Objet d’étude I : La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle Parcou
Objet d’étude I : La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle Parcours : Rire et savoir Oral : explication de texte n°1 Jean de La Fontaine est un fabuliste du XVIIe siècle. Il appartient au mouvement du Classicisme et est notamment connu pour ses Fables dont l’objectif déclaré est d’instruire et de plaire à ses lecteurs. De fable en fable, La Fontaine montre que les relations entre les hommes sont fondées sur la violence, l’abus de pouvoir, l’injustice. C’est dans ce contexte que s’inscrit la sixième fable du livre VII intitulée « La Cour du lion ». Pour l’écrire, La Fontaine s’est inspiré d’une fable de Phèdre intitulée « Le Lion régnant ». L’auteur y décrit la cour et ses courtisans. Il peint de manière transparente le roi et les membres de sa cour sous des traits d’animaux. A la fin, le fabuliste donne des conseils concernant le comportement à adopter auprès du roi. La fable est composée de 36 vers hétérométriques (alexandrins et octosyllabes). Lecture de la fable. En quoi cette fable permet-elle d’instruire le lecteur sur la société de cour à l’époque de La Fontaine ? Nous distinguons trois mouvements. Le premier, du v. 1 au 14, aborde l’invitation du roi à célébrer sa puissance. Le deuxième, du v. 15 au 32, est consacré à l’intervention des animaux. Le dernier, du v. 33 au 36, porte sur la morale de la fable. Mouvement 1 : L’invitation du roi à célébrer sa puissance (v.1-14) Le lion, roi des animaux, connu pour son autorité et sa tyrannie, est évoqué dès le premier vers par le titre de noblesse « sa Majesté Lionne ». Ce titre, dont les initiales sont en majuscule, met l’accent sur la grandeur du personnage, notée également par la diérèse « li-onne ». De plus, l’emploi de l’alexandrin vers 1-2 permet de souligner la supériorité du roi, ce vers étant lui-même le plus riche et noble des mètres. La puissance du roi est aussi soulignée par l’étendue de son royaume notée par le pluriel « nations » et par la périphrase « maître », monarque absolu de droit divin avec la référence au ciel (v.2). L’intention du roi de célébrer sa puissance en faisant venir à la cour tous ses sujets est évoquée dès le v.1. Les mots « manda, députés, vassaux, circulaire écrite, sceau » note l’aspect formel de cette convocation. L’expression « de tous côtés » souligne, quant à elle, la maîtrise du roi de son royaume. Nous comprenons à travers le message de la circulaire que le roi vise à exhiber sa toute-puissance devant ses invités. Outre la durée particulièrement longue de ces festivités « un mois durant » (v.8) il y a des termes mélioratifs « fort grand festin » (v. 10), le mot festin est qualifié en effet par l’adjectif « grand » qui, à son tour, est accentué par l’adverbe « fort ». Nous voyons bien que le roi aime associer les plaisirs « festin », « tours de Fagotin » (v.11). Le terme « magnificence » (v.12) rime avec « puissance » (v.13) soulignant une nouvelle fois la grandeur du roi. Au vers 14, nous avons la référence à la résidence des rois au XVIIe siècle, le Louvre. Mouvement 2 : Intervention des animaux (v. 15-32) La phrase exclamative « Quel Louvre ! » (v.15) exprime l’étonnement du fabuliste. Le Louvre est comparé à « un charnier » suggérant non sans humour combien la violence et la mort règnent au palais royal. L’adjectif « vrai » permet de montrer la dégradation du cadre de la cour du roi. La puanteur de ce lieu est notée par la proposition subordonnée relative « dont l’odeur se porta d’abord au nez des gens ». Cette odeur pestilentielle incommode une série d’invités, en premier lieu l’Ours. Son geste montre qu’il réagit de façon spontanée et ne maitrise pas les codes de la cour, ce qui est à l’origine de sa condamnation immédiate. En effet, l’Ours, connu par sa lourdeur et sa maladresse, fait un geste grossier « boucha sa narine » (v.16) attirant sur lui la colère du roi « Le Monarque irrité » (v.18). Par ailleurs, cette condamnation montre le décalage entre l’acte commis relevant de la spontanéité et la sentence révélant la cruauté du roi qui ne supporte aucune contestation. Les propos du fabuliste concernant le Singe font ressortir l’insistante flatterie de ce dernier par les verbes « approuver » accentué par l’adverbe « fort » (v. 20), « louer » (v.21) suivi d’une énumération renforcée par la conjonction « et » « la colère et la griffe du Prince, et l’antre, et cette odeur » (v.21-22). Le mot « excessif » qualifiant « flatteur » (v.21) souligne l’exagération du Singe dans ses louanges cherchant à plaire au roi et révélant par là-même son hypocrisie. La comparaison « il n’était ambre, il n’était fleur qui ne fût ail au prix » montre de nouveau l’exagération du Singe assimilant l’odeur écœurante de l’antre du Lion à celle de l’ambre et de la fleur. Par ces éléments, le Singe se ridiculise et trahit sa mauvaise foi, le fabuliste qualifie dès lors sa flatterie de « sotte » (v.24) puisqu’elle le conduit lui aussi à la mort. La tyrannie du roi est soulignée par les châtiments qui s’accumulent. Au v. 25-26, le fabuliste établit un lien de parenté entre le Lion et Caligula, empereur sanguinaire romain, montrant de fait que le roi sème la terreur et la mort de façon arbitraire. Le discours direct du roi (v.28-29), le seul dont le propos est rapporté directement par La Fontaine, est une question simple pour le Renard et qui invite à livrer une parole vraie, sans crainte. La question est explicite. De plus, le Roi tutoie le Renard. Mais il s’agit de l’expression même du danger dans une cour où l’on doit être constamment sur ses gardes et ne pas se fier aux apparences. Le Renard, personnage traditionnellement associé à la ruse et à la dissimulation, n’est pas tombé dans le piège. La rapidité de son excuse est notée par l’adverbe « aussitôt » (v.30). Le verbe « alléguer » (v.31) fait allusion au stratagème du Renard pour échapper à la question du Roi. Le renard réussit à parler tout en ne disant rien et se tire de ce fait d’affaire. Mouvement 3 : La leçon de sagesse du fabuliste (v. 33-36) La morale de cette fable est dite de façon explicite. Le pronom « ceci » (v. 33) permet de reprendre le récit et de l’envisager comme une leçon. Le verbe à l’impératif placé sous négation « ne soyez pas » (v.34) peut être interprété comme une défense et le verbe « tâchez », mis à l’impératif, comme un conseil qui s’adresse directement aux courtisans et aux nobles de la cour. Par le « vous », La Fontaine s’exclut, se place en position d’observateur, de moraliste. Il s’agit d’une invitation à la prudence. L’accent est mis sur la nécessité d’opter pour une position intermédiaire. Il ne faut être « ni fade adulateur, ni parleur trop sincère » (v. 35). Au dernier vers, La Fontaine conseille de suivre l’exemple des Normands supposés être rusés à ce sujet. Pour conclure, nous pourrions dire que La Fontaine se sert des animaux pour présenter un portrait négatif de la cour de Louis XIV. Les courtisans sont hypocrites et menteurs. Le roi, quant à lui, est présenté comme quelqu’un d’autoritaire qui ne supporte ni la franchise, ni la flatterie et sa cruauté est démesurée. En guise de morale, La Fontaine conseille de recourir à la ruse, afin de s’en tirer dans de pareilles situations. Cette fable nous fait penser au texte de La Bruyère intitulé « De la cour », extrait des Caractères, qui porte un regard critique sur la cour royale de son époque en insistant sur plusieurs aspects (vestimentaire, croyance, esthétique,…). La Cour du Lion Sa Majesté Li/onne un jour voulut connaître De quelles na/ti/ons le Ciel l'avait fait maître. Il manda donc par députés Ses vassaux de toute nature, Envoyant de tous les côtés Une circulaire écriture, Avec son sceau. L'écrit portait Qu'un mois durant le Roi tiendrait Cour plénière, dont l'ouverture Devait être un fort grand festin, Suivi des tours de Fagotin. Par ce trait de magnificence Le Prince à ses sujets étalait sa puissance. En son Louvre il les invita. Quel Louvre ! Un vrai charnier, dont l'odeur se porta D'abord au nez des gens. L'Ours boucha sa narine : Il se fût bien passé de faire cette mine, Sa grimace déplut. Le Monarque irrité L'envoya chez Pluton faire le dégoûté. Le Singe approuva fort cette sévérité, Et flatteur excessif il loua la colère Et la griffe du Prince, et l'antre, et cette odeur : Il n'était ambre, il n'était fleur, Qui ne fût ail au prix. Sa sotte flatterie Eut un mauvais succès, et fut encore punie. Ce Monseigneur du Lion-là Fut parent de Caligula. Le Renard étant proche : Or çà, lui uploads/Litterature/ explication-line-aire-n01.pdf
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- Publié le Nov 27, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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