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CD CNJ o ,CO / Digitized by the Internet Archive in 2009 witli funding from Univers ity of Ottawa littp://www.arcliive.org/details/untdanslasaliOOfromuoft UN ETE DANS LE SAHARA L'auteur et les éditeurs déclarent réserver leurs droits de traduction et de reproduction à l'étranger. Cet ouvrage a été déposé au ministère de l'intérieur (section de la librairie) en février 1877. M.nis. TvrooniPHig os g. pto.v ht C", ri.ï «*aA\oiSnR. 8 (/ UlM ETE DANS LE SAHARA EUGEiVE FROMEJVTIN QUATRIEME EDITION PARIS E. PLO\ ET C", IMPRIMEURS-ÉDITEURS 10. RL'E GARAN'CIBRB 1 877 Touj àroUs réiervéa ':r "z 1^ "-^ ^--^ L -7^ 1677 95 2? î: A ARMAA'D DU MESMIL Cher ami, en te dédiant mes souvenirs de voyage, je ne fais que te restituer des lettres qui t'appartenaient, pour la plupart, avant de devenir un livre. C'est d'ailleurs indiquer l'ori- f/inc particulière et le sens familier de ces récits, que de les publier sous le 'patronage d'une ami- tié qui rend nos deux noms inséparables. E. F. Pans. 15 octobre 1856. PREFACE UK I, A TROISIKMK KDITIOV Ces livres sont déjà d'une autre époque; et, disons-le nettement, hi pensée de les faire revivre, après tant d'années, ne pouvait plus venir qu'à l'auteur lui-même. Les lecteur;- d'autrefois, s'il les conserve, ceux d'aujour- d'hui, s'il doit en avoir, jugeraient peut-être l'idée bizarre et sans opportunité ; aussi , l'auteur se croit-il obligé de la motiver en quelques pages. Un été dans le Sahara date de 1850. Une année dans le Sahel ne parut que deux ans après . Le métier de l'auteur n'était pas d'écrire; on lui sut gré de s'en tirer convena- blement. On lui tint compte aussi de la bonne foi, de la déférence et même des ingénuités dont il donnait la preuve, en touchant à un art qui n'était pas le sien et ne devait pas l'être. viir PUÉ FACE. Chacun de ces livres eut deux éditions. Tout portait à croire que l'auteur n'en écrirait pas d'autres; c'était une dernière raison pour que leur publicité s'arrêtât là. Si ces livres ne contenaient que des récits ou des tableaux de voyage, une bonne partie de leur valeur aurait disparu. Les lieux ont beaucoup changé. Il y en a, parmi ceux que je cite, qui pouvaient alors passer pour assez mystérieux; tous ont perdu l'attrait de l'incer- titude, et depuis longtemps. L'intérêt qui s'at- tachait à ces notes, en leur nouveauté, ne serait donc plus le même, soit qu'on y recon- nût mal les traits du présent, soit qu'on n'y trouvât plus le piquant des choses inédites. D'ailleurs, quel est le lecteur, un peu au cou- rant des explorations récentes, qui s'occupe- rait avec la moindre curiosité d'un petit coin de l'Afrique française, parcouru jadis par un observateur spécial, aujourd'hui que le vaste monde est à tous et qu'il faut, pour surprendre, instruire ou intéresser, de lointains voyages, beaucoup d'aventures, ou beaucoup de savoir? J'ajoute que, si leur uniipie mérite était de r K K F A C E . me faire revoir un pays qui cependant ma charmé, et de me rappeler le pittoresque des choses, hommes et lieux, ces livres me seraient devenus à moi-même presque in- différents. A la dislance où me voici placé de tout ce qu'ils évoquent, il m'importe à peine qu'il y soit question d'un pays plutôt que d'un autre, du désert plutôt que de lieux encom- brés, et du soleil en permanence plutôt que de l'ombre de nos hivers. Le seul intérêt qu'à mes yeux ils n'aient pas perdu, celui qui les rattache à ma vie présente , c'est une certaine manière de voir, de sentir et d'exprimer qui m'est personnelle et n'a pas cessé d'être mienne. Ils disent à peu près ce que j'étais, et je m'y retrouve. J'y retrouve également ce que j'avais rêvé d'être, avec des promesses qui toutes n'ont pas été tenues et des inten- tions dont la plupart n'ont pas eu d'effet. De sorte que si j'ai peu grandi, du moins je n'ai pas changé. Voilà quel est, pour l'auteur qui vient de les relire, le sens actuel de ces livres (le jeunesse ; et c'est uniquement à cause de cela qu'il y tient. -V PRÉFACE. A lY'poque où je fus pris du besoin d'écrire, je n'étais qu'un inconnu, très-ignorant et désireux de produire; pour ces deux raisons, fort en peine. J'avais visité l'Algérie à plusieurs reprises; je venais d'y pénétrer plus loin et de l'habiter posément. Une sorte d'acclimatation intime et définitive me la faisait accepter, sinon choisir, comme objet d'études et, très-inopi- nément, décidait de ma carrière, beaucoup plus que je ne l'imaginais alors, et, l'avoue- rai-je? beaucoup plus que je n'aurais voulu. Je rapportais de ce voyage de vifs souve- nirs, à défaut de bons documents. Surtout, j'en rapportais le désir impatient de le repro- duire n'importe comment, n'importe à quel prix. Je me persuadais qu'il n'y a pas de sujel médiocre, ni de sujet ennuyeux, mais seule- ment des cœurs froids, des yeux distraits, des écrivains ennuyés. La nouveauté du sujet ne m'embarrassait guère. Il ne me semblait nul- lement téméraire de parler de l'Orient après tant d'auteurs grands ou charmants : con- vaincu que n'étant personne encore, j'avais PRÉFACE. Xt chance au moins de devenir quelqu'un, et qu'à être ému, net et sincère, on risquait encore d'être écouté. Le hasard m'avait fourni le thème ; restait à trouver la forme. L'instrument que j'avais dans la main était si malhabile, que d'abord il me rebuta. Xi l'abondance, ni la vivacité, ni l'intimité de mes souvenirs ne s'accommo- daient des pauvres moyens de rendre dont je disposais. C'est alors que l'insuffisance de mon métier me conseilla, comme expédient, d'en chercher un autre , et que la difficulté de peindre avec le pinceau me fit essayer de la plume. Voilà, qu'on me pardonne ce retour sur leurs origines, comment sont nés ces deux livres : à côté d'un chevalet, dans le demi-jour d'un atelier, au milieu d'ombres fort sérieuses, que le soleil oriental constamment en vue, comme une sorte de mirage éblouissant, no parvenait pas toujours à égayer. La chose entreprise, il me parut intéressant de compa- rer dans leurs procédés deux manières de s'exprimer qui m'avaient l'air de se ressem- XII I' Ri: FACE. bler bien peu, contrairement à ce qu'on sup- pose. J'avais à m'exercer sur les mêmes ta- bleaux, à traduire, la plume à la main, les croquis accumulés dans mes cartons de voyage. J'allais donc voir si les deux méca- nismes sont les mêmes ou s'ils diffèrent, et ce que deviendraient les idées que j'avais à rendre, en passant du répertoire des formes et des couleurs dans celui des mots. L'occa- sion de faire cette épreuve est assez rare, et je n'étais pas fâché qu'elle me fût donnée. J'entendais dire, et j'étais assez disposé à le croire, que notre vocabulaire était bien étroit pour les besoins nouveaux de la littérature pittoresque. Je voyais en effet les libertés que cette littérature avait du se permettre depuis un demi-siècle afin de suffire aux nécessités des goûts et des sensations modernes. Décrire au lieu de raconter, peindre au lieu d'indi- quer; peindre surtout, c'est-à-dire donner à l'expression plus de relief, d'éclat, de consis- tance, plus dévie réelle ; étudier la nature exté- rieure de beaucoup plus près dans sa variété, dans ses habitudes, jusque dans ses bizarre- PRÉFACE. Xiii ries ; telle était en abrégé l'obligation imposée aux écrivains dits descriptifs par le goiit des voyages, l'esprit de curiosité et d'universelle investigation qui s'était emparé de nous. Un même courant, d'ailleurs, emportait l'art de peindre et celui d'écrire hors de leurs voies les plus naturelles. On s'occupait moins de l'homme et beaucoup plus de ce qui l'envi- ronne. Il semblait que tout avait été dit de ses passions et de ses formes, excellemment, décidément, et qu'il ne restait qu'à le faire mouvoir dans le cadre changeant des lieux, des climats, des horizons nouveaux. Une école extraordinaircment vivante, attentive, sagace, douée d'un sens d'observation, sinon meilleur, du moins plus subtil, d'une sensibilité plus aiguë, avait déjà renouvelé sur un point la peinture française et l'honorait grandement. Cette école avait, comme toutes les écoles, ses maîtres, ses disciples et déjà ses idolâtres. On voyait, disait-on, mieux que jamais; on révélait mille détails jusque-là méconnus. La palette était plus riche, le dessin plus physio- nomique. La nature vivante pouvait enfin se XIV rUKFACE. considérer pour la première fois dans une image à peu près fidèle, et se reconnaître en ses infinies métamorphoses. Il y avait du vrai et du faux dans ces dires. Le vrai excusait le faux, et le faux n'empêchait pas que le vrai n'eût un prix réel. Le besoin d'imiter tout, à tout propos, faisait naître à chaque instant des œuvres singulières; et lorsque le don d'émou- voir s'y mêlait par fortune, il inspirait des œuvres considérables . Comment s'étonner qu'un pareil mouvement, se produisant à côté des lettres contemporaines, ait agi sur elles, et que, devant de tels exemples, participant eux-mêmes à de tels besoins, sensibles, rêveurs, ardents, les uploads/Litterature/ eugene-fromentin-un-ete-dans-le-sahara.pdf

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