Contre la science-fiction ? Vraiment ? A l’origine, je ne pensais que relayer l
Contre la science-fiction ? Vraiment ? A l’origine, je ne pensais que relayer l’info mais puisqu’on m’y a gentiment invité et surtout puisque je me suis rendu à l’évidence que cela me démangeait d’écrire sur le sujet, me voilà apportant ma petite pierre à la N-ème nouvelle vraie fausse guéguerre du fandom SFFF (Science-Fiction Fantasy Fantastique) français. (donc oui, toi qui espérais un blabla sur un film japonais avec des couettes, désolé mais c’est pas pour aujourd’hui) Le fond de la discussion ne me semble pas particulièrement nouveau, mais on peut espérer que cette fois elle fasse plus de bruit que d’habitude, portée qu’elle est par la plume d’un écrivain unanimement salué et reconnu, une plume qui espérons-le aura plus de poids que la notre, simples « fans », tout actifs pouvons nous être. (en espérant donc que le même Colin se trompe lorsqu’il écrit sur son blog « je gage pour ma part qu’il ne suscitera pas grand-chose – quelques baillements peut-être, une vague rumeur de protestation : rien de grave, sans doute, cqfd ») A lire donc avant de continuer, la tribune de Fabrice Colin sur le Cafard Cosmique, au doux nom de Esthétique du lâcher-prise. Viennent ensuite des réactions d’amis camarades blogueurs : La troisième dépossession, par Bruno sur son blog Systar La fin de l’underground, par Daylon sur le MoonMotel Notons pour finir Fabrice Colin réagissant sur son blog aux premières réactions provoquées par son article. Addenda : d’autres articles sont venus s’ajouter à la discussion, s’intéressant principalement à la question métaphysique, plus qu’à l’esthétique (car comme le fait remarquer le transhu dans son introduction, si les textes de Lehman et Colin ont été publié plus ou moins en même temps et ont été associés je ne sais comment, il s’agit bien de deux questions différentes) : Lehman Brothers (+ part.2), sur Shalmaneser La guerre des genres n’a pas (vraiment) lieu, sur Russkaya Fantastika Retour sous l’horizon (+part.2), sur Fin de partie Disclaimer : 1/ Ici, je ne prends absolument pas en compte le lecteur. Il va sans dire que j’espère que le lecteur ne se formalise pas des étiquettes, et lit « des bons livres » avant tout. 2/ Il n’est pas non plus question d’une quelconque mort de la SF – je sais que l’expression revient beaucoup. Bien au contraire. Il s’agit de penser l’évolution du genre, d’agir pour sa vitalité, non pas de chercher à s’en extraire. Vous vous en rendrez compte, ma réflexion revendique son appartenance à la science-fiction, fortement même. (ce qui, sans doute, énervera davantage qu’un bête discours sécessionniste) Avertissement toujours : Si on excepte un rôle de chroniqueur dans une célèbre émission de radio, dans laquelle je/on ne parle d’ailleurs pas si souvent de SF, je n’ai plus vraiment l’impression de faire partie de ce fandom. Cela fait déjà quelques temps que j’ai déserté les principaux forums spécialisés ; celui d’ActuSF tout d’abord, auquel je n’étais de toute façon pas très attaché ; puis du Cafard Cosmique, un lieu sans lequel je ne serai sans doute pas celui que je suis aujourd’hui et donc particulièrement spécial à mes yeux, mais qui depuis trop longtemps file un mauvais coton, l’autosatisfaction d’une connardise élitiste désormais mythique s’exhibant toujours davantage à mesure que, bien au contraire, le forum s’enfonçait dans la mollesse et la connivence, cessant d’être un espace pointu et alternatif. (bon ok, j’avoue, je suis aussi un sale con qui supporte de moins en moins la discussion, en particulier avec d’autres cons idéologiquement incompatibles) Du coup – vous m’en voyez bien gêné – j’écris ici un peu en aveugle, n’ayant que rapidement et en diagonale lu les récents débats, en particulier les réactions (que dénonce Bruno dans son billet) à la préface de Serge Lehman à son anthologie, préface que je n’ai pas lu davantage ! Mais là où je me sens légitime, ne serait-ce qu’un peu, pour ouvrir ma gueule sur le sujet, c’est en me reconnaissant particulièrement dans le texte de Fabrice Colin. Il me semble d’ailleurs que, parmi les jeunes en tout cas, nous sommes un certain nombre dans le milieu à ne pas (plus) lire tant de SF que ça, voire à ne pas apprécier le genre tant que ça – du moins dans sa composante pure, scientifique, puisque nous verrons que nous y sommes attachés par ailleurs. Oui, c’est étrange, mais la SF c’est comme la France, c’est un peu plus subtil que « tu l’aimes ou tu la quittes ». D’où ce texte, sans doute un peu bancal car écrit pour répondre à l’urgence, mais loin d’être improvisé quand à son fond, qui synthétise les positions qu’à plusieurs reprises j’ai pu prendre ici et ailleurs avant de disparaître (temporairement, visiblement). Racontons un peu ma vie. Déjà alors que, découvrant le genre, je me cantonais aux oeuvres classiques (majoritairement anglo-saxonnes) les interrogations mystiques de Philip Dick (la « trilogie divine ») ou la folle liberté de Raphaël Lafferty (Tous à Estrevin, d’où est tiré mon pseudo si vous ne le saviez pas) me touchaient bien davantage que toutes les aventures spacialo-scientifiques imaginables. La tendance n’a fait que se radicaliser à mesure que j’accédais à la création contemporaine, en particulier française, des auteurs comme David Calvo ou Fabrice Colin (tiens tiens) pour ne pas les citer, des auteurs qui n’eut été le contexte de leur publication ont plus de rapport avec Murakami Haruki ou Chuck Palahniuk qu’avec Roland Wagner et Stephen Baxter. Ainsi, aujourd’hui, même s’il m’est arrivé de souhaiter leur donner une seconde chance, je suis absolument incapable d’accorder la moindre attention à des cycles aussi interminables qu’illisibles comme Dune ou Fondation. Pensez donc, même Robert Charles Wilson me tombe des mains. De toute évidence, la fiction m’intéresse plus que la science, et ce qui m’interpelle dans la science-fiction c’est davantage le fantastique technologique/futuriste que la spéculation scientifique. Je ne le cacherai pas, en bon cinéphile, même en littérature je suis principalement motivé par des raisons esthétiques – c’est ainsi que ponctuellement un texte de hard-science peut m’émouvoir par sa puissance vertigineuse (Face aux ténèbres de Greg Egan par exemple), tout en ne remettant pas en cause mon désintérêt pour la face scientifique du genre. A ce sujet, j’ai déjà eu l’occasion de l’affirmer à plusieurs reprises, la science-fiction n’est pas un genre. Ou plutôt, la science-fiction prise par le bout qui m’intéresse n’est pas un genre. C’est un outil littéraire (ou, élargissons, artistique), si ce n’est même une disposition d’esprit du créateur, d’une certaine manière une sensibilité. C’est du moins ainsi que, à mon sens, a évolué et devrait évoluer la SF, qui dans son acceptation originelle est de plus en plus dépassée – certains devraient admettre que ce que James Ballard qualifiait de « littérature authentique du XXe siècle » n’a peut-être plus sa place au XXIe, plus sous la même forme – et qui chez les auteurs les plus intéressants et innovants de ce début de siècle est réduit (sans que cela soit péjoratif) à un background, à un corpus d’influences parfaitement assumées (si si) et digérées. Cette influence science-fictive a donné naissance chez ces auteurs – à l’opposé de certains de leurs collègues issus de la littérature générale qui, ignorants de la production, ont investi la SF par le biais de ses archétypes, en gros en ont fait « du genre » et/ou réinventèrent la roue – à une approche décomplexée de la littérature, consciente du fait que l’imagination ne s’arrête pas au réalisme ; que les barrières cloisonnant le véridique, le possible, l’invérifiable et l’impossible ne demandent qu’à être sautées. De plus, davantage qu’un ancrage dans une tradition fantastique très ancienne, l’héritage SF incite à être constamment moderne, à la pointe, est comme une invitation à une approche expérimentale, du moins audacieuse. Fabrice Colin conclu sa tribune par « Avec la SF, je n’irai jamais très loin ailleurs. », ce qui peut paraître étrange aux yeux de certains : la SF n’est-elle justement pas ce qui permet d’aller ailleurs ? C’était sans doute le cas il y a 50 ou 70 ans, alors que la SF était abreuvée de conquête spatiale et découvrait, par la pensée, les nouveaux espaces. C’était sans doute le cas lorsque la simple mention, toute maladroite soit- elle, d’un univers merveilleux suffisait à transporter le lecteur. Un lecteur qui aujourd’hui en a vu d’autres, et dont la propension à l’émerveillement n’est plus ce qu’elle était. Mais à défaut d’ailleurs, la SF peut-elle, en l’état, amener quelque part ? Il serait naïf et particulièrement stupide d’affirmer que le questionnement de la science et de la technologie est obsolète, dans notre monde qui en est chaque jour plus imprégné, donc que la science-fiction n’a plus lieu d’être. Cependant, cela ne veut pas dire que la SF doit rester telle qu’elle est. Au contraire, dans un monde ou la technologie se banalise et perd son potentiel merveilleux, elle semble aujourd’hui se trouver dans des impasses dont elle doit se sortir sous peine de se retrouver hors du coup. Bien uploads/Litterature/ insecte-nuisible.pdf
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- Publié le Sep 11, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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