Dictées du Brevet Le goût du pain Lorsqu'on sortait du four les miches nouvelle

Dictées du Brevet Le goût du pain Lorsqu'on sortait du four les miches nouvelles, elles parlaient longtemps à petits craquements délicieux dans le soir, le premier jour, lorsqu'on les avait posées au ciel de la pièce sur l'étagère suspendue et qu'elles étaient là-haut, comme des lunes pleines, comme des soleils pour l'estomac. [...] Le premier jour après la cuisson et même encore le lendemain, le pain était un gâteau. On en mangeait par plaisir, tout sec. La maison en était embaumée, deux jours. Après, il n'était plus tout à fait une fête, et vers la fin on avait envie du nouveau pain car le vieux était dur, craquelé de sécheresse et en août et septembre légèrement moisi. Ainsi, à mesure que diminuait la provision suspendue, naissait la joie de l'attente. On n'aurait rien fait pour la précipiter.Marie ROVANET - Henri JURQUET, Apollonie, Presses Pocket, 1990. ___________________________________________________________________________ Paysage algérien Il faut beaucoup de temps pour aller à Djémila. Ce n'est pas une ville où l'on s'arrête et que l'on dépasse. Elle ne mène nulle part et n'ouvre sur aucun pays. C'est un lieu d'où l'on revient. La ville morte est au terme d'une longue route en lacet qui semble la promettre à chacun de ses tournants et paraît d'autant plus longue...Dans cette splendeur aride, nous avions erré toute la journée. Peu à peu, le vent à peine senti au début de l'après-midi semblait grandir avec les heures et remplir tout le paysage. Il soufflait depuis une trouée entre les montagnes, loin vers l'est, accourait du fond de l'horizon et venait bondir en cascades parmi les pierres au soleil. Sans arrêt, il sifflait avec force à travers les ruines, tournait dans un cirque de pierres et de terre, baignait les amas de blocs grêlés, entourait chaque colonne de son souffle et venait se répandre en cris incessants sur le forum qui s'ouvrait dans le ciel. Je me sentais claquer au vent comme une mâture.Albert CAMUS, Noces.Indication marquée au tableau : Djémila. ___________________________________________________________________________ (Le narrateur est en train de déjeuner, quand survient un visiteur inattendu, un petit lézard) Quand j'étais enfant, j'avais toujours un ou deux lézards dans mon pupitre. Je les nourrissais avec des mouches, dont ils sont très friands, et, comme j'avais pour attraper ces insectes des moyens supérieurs aux leurs, mes lézards me rendaient en amitié ce que je leur donnais en nourriture.L'apparition du charmant petit visiteur me fit donc le plus grand plaisir, et je recommandai à Goujon, qui habitait le rez-de- chaussée et qui, par conséquent, se trouvait avec lui en relation plus directe que moi qui habitais le premier, de faire tout ce qu'il pourrait pour l'apprivoiser : huit jours après la chose était faite, et il venait boire dans la cuillère de Goujon sa part de notre thé ; huit jours après il mangeait des mouches dans sa main ; enfin il en arriva à ce point de familiarité que, passant par le poignet de sa manche, il sortait par l'ouverture de sa chemise, sur la poitrine.Alexandre DUMAS, Histoire d'un lézard.___________________________________________________________________________ Le nom de l'auteur, le titre de l'œuvre et le nom propre "Goujon" sont inscrits au tableau. Un singulier enfant que mon frère Jacques ; en voilà un qui avait le don des larmes ! D'aussi loin qu'il me souvienne, je le vois les yeux rouges et la joue ruisselante. Le soir, le matin, de jour, de nuit, en classe, à la maison, en promenade, il pleurait sans cesse, il pleurait partout.Quand on lui disait : "Qu'as-tu ?" il répondait en sanglotant : "Je n'ai rien." Et, le plus curieux, c'est qu'il n'avait rien. Il pleurait comme on se mouche, plus souvent, voilà tout. Quelquefois mon père, exaspéré, disait à ma mère : "Cet enfant est ridicule, regardez-le... c'est un fleuve." A quoi elle répondait de sa voix douce : "Que veux-tu, mon ami ? Cela passera en grandissant ; à son âge, j'étais comme lui."En attendant, Jacques grandissait ; il grandissait beaucoup même, et cela ne lui passait pas.D'après Alphonse DAUDET, Le Petit Chose, Le Livre de poche, 1977, p. 14.Jacques est mentionné au tableau. ___________________________________________________________________________ Le journaliste arracha la bande de papier qui venait de jaillir du téléscripteur, la parcourut et apprit avec stupeur que l'immeuble de son propre journal était en feu, que les secours étaient déjà sur place, que des victimes avaient déjà été dénombrées et que le préfet de la région s'était rendu sur les lieux du sinistre.Un peu perplexe quant à la crédibilité de cette information, il se pencha par la fenêtre pour en vérifier l'exactitude. Il vit alors les effectifs de deux casernes de pompiers lutter contre des flammes s'échappant des issues de l'immeuble avec une telle violence qu'il douta un instant que ce fussent bien des flammes.Il reprit alors la dépêche et en lut avec plus d'attention le contenu. C'est ainsi qu'il découvrit son nom sur la liste des rescapés. Un peu tranquillisé par cette nouvelle, il poursuivit, apaisé, la rédaction de sa chronique hebdomadaire intitulée : "Le temps qu'il faisait hier".Claude BOURGEYX, Les Petits Outrages. ___________________________________________________________________________ Je suis sorti avec le soleil. Il naissait au ras des nuages, après la route. La campagne était immobile. Je suis allé vers le cèdre et m'y suis appuyé. En face, le terrain vague se découpait nettement entre ciel et terre. Il s'étendait jusqu'au retour de la route, deux ou trois cents mètres plus loin, et disparaissait sur la gauche, derrière le premier virage. De l'autre côté, à trente pas du cèdre, les épaves formaient un enchevêtrement métallique à demi dissimulé par un nuage de brume. Sept ou huit carcasses rouillées, un amoncellement de tôles froissées, pilées, démolies, encastrées derrière une butte de terre sur laquelle l'herbe poussait, rase. Quelque chose en elles accrocha mon regard : une couleur plus vive, un détail que je n'eus pas le temps de définir...Dan FRANCK, Le Cimetière des fous, Flammarion, 1989.___________________________________________________________________________ Il est rappelé que les chiffres et les nombres doivent être écrits en toutes lettres, que le narrateur est un homme et que sont copiés au tableau le nom de l'auteur, le titre et l'éditeur. Elle était tenace et dure. Levée à cinq heures, couchée à onze, elle expédiait toutes ses affaires avec une ponctualité, une précision et une détermination exemplaires. Autoritaire, paternaliste, n'ayant confiance en personne, sûre de ses intuitions comme de ses raisonnements, elle avait éliminé tous ses concurrents, s'installant sur le marché avec une aisance qui dépassait tous les pronostics, comme si elle avait été en même temps maîtresse de l'offre et de la demande, comme si elle avait su, au fur et à mesure qu'elle lançait de nouveaux produits sur le marché, trouver d'instinct les débouchés qui s'imposaient [...]Elle inspectait les ateliers au pas de course, terrorisait les comptables et les dactylos, insultait les fournisseurs qui ne respectaient pas les délais, et présidait avec une énergie inflexible des conseils d'administration où tout le monde baissait la tête dès qu'elle ouvrait la bouche.Georges PEREC, La Vie mode d'emploi. ___________________________________________________________________________ Une bonne soirée Un grand feu de broussailles et de pommes de pin flambait dans la salle. Deux couverts y étaient mis. Les meubles arrivés sur la charrette encombraient le vestibule. Rien ne manquait. Ils s'attablèrent.On leur avait préparé une soupe à l'oignon, un poulet, du lard et des œufs durs. La vieille femme qui faisait la cuisine venait de temps à autre s'informer de leurs goûts. Ils répondaient : "Oh ! très bon, très bon !" et le gros pain difficile à couper, la crème, les noix, tout les délecta. Le carrelage avait des trous, les murs suintaient. Cependant ils promenaient autour d'eux un regard de satisfaction, en mangeant sur la petite table où brûlait une chandelle. Leurs figures étaient rougies par le grand air. Ils tendaient leur ventre ; ils s'appuyaient sur le dossier de leur chaise, qui en craquait, et ils se répétaient : "Nous y voilà ! quel bonheur ! Il me semble que c'est un rêve !"Gustave FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet. ___________________________________________________________________________ Le train filait, à toute vapeur, dans les ténèbres.C'était par une nuit sans lune, sans air, brûlante. On ne voyait point d'étoiles, et le souffle du train lancé nous jetait quelque chose de chaud, de mou, d'accablant, d'irrespirable.Partis de Paris depuis trois heures, nous allions vers le centre de la France sans rien voir des pays traversés.Ce fut tout à coup comme une apparition fantastique. Autour d'un grand feu, dans un bois, deux hommes étaient debout. Nous vîmes cela pendant une seconde : c'était, nous sembla-t-il, deux misérables, en haillons, rouges dans la lueur éclatante du foyer, avec leurs faces barbues tournées vers nous, et autour d'eux, comme un décor de drame, les arbres verts, d'un vert clair et luisant, les troncs frappés par le vif reflet de la flamme, le feuillage traversé, pénétré, mouillé par la lumière qui coulait dedans.Puis tout redevint noir de nouveau.D'après Guy DE MAUPASSANT, La Peur, 1882.Indications portées au tableau :- en haillons- d'après Guy de Maupassant, La Peur, 1882. ___________________________________________________________________________ Le soleil déclinait déjà. J'avais marché de uploads/Litterature/ dictee 16 .pdf

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