Le Satyricon (ou parfois : Satiricon) est un roman satirique écrit en latin att

Le Satyricon (ou parfois : Satiricon) est un roman satirique écrit en latin attribué, avec polémique, à Pétrone. Le roman, considéré comme l'un des premiers de la littérature mondiale, mêle vers et prose, latin classique et vulgaire. Il est constitué par un récit-cadre (titré généralement les « Aventures d'Encolpe ») et trois récits enchâssés : L'Éphèbe de Pergame, La Matrone d'Éphèse et le Festin chez Trimalcion, autant d'intrigues à la vaste postérité littéraire. Le récit conte les aventures, dans une Rome décadente (très certainement avant la fin du Ier siècle) de deux jeunes homosexuels, Encolpe et Ascylte, ainsi que du jeune amant du premier, l'adolescent Giton. Encolpe a été frappé d'impuissance par le dieu Priape alors que son ami et rival, Ascylte, convoite l'amour de Giton. Au cours de leurs pérégrinations, ils sont invités à un splendide festin organisé par un riche affranchi, Trimalcion, de chez qui ils parviennent à s'enfuir. Rejoints par le poète Eumolpe, ils embarquent et font naufrage, suite à une tempête, près de Crotone. Encolpe fait ensuite la rencontre de Circé, une habitante de Crotone, mais, frappé de nouveau d'impuissance, il décide d'aller se faire soigner chez Oenothéa, prêtresse de Priape. Le récit est suivi de plusieurs fragments, de tailles inégales. L'identité de l'auteur du Satyricon demeure l'objet de polémiques. Tour à tour identifié à un proche de Néron, au secrétaire dePline l'Ancien ou à un Massaliote, voire à plusieurs auteurs différents, l'autorité de Pétrone sur le Satyricon est remise en cause par l'étude du contexte social et politique du roman. Puisant aux sources de la tradition romanesque grecque, et notamment dans le genre milésien, le Satyricon préfigure le roman picaresque. Il constitue une innovation littéraire pour l'Antiquité, si bien qu'il a pu être considéré comme le premier roman européen. L'histoire du texte est complexe : le Satyriconactuel est issu de plusieurs manuscrits dont les cheminements sont encore obscurs. L'édition princeps du Satyricon est publiée, sous le nom d'auteur de « Petronius Arbiter », à Milan en 1482, mais la première édition complète du roman est publiée à Amsterdam en 1669. L'identification générique, et l'héritage de Pétrone, se reconnaît dans le titre du roman. Celui-ci est en effet une dérivation du latin satura, qui signifie « mélange, pot-pourri », mais qui qualifie aussi des histoires de satyres. Le double sens fait à la fois du Satyricon un roman de la débauche sexuelle et morale et le réceptacle de récits enchâssés qui préfigure le roman moderne. En dépit de plusieurs incohérences narratives, le Satyricon est écrit dans un latin populaire qui témoigne de la recherche esthétique et sociologique de Pétrone. L'intrigue est essentiellement fondée sur la fuite et l'errance des personnages. Ces derniers, et en particulier le trio des protagonistes, sont dépeints comme des jeunes marginaux, objets de la violence de la société et des femmes. Roman de l'homosexualité également, les détails que fournit Pétrone ont permis de mieux comprendre les mœurs romaines. LeSatyricon est pensé comme un message à la civilisation : par la description de la décadence et de la vie en marge, son auteur témoigne de la déshérence de la jeunesse romaine, en proie à la violence et à la duplicité. Considéré également comme le roman des affranchis, l'observation satirique se double d'une parodie constante faite aux grands textes classiques gréco-romains, et notamment à l'Odyssée. Pétrone décrit le monde, les comportements et la vie quotidienne romaine à la manière d'un naturaliste. Ses personnages surtout, dans leurs psychologies et leurs relations interpersonnelles, atteignent une dimension moderne. Plusieurs traductions existent, et, parmi elles, celle, classique, de Louis de Langle ou celle, plus triviale, de Laurent Tailhade font autorité. Le Satyricon a profondément influencé la littérature mondiale et a été adapté au cinéma, notamment par le réalisateur italien Federico Fellini en 1969, en bande dessinée et à l'opéra. Résumé et organisation Résumé Restes du temple d'Héra non loin de Crotone, enCalabre L'histoire du Satyricon, plus précisément de sa version éditée, peut se diviser, selon Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille1, en cinq parties qui scandent le récit. Les « premières aventures » (chapitres I à XXVI) découvrent une action se passant d'abord dans une ville côtière de la Campanie, peut-être Pouzzoles. Après avoir écouté le rhéteur Agamemnon, tenant divers propos sur l'éloquence et l'éducation, le narrateur, Encolpe, s'égare dans un lupanar, puis se retrouve dans une caupona crapuleuse où il retrouve Ascylte, avec qui il se bat pour la propriété exclusive du jeune Giton. Encolpe et Ascylte, qui ont volé un manteau, essayent de le revendre au marché. Ils aperçoivent entre les mains d’un des marchands une vieille tunique qu’ils avaient perdue auparavant et dans la doublure de laquelle ils ont dissimulé leurs pièces d’or. Ils tentent alors d'échanger la manteau contre la tunique. Par mégarde, ils interrompent ensuite l'esclave de la prêtresse de Priapenote 1 en train d'exécuter un sacrifice. De retour chez eux, où Giton les attend pour souper, Psyché, la servante de la prêtresse de Priape Quartilla, vient les accuser d’avoir troublé le sacrifice que sa maîtresse avait offert à Priape et, ainsi, d'avoir offensé le dieu. Quartilla se présente ensuite et demande réparation. Elle les fait fouetter en leur faisant jurer de taire les mystères qu'ils ont surpris dans le temple du dieu. Elle oblige alors Giton à déflorer une jeune fille de sept ans du nom de Pannychis, sous ses yeux, et sur un tapis posé à même le sol par sa servante2. Le trio d'amis parvient à s'échapper puis un esclave d’Agamemnon vient leur rappeler qu’ils sont invités à dîner chez Trimalcion. Vient ensuite le « festin chez Trimalcion » (Cena Trimalcionis, chapitres XVII à LXXVII) : le trio se retrouve invité chez le Syrien affranchi Trimalcion, qui possède une somptueuse demeure, décrite en détail par le narrateur. Le repas est également minutieusement décrit, à la fois les différents plats et les propos de leur hôte et des convives. Plusieurs divertissements égayent la soirée : des danses, des équilibristes et des lectures de récits divers se succèdent. Lorsque le marbrier Habinnas fait son entrée, toute la salle est ivre. Après l'arrivée des esclaves, Trimalcion fait la lecture de son testament et décrit son monument funéraire. Puis, tous les convives se retrouvent au bain, où Trimalcion fait le récit de sa vie d'ancien esclave devenu affranchi. Ascylte profite du sommeil d'Encolpe pour sodomiser Giton, et parvient à le décider de partir avec lui. Se rendant compte de la disparition de Giton, Encolpe quitte lui aussi la demeure de Trimalcion3. Le troisième mouvement du récit relate l'« infidélité et le retour de Giton » (chapitres LXXIX à XCIX) : Giton accompagne Ascylte ce qui provoque le désespoir d'Encolpe. Ce dernier fait la rencontre, dans un galerie de tableaux (pinacotheca) du poète de bas étage Eumolpe. Ils s'entretiennent à propos de certains tableaux dont le sens lui échappe. Le poète lui rétorque des discours surannés et pessimistes, puis lui récite un poème sur laprise de Troie. Encolpe retrouve Giton, et, avec Eumolpe, ils embarquent sur le premier navire en partance3. Lors de la quatrième partie du texte, « la navigation » (chapitres C à CXXV), les trois amis apprennent que le navire appartient à Lichas, l'ancien maître d'Encolpe et de Giton. La femme du capitaine, Tryphèma, s'empare de Giton et en fait son amant. Giton veut s'émasculer et alors que Lichas, le capitaine du navire, discourt sur les illusions du monde et la doctrine d'Épicure, ils tentent donc de lui échapper mais sont repris. Après une bagarre générale, tous font la paix. Ils écoutent la fable de La Matrone d'Éphèse narrée par Lichas. Mais bientôt une tempête éclate et le navire fait naufrage. Les trois amis sont rejetés sur une plage près de la ville de Crotone. Ils apprennent que les captateurs de testaments y sévissent. Intéressés par ce moyen aisé de gagner de l'argent, ils décident d'en apprendre davantage. Eumolpe récite par la suite un poème sur la guerre civile romaine4. La dernière partie raconte les aventures d'Encolpe et de Circé. Pour gagner sa vie à Crotone, Encolpe se prostitue. Il fait la rencontre d'unepatricienne et habitante de Crotone, Circé (chapitres CXXVI à CXLI) : leurs entrevues amoureuses sont décrites en détail, ainsi que la défaillance sexuelle d'Encolpe et les reproches de Circé. Croyant être victime d'un sortilège de la part de Priape, Encolpe demande conseil à la prêtresseProsélénos, prêtresse de ce dieu. Elle le bat avec son balai après avoir récité une litanie mais le charme ne se rompt pas. Encolpe décide ensuite d'aller se faire soigner chez Oenothéa, également prêtresse de Priape. Cette dernière lui enfonce dans l'anus un fascinumnote 2 en cuir enduit d'huile et de poivre puis elle bat son sexe avec une botte d'orties vertes. Encolpe voit son sexe de nouveau revigoré5. Des fragments, très décousus, font suite à ces aventures et reviennent sur l'épisode des captateurs de testaments, à Crotone. On ignore cependant de quelle manière se termine le roman5. Organisation Le Satyricon constitue un « agrégat de fragments disséminés ou fabriqués au gré de la traduction manuscrite6. uploads/Litterature/ le-satyricon-c.pdf

  • 30
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager