1/ comprendre le sujet Un critique écrit : « Non seulement le poète descend dan

1/ comprendre le sujet Un critique écrit : « Non seulement le poète descend dans le sous-sol humain où grouille un monde de stupre et de honte, mais il prend sur lui de montrer que le sous-sol peut donner des fleurs, que cheveu, boue, crasse peuvent aussi chanter. » Dans quelle mesure cette citation éclaire-t-elle votre lecture des Fleurs du Mal ? Vous répondrez en vous appuyant sur le recueil de Baudelaire. [Stupre=débauche honteuse] La question, qui commence par « dans quelle mesure... ? », invite à discuter la pertinence de la citation : ce qu’il affirme au sujet de la poésie, et en particulier de la poésie de Baudelaire, est-il juste/vrai/valable ? La première partie de la citation comporte des termes péjoratifs, qui renvoient au « bas » /à un monde inférieur ainsi qu’à ce qui est sale, honteux, immoral. Cette première proposition revient à dire que certains poètes vont chercher les sujets de leurs poèmes et puiser leur inspiration dans ce qu’il y a de plus laid, de plus sale, de plus immoral dans leur monde. →Il faut, dans un premier temps se concentrer sur la première partie de la citation, pour montrer que ce que dit le critique est juste : effectivement, l’œuvre de Baudelaire (et de certains poètes) se concentre sur ce qu’il y a de plus laid/sale/immoral dans le monde. La deuxième partie de la citation mêle des termes péjoratifs semblables à ceux de la première partie (« sous-sol ») et des termes mélioratifs : « fleurs » (titre du recueil de Baudelaire) et « chanter ». La deuxième partie de la citation sous-entend qu’il est possible de trouver de la beauté dans ce qui est laid/sale/immoral : elle fait donc référence au processus alchimique baudelairien. →Il faut dans un deuxième temps se concentrer sur la deuxième partie de la citation : effectivement, l’œuvre de Baudelaire (et de certains poètes) est une mise en œuvre du processus alchimique qui consiste à trouver de la beauté dans ce qui est laid ou immoral. 2/ Proposition de plan et de problématique I. Thèse 1 : première partie de la citation II. Thèse 2 : deuxième partie de la citation Mais il ne faut pas oublier que la question accompagnant la citation appelle à discuter la pertinence de cette dernière, et à en envisager les limites (« dans quelle mesure... ? »). III. Antithèse : les limites de l’affirmation. L’idée est de nuancer les propos du critique et d’en montrer les limites, pas de montrer qu’ils sont totalement faux ou de parler de poèmes sans aucun lien avec l’idée du processus alchimique. Pour ce qui est des exemples, il faut s’appuyer au maximum sur l’œuvre au programme (Les Fleurs du Mal), sans oublier quelques poèmes vus dans un autre cadre (FRANCIS PONGE, Le Parti pris des choses), mais ayant un lien avec le sujet. Problématique : le critique a-t-il raison d’affirmer que certains poètes, en particulier Baudelaire dans Les Fleurs du Mal, s’attachent à chercher leur source d’inspiration dans un monde laid et immoral, avant de tenter de sublimer cette laideur morale et physique en en faisant émerger la beauté ? I. PREMIÈRE GRANDE PARTIE : Effectivement, pour puiser son inspiration, Baudelaire dans Les Fleurs du Mal (et certains poètes) descendent dans un « sous-sol » où règnent la laideur et le mal 1. Paragraphe 1 : le goût pour « le laid » est une des caractéristiques des Fleurs du Mal, affichée et assumée par Baudelaire Le terme « Mal » figure dans le titre Les Fleurs du Mal ont fait l’objet d’un procès et d’une condamnation en 1857, lors de la première publication, à cause de ce goût affiché pour la laideur et le mal : les pièces les plus scandaleuses ont été censurées (6 poèmes) « A une mendiante rousse » : les caractéristiques de la femme évoquée sont surprenantes, en premier lieu la pauvreté, comme en témoigne son habit : « trous v.2, haillon v13, bas troués v.17 » et son logement (un « frais réduit » v.40. Cette femme est présentée dès le titre comme « une mendiante », idée qui est reprise dans la 12ème strophe, qui la met en situation, mendiant (= « gueusant ») à la sortie d’un restaurant parisien évoqué par la paronomase « quelque Véfour », et la plaçant dans le contexte trivial et populaire du « carrefour ». • La 2ème caractéristique qui se dégage est celle de la maladie : « corps maladif » v.6 (peut-être syphilitique ?), associée la maigreur « maigre nudité » v.55. • Ajoutons enfin que la rousseur était mal perçue à l’époque. • Le portrait est également marqué par la notion de vice (« roués v.18, poignard v.19, péchés » v.22, ou encore l’expression « lorgnant en-dessous » v.49) et l’idée de la prostitution est suggérée (« te déshabiller » v.25) Litanies de Satan : Baudelaire dans ces "Litanies" détourne de manière subversive et blasphématoire la liturgie, c'est-à-dire la prière officielle, le culte rendu à Dieu seul. En effet, il réalise les litanies de Satan l’incarnation du mal et de la tentation. Son invocation passe par des louanges de ses attributs ainsi que l’appellation pas des substituts « le plus beau des Anges » « Dieu » « Prince de l’exil » « grand roi » « Père adoptif » « guérisseur familier ». Pour réaliser un éloge convaincant, Baudelaire n’hésite pas à contester le Dieu du christianisme « Le Dieu jaloux » (Dieu est jaloux du culte et du service qui lui reviennent ; adorer ou servir qui que ce soit ou quoi que ce soit d’autre que lui est un péché). A noter que la répétition de la formule « Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! » est répété 15 fois. Il achève par énoncer une « prière » symbolique à Satan qui s’inspire des prières usuelles à Dieu et va même jusqu’à demander le repos de son « âme » auprès de lui. De plus dans les Litanies de Satan, le diable apparaît comme possesseur d'une science dont la principale fonction est de guérir les angoisses des êtres faibles ; les lépreux, les parias, le proscrit, l'homme frêle... Le diable est l'initié pour ainsi dire, qui connaît les secrets de Dieu et peut les révéler aux hommes. 2. Paragraphe 2 : Chez Baudelaire, « le laid » prend des formes multiples - Des poèmes consacrés à des « objets répugnants » : « Une charogne » - Des poèmes consacrés au « stupre » et à la « honte », c-à-d au mal moral : les poèmes du Spleen, les poèmes évoquant les Enfers, Satan ou des créatures maléfiques telles que les vampires - Souvent, objets répugnants et mal moral se mêlent, comme dans « Les Métamorphoses du vampire », où la femme, en plus d’être une créature repoussante, incarne l’immoralité et mène le poète à la mort 3. Pour prolonger, éventuellement paragraphe 3 : en dehors de Baudelaire, d’autres poètes manifestent un goût affirmé pour ce qui est laid et immoral Hugo, "J'aime l'araignée et j'aime l'ortie" : le poète défend des créatures viles et laides, s’opposant ainsi à l’opinion commune et au dégoût de l’esthétique classique.Claudel. Il plaide leur emprisonnement dans une existence misérable involotontaire. En réalité il se sent fraternel de ces créatures avec qui il partage une condition commune « prises dans leur œuvre » et captives des « fatals nœuds » car lui aussi est rejeté par une société qui le méprise. Par la suite, au lieu de condamner la laideur, Victor Hugo exhorte à prier pour elle. "Le Porc" II. DEUXIÈME GRANDE PARTIE. Effectivement, Baudelaire dans Les Fleurs du Mal (et certains poètes) parvient à transformer la laideur, la saleté, l’immoralité en beauté 1. Premier paragraphe : Trouver de la beauté dans le mal et la laideur : une recherche au cœur du recueil Le terme « fleurs » figure dans le titre du recueil : le projet est de trouver de la beauté (1er sens possible du terme « fleurs ») dans le Mal et d’écrire des poèmes (2e sens possible du terme « fleurs ») en puisant son inspiration dans le Mal. Ce projet est réaffirmé dans un projet d’épilogue pour la 2e édition des Fleurs du Mal : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or » « L’Ennemi » : « Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? ». Le sens du mot fleur est celui de « poème » en l’occurrence. « Le Cygne » : « Aux maigres orphelins séchant comme des fleurs ! » « La mort des artistes » : C’est que la Mort, planant comme un soleil nouveau, Fera s’épanouir les fleurs de leur cerveau ! « Elévation » : « Le langage des fleurs et des choses muettes ! » « Charogne » : « Et uploads/Litterature/ dissertation-devoir.pdf

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