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ÉTIENNE SOURIAU FILMOLOGUE : HISTOIRE DE SA PENSÉE ONTOLOGIQUE DU CINÉMA PARMI

ÉTIENNE SOURIAU FILMOLOGUE : HISTOIRE DE SA PENSÉE ONTOLOGIQUE DU CINÉMA PARMI LES ARTS (CORPUS, INÉDITS, ARCHIVES) Fabien Le Tinnier Presses Universitaires de France | « Nouvelle revue d’esthétique » 2017/1 n° 19 | pages 127 à 139 ISSN 1969-2269 ISBN 9782130792529 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-d-esthetique-2017-1-page-127.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Presses Universitaires de France. © Presses Universitaires de France. Tous droits réservés pour tous pays. 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Je pense ici à celle figurant dans numéro spécial L’ Art instaurateur de la Revue d’ esthétique (Paris, Union générale d’ édition, coll. « 10/18 », 1980) consacrée à l’ œuvre d’ Étienne Souriau tout juste passée sa disparition. Cette bibliographie a fait longtemps office de référence, mais demeure bien trop élémentaire et ne recense surtout que les publications majeures d’ Étienne Souriau. 2. Christian Metz, « Sur un profil d’ Étienne Souriau », in Revue d’ esthétique, n° spécial « L’ Art instaurateur », ibid., p. 148. FABIEN LE TINNIER Étienne Souriau filmologue : histoire de sa pensée ontologique du cinéma parmi les arts (corpus, inédits, archives) INTRODUCTION Étienne Souriau (1892-1979), figure académique française du xxe siècle, professeur de philosophie et esthétique de l’ université de Paris, est en outre l’ auteur de travaux sur le cinéma, pour lesquels il demeure encore aujourd’ hui méconnu. À l’ exception notoire du concept de « diégèse » dont il renouvelle la définition en 1950 dans le champ des études filmologiques avec l’ aide de sa fille, Anne Souriau, sa pensée ontologique du cinéma reste entière à parcourir, et paraît jusqu’ alors étudiée de façon parcellaire et provisoire. Certains de ces textes sur le cinéma, à l’ instar des pages de son Avenir de la philosophie (posthume) sur lesquels je reviendrai, font figure aujourd’ hui d’ inédits tant ces propos n’ avaient jusqu’ alors pas fait l’ objet d’ étude ni n’ avaient été recensés dans les différentes bibliographies le concernant sur le cinéma [1]. Les spécialistes, universitaires, et philosophes, avaient bien le sentiment de n’ être point exhaustifs dans leurs études sur la pensée d’ Étienne Souriau sur le cinéma. Christian Metz prévenait pourtant dès 1980 qu’ Étienne Souriau filmologue ne « fonctionnait que par interventions [2] », sous-entendant ainsi qu’ elles étaient disséminées dans le grand œuvre du Souriau philosophe. Aussi le projet de cet article réside dans le souhait de réunir l’ ensemble de ces interventions, connues et méconnues, à mettre au jour les textes oubliés, et, à études © Presses Universitaires de France | Téléchargé le 02/06/2021 sur www.cairn.info (IP: 77.28.87.174) © Presses Universitaires de France | Téléchargé le 02/06/2021 sur www.cairn.info (IP: 77.28.87.174) nouvelle Revue d’esthétique n° 19/2017 | 128 études | Étienne Souriau 3. Les publications de la Revue internationale de filmologie cessent après la parution du numéro 43 en 1962. Voir « Collection des titres de périodiques » de la Bibliothèque du film de la Cinémathèque française : <http://www.cineressources.net/ressource. php?collection=PERIODIQUES& pk=296>(28 oct. 2016). C’ est encore ici, dans les collections de la Bibliothèque du film qu’ il nous est donné à lire l’ ensemble des numéros de la Revue internationale de filmologie. 4. Lire l’ envers de la première page de cou- verture du n° 1 de la Revue internationale de filmologie, Paris, Centre de recherches filmologiques, Puf, juillet-août 1947. 5. « Nature et limite des contributions posi- tives de l’ esthétique à la filmologie », Revue internationale de filmologie, op. cit., pp. 47- 64. 6. Ibid., p. 62. 7. Étienne Souriau, La Correspondance des arts. Éléments d’ esthétique comparée, Paris, librairie Félix Alcan, 1947. 8. « Nature et limite des contributions posi- tives de l’ esthétique à la filmologie », op. cit., p. 59. 9. Adolphe Brisson, « s.t. », in Le Temps, 23 nov. 1908, n. p. ; publié plus tard sous le titre « Le Film d’ Art », in Le Cinéma : naissance d’ un art. 1895-1920, in Daniel Banda, José Moure (dir.), Paris, Flammarion, 2008, pp. 170-174. 10. Léon-Pierre Quint, Germaine Dulac, Lionel Landry et Abel Gance, L’ Art cinématographique, t. II, Paris, librairie Félix Alcan, 1927. 11. Germaine Dulac, « Les esthétiques, les entraves. La cinématographie intégrale », in L ’ Art cinématographique, op. cit., pp. 29-50. présenter in fine les grands caractères de la pensée ontologique sur le cinéma développée durant plus de quarante ans. LE PROJET FILMOLOGIQUE Été 1947, le premier numéro de la Revue internationale de filmologie, l’ organe de publication de la toute nouvelle Association pour la Recherche filmologique [3], présente à son lectorat son Comité directeur dans lequel figure « Étienne Souriau, professeur à la Sorbonne [4] » parmi des noms fort prestigieux de l’ époque comme Gaston Bachelard ou Georges Sadoul. Souriau publie en outre dans ce même numéro, un premier article intitulé « Nature et limite des contributions positives de l’ esthétique à la filmologie [5] », dans lequel il énumère et détaille les nombreux apports que l’ esthétique apportera à l’ exercice de la recherche filmologique. À ce titre, sa contribution s’ inscrit dans la ligne éditoriale qui qualifie ce premier numéro de la Revue qui vise à établir une méthode rigoureuse et résolument scientifique. Souriau confirme, dans son article, l’ existence du cinéma comme art [6], et s’ emploie à détailler, sur le modèle préexistant de ses études comparatives tout juste publiées dans sa Correspondances des arts de 1947 [7], la façon dont le cinéma devra être dorénavant étudié. La citation suivante fait office de véritable programme : Comparer l’ art filmique aux autres arts, c’ est à la fois savoir en quoi il y ressemble, en quoi il les égale ou peut les surpasser dans l’ obtention des mêmes fins esthétiques, et aussi d’ autre part en quoi il s’ en distingue, quelles voies, quelles possibilités lui sont propres, et sur quels points il doit même s’ efforcer de contraster avec eux pour l’ exploitation artistique intensive de ses pouvoirs particuliers, de ses puissances inconcurrençables [8]. Le projet de recherche filmologique d’ Étienne Souriau, et plus largement, celui du nouveau Centre de recherches filmologiques, ne révolutionne guère, selon notre connaissance d’ historien de cinéma, la façon dont leurs prédécesseurs, théoriciens et/ou praticiens caractérisaient jadis, et ce depuis les années 1910, le cinéma parmi les arts. Dans l’ édition du Temps du 23 novembre 1908 [9], Adophe Brisson ne cherchait-t-il pas déjà à distinguer le cinéma du Film d’ Art – dont le célèbre Assassinat du Duc de Guise – à la fois du théâtre classique français et de la photographie ? Dans le bel ouvrage, L’ Art cinématographique publié en 1927 [10] par la Librairie Félix Alcan qui publie également les premiers ouvrages d’ Étienne Souriau, Germaine Dulac [11] ne continuait-t-elle pas à vouloir dissocier le jeune art cinématographique du multiséculaire art théâtral ? L’ histoire de cinéma pourrait fournir ainsi nombre d’ exemples, datant de l’ entre-deux-guerres, et témoignant d’ une volonté de définir le cinéma comme art. Le projet de recherche du Centre de recherches filmologiques, puis de l’ Institut de filmologie, envisage par conséquent moins renouveler une pensée sur le cinéma que de rendre rigoureux la méthode d’ analyse par l’ emploi d’ un vocabulaire scientifique. Mario Roques, alors © Presses Universitaires de France | Téléchargé le 02/06/2021 sur www.cairn.info (IP: 77.28.87.174) © Presses Universitaires de France | Téléchargé le 02/06/2021 sur www.cairn.info (IP: 77.28.87.174) nouvelle Revue d’esthétique n° 19/2017 | 129 Étienne Souriau filmologue : histoire de sa pensée ontologique du cinéma parmi les arts... | FABIEN LE TINNIER 12. Mario Roques, « Filmologie », Revue internationale de filmologie, n° 1, op. cit., pp. 5-8. 13. Mario Roques, ibid., p. 5. 14. Mario Roques, idem. 15. Étienne Souriau, « Préface », in Étienne Souriau (dir.), L’ Univers filmique, Paris, Flammarion, coll. « Bibliothèque d’ esthé- tique », 1953, pp. 5-10. 16. « Préface », ibid., p. 6. 17. Marie-Thérèse Poncet, « Chapitre vii. L’ imagination cosmique dans les rapports du décor et du costume », in L’ Univers fil- mique, ibid., pp. 101-118. 18. Dédicace manuscrite de Marie-Thérèse Poncet de l’ édition originale de L’ Univers filmique (1953) dont la famille Souriau m’ a fait don en 2013, et provenant des archives d’ Anne Souriau, fille d’ Étienne Souriau, situées à l’ époque au 64 rue uploads/Litterature/ etienne-souriau.pdf