Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Arthur Conan Doyle 1859-1930 LE

Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Arthur Conan Doyle 1859-1930 LE VAMPIRE DU SUSSEX Les Archives de Sherlock Holmes (janvier 1924) Table des matières Le vampire du Sussex............................................................... 3 Toutes les aventures de Sherlock Holmes ..............................31 À propos de cette édition électronique .................................. 34 Le vampire du Sussex Holmes avait attentivement lu une lettre que lui avait apportée le dernier courrier. Puis, avec le petit rire sec qui chez lui pouvait passer pour un véritable éclat de rire, il me la tendit. – En fait de mélange de moderne et de médiéval, de pratique et de sauvagement fantaisiste, je crois que ceci est un comble ! me dit-il. Qu'en pensez-vous, Watson ? Je lus ce qui suit : « 46, Old Jewry, 19 novembre. « Affaire Vampire. « Monsieur, « Notre client M. Robert Ferguson, de Ferguson & Muirhead, courtiers en thé de Mincing Lane, nous a posé quelques questions par lettre à propos des vampires. Comme notre société est spécialisée exclusivement dans l'expertise des thés, l'affaire semble échapper à notre compétence ; aussi avons-nous recommandé à M. Ferguson, par ce même courrier, d'entrer en rapport avec vous et de vous soumettre son dossier. Nous n'avons pas oublié votre réussite dans l'affaire de Matilda-Briggs. « Nous sommes, Monsieur, fidèlement vôtres, « Morrison, Morrison & Dodd. » – Matilda-Briggs n'est pas le nom d'une jolie femme, Watson. C'était un navire qui fut mêlé à l'affaire du rat géant de Sumatra (histoire à laquelle le monde n'est pas encore préparé). Mais que savons-nous des vampires ? Les vampires sont-ils aussi de notre compétence ? Tout vaut mieux que l'inaction, mais en vérité je - 3 - crois qu'on nous a branchés sur un conte de Grimm. Allongez le bras, Watson, et voyons un peu ce que nous indiquera la lettre V. Je me penchai en arrière pour m'emparer du gros volume de références auquel il avait fait allusion. Holmes le posa en équilibre sur ses genoux, et ses yeux parcoururent lentement, et avec amour, la liste de vieilles affaires mélangées avec des renseignements accumulés depuis plusieurs lustres. – Voyage du Gloria-Scott, lut-il tout haut. Vilaine affaire ! J'ai vaguement le souvenir que vous avez raconté l'histoire, Watson, et que je me suis trouvé dans l'incapacité de vous féliciter de votre version des faits. Victor Lynch, le faussaire. Venimeux lézards : le gila, un cas sortant tout à fait de l'ordinaire, celui-là ! Vittoria, la belle du cirque. Vanderbilt et le Yeggman. Vipères. Vigor, la merveille de Hammersmith. Brave vieil index ! Imbattable ! Écoutez bien, Watson ! Vampirisme en Hongrie. Et vampires en Transylvanie… - 4 - Il tourna rapidement les pages, se pencha avec avidité sur sa découverte, mais il rejeta bientôt le gros livre en poussant une exclamation de déception. – … Ça ne vaut rien, Watson ! Rien du tout. Qu'avons-nous à voir dans des histoires de cadavres qui se promènent s'ils ne sont pas cloués dans leurs tombeaux par des pieux fichés en plein cœur ? Nous sommes en pleine folie ! – Mais le vampire, objectai-je, n'est pas forcément un mort ! Un être vivant pourrait être un vampire. J'ai lu, par exemple, quelque chose sur des monstres qui suçaient le sang des enfants pour conserver leur jeunesse. – Vous avez raison, Watson. Cette légende est mentionnée dans mon index. Mais prendrons-nous au sérieux de telles fariboles ? Notre agence a les pieds sur la terre, et j'entends qu'elle les y maintienne. Le monde est assez vaste pour notre activité : nous n'avons pas besoin de fantômes. Je crains que nous ne puissions nous occuper de ce M. Ferguson. Après tout, cette autre lettre émane peut-être de lui, et contient-elle des renseignements plus précis sur ce qui le tracasse. Il prit une deuxième lettre que je n'avais pas remarquée sur la table, tant il avait été absorbé par la première. Il commença à la lire avec un sourire amusé qui progressivement disparut pour faire place à une expression d'intérêt et de concentration mentale intense. Quand il eut fini, il demeura quelques instants silencieux. La lettre dansait entre ses doigts. Finalement, d'un mouvement brusque, il émergea de sa rêverie. – Cheeseman's, Lamberley. Où se trouve Lamberley, Watson ? – Dans le Sussex, au sud de Horsham. - 5 - – Pas très loin, hé ? Et Cheeseman's ? – Je connais cette région, Holmes. Elle est pleine de vieilles maisons qui ont été baptisées du nom des hommes qui les ont construites il y a plusieurs siècles. Par exemple Odley's, ou Harvey's, ou Carriton's. Les gens ont sombré dans l'oubli, mais leurs noms vivent encore dans leurs maisons. – En effet, dit Holmes non sans froideur. L'une des caractéristiques de sa nature fière et indépendante était que, tout en enregistrant dans sa cervelle très rapidement et avec précision une information nouvelle, il témoignait rarement de la gratitude à celui qui la lui communiquait. Il reprit un peu plus tard : – J'ai l'impression que nous allons mieux connaître Cheeseman's, Lamberley, dans les heures qui viennent. Comme je l'avais espéré, cette lettre est de Robert Ferguson. D'ailleurs il vous connaît. – Il me connaît ? – Lisez plutôt. Il me fit passer la lettre. Elle portait en en-tête l'adresse mentionnée plus haut. « Cher Monsieur Holmes, « Mes hommes de loi m'ont conseillé de m'adresser à vous, mais il s'agit d'une affaire si extraordinairement délicate qu'elle est très difficile à exposer. Elle concerne l'un de mes amis au nom duquel j'agis. Ce gentleman, il y a cinq ans, a épousé une Péruvienne, fille d'un négociant péruvien dont il avait fait la connaissance au cours d'un voyage d'importation de nitrates. La - 6 - jeune fille était d'une grande beauté, mais sa qualité d'étrangère et sa religion éloignée de la nôtre entraînèrent bientôt des divergences sentimentales entre le mari et la femme : l'amour du mari s'attiédit, et il ne tarda pas à se demander si leur union n'avait pas été une erreur. Il sentait qu'il ne pourrait jamais explorer et comprendre certains aspects de son caractère. Le plus pénible était qu'elle l'adorait, et que selon toutes apparences elle lui était très attachée. « Venons-en maintenant au sujet sur lequel je m'expliquerai mieux quand nous nous rencontrerons. Cette lettre n'a pour but que de vous fournir une idée générale de la situation et de vous demander si vous consentiriez à vous y intéresser. La femme de mon ami commença à manifester quelques traits curieux, très éloignés de sa douceur extraordinaire et de sa gentillesse naturelle. Son mari avait eu, d'une première femme, un fils. Cet enfant, qui a aujourd'hui quinze ans, est charmant, affectueux, bien que malheureusement il ait été victime d'un accident dans sa jeunesse. A deux reprises la femme de mon ami fut surprise en train de battre ce pauvre garçon, qui ne l'avait nullement provoquée. Une fois, elle le frappa à coups de canne, avec une telle violence qu'il en garda une faiblesse au bras. « C'était peu, néanmoins, à côté de son comportement envers son propre fils, qui n'a pas encore un an. Il y a un mois, la nurse avait laissé l'enfant seul pendant quelques minutes. Un cri du bébé, un vrai cri de douleur, fit accourir la nurse. Quand elle entra dans la chambre, elle vit sa maîtresse, la mère du bébé, penchée au-dessus de l'enfant à qui elle mordait le cou. Une petite blessure était visible sur le cou, et le sang s'en échappait. Horrifiée, la nurse voulut prévenir le père, mais la mère la supplia de n'en rien faire et lui fit cadeau de cinq livres pour qu'elle se tût. Elle ne fournit de son acte aucune explication, et l'affaire fut passée sous silence. « Elle n'en laissa pas moins une terrible impression sur l'esprit de la nurse. Depuis, elle se mit à surveiller de près sa maîtresse et à monter la garde auprès du bébé qu'elle aimait - 7 - tendrement. Il lui semblait que, tandis qu'elle surveillait la mère, celle-ci la surveillait également, et que, chaque fois qu'elle devait quitter l'enfant, la mère n'attendait que ce prétexte pour s'en approcher. Jour et nuit la nurse veillait sur le bébé ; jour et nuit la mère paraissait aux aguets comme le loup guette l'agneau. Cela doit vous sembler incroyable ; pourtant je vous demande de prendre ce récit au sérieux, car la vie d'un enfant et l'équilibre d'un homme sont en cause. « Enfin le jour terrible arriva où les faits ne purent plus être dissimulés. Les nerfs de la nurse cédèrent ; incapable de supporter cette tension, elle libéra sa conscience devant le père. Réagissant comme vous peut-être aujourd'hui, il écouta la nurse comme il aurait écouté une histoire de sauvages. Il savait que sa femme l'aimait et qu'elle était, exception faite des mauvais traitements qu'elle avait infligés à son beau-fils, une mère tendre. Pourquoi, dès lors, aurait-elle blessé leur cher petit bébé ? Il répondit à la nurse qu'elle rêvait, que ses soupçons étaient dignes d'une uploads/Litterature/ conan-doyle-vampire-du-sussex-im 1 .pdf

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