Commentaire compose : Rousseau, Confession Situation du passage L'action se "pa
Commentaire compose : Rousseau, Confession Situation du passage L'action se "passe près de Genève, à Bossev où Rousseau va rester deux ans en pension chez le pasteur Lambercier et sa sœur. Cet épisode a lieu vers la fin de son séjour, il a alors environ douze ans. Intérêt du Texte II vaut par sa construction (alternance passe-present) et illustre la démarche d’analyse de l'auteur dans les Confessions : partant dun événement personnel, il ne se limite pas à celui-ci mais en étudie I 'impact et restitue son état d'esprit d'alors. Plan 1, Le récit de l'injustice (I. 1 à 33) 1. Les étapes de l'anecdote La situation initiale est claire et simple: un peigne est retrouvé cassé. De là, les événements s' enchaînent avec logique : soupçons. accusations, affrontement des deux partis et punition finale de I' enfant. Dès le départ, Rousseau est considéré comme le coupable évident car tout l'accuse, La punition ici sanctionne plus son attitude de menteur que le méfait lui-même (I. 8-9 “la méchanceté…execution)). L'enfant est ainsi victime d'une “erreur judiciaire» née d'un concours de circonstances, et cette injustice le marque définitivement. 2. La vivacité du récit Il reconstitue l' aspect très animé de cette mésaventure. Les nombreux présents de narration (On m'interroge ; je nie ... ". 1. 4) donnent à la fois acuité et rapidité aux faits. L'accumulation équilibrée de verbes de deux ou trois syllabes les accentue en marquant nettement l’évolution des Larmbercier : «exhortent ". <pressent "”menacent” (I. 5). La fréquente utilisation des propositions indépendantes contribue à mettre en valeur toute la vivacité de la scène et la véhémence des personnages. 3- La dramatisation de l'événement Rousseau s'attache J recreer les aspects terribles de cet épisode pour lui.- Les Larnbercier en réfèrent J l'oncle Bernard, responsable de l'entant. signe de l'importance qu'ils accordent J ce mèfait. LJ gravité de la situation est d'ailleurs soulignée par l'usage de termes du domaine pénal: un «délit» (1. 11), 1’exécution » (1. 13), 1'« aveu » (1. 15), la «force» (1. 16). - Rousseau, désignant ses éducateurs, utilise à maintes reprises le pronom indéfini « 0n » : « On m'interroge » (1. 9), « on …trouvé» (1. 8), « 0n écrivit» (1. 11), « on n'appela » (1. 17). Dans Ie contexte, ce “ on» donne l'impression d'une force obscure, menaçante et répressive dont Jean Jacques est victime sans pouvoir se défendre.- L'aspect dramatique apparaît tout particulièrement dans l' évocation du châtiment, où Rousseau emploie un vocabulaire à la fois hyperbolique et flou, laissant le lecteur imaginer le. non-dit: « terrible “ 12), « l'état le plus affreux» (I. 27), « souffert la mort» _ (I. 28), « je sortis de cette cruelle épreuve .. en pièces» (I. 32). - Dans cette relation, Rousseau donne une certaine image de lui même. Il se comporte en héros dont on meconnait les qualités : " inébranlable" (I. 25), "force" (I. 27). "j')' (:(,11." résolu " (I. 21}), « constance " (I. 32), " triomphant (I. 33). Ces termes accentuent son image de victime d'une injustice des adultes. 2. Regard d'adulte Sill' l'onccdotc (I. 3.J à 102) La fin du passage se situe au moment où Rousseau, adulte, rédige ses Confessions. L'anecdote devient le point de départ d'une analyse de soi. 1. L'affirmation d'innocence (1. 34 à 46) Homme d'âge mûr, Rousseau af firme toujours avec solennité son innocence, en usant de toutes sortes de procédés oratoires, de l'interjection « cil bicu » (I. 37) à l'apostrophe injonctive « qu'on ne me demande pas » (I. 42), en passant par l'accumulation de propositions subordonnées qui reprennent de façon procédurière et méthodique les différents faits dont il était accusé . À noter que le paragraphe s'achève par un terme .. essentiel à ses yeux: · innocent . 2. Les conséquences de l'injustice sur son psychisme (1. 47 à 67) Avec beaucoup de conviction, Rousseau évoque la crise psvchologique provoquée ~i cette époque par cette injustice. Il restitue létat d'esprit dans lequel il se trouvait et donne une image particulière de lui-meme. Celle-ci est particulièrement flatteuse. conciliant des qualités opposées selon les circonstances: 'timide 'docile/raisonnable, '. mais ardent, fier, indomptable.. (I. 4K ;1 50). Cet épisode du peigne cassé marque une rupture dans la vie du jeune Rousseau. Il passe de l'innocence de l'état de nature à J'étape de l'homme « civilisè ». L" enfant sort transforrné de I' épreuve, ayant démythifié les Larnbercier. (( gms qu'il chérit" (I. 57). Il écrit quelques lignes plus loin dans les Confessions : "Nous ne les regardions plus comme des dieux qui lisaient dans nos cœurs ; IlùUS étions moins honteux de mal faire et plus craintifs d'être accusés. » Des procédés stylistiques expressifs traduisent ce trouble: Rousseau apostrophe le lecteur pour le convaincre 0.47 à 53), il a recours à des phrases exclamatives (1. 53 à 63), des énumérations et des répétitions (<< toujours ») scandent la phrase . 3. COI/séquence de l'injustice passée sur SOIl devenir (I. 68 à 102) Rousseau analyse et explique son comportement présent par l'influence de cet événement. 1. La force du souvenir Rousseau garde une impression très profonde de ce moment de sa vie. Le temps n'en a pas estompé le souvenir : ,.mon pouls s élève encore, me rendent ma première émotion (I. 7()), « le souvenir profond de la première injustice .) (I. YH). 2. Son attitude présente Cette injustice lointaine, affirme t-il. a conditionné ses goûts et sa conduite d'adulte. À la suite de cet événement. il est devenu solidaire de toutes les injustices (I. 81), prêt à défendre tous les opprimés. Rousseau donne ainsi de lui-même l'image d'un être passionné, sensible, géné reux, concerné par les problèmes des rapports de force sous toutes leurs formes, même chez les animaux (I. 98). La passion et la véhémence pour cette cause s'expriment par le biais d'un vocabulaire hyperbolique, tant dans l'évocation des oppresseurs : « cruautés «, «tyran féroce », « noirceur », « traître », « misérable» (I. 86 à 98) que dans celle de sa propre attitude - « mon cœur s'erflamnie » (1. 80), « je partirais volontiers pour aller poignar der ... » (1. 88), « y périr» (1. 90). Ce passage contribue à la connaissance de l'auteur, puisque Rousseau rapporte un moment clef de sa vie: un événement extérieur vient boule verser l'ordonnance de son existence et condirionne définitivement sa vision du monde. Bien sûr. le principe même des Conjessions conduit l'auteur à donner de lui-même une image favorable, mais au-delà de cet :1Spect. il convient de retenir le drame de l'incompréhension. Ainsi Rousseau apporte-t-il un souffle neuf dans l'analyse de soi. montrant comment l'impact du passé intervient dans la formation d'une personnalité. uploads/Litterature/ commentaire-compose-rousseau-confession.pdf
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- Publié le Jul 26, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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