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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/264629991 Cucujus cinnaberinus (Scopoli, 1763), nouvelle espèce pour la faune de France (Coleoptera Cucujidae) Article · January 2014 CITATIONS 7 READS 1,034 4 authors, including: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Saproxylic beetles inventory and survey View project Detection of new Beetle species in France View project Fuchs Ludovic Office National des Forêts 16 PUBLICATIONS 22 CITATIONS SEE PROFILE Gilles Godinat Office National des Forêts 4 PUBLICATIONS 8 CITATIONS SEE PROFILE Hervé Brustel Université de Toulouse Ecole d'ingénieurs de Purpan 206 PUBLICATIONS 2,558 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Fuchs Ludovic on 28 November 2014. The user has requested enhancement of the downloaded file. Cucujus cinnaberinus est un Coléoptère qui aura fait polémique dans les cercles entomologiques français. Voilà une espèce inscrite sur les listes nationales de protection alors qu’aucune donnée n’indiquait avec certitude qu’elle ait pu exister en France. Cet insecte réputé associé aux forêts primaires, aux mœurs cryptiques et à l’habitus remarquable, fait figure de mythe chez les coléoptéristes. Son expansion récente à travers l’Europe laissait espérer sa découverte en France : c’est pourquoi sa recherche a été récemment encouragée [Brustel & Gouix, 2012]. Biologie et écologie Cucujus cinnaberinus est une espèce saproxylique cryptique, la larve et l’adulte évoluant sous les écorces d’arbres morts Cucujus cinnaberinus (Scopoli, 1763), nouvelle espèce pour la faune de France (Coleoptera Cucujidae) Ludovic FUCHS *, Henry CALLOT **, Gilles GODINAT *** & Hervé BRUSTEL **** * Réseau entomologie de l’Office national des forêts Maison forestière d’Albet, 84 rue des Quelles, f-67130 La Broque ludovic.fuchs@onf.fr ** Société alsacienne d’entomologie 3 rue Wimpheling, f-67000 Strasbourg henry.callot@orange.fr *** Réseau entomologie de l’Office national des forêts 2 rue de la Forêt Noire, f-68127 Sainte-Croix-en-Plaine gilles.godinat@gmail.com **** Université de Toulouse, École d’Ingénieurs de Purpan, UMR 1201 Dynafor 75 voie du TOEC, f-31076 Toulouse cedex 3 herve.brustel@purpan.fr Résumé. – Cucujus cinnaberinus (Scopoli, 1763), Coléoptère saproxylique centre-européen, est observé en 2014 pour la première fois en France en Alsace (Bas-Rhin). Cette espèce strictement protégée en Europe, longtemps considérée comme relicte de forêt primaire, a connu un déclin important au xxe siècle. Depuis 2000, ce Coléoptère connaît une expansion importante à travers l’Europe, en colonisant des peupleraies dépérissantes et des ripisylves. Cette espèce est liée aux stades sénescents des peuplements pionniers. La clé de sa conservation passe par la présence de feuillus tendres, par l’abondance et la diversité de bois mort notamment exposés au soleil. Si C. cinnaberinus ne doit plus être considéré comme une relicte de forêt primaire, cet insecte demeure une espèce parapluie potentielle pour la protection des habitats naturels riches en bois mort, en particulier des ripisylves. Summary. – Cucujus cinnaberinus (Scopoli, 1763), new species for French fauna (Coleoptera Cucujidae). Cucujus cinnaberinus (Scopoli, 1763), a central european saproxylic beetle, is recorded for the first time in France in Alsace (Bas-Rhin) in 2014. This strictly protected species in Europe, for a long time considered as a relict of primeval forests, has strongly declined during the 20th century. Since 2000, this beetle shows an expansion across Europe, colonizing dying poplar plantations and riparian stands. This species is associated with the later phases of pioneer forest succession. The key of its conservation is the presence of soft-wooded broadleaved trees and the abundance and diversity of dead wood, especially exposed to the sun. If Cucujus cinnaberinus cannot be longer considered as a relict of primeval forests, this insect remains an umbrella species for the conservation of natural habitats with large quantities of dead wood, riparian forests in particular. Keywords. – Coleoptera, Cucujidae, Cucujus cinnaberinus, Protected species, Habitats Directive, Natura 2000, Saproxylic, Cortical, Distribution, Forest management, France, Alsace. L’Entomologiste, tome 70, 2014, n° 4 : 213 – 221 214 L’Entomologiste, tome 70, n° 4 Figure 1. – Habitus de Cucujus cinnaberinus (Scopoli, 1763), La Wantzenau (Bas-Rhin), 8-iv-2014 (cliché Pierre Zagatti). Ludovic FUCHS, Henry CALLOT, Gilles GODINAT & Hervé BRUSTEL L’Entomologiste, tome 70, n° 4 215 Figures 2 et 3. – Imago et larve de Cucujus cinnaberinus (Scopoli, 1763) sous écorce de Peuplier de culture, La Wantzenau (Bas-Rhin), 29-iii-2014. Cucujus cinnaberinus (Scopoli, 1763), nouvelle espèce pour la faune de France (Coleoptera Cucujidae) 216 L’Entomologiste, tome 70, n° 4 ou mourants. Le stade larvaire s’étend sur deux ans voir davantage selon les conditions écologiques. La larve assez sclérifiée et de couleur orangée peut être identifiée par la forme de ses urogomphes [Klausnitzer, 1996 ; Bussler, 2002 ; Brustel & Gouix, 2012 ; Bonacci et al., 2012]. La nymphose a lieu en fin d’été (courant août) et ne dure que deux semaines. La chambre nymphale également sous-corticole est de forme ovale, entourée de fins débris de bois et peut être confondue avec celle des Rhagium (Coleoptera Cerambycidae) ou des Pyrochroidae. Les adultes se reproduisent au printemps (avril- mai), toujours sous écorce (obs. pers.) et sont susceptibles de coloniser de nouveaux habitats à des distances relativement longues. Ils ne semblent pas capables de percer les écorces et cherchent des crevasses ou d’autres entrées : galeries de xylophages, blessures, sections de bûcheronnage (obs. pers.). Ils s’éclipsent après la reproduction, devenant quasi-inobservables à l’état imaginal à partir de mai-juin [Horák, 2008 ; Horák & Chobot, 2011]. La larve comme l’adulte sont réputés être des prédateurs à large spectre. Ils consomment des Arthropodes xylophiles, notamment des Acariens, des Collemboles, des larves ou des nymphes de Diptères et de Coléoptères [Mazzei et al., 2011 ; Horák et al., 2012]. Le cannibalisme n’est pas rare à défaut d’autres proies [Palm, 1941 in Bonacci et al., 2012]. Mais des analyses de contenus intestinaux prouvent que la larve comme l’adulte de cette espèce sous-corticole ont un régime alimentaire opportuniste mixte, consommant des tissus de la zone cambiale (cambiophage secondaire), du bois (xylémophage secondaire), des hyphes, des spores, des filaments mycéliens (xylomycophage) et divers invertébrés vivants (zoophage) ou morts (nécrophage) [Horák, 2011 ; Bouget et al., 2005]. à cette liste doivent s’ajouter des déchets organiques divers comme des exuvies ou des déjections (détritiphage). C. cinnaberinus colonise aussi bien les essences feuillues que résineuses. Les bois tendres ont sa préférence (Peuplier, Saule) mais il a également été observé sous des écorces de Hêtre, Chêne, Érable, Orme, Frêne, Bouleau, Aulne, Tilleul, Épicéa, Sapin et Pin [Bussler, 2002 ; Gueorguiev et al., 2008 ; Mazzei et al., 2011 ; Smolis et al., 2012]. Il s’agit de bois dégradés par les cambiophages primaires, dont l’écorce est encore partiellement adhérente. Si C. cinnaberinus évite souvent les troncs colonisés par les Fourmis et les Champignons ou trop fortement ensoleillés, c’est l’humidité qui semble absolument nécessaire à son implantation [Bussler, 2002]. Sur Peuplier, larves et adultes évoluent dans le feuilletage brunâtre et humide caractéristique des tissus sous-corticaux en décomposition. Sur les autres essences, ce sera dans la fine couche de terreau accumulée entre le bois et l’écorce [Brustel & Gouix, 2012]. Les larves cohabitent ainsi avec celles des Pyrochroa et des Schizotus (Coleoptera Pyrochroidae), occasionnant sans doute quelques dégâts collatéraux, d’autant plus que leurs nymphoses n’ont pas lieu à la même saison. Historiquement, C. cinnaberinus est majoritairement connu de forêts alluviales le long des grands fleuves et de forêts de montagne subnaturelles, toujours avec un haut degré d’humidité [Horák, 2008 ; Bussler, 2002]. Les bois morts tout ou partie exposés au soleil semblent préférés aux bois totalement ombragés. C’est pourquoi cette espèce colonise les forêts rivulaires régulièrement bouleversées par les inondations, propices à la dynamique des essences pionnières que sont les Saules et les Peupliers. De même, C. cinnaberinus est davantage présent dans les bois facilement écorçables avec un substrat sous-cortical humide [Horák et al., 2010, 2012]. Distribution et expansion C. cinnaberinus est une espèce strictement européenne. Les plus importantes populations sont historiquement connues d’Europe centrale (Allemagne, Autriche, Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie). L’espèce est également connue d’Albanie, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Espagne, Estonie, Finlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Norvège, Pays- Bas, Roumanie, Russie, Serbie, Slovénie, Suède et Ukraine [Bussler, 2002 ; Wegrzynowicz, Ludovic FUCHS, Henry CALLOT, Gilles GODINAT & Hervé BRUSTEL L’Entomologiste, tome 70, n° 4 217 2007 ; Horák & Chobot, 2009 ; Horák et al., 2010 ; Brustel & Gouix, 2012 ; Kovacs et al., 2012 ; Smolis et al., 2012 ; Teunissen & Vendrig, 2012]. Aucune observation n’était confirmée de France. Cependant un spécimen conservé au Muséum des sciences naturelles d’Orléans rendait possible la présence de cette espèce en France au xixe siècle. Selon Jean-David Chapelin-Viscardi (in litteris), cet exemplaire proviendrait d’un don d’un moine des environs de Saint-Martin-Lantosque soit Saint-Martin- Vésubie (Alpes-Maritimes) [Brustel & Gouix, 2012], mais cet échantillon ainsi que d’autres étiquetés de la sorte seraient le résultat d’anciens trafics pour collectionneurs (Jean Orousset, comm. pers.). C. cinnaberinus est par ailleurs mentionné avec C. haematodes par Portevin [1931] dans son Histoire naturelle des Coléoptères de France, sans doute à tort puisque Sainte-Claire Deville[1935] ne citera pas ces deux espèces dans son catalogue. Depuis une quinzaine d’années, C. cinnaberinus connaît une expansion importante à travers l’Europe. Les observations se sont multipliées en République tchèque uploads/Litterature/ cucujus-cinnaberinus-scopoli-1763-nouvelle-espece-pour-la-faune-de-france.pdf
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- Publié le Sep 23, 2022
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