République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’Enseignement Sup

République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Université A.MIRA-BEJAIA Département de français École doctorale de français THESE Présentée par ZOUAGUI Sabrina Pour l’obtention du grade de DOCTEUR EN SCIENCES Filière : Français Option : Sciences des Textes Littéraires Thème L’esthétique baroque dans la littérature maghrébine d’expression française. Les cas de : Salim Bachi, Nabile Farès, Mohammed Khair-Eddine, Fawzi Mellah. Soutenue le : 11 juin 2015 Devant le Jury composé de : Nom et Prénom Grade Mme HIMEUR Ouarda Professeur Univ. de Alger 2 Présidente Mme KACEDALI Assia MC classe A Univ. de Alger 2 Rapporteur M. BONN Charles Professeur Univ. de Lyon 2 Co-rapporteur Mme BEKKAT Amina Professeur Univ. de Blida Examinatrice Mme HADJ-NACEUR Malika Professeur Univ. de Alger 2 Examinatrice Mme RANAIVOSON Dominique MC HDR Univ. de Lorraine Examinatrice Année universitaire : 2014 / 2015 2 3 Dédicace A ma chère famille qui m’a soutenue et tolérée durant toutes ces années. A ma mère… Cette Grande Dame de mon cœur. A la mémoire de mon père… Cet homme au charisme exceptionnel qui continue encore à vivre dans ma mémoire, dans mon engagement et dans mon cœur. A la meilleure enseignante qui puisse exister et qui m’a marquée à vie. Mme Fatma Ouali, sans qui la littérature perd toute saveur… Ce modeste travail est mon hommage à vous qui méritez tous les hommages. 4 Remerciements A mon directeur de recherche, Pr. Charles Bonn. Vous que j’ai fatigué des années durant par mes jérémiades et mes retards. Vous avez été patient et confiant. Votre enthousiasme pour ma recherche et votre amitié ont été ce fil d’Ariane qui m’a permis de ne jamais me perdre. A ma directrice de recherche, Dr. Assia Kacedali. Vous qui avez repris ce travail à un moment critique, et qui m’avez accompagnée tout au long de ces années. Vous m’avez fait une confiance qui m’a honorée. Merci pour votre patience, votre soutien et votre humanisme. A tous mes professeurs et mes enseignants qui m’ont formée. Merci pour tout ! A toutes les personnes, amis et collègues, qui m’ont offert des livres et des documents… A toutes les personnes, amis et collègues, qui m’ont prodigué des paroles douces, des conseils éclairants, des encouragements galvanisants, des réprimandes légitimes, des gifles qui secouent, une confiance qui raffermit, un enthousiasme qui rend le sourire… Je vous dis Merci ! Cette thèse n’aurait pas été possible sans vous. A tous mes étudiants, sans exception. Merci de m’avoir tant aimée. 5 Que signifie dans l’histoire des arts ce terme de « gothique fleuri » ? Il signifie qu’il y eut un autre gothique non fleuri, un gothique d’une structure pure. Ou, pour s’exprimer clairement, un gothique classique — aussi classique que l’art grec put l’être à son époque avant le grec baroque. Eugenio d’Ors, Du Baroque. L'écriture-voyage du roman maghrébin va ainsi manifester de plus en plus souvent l'absence d'un lieu de signification. Le voyage n'a plus d'arrivée, et devient donc le lieu même d'une écriture définitivement errante. Charles Bonn, « La littérature maghrébine francophone, ou la parole en voyage ». 6 Introduction générale 7 La « littérature maghrébine d’expression française ». Cette seule appellation est propre à susciter les interrogations les plus légitimes de par le décalage qu’elle suppose entre sa langue d’écriture et l’espace géographique et culturel auquel elle appartient. Bien entendu, de telles interrogations ne sont pas nouvelles dans le domaine de la recherche, puisque toutes les études qui ont jusque-là touché à la littérature maghrébine ont constitué des tentatives de rendre compte de sa spécificité, de ce qui fait qu’elle est « autre » que ce qui est communément appelé « littérature française ». De par son statut de parole à la fois du dedans et du dehors, la littérature de langue française au Maghreb se développe au nœud même de ce faisceau de contradictions, qui l'installent dans le malentendu et la dynamisent en même temps.1 Ainsi parlait Charles Bonn de la complexité de l’identité maghrébine qui commence d’abord par la complexité linguistique, non seulement du côté des langues nationales, l’arabe et le berbère avec toutes leurs variantes, mais aussi avec l’intrusion du français comme langue d’écriture littéraire. L’idée qui retient notre attention dans ce propos de Bonn est l’installation de cette parole dans une sorte de carrefour des lectures et des interprétations qui en accentuent l’aspect aussi ambigu que riche de significations. Ainsi, de par sa langue d’expression, cette littérature maghrébine est à ranger sous l’étiquette de la « littérature francophone ». Rappelons au passage que la francophonie demeure encore une notion plutôt controversée vu ses implications idéologiques et les nombreuses polémiques qu’elle n’a pas manqué de susciter parmi les écrivains des deux rives de la Méditerranée2. Par exemple, le chercheur allemand Alfonso de Toro s’est déjà penché sur l’aspect problématique de cette notion3 en lui reconnaissant une signification ambivalente qui fait que « d’une part, c’est un terme globalisant, et [que] d’autre part il exclut 4». Autrement dit, ce terme est propre à 1 BONN, Charles, KHADDA, Naget, MDARHRI-ALAOUI, Abdallah, La Littérature maghrébine de langue française, Paris, EDICEF-AUPELF, 1996. Disponible sur : http://www.limag.refer.org/Textes/Manuref/lmlf.htm 2 Nous pensons, par exemple, aux violentes polémiques initiées par les écrivains de la revue Souffles, dans le dossier « Nous et la francophonie » dans les numéros 10 et 11 de l’année 1968. 3 Nous le citons comme exemple puisque cette question a déjà constitué l’objet de réflexion de plusieurs chercheurs, tels que J.-M. Moura, M. Beniamino, D. Combe, etc. 4 DE TORO, Alfonso, « Post-colonialisme – post-colonialité – hybridité. Concepts et stratégies dans la francophonie et le Maghreb francophone », 2005, http://www.limag.refer.org/Textes/DeToro/Lyonpostcol2005.pdf 8 rassembler un grand nombre d’écrivains issus des anciennes colonies françaises, et ayant élu le français comme langue d’expression ; ce qui les distingue nettement des Français natifs qui ne font qu’écrire dans leur propre langue maternelle. Or, une différence de statut sera forcément générée : à l’écrivain natif appartenant à la France, pays ex-colonisateur et « Centre » de rayonnement de la langue française, s’opposera l’écrivain francophone qui sera situé dans ce qui est désigné comme la « Périphérie » de ce centre. La relation dialectique entre Centre et Périphérie compte parmi les axes majeurs de la théorie postcoloniale. Celle-ci est l’un des courants critiques les plus récents qui se soient penchés sur les littératures des pays émergés suite aux mouvements d’indépendances qui ont marqué la seconde moitié du XXe siècle. Initiée par les australiens Bill Ashcroft, Gareth Griffiths et Helen Tiffin dans leur ouvrage- manifeste The Empire writes back. Theory and practice in post-colonial literatures1, elle a pour vocation de « décrire et d’analyser les phénomènes d'appropriation ou d'abrogation, de mimétisme ou de résistance, de soumission ou de résistance, de rejet ou de greffe »2 qui imprègnent ces littératures issues de la décolonisation. Elle est ensuite reprise en partie, vulgarisée et adaptée aux littératures dites francophones par le français Jean-Marc Moura3. Cependant l’approche de ce dernier sera très discutable en raison essentiellement du binarisme réducteur qui imprègne certaines de ses positions, notamment sa conception de la « scénographie anthropologique »4 postcoloniale. Mais ce qui nous intéresse le plus, c’est cette « scénographie de la rupture » selon laquelle les écrivains maghrébins affirment leur singularité en s’inscrivant en rupture avec l’esthétique littéraire du Centre dominant, en l’occurrence les canons du roman français classique. A la stabilité qu’offre le roman réaliste traditionnel dit balzacien, à son caractère propice et tout à fait approprié à l’auto-représentation ethnographique, génératrice d’une affirmation forte de soi devant l’Autre (le Centre dominant), ces auteurs semblent préférer une esthétique de l’instable, de l’irrégulier 1 B. ASHCROFT, G. GRIFFITHS, H. TIFFIN, The Empire writes back. Theory and practice in post- colonial literatures, Londres/New York, Routledge, 1989. 2SULTAN, Patrick, « La Francophonie littéraire à l’épreuve de la théorie », http://www.fabula.org/revue/cr/145.php 3 MOURA, Jean-Marc, Littératures francophones et théorie postcoloniale, Paris, PUF, 1999. 4 Dans son article cité en bibliographie, Charles Bonn la bat en brèche en introduisant le principe du tragique, plus susceptible de rendre compte d’une réalité complexe et ambiguë. 9 et de la subversion. Le texte pionnier qui verse dans ce sens demeure incontestablement Nedjma de Kateb Yacine, paru en 1956. Il sera une sorte de tremplin pour une grande partie des écrivains maghrébins qui ne cesseront de s’en inspirer par la suite1. L’une des raisons qui expliqueraient ce travail de destruction des codes classiques de l’écriture est l’appartenance des écrivains maghrébins à un univers postcolonial hybride où la langue de l’ex-colonisateur, vue tantôt comme un héritage précieux, et tantôt comme un chant de sirènes aussi séducteur que meurtrier, est maniée d’une façon qui en dit long sur ces réactions d’attirance/répulsion qu’elle déchaîne. Dans cet ordre d’idées, Alfonso De Toro affirme que « la post-colonialité est un phénomène discursif où les discours prennent leurs sources dans les interfaces ou les intersections, dans l’entre-deux des cultures2». Ainsi en est-t-il de la littérature maghrébine d’expression française qui se situe au carrefour de plusieurs langues et cultures : celles du Maghreb arabo-berbère et uploads/Litterature/ esthetique-baroque-dans-la-litterature-maghrebine-d-x27-expression-francaise.pdf

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