1 Module : Mouvements et tendances Niveau Master 2 COURS 1 : Le romantisme PLAN
1 Module : Mouvements et tendances Niveau Master 2 COURS 1 : Le romantisme PLAN DU COURS Introduction 1. Origines 2. Définition 3. Les principes esthétiques 4. Les thèmes romantiques 5. Le héros romantique Introduction : Ce n’est qu’au XIXème siècle que l’on peut réellement parler de mouvement littéraire. En effet, le visage artistique du siècle est fort changeant. Contrairement au siècle précédent, dominé par le classicisme, on ne peut parler d'un seul mouvement littéraire dominant, bien qu'il soit tentant d'assigner ce rôle au romantisme. De nos jours, les termes « romantisme » et « romantique » font immédiatement penser à l’amour avec un grand « A », un peu sensible, voire sirupeux (doux) ; ils impliquent souvent fleurs, petits chocolats, Saint-Valentin, sérénades, gondoles, ou autres attentions qui non seulement brisent la routine du couple, mais sont les marques d’un amour indéfectible. La plupart des jeunes filles en rêvent, la plupart des hommes s’y plient de plus ou moins bonne grâce pour toutes sortes de raisons. Mais romantisme n’a pas toujours eu le sens de fleur bleue.Au XIXe siècle, le romantisme, c’est avant tout une révolte. Révolte contre l’anonymat auquel soumettent une histoire tyrannique et une urbanisation effrénée (sans freins). Révolte contre un monde de plus en plus matérialiste, où la bourgeoisie, de plus en plus riche et de plus en plus puissante, impose un conformisme désespérant en définissant ce que doivent être le bon goût et les bonnes mœurs. Révolte contre un avenir qui ne promet plus rien et contre l’ennui, le dégoût qu’on sent en soi. Révolte contre le rationalisme qui brime (brimades = injustice) les sentiments. Révolte, enfin, contre le siècle tout entier. 1. Origines : Tous les auteurs s’entendent pour dire que plusieurs facteurs sont en cause dans la naissance de ce nouveau courant littéraire. D’abord, il y a ceux qu’on a nommé plus tard les « préromantiques » et qui, comme Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle (avec Julie ou la Nouvelle Héloïse, les Rêveries du promeneur solitaire et les Confessions) ou Chateaubriand au tournant du XIXe siècle (avec Atala, en 1801, René, en 1802 et le Génie du christianisme, en 1802) ont écrit des textes où se font sentir à la fois le besoin de parler de soi et l’amour de la nature. Déjà, chez ces deux grands auteurs, l’émotion et la passion l’emportent sur la raison. Chez Rousseau, l’intérêt pour l’analyse psychologique et la description des mouvements de l’âme sont tels que ses écrits ne ressemblent en rien à ceux de ses contemporains. Chez Chateaubriand, l’ennui des personnages est si représentatif du mal du siècle que Gautier a dit de lui qu’il avait « inventé la mélancolie moderne ». Germaine de Staël a aussi contribué à faire pénétrer le mouvement en France avec de la Littérature (1800) et de l’Allemagne (1810), où 2 elle exalte le rôle de l’inspiration et du génie et où elle affirme que la littérature de l’avenir reposera sur une totale liberté de l’imagination. Ensuite, il y a l’influence étrangère. Celle des Allemands, d’abord, à travers Goethe, dont on découvre les Souffrances du jeune Werther (1774) et Faust (1775), et Schiller, avec la pièce Guillaume Tell. Celle des Écossais, aussi, à travers Walter Scott et ses romans historiques (dont Ivanhoé, portrait de l’Angleterre à la fin du XIIe siècle). Celle des Anglais, enfin, à travers nombre de poètes (Percy Shelley, John Keats, Lord Byron – dont la vie est souvent aussi inspiratrice que les écrits) et à travers le théâtre shakespearien. Enfin, il y a les circonstances historiques et politiques qui permettent l’éclosion du mouvement romantique en France. En effet, si la Révolution de 1789 a privé d’aucuns de l’enseignement des collèges (et pas des moins grands : Hugo, Lamartine, Vigny furent de ceux dont l’instruction fut décousue), cela ne leur fut que bénéfique, en leur permettant de se forger un goût plus personnel, moins soumis à la tradition classique. Plus encore, la chute de l’Empire entraînera avec elle la future carrière des jeunes d’alors, qui se voient brusquement privés de leurs grandes ambitions – ils sont désœuvrés et cherchent à tromper l’exaltation qui leur reste en se satisfaisant par les passions lyriques et les aventures romanesques des livres. 2. Définition : À propos du romantisme, Baudelaire a écrit : « Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir. Ils l’ont cherché en dehors, et c’est en dedans qu’il était seulement possible de le trouver » (Salon de 1846). Plusieurs auteurs reprendront cette idée : Le romantisme ne réside pas en telle œuvre, en telle technique ou en tel thème : il est un climat, le climat de la société de tout un siècle, né sous le signe de la Révolution, grandi dans le prestige de Napoléon [...], appelé par les curiosités de l’exotisme, tourmenté par une crise religieuse et morale, qui le cahote de la foi au désespoir, de l’individualisme le plus passionné aux plus larges aspirations humaines (P. Moreau, préface de Musique et littérature sous la monarchie de Juillet, par J.-M. Bailbé). Cette manière de sentir, ce climat, c’est d’abord un malaise existentiel que vivent les jeunes. C’est l’impression d’être laissés-pour-compte à la fois par l’histoire et par la société de leur temps, d’être incompris. C’est la sensation de vivre dans un monde sans repères. C’est une éternelle incertitude, une éternelle insatisfaction. C’est une sensibilité blessée, une mélancolie exacerbée par l’alternance des désirs et des doutes, des enthousiasmes et des chagrins. C’est, enfin, un profond sentiment d’ennui – c’est le mal du siècle. Afin de fuir ce sentiment, les jeunes romantiques se replient sur eux-mêmes et donnent prééminence à leur vie intérieure. Afin de l’exorciser, ils écrivent, ils peignent, ils sculptent, ils gravent. Ils ont le sentiment d’être en marge du monde et tentent de tromper leur désarroi en soutenant que la souffrance est le privilège des âmes hors du commun, ce qui les amène, en bout de ligne, à rechercher l’unicité, l’anticonformisme, la marginalité. Paradoxalement, les romantiques souhaitent à la fois entretenir les souffrances de leur âme, qui sont une source d’inspiration, et les apaiser. Cet apaisement trouve deux sources : d’abord, dans la contemplation de la nature – où, s’il arrive quelquefois qu’ils trouvent du réconfort à travers les paysages, il arrive aussi qu’ils se heurtent à l’hostilité des forces destructrices qu’elle sait déchaîner – ; ensuite, dans le sentiment religieux, où les superstitions, le mysticisme et l’occultisme ne sont pas sans trouver leur place. En effet, le rationalisme profane du XVIIIe 3 siècle et l’athéisme des Révolutionnaires semble avoir laissé un vide, une faille, une fissure dans l’âme humaine que tentent de réparer les jeunes romantiques. L’inaptitude du réel à répondre à ses attentes peut amener l’écrivain romantique sinon à croire en l’existence d’un monde idéal et spirituel, d’un dieu compréhensif, du moins à le souhaiter. Pour le définir, nous dirons donc, en somme, que le romantisme est un courant littéraire où domine le lyrisme, qui connut son apogée entre 1827 et 1848, mais qui a perduré pendant tout le XIXe siècle et qui a eu une influence considérable non seulement sur la littérature, mais sur l’art et la société en général. 3. Les principes esthétiques : Les origines du romantisme nous montrent qu’il est une réaction, parfois violente, à la rigidité classique. Cette réaction, on l’a vu, passe par une sensibilité exacerbée, qui s’est exprimée dans les thèmes abordés par les écrivains, de même que dans la forme même de leurs écrits. Dans les premières années du romantisme, on voit se profiler une nouvelle querelle des Anciens et des Modernes. Les Anciens, c’est-à-dire les défenseurs du classicisme, les « perruques », contrôlent les théâtres, les maisons d’édition, l’art en général et la littérature en particulier, le bon goût, quoi. Ils affirment que les romantiques sont des auteurs dangereux, qui corrompent la jeunesse et les femmes, et sans talent. Ils leur reprochent leur mise colorée et la barbe qu’ils portent, symbole de leur révolte. Leurs principes esthétiques sont totalement opposés : Les classiques Les romantiques Vérité universelle I Vérité personnelle Type I Individu Respect des règles I Refus des règles Distinction des genres I Mélange des genres Raison I Emotions Mesure I Démesure Bienséance I Provocation En 1830, à la première d’Hernani, pièce de Victor Hugo, romantiques et tenants de l’esthétique classique s’affrontent, allant jusqu’à la violence physique. La jeunesse l’emporte : la victoire du romantisme est alors consacrée. C’est l’énergie des jeunes romantiques, combinée à des circonstances politiques – le monde change – qui a permis au mouvement de triompher. Sous la Restauration, et sous la monarchie de Juillet, le pouvoir royal s’affaiblit continuellement, ce qui laisse de plus en plus de place à la bourgeoisie et à ce qu’on appelait autrefois le Tiers-État. La vie politique est maintenant ouverte à tous. De plus, constatant le vide laissé par la « disparition » de l’Église, les romantiques, qui se voient comme des élus ou uploads/Litterature/ cours-1-le-romantisme.pdf
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- Publié le Mar 03, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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