Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde 31 | 2003 Les

Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde 31 | 2003 Les Aventures de Télémaque. Trois siècles d'enseignement du français. II. Des éditions hollandaises des Avantures de Télémaque Marie-Christine Kok Escalle Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/dhfles/1298 ISSN : 2221-4038 Éditeur Société Internationale pour l’Histoire du Français Langue Étrangère ou Seconde Édition imprimée Date de publication : 1 décembre 2003 ISSN : 0992-7654 Référence électronique Marie-Christine Kok Escalle, « Des éditions hollandaises des Avantures de Télémaque », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde [En ligne], 31 | 2003, mis en ligne le 01 janvier 2012, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/dhfles/1298 Ce document a été généré automatiquement le 19 avril 2019. © SIHFLES Des éditions hollandaises des Avantures de Télémaque Marie-Christine Kok Escalle 1 Dès 1699 Les Aventures de Télémaque paraissent en Hollande, chez Moetjens à La Haye et une année plus tard en traduction néerlandaise chez le même éditeur. Les éditions en français se multiplient tout au long du XVIIIe siècle, sur le modèle de la première édition de 1699 revue et complétée en 1701, puis sur le modèle de l’édition Estienne (Paris) 1717 avec la célèbre édition dite de Rotterdam1 publiée en 1719 chez Jan Hofhout et les frères Wetstein (Amsterdam). Les traductions hollandaises du Télémaque méritent l’attention, en particulier celle rimée de Feitama (1733 et 1763) qui augmente la notoriété de l’œuvre de Fénelon (cf. Justus van Effen). Les libraires-éditeurs hollandais publient des Télémaque en différentes langues étrangères, sans doute pour le marché étranger mais aussi pour l’apprentissage des langues étrangères comme c’est le cas pour les éditions scolaires qui se multiplient au XIXe siècle. Nous présenterons successivement ces trois aspects des éditions hollandaises, celles en français, celles en néerlandais puis celles destinées à l’enseignement et l’éducation, que celles-ci soient en français ou en langue étrangère. 1. Les éditions hollandaises des Aventures de Télémaque en français 2 Dans les bibliothèques néerlandaises se trouvent un grand nombre d’éditions hollandaises du Télémaque2, dont beaucoup ont été répertoriées par Chérel (1917) et par Martin3 (1928). Martin (1928 : 9) se réfère à S-A Krijn (1917) pour affirmer « la grande estime dont jouissait Fénelon » en Hollande au XVIIIe siècle; dans 43 des cent catalogues de bibliothèques particulières consultés, se trouve le Télémaque qui ne semble égalé que par La Fontaine et dépassé par Boileau. Or, Riemens (1917 : 205) cite à peine Fénelon, mentionnant à propos de la littérature dans l’enseignement, que Le Télémaque fait partie des classiques connus d’une demoiselle en 1733 à côté de Boileau et Molière. Si le succès du Télémaque est grand en Hollande, « les premières éditions hollandaises circulent chez les princes du Saint-Empire romain aussi bien que dans les universités et parmi la Des éditions hollandaises des Avantures de Télémaque Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 31 | 2003 1 bourgeoisie cultivée » (Kapp in Hillenaar 2000 : 127). La publication du Télémaque en Hollande alimente réflexion et discussion sur la morale politique d’un côté, sur la rhétorique et l’esthétique littéraire4 d’autre part. Bien que les Aventures de Télémaque continuent d’être publiées en français tout au long du XVIIIe et encore au XIXe siècle, nous limitons notre étude aux premières éditions, celles de la 1ere moitié du XVIIIe siècle dont l’impact socio-culturel est significatif. La première série d’éditions : Moetjens à La Haye 3 A la date du 1er mai 1699, la Gazette d’Amsterdam mentionne que le Télémaque a commencé à paraitre (Cahen 1928 : LIII). Après l’édition d’avril 1699 chez la veuve Barbin à Paris, le libraire-éditeur A. Moetjens à La Haye édite le Télémaque en 1699. Ses éditions qui se multiplieront jusqu’en 1714 portent son fleuron5 et sont l’objet d’un privilège6, accordé par les Etats de Hollande et de Frise Occidentale le 3 décembre 1699 pour 15 ans, tant pour le texte français que pour les traductions. 4 L’édition Moetjens (La Haye) 1699 se présente en trois tomes et cinq volumes (3 vol. pour le tome II) dont seul le premier est la copie de l’édition de Paris (veuve Barbin). Sa grande originalité est d’une part de mentionner le nom de l’auteur, d’autre part de souligner le succès immédiat de l’ouvrage et enfin de référer à ses sources. Ainsi : Ce livre n’a pas plutôt paru au jour, que les Exemplaires en ont été enlevés7 ; c’est le sort de tous les Ouvrages d’Esprit, celui-ce (sic) excelle en son genre. Les gens de bon goût subçonnent assez légitimement qu’une Pièce où l’esprit et la délicatesse regnent par-tout, & qui peut aussi servir d’Instruction pour un jeune Prince ; ne peut sortir que de la savante plume de Monseigneur François de Salignac-Fénelon, illustre archevêque Duc de Cambray ; je croy que le public me saura gré de lui en faire part (adresse du libraire au lecteur tome 1). 5 Moetjens affirme, dans le tome II, tenir le texte « d’une personne de qualité qui a bien voulu me l’envoyer en Manuscrit » (adresse du libraire au lecteur). L’édition Moetjens (1699) se distingue en outre de celle de Paris par son titre à l’ordre inversé qui met en avant les aventures de Télémaque, avant la Suite du quatrième livre de l’Odyssée d’Homère. En revanche elle ne comprend ni livres, ni table des matières, ni sommaire, ni autres textes8 sinon l’adresse du libraire au lecteur. 6 L’édition Moetjens de 1701, comme les suivantes, comprend en un volume9, non seulement les Avantures d’Aristonous10 suivant les Avantures de Télémaque (en dix livres) mais encore d’autres textes qui précèdent et aménagent le texte. Edition « plus ample et plus exacte », mais sans note ni illustration11, elle porte le nom de l’auteur en première page, est introduite par une préface12 et agrémentée de fables13 et épigrammes donnant au lecteur des clés de lecture et traduisant la position de l’éditeur dans les querelles théologiques, philosophiques et littéraires. En outre chaque livre est précédé d’un sommaire. Cette édition sera la plus répandue et pas seulement dans la République (des Provinces-Unies) jusqu’à l’édition de 1717 (Cahen 1920 : CXIII). Ces changements semblent avoir été faits sur le modèle de l’édition de 1700 chez François Foppens à Bruxelles (en réalité à Rouen, suivant Fleischer, cf. Cahen 1928 : I, CXII). Dans les 15 premières années de l’existence du Télémaque, il semble y avoir un intérêt pour la lecture de cet ouvrage aux Pays-Bas et l’éditeur s’arroge très vite un rôle pédagogique en introduisant sommaires et arguments, illustrations, textes métaphoriques, etc. Il serait intéressant de pouvoir analyser outre la production éditoriale de l’œuvre, sa consommation de lecture dans les salons et bibliothèques. Des éditions hollandaises des Avantures de Télémaque Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, 31 | 2003 2 L’édition de 1719 7 Le privilège de Moetjens prenant fin après 15 ans, un nouveau privilège est accordé de ces mêmes Etats le 8 aout 1715 à Jan Hofhout, libraire à Rotterdam ; celui-ci va d’ailleurs bientôt le vendre pour moitié aux frères R. et G. Wetstein d’Amsterdam. Ce que l’on appelle « l’édition de Rotterdam » est l’édition de 1719 dédiée au Prince d’Orange, alors âgé de huit ans, Guillaume Friso. « Nouvelle Edition Augmentée et Corrigée sur le Manuscrit Original de l’Auteur. Avec des Remarques pour l’intelligence de ce Poëme Allégorique ». C’est pour cette dernière mention qu’elle retient l’attention, puisqu’elle annonce une différence avec l’édition de 1717 après s’être posée en conformité avec elle. Cette édition de Rotterdam/Amsterdam de 1719 illustre une prise de position dans le débat littéraire - par rapport au discours de Ramsay - et dans le débat politique : les Aventures de Télémaque sont un poème allégorique, une œuvre didactique de morale et politique, qui satisfait le goût des Hollandais et celui des réfugiés. 8 L’Épitre laisse supposer que l’éditeur espère sans aucun doute que les sages leçons de Mentor à Télémaque concernant les devoirs d’un roi auront un effet bénéfique sur le développement de leurs destinataires, qu’il soit futur roi de France ou « Prince, […] de l’illustre sang des Princes d’Orange et de Nassau, à qui la Valeur, la Vertu, le Bel Esprit, la Politesse, et surtout la Piété sont comme héréditaires » (p.5). L’édition conforme à celle de Paris 1717 comprend 24 livres précédés de sommaires et illustrés par D. Coster, une carte des voyages de Télémaque, l’Ode à Monsieur l’Abbé de Langeron (faisant preuve du ‘talent naturel [de Fénelon] pour la versification’) et une table des matières qui est en réalité un index alphabétique avec renvoi aux pages concernées pour chaque terme expliqué par le texte. Les Avantures d’Aristonous sont supprimées comme dans l’édition française de 1717 car n’ayant « aucun rapport au Poeme Epique de T. » (avertissement 1717). Le Discours de la poésie épique, et de l’excellence du poème de Télémaque de Ramsay y figure. Le lecteur est interpellé par un Avertissement des Libraires sur cette nouvelle édition, justifiant les Remarques , qui (en italiques) « historiques … regardent la Fable ou l’Histoire ancienne », ou « allégoriques …tirent uploads/Litterature/ dhfles-1298.pdf

  • 19
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager