Vitalien Laurent La correspondance de Démétrius Cydonès In: Échos d'Orient, tom
Vitalien Laurent La correspondance de Démétrius Cydonès In: Échos d'Orient, tome 30, N°163, 1931. pp. 339-354. Citer ce document / Cite this document : Laurent Vitalien. La correspondance de Démétrius Cydonès. In: Échos d'Orient, tome 30, N°163, 1931. pp. 339-354. doi : 10.3406/rebyz.1931.2687 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_1146-9447_1931_num_30_163_2687 LA CORRESPONDANCE DE DÉMÉTRIUS CYDONÈS On a beaucoup médit de Fépistelographie byzantine parce que, sans l'avoir étudiée de près, on a cru n'y découvrir que l'instrument d'un pedan- tisme suranné ou d'une vanité sans cesse en action. L'érudit, en quête de données nettes et précises, ne s'engage jamais sans une répugnance pro fessionnelle à travers cette littérature où presque rien n'affleure, au-dessus de la magnificence du style ou de la sublimité des pensées, de ce qui pourr ait retenir son attention. Et cependant il n'y a pas, en dépit d'intermi nables enchaînements d'expressions brillantes et vides, de sources plus précieuses pour le commentaire ou le contrôle de l'histoire officielle relatée par les Chroniques. Dans chacun des nombreux recueils de lettres qui nous sont parvenus se reflète, en effet, de mille manières, l'époque à laquelle il appartient. Une connaissance précise du milieu, de son langage et du jeu de ses institutions fait découvrir, sous les demi-mots d'un langage con ventionnel, mille particularités sur l'auteur, ses correspondants et les évé nements privés ou publics auxquels les uns et les autres furent mêlés. Mais cette intelligence pénétrante de textes isolés, parfois très courts, n'est possible que si l'éditeur a au préalable bien rempli toute sa tâche. Or, celle-ci est des plus redoutables parce qu'elle requiert une somme énorme de connaissances parallèles chez le même savant qui doit, vu les conditions déficitaires où travaillent tout byzantiniste, suppléer par d'in finies recherches au défaut de répertoires les plus indispensables. Comment, en effet, dater sûrement chaque lettre, identifier de multiples personnages, préciser les faits énoncés, ou apprécier certains courants d'idées, si on ne se livre d'abord à une enquête exhaustive à travers les sources d'une époque déterminée ! ' I Malgré les difficultés de l'entreprise, le projet d'un Corpus des épisto- .·. -< lographes byzantins est à l'ordre du jour. Sp. Lamprös, presque à la fin de sa longue carrière d'éditeur, n'osait croire à la possibilité d'un travail pourtant bien plus modeste : la confection de tables où seraient rangées par incipit et desinit les seules lettres imprimées (i). Et voici que l'Aca démie d'Athènes affirme, par une de ces initiatives hardies dont notre époque semble devoir laisser plus d'un exemple, sa volonté de mener à terme la grande œuvre dont un jeune érudit, Sykoutrîs, s'était fait au cours du dernier Congrès {octobre ig3o) l'enthousiaste avocat. Dans ces conditions, c'est avec reconnaissance que nous devons saluer les éditions partielles, du genre" de celle dontjious allons nous occuper. Établies d'après un plan assurément contestable, elles ont du moins le mérite, en provoquant la critique, de permettre une première mise au point (i) Cf. Νέος Έλληνο<«ΐ.ΎήΐΑ»ν, XII, *9i5, 42ο. rf\ "$&%.·* "'^ίξ, .' f . 34Ο ÉCHOS D'ORIENT d'autant plus nécessaire' que les multiples problèmes soulevés, ressortis sant aux spécialités les plus diverses, ne pourraient être adéquatement résolus par un seul. Mais rendons d'abord au courage et au savoir de M. Cammelli le sincère hommage que nous leur devons. Uimprobus labor, auquel l'auteur a dû consacrer ses rares loisirs de professeur, ncus vaut un livre plein de riche inédit, et, de plus, prometteur. La présente publication en annonce, en effet, une autre plus vaste : l'édition des Œuvres complètes de Démétrius Cydonès sous les auspices de la Bibliothèque vaticane. La Correspondance y sera l'objet de toutes les attentions désirables. Cette circonstance nous dispense de déplorer davantage le plan et par endroits l'exécution d'un travail fait trop exclusivement sur mesure; elle invite, par contre, les cri tiques, dans l'intérêt même de la science, à soumettre au courageux éditeur toutes les remarques susceptibles 4e l'aider dans sa tâche. La personnalité de Démétrius Cydonès n'est pas inconnue de nos lec teurs (1). Un prochain article retracera dans un cadre convenable la physionomie et l'action pacificatrice de ce grand ouvrier de l'Union des Églises. Nous voulons faire aujourd'hui, sur le recueil de ses Lettres, œuvre purement critique. Nous tenons naturellement compte du remar quable mémoire que Msr G. Mercati vient de publier à la même occa sion (2). La seule lecture de ce dernier travail, fait au courant de la plume par le meilleur connaisseur de la littérature cydonienne, sera pour Cammelli le plus utile des guides et restera pour tous ceux qui auront à s'occuper de correspondances byzantines le modèle à suivre. Il nous est parvenu de Cydonès un nombre de lettres assez élevé; l'ex amen de tous les manuscrits accessibles a révélé l'existence de 447 d'entre elles, dont 37 seulement avaient été publiées un peu partout par divers érudits. L'apport de la présente publication est de 5o inédits; celle-ci donne, en outre : i° le catalogue complet des manuscrits et leur classifi cation; 20 le catalogue complet des lettres sous forme de regestes com prenant le résumé de chaque pièce et l'indication des sources; 3° la liste alphabétique des correspondants de Cydonès. L'absence de table sérieuse est à regretter comme aussi le manque presque absolu de commentaire. Cette dernière lacune est au désavantage non seulement du lecteur, mais de l'éditeur lui-même dont le système chronologique, dans la répartition des lettres, est de ce chef presque entièrement à réformer. Car, pour n'avoir pas cherché à identifier nombre de personnages ou pour avoir (1) Cf. M. Jugie, « Démétrius Cydonès et la théologie latine à Byzance aux xiv" et xve siècles » dans les Eohos d'Orient, XXVII, 1928, 385-402. (2) Of. G. Mercati, « Per l'epistolario di Demetrio Cidone » dans les Studi bizanlini e neoellenici, III, 1930, 2θ3-23ο. Je dois à l'obligeance de M1' le préfet de la Vaticane d'avoir communication de ce travail avant qu'il n'ait paru en volume. LA CORRESPONDANèE DE DEMETRIUS CYDONÈS 341 omis d'expliquer les allusions qui abondent dans les moindres billets, Cammelli a trop fait cas d'apparences trompeuses. Nous ne dirons rien ici ni de la tradition manuscrite (1) ni de la qualité de l'édition (2). Pour ne pas charger inutilement ce simple compte rendu, (1) L'éditeur consacre quinze pages (xxxiv-xlviii) à la description et à la classification des 34 manuscrits qui contiennent, dans une portion plus ou moins grande, la Corres pondance de Cydonès. Tout ce qui concerne la tradition de ces nombreux témoins et leur dépendance éventuelle est bloqué en deux courtes pages (xlvi-xlviii). C'est mani festement trop, peu, d'autant que les rares apparats critiques que comporte la publica tion suggèrent plus d'un doute sur l'absolue correction du graphique de la page xlviii, v. g. les deux comices h et h1 sont donnés comme issus immédiatement de v. Certes, les leçons de ces trois témoins concordent à peu près partout de mauière frappante : il y a cependant dés différences peu explicables dans l'hypothèse d'une dépendance directe; v. g. p. 65 cette unité critique : 36-37 ταΰτα λέγων παντός ρήτορος δόξαις αν πιθανώτερα λέγειν AT υ : περί τούτων λέγων κα'. Δημοσθένους πε:θανώτερος δόξείζ BLhh1 m. De même, p. 06, 1. 61 : τε A Y h h1 : om. BL.' mv. En outre, la note récente (cf. supra, p. 340, n. 2) de Mer Mercati démontre qu'un examen plus attentif et surtout plus minutieux des deux recueils· fondamentaux A et Β s'impose à l'éditeur. (2) II serait téméraire ici, surtout en présence! d'autographes, de chercher chicane à l'édi teur au nom d'un purisme anachronique. D'ailleurs ses apparats critiques témoignent d'une attention vigilante, au point que, loin des originaux, nous n'avons pas le droit de supposer à priori qu'il les a mal interprétés, là même où notre goût classique serait choqué par certaines licences syntaxiques ou grammaticales. En outre, la traduction est d'une fidélité et d'une élégance remarquables. Je n'oserai toutefois soutenir que le volume n'est déparé par aucun contresens; il y en a, quoiquev en nombre restreint. En voici un double exemple rencontré au seuil môme du livre. L'erreur dans les deux cas n'a d'autre cause que l'ignorance malheureusement trop grande où se confinent par rapport aux institutions ecclésiastiques les commentateurs de textes byzantins. '· Lettre 1, 1. 28. L'apocrisiaire Euthymios est,dans la quasi-nécessité, pour assurer le succès de son ambassade, de donner au Pape des titres inconciliables avec sa foi ortho doxe. S'il le fait, c'est Γή τής πίστεως προδοσία και ή τοΰ συμβόλου κατάλυσις χ α Ι αί δύο άρχαί... c'est-à-dire la trahison envers la foi, la destruction du symbole et (l'accepta tion) des deux principes. L'éditeur traduit le passage souligné comme suit .* les deux pouvoirs (-reconnus). Mais de quels pouvoirs les Grecs avaient-ils à redouter la recon naissance? Rien de semblable n'a jamais, que je sache, fait difficulté entre les deux Eglises. 'Au contraire, l'allusion au double principe (Père et Fils) dans la production du Saint-Esprit s'impose d'autant que la phrase de Cydonès résume les trois chefs d'accu sation alors en cours dans la polémique antilatine. Les Grecs faisaient à leurs adver saires le triple uploads/Litterature/ coresp-lui-d-kidones.pdf
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- Publié le Nov 20, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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