PENSER L’AUTOFICTION : PERSPECTIVES COMPARATISTES PREISPITIVANJA: AUTOFIKCIJA U

PENSER L’AUTOFICTION : PERSPECTIVES COMPARATISTES PREISPITIVANJA: AUTOFIKCIJA U FOKUSU KOMPARATISTIKE Comité scientifique/Naučni odbor Zorica Bečanović Nikolić, Université de Belgrade Isabelle Grell, ITEM, Paris Adrijana Marčetić, Université de Belgrade Jovan Popov, Université de Belgrade Recensions/Recenzenti Claude Burgelin, Université Lyon-2 Zoran Milutinović, University College London, Jelena Pilipović, Université de Belgrade Publié par la Faculté de Philologie, Université de Belgrade avec le soutien de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) / Izdanje Filološkog fakulteta Univerziteta u Beogradu uz podršku Univerzitetske agencije za frankofoniju PENSER L’AUTOFICTION : PERSPECTIVES COMPARATISTES PREISPITIVANJA: AUTOFIKCIJA U FOKUSU KOMPARATISTIKE Sous la direction de / Priredile Adrijana Marčetić, Isabelle Grell, Dunja Dušanić Beograd, 2014. Actes du colloque international Cultures, nations, autofictions, tenu à la Faculté de Philologie, Université de Belgrade, le 5 et 6 octobre 2013 / Zbornik radova sa međunarodnog naučnog skupa Kulture, nacije, autofikcije, održanog na Filološkom fakultetu Univerziteta u Beogradu, 5. i 6. oktobra 2013. TABLE DE MATIÈRES / SADRŽAJ Dunja Dušanić Penser l’autofiction : perspectives comparatistes............................................ 9 I Autofiction et ses autres : enjeux théoriques et pratiques d’écriture Autofikcija i njeni dvojnici: teorijski problemi i spisateljske prakse Jean Bessière Quelques notes sur la notion d’autofiction et sa pertinence.......................... 23 Isabelle Grell Serge Doubrovsky aurait-il inventé le terme d’autofiction s’il n’avait pas connu l’occupation?................................................................................ 33 Jelena Novaković Le discours autobiographique dans les récits d’André Breton. Pourrait-on envisager Nadja comme une autofiction?.................................. 45 Katarina Melić Comment (s’) écrire après Auschwitz ? Histoire, fiction et autofiction dans L’écriture ou la vie de Jorge Semprun.................................................. 55 Vladislava Gordić Petković Hemingvejev princip „invencije iz iskustva“ u okvirima savremene srpske proze................................................................................. 69 Biljana Dojčinović „Performativno biće“ i autofikcija. ................................................................ 81 II L’autofiction dans la littérature serbe Autofikcija u srpskoj književnosti Robert Rakočević D’une approche comparatiste de l’autofiction. Questions de methode......... 93 Adrijana Marčetić Le code de l’autofiction : Chez Les Hyperboréens de Miloš Crnjanski...... 103 Vesna Elez Le journal et son double : Novembre de Gustave Flaubert et Le Journal de Tcharnoïevitch de Miloš Tsernianski. ............................... 113 Bojan Jović „Drugi, koji su nekad bili ja“ (o životnim, poetskim i poetičkim samosagledavanjima srpskih pesnika XX veka). ........................................................................... 123 Milica Vinaver Autofiction – Fiction du Je, du Moi, de (du) Soi ?...................................... 135 III S’écrire dans différentes langues Pisati o sebi na različitim jezicima Zorica Bečanović Nikolić L’identité narrative dans Visión desde el fondo del mar de Rafael Argullol. ....................................................................................... 145 Sonja Veselinović Autobiografski elementi i dokument u poeziji Roberta Louela.................. 155 Sasa Đorđević Iskušenja autofikcije – Kosta Tahcis. ........................................................... 165 Olivera Žižović Život kao metafora – autobiografski roman Viktora Šklovskog Zoo ili pisma ne o ljubavi............................................. 175 Marco Mongelli L’autofiction italienne : enjeux et potentialités d’une nouvelle pratique narrative................................................................ 187 IV S’écrire dans différents médias Pisati o sebi u različitim medijima Nina Mihaljinac Transmedijalnost autofikcije – narativi o NATO bombardovanju u romanu i vizuelnim radovima Milete Prodanovića. .................................................. 199 Saša Milić Autofikcija, subjektivnost i transparentnost filmske slike........................... 209 Nevena Daković L’autofiction dans le film serbe : 2012–2013.............................................. 219 V Au-delà de la définition doubrovskienne S onu stranu definicije Dubrovskog Tamara Valčić Bulić Révolutions de Le Clézio et Bonavia de Velikić : entre autofiction et roman familial?. ............................................................ 229 Anja Antić L’autofiction : un genre hybride ou l’élément constitutif de la création ? L’analyse comparative des œuvres Enfance de Nathalie Sarraute et La Poussière de Petrovgrad de Vojislav Despotov................... 239 Snezana Kalinić « Imaginant imaginé imaginant le tout pour se tenir compagnie » : la mémoire imaginaire dans Compagnie de Samuel Beckett...................... 249 Vladimir Đurić L’autofiction dans les Confessions de Milica Janković : le pacte autobiographique, oxymorique et/ou générique?........................... 259 82-312.6 PENSER L’AUTOFICTION : PERSPECTIVES COMPARATISTES Ce volume est né du désir d’ouvrir, dans les études comparatistes serbes, un débat autour de la question de l’autofiction et, dans un sens plus large, de l’écriture de soi, en tant que phénomènes qui ont considérablement marqué le paysage littéraire dans les quatre dernières décennies. La question à l’origine de cette idée était de savoir si certaines notions théoriques, d’abord attribuées à la littérature française mais s’étant taillé une plus grande part de nos jours, pourraient contribuer à une meilleure compréhension des changements dans l’autobiographie et l’écriture de soi qui ont eu lieu dans la littérature serbe de la même période. Il serait cependant imprudent d’intituler cette réflexion « Existe- t-il une autofiction serbe ? », étant donné que de pareilles questions n’éveillent dans l’esprit d’un comparatiste que réserves et incertitudes, d’ailleurs tout à fait justifiées. D’autre part, ces mêmes réserves et doutes peuvent entraîner de très fructueuses discussions théoriques sur les genres littéraires et les différentes implications de leur « migration » d’une littérature à l’autre. C’est cette idée qui a inspiré le colloque Cultures, nations, autofictions organisé en octobre 2013 à la Faculté de Philologie de Belgrade. Les questions soulevées à cette occasion, figurant en partie dans le présent recueil, ne font qu’ouvrir le débat. Comment justifier cet intérêt pour l’autofiction et à quoi servirait d’in- troduire ce terme dans le cadre de la littérature serbe? En effet, à l’exception du livre de Milovan Danojlić où le terme fait partie du titre (L’histoire du narrateur : Essai sur l’autofiction, 2009), il ne figure pas dans la littérature serbe, tandis que la critique et la théorie littéraires ne le mentionnent que dans le contexte français et francophone. Les hypothèses avancées par Danojlić dans ses entretiens et, plus rarement, dans sa prose même, oscillent entre le concept doubrovskien – « C’est cela que j’appelle autofiction. Invention de sa propre vie à partir d’un fait vécu. Ce n’est pas une autobiographie au sens classique du terme. Tout cela paraît différent en réalité, car l’auteur s’écarte des événements réels » (Danojlić 2010) – et une position complètement à l’opposée : « Toute mémoire se défigure et se recrée dans le processus même de l’écriture. Tout ce que l’on dit est en partie inventé. Le genre dans lequel je m’inscris pourrait être appelé autofiction, ou, si vous préférez, autobiographie contrefaite » (Danojlić 2003). Néanmoins, à l’opposé de Doubrovsky, qui considère la fictionnalité du texte comme un phénomène stylistique, à la base des deux attitudes de Danojlić 10 Dunja Dušanić se trouve l’idée que la fictionnalité (et « fictionnel » veut dire ici « inventé ») est une caractéristique inhérente à l’écriture littéraire : « Chaque fois que l’on cherche à présenter des données autobiographiques, on invente forcément. » En effet, relatant l’expérience de la profonde différence entre la campagne et la ville suivant le point de vue d’un garçon qui en est à la fois narrateur et prota- goniste, le roman de Danojlić se place plutôt du côté traditionaliste de l’écriture réaliste, très éloignée du style et des procédés de Doubrovsky. D’un autre côté, la réponse à la question de savoir si l’autofiction existait déjà dans la littérature serbe comme moyen d’expression littéraire ne demandant qu’à être identifié, pourrait s’avérer affirmative, bien qu’elle dépende, comme dans toute pareille discussion, de la définition de l’autofiction qu’elle implique. La dernière remarque résume l’un des arguments les plus récurrents contre toute étude de l’autofiction, l’approche comparatiste ne faisant pas exception : à quoi bon s’éterniser sur un terme ne possédant pas de définition propre dans sa littéra- ture d’origine ? Quel intérêt de poser la question de son implantation sur d’autres sols littéraires ? Aussi convaincant qu’elle puisse sembler, cette métaphore botanique néglige deux faits importants. Le premier est de nature générique et renvoie à la problématique de classification : toute tentative de définir un corpus de textes appartenant à un genre selon la définition de celui-ci, fondée sur un nombre restreint de traits, sera d’avance vouée à l’échec. C’est pour cette même raison que les efforts de Philippe Gasparini de définir l’autofiction en partant d’un corpus de textes littéraires contemporains qui lui sont relatifs n’ont pas porté leur fruit. L’autre fait porte sur l’utilité des résultats de recherches comparatistes dans le domaine littéraire, grâce auxquelles il est possible de se faire une idée beaucoup plus complète sur les genres : à titre d’exemple, rappelons-nous que le Bildungsroman n’était à ses débuts lié qu’à un seul moment historique d’une tradition littéraire particulière. Cependant, il est certain qu’il n’est possible de faire aucune analyse un tant soit peu sérieuse sans une idée claire de son sujet de recherche. Les deux vagues de discussions théoriques sur l’autofiction en France, dans les années soixante-dix et au début du XXIe siècle, semblent s’épuiser et ne plus contribuer à éclaircir la problématique en question. Pourtant, cet état n’est que la conséquence du fait que le débat est fondé sur un faux dilemme : qu’est- ce qui prévaut dans une autofiction ? Qu’elle soit fictionnelle, pure « aventure du langage », ou référentielle, fondée sur des « événements et faits strictement réels » ? En fait, l’autofiction vacille entre les domaines du roman et de l’auto- biographie, dépendant des traits génériques retenus par ses théoriciens : ceux qui y soulignent la fictionnalité, comme Vincent Colonna ou Philippe Gasparini, rapprochent l’autofiction du roman à la première personne, tandis que Doubrovsky s’est finalement contenté de voir dans l’autofiction une version postmoderne uploads/Litterature/ colloque-autofiction-belgrade.pdf

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