale, de rapports sociaux, de niveau de langue utilisé, etc. Le plus grand reproche que l'on ait fait au Cid est de proposer une fin invraisemblable, car la morale ne peut accepter qu'une fille épouse le meurtrier de son père même si le fait est historique. L'importance de la vraisemblance est liée à l'importance de la morale dans la littérature classique. Les œuvres classiques se donnent en effet pour objectif de « réformer » le public en l'amenant à réfléchir sur ses propres passions. D'après Chapelain le public ne peut être touché que par ce qu'il peut uploads/Litterature/ classicisme-pdf.pdf
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- Publié le Mai 24, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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