Moustafa MAHMOUD DIALOGUE AVEC UN AMI ATHÉE traduit de l'arabe par Marc CHARTIE

Moustafa MAHMOUD DIALOGUE AVEC UN AMI ATHÉE traduit de l'arabe par Marc CHARTIER D i a l o g u e a v e c u n a m i a t h é e | 2 Nouvelle édition revue et corrigée Dialogue avec un ami athée - 1 Présentation de l'ouvrage Le docteur Moustafa Mahmoud est l'une des figures les plus marquantes de la littérature égyptienne contemporaine. Nouvelliste, essayiste, dramaturge, cet écrivain a plus d'une corde à son arc. Ses ouvrages ont régulièrement été portés à l'écran. De la relativité einsteinienne à la science-fiction, des données de l'histoire ancienne au destin prométhéen qui guette l'humanité, des vastes horizons de l'ethnologie ou de l'astronomie aux mille et une questions suscitées par l'étude de ce mystérieux "central" qu'est le cerveau humain, l'auteur surprend par l'ampleur de ses connaissances et de sa curiosité. L'ouvrage dont nous proposons ici une nouvelle traduction, revue et corrigée, se situe dans une veine d'inspiration que Moustafa Mahmoud a, depuis plusieurs décennies, explorée avec la conscience du chercheur de vérité que nous lui connaissons. Appelons-la, pour simplifier, la littérature religieuse. Que l'on ne se méprenne pas toutefois. Moustafa Mahmoud n'est pas un shaykh. Il se défend bien de l'être d'ailleurs. Son tempérament de battant et d'apologiste ne le conduit pas à faire œuvre de commentaire du texte coranique, à la lumière des subtilités du Droit religieux et des subtilités de la langue arabe. Certes, l'auteur ne nous fait pas l'affront d'ignorer ces études académiques qui s'imposent à toute réflexion religieuse authentique. Mais son centre d'intérêt est ailleurs. Moustafa Mahmoud est un musulman convaincu qui a sans cesse recours à la Parole coranique pour répondre aux silences et aux interrogations de l'homme contemporain. Cette certitude sereine dans la foi ne lui fait pas oublier pour autant le chemin parcouru. Ayant quêté de porte en porte le moindre soupçon de lumière sur le "Qu'est-ce que l'homme ?", perdu un moment dans le dédale des philosophies, il sait trop ce que signifie mendier la D i a l o g u e a v e c u n a m i a t h é e | 3 vérité pour oublier la pénible ascension "du doute à la foi" qu'il a été amené, lui le premier, à suivre. D'où l'accent autobiographique quasiment constant dans ses ouvrages. Cent fois, Moustafa Mahmoud refera ce pèlerinage vers la lumière. À chaque fois, il glane un nouvel élément de réflexion qui s'impose à lui avec la brûlante évidence de la vérité. Il continue de regarder, d'épier, d'écouter, d'interroger, de s'interroger lui-même. Il ausculte l'univers, de l'infiniment petit à l'infiniment grand. Il se passionne pour les découvertes les plus récentes de la science, tout en relativisant leur portée. Il s'arrête parfois à tel carrefour de la pensée, là où les philosophies les plus contrastées s'entrechoquent. Mais toujours, il emboîte le pas de son compagnon de destin : l'homme éperdu pour qui la vie et la mort ne sont qu'une énigme tenace ; l'homme aveuglé par les stupéfiantes réussites de la science moderne ; l'homme qui, n'ayant plus la force de tâtonner, se réfugie dans son refus, son fanatisme ou des faux-fuyants. Dans son Dialogue avec un ami athée comme dans nombre de ses autres ouvrages, Moustafa Mahmoud fait délibérément le pari de la simplicité dans le langage adopté. Ce faisant, il est conscient des risques encourus, d'autant plus qu'il a parfois été pris sous le feu de spécialistes en science religieuse qui trouveront toujours à redire à de tels "simplismes" ! Pour étayer sa démarche intellectuelle, il utilise les données de la science, l'apport des philosophies et des différentes religions, les études académiques consacrées au Message coranique. Mais il ne vise pas à faire oeuvre scientifique, philosophique ou même "religieuse" selon l'acception classique de ce terme. Lui reprochera-t-on de chercher à actualiser le langage religieux ? Lui en saura-t-on gré au contraire ? Il est évident en tout cas que Moustafa Mahmoud dérange la douce quiétude de ceux pour qui la vérité est un bien que l'on accapare, et non le terme sans cesse fuyant d'une inlassable recherche. Plus qu'une conversation fictive avec un ami imaginaire, le présent ouvrage nous apparaît davantage comme un dialogue de l'auteur avec lui-même, avec sa propre conscience. Quoique parvenu sur la Voie Droite, Moustafa Mahmoud éprouve le besoin, autant de fois que sa sensibilité vibre aux conquêtes ou aux défaites de notre siècle, de se justifier à lui- même la rassurante certitude qu'apporte la foi en un Au-delà, en un Dieu Créateur, Maître du destin de l'homme et de l'univers. Sans présomption ni arrogance, mais aussi avec toute l'audace de celui a cheminé longtemps dans les ténèbres, c'est un témoignage qu'il nous propose. Face aux persistantes D i a l o g u e a v e c u n a m i a t h é e | 4 tentations de l'athéisme négateur de toute transcendance, il n'a plus le droit de se taire. Il veut prouver, par l'exemple de sa propre expérience, que foi musulmane et monde moderne ne sont pas contradictoires, mais complémentaires. Par-delà les frontières visibles et souvent trompeuses de l'appartenance religieuse, c'est aussi à moi qu'il s'adresse, si j'admets avec lui que la conscience religieuse, ou tout simplement humaine, ignore les limites du temps, de l'espace et même des religions. Que cet essai de traduction soit un humble témoignage de gratitude pour l'amitié qui a illuminé chaque phrase, chaque mot de ce "dialogue". Marc Chartier (La traduction des versets coraniques cités par cet ouvrage s'inspire très largement de celle établie par D. Masson) Dialogue avec un ami athée - 2 « Il n'engendre pas. Il n'est pas engendré.» Mon ami est un homme qui se complaît dans la dispute et adore parler. Il pense que, croyants naïfs que nous sommes, nous vivons de rêves et nous ridiculisons nous-mêmes avec nos histoires de paradis et de houris, oublieux des plaisirs et séductions d'ici-bas. Mon ami a fait ses études supérieures en France. Il y a obtenu un doctorat, partagé la vie des hippies et abandonné toute croyance. Il me dit, sur un ton moqueur : - Vous affirmez que Dieu existe. Votre argumentation repose sur le principe de causalité en vertu duquel tout objet fabriqué suppose un artisan, tout être créé un créateur, tout existant un être lui donnant l'existence. Le tissu porte l'empreinte du tisserand ; le tableau, du peintre ; la sculpture, du sculpteur. À partir d'une telle logique, l'univers est, selon vous, la preuve manifeste du Dieu Tout-Puissant qui l'a créé. D i a l o g u e a v e c u n a m i a t h é e | 5 Bien! Admettons l'existence de ce Créateur ! Mais en suivant votre logique, ne nous est-il pas permis de demander : Qui a créé le Créateur ? Qui a créé ce Dieu dont vous parlez ? N'est-ce pas la suite logique de la démonstration utilisée, pour respecter le même principe de causalité? Que dites-vous de ce piège, cher Monsieur ? Nous lui répondons :  Ta question n'a aucun sens ! Il n'y a ni piège, ni quoi que ce soit. Tu admets l'existence d'un Dieu Créateur et tu demandes : Qui l'a créé ? Tu en fais à la fois un Créateur et une créature. Moralité : tu te contredis toi-même.  Ta question n'a aucun sens pour une seconde raison. Tu te représentes en effet le Créateur comme étant soumis aux lois de ses créatures, alors que le principe de causalité ne concerne que nous qui sommes liés au monde spatiotemporel. Créateur du temps et de l'espace, Dieu en est nécessairement indépendant et ne peut être lié à ses lois. C'est Lui qui a créé le principe de causalité. Il n'y est donc pas soumis et nous ne pouvons pas nous le représenter autrement. Le sophisme aidant, tu parles de Dieu comme le feraient des robots à propos de leur inventeur, soutenant qu'il devrait lui aussi être mû par un mécanisme à ressort. Leur objecterions-nous : « Non! Il se meut lui-même », ils répondraient : « Impossible ! Il n'est pas possible que quelque chose se meuve spontanément. Il en est ainsi dans notre monde. Tout est mû par des ressorts ! » Tu ne peux imaginer, par exemple, que Dieu existe par Lui-même, sans personne pour Lui donner l'existence, pour la simple et bonne raison que tout ce que tu vois autour de toi nécessite une cause pour le faire exister. Penserais-tu par hasard que Dieu ait besoin d'un parachute pour faire descendre sa Parole sur les hommes ? Ou d'un véhicule rapide pour entrer en contact avec ses Prophètes ? Quelles idées simplistes eu égard au Dieu Transcendant ! Dans sa Critique de la Raison pure, le philosophe Emmanuel Kant a établi que la raison ne peut pas cerner les vérités universelles car, de par sa nature, elle est seulement apte à saisir les vérités partielles. Elle ne peut connaître l'existence absolue, telle uploads/Litterature/ dialogue-avec-un-ami-athee-pdf.pdf

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