Extrait du corrigé : II/Dangers et limites de la fiction littéraire La fiction
Extrait du corrigé : II/Dangers et limites de la fiction littéraire La fiction littéraire use de nombreux ressorts plus ou moins puissants pour parvenir à convaincre et persuader. Or il arrive que celle-ci possède un caractère dangereux (lorsqu'elle devient trop convaincante) ou qu'elle soit mise en péril (si elle semble trop hermétique). Nous pouvons très brièvement évoquer les fictions littéraires à dessein politique et plus particulièrement xénophobe. Le Mein Kampf d'Hitler (« Mon Combat »), rédigé alors qu'il était maintenu en détention, est une véritable apologie de l'idéologie politique du nazisme, une logique de la haine. Cependant de sa première date de publication en 1925 à 1935 1,5 million d'exemplaires ont été vendus. Aujourd'hui on estime le tirage à 10 millions d'exemplaires auxquels s'ajoutent les traductions en seize langues étrangères. Cet exemple démontre la puissance de persuasion (il s'agit ici d'une puissance meurtrière) d'une fiction littéraire qu'elle soit néfaste pour l'homme ou non. Enfin une fiction littéraire va être convaincante pour le lecteur si elle est facile d'accès, car une littérature trop hermétique encourt le risque d'être abandonnée. Ainsi afin d'être concluante elle doit être à la portée de son public. Elle doit plaire comme nous l'avons vu précédemment et respecter certains codes d'écriture. La fiction littéraire est une oeuvre du genre littéraire dans lesquels l'imagination a une place importante. Elle est souvent utilisée dans une pièce de théâtre, dans un roman, ou même dans une poésie. La plupart du temps, ce sont des apologues qui servent à faire passer un message au lecteur. La fiction littéraire est aussi utilisée pour éduquer les enfants et destinées à forger leur vision de la vie. On peut donc se demander en quoi la fiction littéraire peut convaincre et persuader le lecteur. Nous verrons d'abord pourquoi l'auteur choisi la fiction littéraire pour convaincre et persuader le lecteur, puis nous envisagerons d'expliquer les limites de cette fiction littéraire. La fiction littéraire est un moyen efficace de convaincre, c'est-à-dire à faire appel à la raison en faisant adhérer le lecteur à la thèse du récit. C'est aussi un moyen de persuader le lecteur en utilisant ses sentiments pour lui susciter de l'émotion. Elle divertie, tout en amusant et en plaisant à ceux qui la lise. Les XVIIe et XVIIIe siècles furent riches d'idées nouvelles, de thèses que nos précepteurs comme Voltaire, Rousseau, pour n'en citer que deux, cherchèrent à faire valoir ou au contraire à en faire le réquisitoire. Leur visée commune était de convaincre, persuader et délibérer à travers des thèmes, des genres, et des formes diverses. La fiction littéraire, un écrit de totale invention et qui permettait une argumentation indirecte fut repris par nombreux d'entre eux afin de faire approuver leurs idées à leurs lecteurs. Se pose alors la question « dans quelle mesure la fiction littéraire est-elle capable de convaincre et persuader le lecteur ? ». Introduction Exposition : Les écrivains sont d’abord des hommes qui appartiennent à leur époque, et même, compte-tenu d’une sensibilité plus vive, qui participent plus étroitement aux affaires marquantes de leur temps. Aussi n’est-il pas étonnant de voir ces témoins mettre leur art au service d’une cause politique ou de courants de pensée. C’est ce que nous appelons la « littérature engagée ». Énoncé du sujet : Il est légitime de se demander si ce type de littérature est efficace, en particulier si les textes qu’elle produit, malgré la complexité de leurs formes d’argumentation, sont un bon moyen de convaincre et de persuader. Annonce du plan : Il est vrai qu’habituellement un bon écrivain arrive à nous faire adhérer aux idées qu’il défend. Cependant la complexité des moyens mis en œuvre peut être un frein et c’est souvent en dehors de la stricte argumentation que les hommes de lettres nous aident le mieux à rejoindre leurs causes. Développement La littérature est un bon moyen de convaincre et de persuader. Définition de ces deux termes : "Convaincre" s’emploie pour exprimer le fait que l’auteur cherche à amener un lecteur à reconnaître qu’une proposition, qu’un point de vue est véridique, irréfutable. En ce sens la conviction repose essentiellement sur l’exercice de la raison qui avance des preuves. "Persuader" s’utilise davantage pour dire que l’auteur cherche à faire partager au lecteur son point de vue en jouant sur les émotions, sur la subjectivité, sans forcément utiliser de preuves systématiques. Dans le corpus proposé, les textes de La Bruyère et de L’Encyclopédie sont davantage des textes de conviction alors que Voltaire et Giraudoux cherchent d’abord à persuader. La volonté de convaincre, donc de construire un raisonnement, utilise la logique comme arme privilégiée. La Bruyère, comme l’auteur de l’article "Paix", énonce des faits que nul ne peut réfuter. La logique se voit également dans l’opposition entre l’état de Paix et la guerre. L’Encyclopédie utilise un autre procédé : l’analogie qui consiste à comparer deux faits, deux situations pour en déduire une valeur explicative, ici la guerre assimilée à la maladie et la paix à la bonne santé. De fait on peut remarquer que l’auteur énonce une thèse subjective sous une forme apparemment scientifique. Nous sommes proches de la persuasion et même de la manipulation du lecteur. Par contre, si l’auteur veut davantage toucher le lecteur dans son âme, faire plus appel à ses sentiments qu’à sa raison, il peut employer un ton plus lyrique. r La Bruyère utilise la dramatisation pour nous persuader avec les exclamations du début, l’accumulation des qualités qui nous fait regretter un peu plus la disparition du jeune Soyecour, pour finir sur un mode mineur et revenir à l’aridité de la logique : « malheur déplorable, mais ordinaire ! ». De même, le texte théâtral, parce qu’il s’adresse très directement à des spectateurs présents dans une salle, joue peut-être davantage sur la persuasion. En effet, le théâtre est un lieu où se trouvent réunis des personnes qui éprouvent collectivement des émotions semblables. Un autre procédé efficace pour convaincre ou persuader peut être relevé dans le corpus : il s’agit de l’ironie. Lorsque Voltaire veut dénoncer la guerre, il construit une fiction dont le but est de ridiculiser tout belligérant quelles que soient ses justifications. Dans Candide, il dénonce la guerre entre les Abares et les Bulgares, en montrant une réalité horrible, mais surtout absurde. Ainsi l’ironie est une composante essentielle de la stratégie argumentative. Cependant la complexité des moyens mis en œuvre peut être un frein. Être efficace signifie que le lecteur (ou le spectateur) modifie son point de vue sur une question précise ou commence à réfléchir sur un phénomène auquel il ne pensait pas auparavant. De ce point de vue, il convient de relever que la littérature est plutôt élitiste : elle s’adresse (et particulièrement au XVIIIe siècle) à un public cultivé. Écrire suppose un lectorat. Un petit nombre seulement de personnes cultivées ont lu, en leur temps, les philosophes des Lumières. On peut penser que le texte théâtral touche un nombre plus important de personnes. Mais, là encore, seule une fraction bien précise de la société se rend plus ou moins régulièrement dans une salle de théâtre. Les spectateurs de La Guerre de Troie n’aura pas lieu ne sont pas légion. Enfin les procédés stylistiques de l’argumentation nécessitent une certaine culture, une connaissance de la langue, de l’histoire, des idéologies. Que penser du lecteur qui prendrait au pied de la lettre la fin du texte de Voltaire ? À quelles extrémités serait porté celui qui lirait l’argumentaire de Montesquieu sur l’esclavage sans en saisir l’ironie ? C’est peut-être en dehors de la stricte argumentation que les écrivains nous aident le mieux à rejoindre leurs causes. C’est dans les œuvres de fiction, par l’intermédiaire d’une histoire ou d’un monde qui nous remue que les écrivains sont lus. L’article « guerre » nous paraît plus efficace que l’article « paix ». Dans le second, l’auteur expose de manière aride les avantages de l’état de paix alors que, dans le premier, Voltaire nous captive par le charme d’une fable qui se termine d’ailleurs par un apologue. De la même manière, son Candide, roman sentimental et roman d’aventure, nous touche plus que ses articles du Dictionnaire philosophique. C’est si vrai que Voltaire, désireux de toucher un large public a choisi la forme du conte philosophique pour diffuser ses idées subversives. De même Les Misérables de Victor Hugo ont beaucoup plus contribué à faire avancer le socialisme militant que les œuvres théoriques des penseurs sociaux. Et si les œuvres écrites ne connaissent pas toujours une large diffusion dans le public, leur capacité à convaincre et à émouvoir lorsqu’elles empruntent les canaux de la fiction, en font une source appréciée pour les adaptations au cinéma ou à la télévision, ce qui leur donne la notoriété. On peut penser à l’œuvre cinématographique de Stanley Kubrick avec notamment Orange mécanique qui a fait connaître le roman de l’écrivain anglais Anthony Burgess, un conte philosophique et satirique de politique-fiction dont le ton est proche du Candide de Voltaire, et qui est traversé de références à Swift ; ou bien encore à uploads/Litterature/ dissert 3 .pdf
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- Publié le Jui 26, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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