Le théâtre dans l'antiquité La meilleure spécialiste du sujet est Florence Dupo
Le théâtre dans l'antiquité La meilleure spécialiste du sujet est Florence Dupont, dont vous pouvez consulter les livres (Le théâtre latin, Les monstres de Sénèque, L'acteur-roi, L'invention de la littérature, ….) ou en lire des résumés dans des comptes-rendus. Vous pouvez avoir une idée de ses idées sur le sujet dans des videos de vulgarisation : https://www.youtube.com/watch?v=4jSgHtSIkFA&ab_channel=BouillondeCulture (sur son livre Aristote ou le vampire du théâtre occidental) https://www.youtube.com/watch?v=kVP8ufdyZgs&ab_channel=LettresCr%C3%A9teil (contre les préjugés académiques sur la littérature antique, à partir de la tragédie Les Perses d'Eschyle) Elle cherche à renouveler, dépoussiérer et moderniser la « littérature » de l'antiquité (qui n'en est pas une) en soulignant sa dimension de spectacle et de performance. La conception scolaire, académique, a réduit ces performances-spectacles à des « textes » qui n'en donne qu'une idée déformée et fausse. Aristote, et surtout les aristotéliciens (modernes, nous), sont les responsables de cette réduction et assimilation appauvrissante. Il faut revenir à la dimension vivante de ces spectacles, essentiellement musicaux, où le texte est secondaire, qu'on peut rapprocher de nos films et séries (qui en liraient le texte des dialogues ? Les étudieraient?). D'où un certain nombre d'affirmations décapantes : le « théâtre » romain n'existe pas, car les Romains ne connaissent que les Jeux (Ludi), au cours desquels on jouaient des spectacles, qu'on ne peut isoler des autres divertissements. Mea culpa : j'ai moi-même proposé des extraits de texte, et réduit les œuvres à leurs traces écrites, alors qu'à l'époque elles n'étaient pas la mise en scène d'un texte écrit …. vu qu'il n'y avait rien pour écrire durablement, les écrits étant des «écrits éphémères ». Il faudrait éviter cette conception qui fétichise l'écriture et incite à voir dans l'Avare une réécriture, voire un copier-coller de Plaute, alors qu'il en reprend les dispositifs (personnages, situations, ….) comme support au jeu de l'acteur, qui est l'essentiel. Toutes ces pièces, qui se ressemblent et sont qualifiées de « réécritures » à tort, sont des variations laissant libre cours à la créativité et la spontanéité des acteurs, sans compter les autres dimensions du spectacle (musique, décor, …). 1) Théâtre et spectacles Les textes transmis sont à replacer dans un contexte très différent de celui du théâtre français. Il faut tenir compte des circonstances qui sont à l'origine des pièces et des textes qui n'en sont qu'une conservation, la fossilisation d'une performance. Ainsi chez les Athéniens, tragédie, comédie, mais aussi drame satyrique relèvent de cérémonies religieuses en l'honneur de Dionysos, même si la dimension religieuse, marquée par le sacrifice d'un bouc au début, a finie par être oubliée. Chez les Romains, le théâtre est un spectacle parmi d'autres (courses de char, combat de gladiateurs, d'animaux ….), appelés LUDI (jeux) qui ont lieu dans un lieu différent (cirque, amphithéâtre, théâtre, odéon). Ces spectacles sont propices aux désordres publics, voire aux émeutes. Aussi n'y a- t-il pas de théâtre en pierre à Rome jusqu'à une date tardive (théâtre de Marcellus, sous César et Pompée) : Plaute et Térence faisaient représenter leur pièce vers 200-150 sur des édifices provisoirement montés et démontés, comme nos chapiteaux de cirque. Les prologues des pièces s'explique ainsi par le besoin de réclamer le calme des spectateurs en lui expliquant un peu l'histoire, lui « mettant l'eau à la bouche » pour le faire taire pour que la pièce commence. Retenir que les pièces romaines transmises, qui ont inspiré Molière, Corneille, Racine … n'étaient qu'une infime partie des spectacles théâtraux qui comprenaient bien d'autres types de pièces souvent traditionnelles (héritées des Etrusques, influencées des pièces grecques, …) comme l'attelane (cf wikipedia), sorte de comedia dell’arte avant la lettre. En particulier, l'époque d'Auguste a vu le succès d'un type de pièce appelée « mime » ou « pantomime », sorte de one-man-show d'un acteur- star, sans texte, mais avec accompagnement musical, où l'acteur jouait un événement, une situation, voire... l'histoire du monde. Cf . Documents I texte de Suétone : ex. de Ludi que les empereurs (ici Néron) créaient, pour leur popularité, en plus des jeux traditionnels déjà en place, comprenant toutes sortes de divertissements. Représentations – d'un amphithéâtre (en plan et en peinture celui de Pompéi) pour les combats de toutes sortes. – D'un cirque, p. 2 (haut) : pour les courses de char, avec « épine » au centre, à contourner. – D'un théâtre proprement dit, avec ses gradins (cavea), son « orchestra », et ses bâtiments de scène. Attention ! Les bâtiments théâtraux grecs et romains diffèrent et, avec eux, la dimension sociale et politique des spectacles : au centre du théâtre grec, l'orchestra, espace circulaire où évolue (danse et chante) le choeur, noyau et élément originel de la tragédie. « orchestra » signifie « espace de danse » . Progressivement, un puis, deux, puis trois personnages se sont détachés du choeur pour dialoguer, en chantant ou en parlant, avec le choeur, et la tragédie grecque a évolué ainsi. Les acteurs incarnant les personnages évolue en arrière de l'orchestra, devant la « skéné », « scène » (= « tente », bâtiment des coulisses, au départ), sur une estrade probablement, mais un décor apparaît rapidement pour permettre des « machines » (apparition de dieux en hauteur, le « deus ex machina »). Platon critique au 4è s ces décors peints très élaborés. Le public, mêlé (hommes et femmes de toutes conditions), est sur les gradins aménagés dans une colline. Par contre, le théâtre romain est généralement élevé sans aménagement d'une colline, il est entièrement architecturé. Mais surtout l'orchestra n'est plus l'espace circulairende la représentation, mais celui semi-circulaire (cf. Document II) où s'assoient les spectateurs les plus importants (sénateurs, autorités municipales, ….). La représentation a lieu sur la « scène » qui a un décor très élaboré, le front de scène (frons scaenae), avec architecture à colonnades, délimitant intérieur et extérieur, distinction de lieux importantes pour l'intrigue. Le théâtre d'Orange offre l'un des fronts de scènes les lieux conservés. Ces dispositifs architecturaux ont fortement influencé la Renaissance italienne, lorsque les personnages les plus influents (les Médicis, les papes) ont fait reproduire dans leur villa de tels théâtre par les artistes les plus célèbres (Raphael, ….) pour faire renaître le théâtre antique, et faire ainsi naître le théâtre moderne, avec la « scène italienne ». Noter que le théâtre romain devient avec Auguste très hiérarchisé : la place des spectateurs est déterminée par la hiérarchie sociale (plus on s'élève dans les gradins, plus le public est « populaire », le bas est réservé à l'élite. A vous de voir si ce principe hiérarchique a été aussi celui du théâtre classique, et s'il conditionne les pièces elle-mêmes, destinées à un public précis. 2) Evolution de la tragédie La tragédie grecque, avec Euripide, était devenue plus « psychologique » (on s'intéresse au conflit intérieur du personnage, notamment par l'apparition du monologue délibératif) et plus « réaliste », estiment les commentateurs (mais « réaliste » n'a pas grand sens) : les personnages sont de plus en plus empruntés à la vie quotidienne et ne sont plus seulement des héros mythologiques idéalisés (Electre est mariée avec un agriculteur et mène la vie d'une paysanne …). Les Romains vont représenter les tragédies grecques, après quelques essais sans lendemain pour faire une tragédie proprement romaine (sans trace importante). Mais Sénèque nous a laissé plusieurs tragédies, imitées des Grecs, de Sophocle (Hercule sur l'Oeta / les Trachiniennes de Sophocle) et d'Euripide (Médée, Hercule furieux). Comparer les extraits du monologue de Médée d'Euripide et de Sénèque (texte p. 3 Documents I) où Médée hésite à tuer ses enfants pour se venger de Jason qui l'a abandonnée. La tragédie de Sénèque est plus « philosophique » : elle exprime les idées stoïcienne de Sénèque : la raison humaine fait face à des passions destructrices, maladies de l'âme (désir de vengeance, amour maladif, …), la tragédie est celle d'une rationalité submergée par l'irrationalité de ces forces qui font du personnage un « monstre » (infanticide : Médée, Hercule). Sans grande influence dans l'antiquité, les tragédies de Sénèque (même si pour nous elles ne sont que des reprises maladroites des tragédies grecques par un « intellectuel ») ont eu une énorme influence à partir de la Renaissance. C'est Sénèque, plus que les Grecs, que les dramaturges français du XVIIè s ont imité (la Médée de Corneille imite Sénèque plus qu'Euripide). Surtout, le modèle de la tragédie européenne au XVI (et souvent XVIIè) est à chercher dans Sénèque : une grande partie des tragédies de Shakespeare relève de ce modèle, avec sa collection de « monstres » (Lady Macbeth, Richard III, … et surtout Silvius Andronicus où le sommet de l'horreur est atteint). 3) Evolution de la comédie Les Grecs ont connu deux types de comédie très différentes : - la « vieilles comédie », dont les comédies conservées d'Aristophane (fin Vè-début IV è av J. C.) offrent l'exemple : il s'agit de satires virulentes de certains aspects de la réalité sociale contemporaine : Aristophane se moque des sophistes de son époque, caricaturés par le personnage de Socrate (« les Nuées ») représenté uploads/Litterature/ cm-et-td-1-le-theatre-dans-lantiquite.pdf
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- Publié le Fev 17, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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