David HUME (1742) “De la simplicité et du raffinement dans l’écriture” ESSAI Tr

David HUME (1742) “De la simplicité et du raffinement dans l’écriture” ESSAI Traduction originale de M. Philippe Folliot, Professeur de philosophie au Lycée Ango, Dieppe, Normandie. 15 décembre 2009. Un document produit en version numérique par Philippe Folliot, bénévole, Professeur de philosophie au Lycée Ango à Dieppe en Normandie Courriel: philippefolliot@yahoo.fr Site web: http://perso.wanadoo.fr/philotra/ Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.ca/ Hume, De la simplicité et du raffinement dans l’écriture. (1742) 2 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation for- melle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean-Marie Tremblay, sociologue. Les fichiers des Classiques des sciences sociales ne peuvent sans autorisation formelle: - être hébergés (en fichier ou page web, en totalité ou en partie) sur un serveur autre que celui des Classiques. - servir de base de travail à un autre fichier modifié ensuite par tout autre moyen (couleur, police, mise en page, extraits, support, etc...), Les fichiers (.html, .doc, .pdf., .rtf, .jpg, .gif) disponibles sur le site Les Classiques des sciences sociales sont la propriété des Classi- ques des sciences sociales, un organisme à but non lucratif com- posé exclusivement de bénévoles. Ils sont disponibles pour une utilisation intellectuelle et personnel- le et, en aucun cas, commerciale. 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Edition de travail : Essays : Moral, Political and Literary, Edited by Henry Frowde, Edinburg and Glasgow, 1903-1904. [Autorisation formelle accordée par mon ami Philippe Foliot, philosophe et traducteur, de diffuser cette traduction, le 15 décembre 2009.] Courriel : philippefolliot@yahoo.fr Site : http://pagesperso-orange.fr/philotra/essai_simplicite.htm Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times New Roman, 14 points. Pour les citations : Times New Roman 12 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh. Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition numérique complétée le 22 décembre 2009 et corrigée le 14 avril 2011 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, province de Québec, Canada. Hume, De la simplicité et du raffinement dans l’écriture. (1742) 4 Table des matières “De la simplicité et du raffinement dans l’écriture”. Traduction de Philippe Folliot, 15 décembre 2009. “OF SIMPLICITY AND REFINEMENT IN WRITING”. by David Hume (1742) Hume, De la simplicité et du raffinement dans l’écriture. (1742) 5 David Hume, “De la simplicité et du raffinement dans l’écriture.” Traduction de Philippe Folliot, 15 novembre 2009. Retour à la table des matières (196) 1 Les beaux écrits, 2 selon M. Addison, 3 consistent en sen- timents qui sont naturels sans être triviaux. 4 Il ne saurait y avoir une plus juste et plus concise définition des beaux écrits. 1 J’ai mis entre parenthèses les pages de notre édition de travail. (NdT) 2 « fine writing », au singulier. Le mot “writing” (qui est aussi utilisé dans le titre de l’essai) est traduit par «art d’écrire» par Gilles Robel et J.P. Jackson mais, à ma connaissance, cette traduction n’est pas rigoureuse. « writing » est l’écriture, l’acte d’écrire, et le résultat de cet acte, un écrit. (NdT) 3 On lit, dans le numéro 354 du Spectator (5 avril 1712), à propos du livre III du Paradis perdu de Milton (Adam et Eve dans le paradis originel) : « These and the like wonderful Incidents in this Part of the Work, have in them all the beauties of novelty, at the same time that they have all the graces of nature. They are such as none but a great genius could have thought of, though, upon the perusal of them, they seem to rise of themselves from the gubject of which he treats. In a word, tho' they are natural, they are not obvious, which is the true Character of all fine Writing. » (souligné par nous). (The Spectator with notes and general index, Philadelphia, 1829, en deux volumes, vol. II, p.51) On trouve une traduction de ce passage au tome XIII des œuvres de J. Delille (Paris, 1824) « Ces incidents merveilleux, et plusieurs autres semblables qui se trouvent dans cette partie de l'ouvrage, plairont par la nouveauté et par le naturel. Il semble qu'ils naissent du sujet; cependant, il n'y avait qu'un grand génie qui pût les imaginer; quoiqu'ils soient naturels , ils ne sont pas com- muns, ce qui est le vrai caractère d'un bon ouvrage. » (NdT) Hume, De la simplicité et du raffinement dans l’écriture. (1742) 6 Les sentiments qui ne sont que naturels ne touchent pas l’esprit avec plaisir et ne semblent pas dignes de notre attention. Les plaisan- teries d’un batelier, les remarques d’un paysan, les grivoiseries d’un porte-faix ou d’un cocher de fiacre sont naturelles mais 5 désagréa- bles. Quelle insipide comédie ferions-nous d’un bavardage devant une tasse de thé copié fidèlement et laborieusement ? Rien ne peut plaire aux personnes de goût, sinon la nature dessinée avec toutes ses grâces et tous ses ornements, la belle nature. 6 Si vous copiez la vie du petit peuple, les traits doivent être forts et marquants et ils doivent trans- mettre à l’esprit une image vive. L’absurde naïveté 7 de Sancho Panza est représentée par Cervantès dans des couleurs si inimitables qu’elle divertit autant que le portrait du héros le plus magnanime ou de l’amant le plus tendre. Il en est de même pour les orateurs, les philosophes, les critiques ou pour tout auteur qui parle en son propre nom sans introduire d’autres locuteurs ou acteurs. Si sa langue n’est pas élégante, si ses observations ne sont pas hors du commun, si son analyse n’est pas puissante et virile, c’est en vain qu’il vantera son naturel et sa simpli- cité. Il peut être correct mais il ne sera jamais agréable. C’est le (197) malheur de ces auteurs qui ne sont jamais blâmés ou critiqués. La bonne fortune d’un livre n’est pas la bonne fortune d’un homme. Le 4 Le mot « obvious » est généralement traduit par « évident ». Il est ici un syno- nyme de « commun », comme en témoignent d’ailleurs plusieurs numéros du Spectator qui utilisent les mots « common » et « obvious » comme des syno- nymes dans une même proposition, par exemple le numéro 273 du 12 janvier 1712. On remarquera que J. Delille (voir note précédente), en traduisant le passage du Spectator qui nous intéresse, traduit « obvious » par « commun », ce qui est aussi le choix de Gilles Robel, dans sa traduction des essais de Hu- me aux P.U.F. La traduction de « obvious » par « évidents » est maladroite- ment choisie par J.P. Jackson, aux éditions Alive, 1999. (NdT) 5 Hume ne dit pas « but » mais simplement « and » mais cette substitution m’a paru indispensable. (NdT) 6 En français dans le texte. L’expression « la belle nature » signifie que c’est la représentation qui crée le beau et que cette représentation (même si elle imite) est donc, au sens étymologique, poétique.(NdT) 7 Les éditions 1742 à 1753 ajoutent : « Naïveté, un mot que j’ai emprunté au français et qui manque dans notre langue. » (NdT) Hume, De la simplicité et du raffinement dans l’écriture. (1742) 7 chemin secret et trompeur de la vie dont parle Horace, fallentis semita vitae, 8 peut être le sort le plus heureux pour l’un et le plus grand mal- heur qui puisse arriver à l’autre. D’un autre côté, les productions qui sont seulement surprenantes sans être naturelles ne peuvent jamais divertir l’esprit de façon dura- ble. Peindre des chimères n’est pas, à proprement parler, copier ou imiter. On perd la justesse de la représentation et l’esprit est mé- content de trouver un tableau qui ne ressemble pas du tout à l’original. Les raffinements excessifs ne sont pas plus agréables dans le style épistolaire ou philosophique que dans le style épique ou tragique. Dans toutes les sortes de production, trop d’ornements est une faute. Les expressions rares, les puissants traits d’esprit, les comparaisons piquantes et les tours épigrammatiques, surtout quand ils reviennent trop souvent, défigurent plus qu’ils n’embellissent le discours. uploads/Litterature/ essai-sur-la-simplicite.pdf

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