Bel-Ami de Maupassant par MARCELLE BILLON Clefs de lecture L’incipit du roman P

Bel-Ami de Maupassant par MARCELLE BILLON Clefs de lecture L’incipit du roman Première partie, chapitre I De « Quand la caissière… » à « … soldat tombé dans le civil. » p. 22-23 Compréhension Présentation de Georges Duroy • Relever le nom du héros, le lieu et la date de l’action. Dès l’incipit, le héros est nommé : Georges Duroy. L’action débute le 28 juin - l’année n’est pas précisée - et se passe à Paris sur les grands boulevards. • Relever les détails qui renseignent sur le métier que faisait Duroy et sur sa vie passée. Georges Duroy est « un ancien sous-officier ». Il est décrit par petites touches successives : il a un « geste militaire et familier », il a porté « l’uniforme des hussards », des cavaliers, il garde « la poitrine bombée », « les jambes un peu entrouvertes comme s’il venait de descendre de cheval ». Il a le « chic d’un beau soldat tombé dans le civil ». Le récit se passe donc in medias res, c’est-à-dire « au milieu de la vie » de Duroy, âgé d’à peu près 25 ans. Pour connaître le passé du héros, narrateur et lecteur devront faire des retours en arrière que l’on nomme analepses. Le changement de focalisation • Repérer au début du texte la focalisation zéro (voir « Outils de lecture », p. 394), point de vue du narrateur omniscient, puis délimiter le glissement de cette focalisation zéro à la focalisation interne (œil de Duroy). Justifier ce choix. Dans tout le début de l’incipit (de la p. 22 jusqu’à la p. 24 et son avant-dernier chapitre inclus, l. 79), le narrateur effacé adopte le point de vue omniscient et la focalisation zéro (voir « Outils de lecture », p. 394). Cependant, durant un très bref passage, « Il regardait tous ces hommes [...] d’argent sur lui » (p. 24, l. 82-86), le narrateur passe par l’œil de son personnage dont le point de vue est limité : c’est la focalisation interne soutenue par les discours rapportés directs (l. 90 : « Les cochons ») ou indirects libres : « En fouillant [...] quatre mille francs » (l. 83-90) et « S’il avait pu [...] grandes manœuvres » (l. 91-94). Ensuite, il y a, de nouveau, reprise de la focalisation zéro par le narrateur qui distribue ainsi plus facilement les informations dont il a besoin. (« On n’avait jamais trouvé les coupables […] du soldat », l. 101-103). Ce passage de la focalisation zéro à la focalisation interne, ou vice-versa, est fréquent. Un homme démuni en proie à une obsession • Relever les deux champs lexicaux qui interfèrent dans cet extrait, révélant ainsi le manque qui obsède Duroy pour satisfaire un désir immédiat que vous nommerez. Il est en proie à une double obsession : soif d’argent, soif de bière. Il a très peur de manquer d’argent, d’où ses constants calculs pour pouvoir manger le 29 et le 30 juin en ne disposant que « de trois francs quarante pour finir le mois », sur lesquels il lui faut payer vingt-deux sous pour les deux repas du soir. En se contentant de déjeuner seulement le midi (soit 22 sous à ôter de 34 = 12 sous), il ne dispose donc que d’un franc vingt pour s’offrir deux collations au saucisson et « deux bocks de bière », « sa grande dépense et son grand plaisir des nuits ». Analyse Un séduisant prédateur • Analyser la comparaison : « un de ces regards de joli garçon, qui s’étendent comme des coups d’épervier » (deuxième paragraphe). L’épervier est un filet de pêche de forme conique que l’on lance à la main, mais c’est aussi un oiseau rapace diurne. Il était autrefois très employé à la chasse pour fondre sur les proies : il semble qu’il y ait une sorte de contamination entre ces deux acceptions qui, dès l’incipit, caractérisent vigoureusement le héros, Georges Duroy, comme un prédateur. • Mettre en relation cette comparaison avec le troisième paragraphe, puis avec le titre du roman, pour prévoir le comportement de Duroy avec les femmes. Duroy, prédateur, séducteur en jouant le « Bel-Ami », va fondre sur les femmes pour réussir dans son ascension sociale. Dominer pour réussir • Analyser le comportement de Duroy sur le trottoir et dans la rue. Duroy bouscule et écrase les piétons qui circulent sur le trottoir, paraît fondre sur les dîneurs attablés comme un oiseau de proie ; il déteste leur aisance financière au point de les insulter et de désirer les tuer. Un tel comportement révèle son envie, sa jalousie, sa brutalité, son extrême violence. • Interpréter ces indices pour les mettre en relation avec l’ascension du héros. Pour Duroy, tous les moyens seront donc bons pour écraser les autres afin de parvenir dans la société. À retenir Cet incipit (voir « Outils de lecture », p. 394) est caractéristique du roman réaliste. Qui ? où ? et quand ? sont les questions auxquelles doit répondre d’entrée de jeu le narrateur pour donner à ses lecteurs « l’illusion de réel » définie par Maupassant dans la « Préface » de Pierre et Jean. Quand le narrateur commence son récit au milieu d’une vie (in medias res), comme ici, il lui faut souvent faire une rapide analepse (voir « Outils de lecture », p. 394), qui renseigne le lecteur sur le passé du personnage et donne une épaisseur au récit. Du « Je est un autre » au double rêvé et parfait Première partie, chapitre II De « Il montait… » à « … il sonna. » p. 37-38 Compréhension Modes de focalisation et de discours rapportés • Délimiter le glissement des focalisations. La focalisation zéro domine presque partout dans cet extrait : c’est le point de vue du narrateur qui organise seul le récit et dont la perception est omnisciente. Il peut ainsi faire voir au lecteur l’escalier des Forestier et ses trois paliers, Duroy dont il décrit non seulement les vêtements, les mines et les mimes mais dont il sonde encore les pensées les plus intimes. Elle ne cessera que très brièvement aux trois passages de discours indirects libres que nous allons examiner. • Relever trois exemples de discours rapportés au style indirect (quatrième paragraphe), indirect libre et direct (septième paragraphe). « Et maintenant, en se regardant avec soin, il reconnaissait que, vraiment, l’ensemble était satisfaisant » (discours rapporté indirect libre) ; « Certes il réussirait avec cette figure-là et son désir d’arriver, et la résolution qu’il se connaissait » (discours rapporté indirect libre) ; « Voilà une excellente invention » (discours rapporté direct). De la morosité à la joie • Relever les verbes qui décrivent la montée de l’escalier et les trois paliers ornés de miroirs, dont vous dégagerez la fonction. « Il montait lentement les marches […] il aperçut un monsieur en grande toilette » (p. 37, l. 530-532), « il se jugea mieux qu’il n’aurait cru » (l. 537), « il ne s’était pas même reconnu ; il s’était pris pour un autre » (l. 545). « En arrivant au second étage, il aperçut une autre glace et il ralentit sa marche pour se regarder passer [...] et une confiance immodérée en lui-même emplit son âme » (l. 557-560). « Il s’arrêta devant la troisième glace [...] et murmura : Voilà une excellente invention » (l. 563-566). Un personnage qui doute de lui au point de « se prendre pour un autre » s’affirme par degré au point de s’inventer, d’assumer une autre personnalité, sûre d’elle. Analyse Une montée symbolique • Dégager la métaphore implicite de cette montée de trois étages d’escalier. Penser aux « marchepieds humains » qui feront la fortune de Bel-Ami. Trois femmes vont aider à l’ascension sociale de Duroy : Madeleine Forestier (accès au métier de journaliste), Madame Walter (accès au monde), Suzanne (accès à la fortune). La construction progressive d’un moi triomphant • Commenter les transformations de l’image reflétée de Duroy dans son petit miroir et les trois grands miroirs de l’escalier des Forestier tout au long du roman (dans ce passage, puis dans la deuxième partie du chapitre II, p. 215, et chapitre IV, p. 303). De quel ordre sont-elles ? L’escalier des Forestier est devenu l’escalier de Duroy, qui vient d’épouser Madeleine et « à chaque étage de son escalier, il se regardait complaisamment dans cette glace dont la vue lui rappelait sans cesse sa première entrée dans la maison » : il était alors sans argent, sans situation confortable, mal habillé dans un costume loué pour la circonstance. Par la suite, il monte, le soir, ce même escalier avec sa femme qu’il vient d’escroquer d’un million, soit la moitié de l’héritage du comte de Vaudrec. Et là, « il dit avec un rire de triomphe : Voilà les millionnaires qui passent. » Dans la glace, la constitution d’un moi riche et puissant qu’il a forgé est de plus en plus satisfaisante. Les atouts de l’arriviste Duroy • Analyser les motifs de uploads/Litterature/ complement-4b87ebfcbbdcf.pdf

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