Extrait 5 – Cyrano de Bergerac Introduction Pièce maîtresse d’Edmond Rostand, c
Extrait 5 – Cyrano de Bergerac Introduction Pièce maîtresse d’Edmond Rostand, c’est un succès immédiat. Toute la pièce repose sur un stratagème. Cette pièce est le dénouement : c’est la fin de l’illusion théâtrale. (Cyrano a écrit les gestes de Christian, il s’est occupé des mises en scène, il va même le doubler). Cyrano est profondément un homme de théâtre. Il fait ses adieux à Roxane, et à la scène aussi. Il va être démasqué (raté sa sortie théâtrale). Cyrano est donc acteur de son dernier rôle, mais qui va rater sa sortie. Roxane est la spectatrice, qui sort de l’illusion. Plan : I/ Lecture de la lettre de Christian II/ Révélation : (à partir de « Mais… que je n’entends pas) III/ Relecture du passé sous la forme d’un acte d’accusation (à partir de « Roxane ! ») IV/ Aveu nié de Cyrano (à partir de « Je ne vous aimais pas. ») Problématique : Comment progresse-t-on vers la vérité des êtres ? / Vers la vérité des sentiments ? I/ On assiste à une scène de théâtre : l’auteur va “réciter” son texte. En face de lui, Roxane va commenter le jeu de l’acteur. Il ne s’agit pas d’un dialogue : il ne répond pas à « Tout haut ? ». Il ne v pas se laisser interrompre / sortir de son rôle. Chacun se trouve dans un espace théâtral différent : ils ne se parlent pas. Roxane ne sait pas qu’il est l’auteur du texte qu’il joue. La première découverte à faire est que Christian va être dépossédé de son statut d’écrivain. Roxane va d’abord identifier le véritable auteur de la lettre. Cyrano commence par la lecture de la lettre (côté dramatique). Actualisation de la scène passée par là lectures. Il va pouvoir assumer à titre personnel la situation d’énonciation. On peut remarquer une liaison entre les thèmes de l’amour et de la mort (toujours côté dramatique). On retrouve le champ lexical de la mort : « adieu », « mourir », « jamais plus », « je meurs », avec un ton poignant. On retrouve également le ton dramatique dans le rythme des vers, très saccadé ; dans la solennité de l’apostrophe, et son intensité (« Roxane, adieu, je vais mourir !... »). Cela provoque d’ailleurs un étonnement chez Roxane « Tout haut ? ». Elle est étonnée du passage de la sphère privée à la sphère publique (la correspondance intime est mise en scène). Elle est étonnée de la théâtralisation de l’intime. Elle a passé la lettre à Cyrano pour une autre raison. On peut supposer qu’il n’entend pas ; c’est un acteur concentré dans son dernier rôle. Les commentaires de Roxane vont porter sur la diction/l’expression de Cyrano. Plus il le dit avec les accents d’un acteur convaincu, plus Roxane se distance de Christian (« sa lettre » devient « cette lettre », puis après « les lettres »). Le trouble grandissant de Roxane se traduit par des répétitions : « d’une voix » ; « vous la lisez ». La lettre est d’abord mise en valeur par le rejet « Sa lettre », puis au début du 2e hémistiche (répétition, mais variété de position). De même pour « comme vous la lisez » : d’abord sur le 2e hémistiche, puis sur le premier. De celle n’ait le doute, puis la découverte. Pour Roxane c’est une relecture, pour le spectateur c'est une découverte (lyrisme amoureux extrêmement touchant). On peut observer des phrases courtes, avec une dominante de tournures exclamatives, et beaucoup d’apostrophes. La lettre est touchante dans sa simplicité, avec l’évocation du geste. Elle est empreinte de nostalgie. La tonalité est plutôt sourde. On retrouve des allitérations en -m, ainsi que des va et vient entre le passé, le présent et le futur : « je vais mourir », « ne baisseront », « je serai », « je crois », « je meurs », « je suis ». Le passé simple donne plus de solennité. II/ Importance du « Mais » : conjonction qui marque l’opposition. Elle n’a ici pas une valeur logique, mais une valeur temporelle. Elle le découvre à l’avant, pas de valeur adversative. Marque l’instant de la découverte. Cette prise de conscience se justifie par une observation de mise en scène : La nuit est tombée. L’observation qu’elle fait va lui servir de preuve : interrogative à valeur logique présentée sous forme d’asyndète, ainsi que la mention « il fait nuit ». Elle pose une question qui n’en est pas une. La nuit qui tombe fait penser à la mort qui vient. C’est dans la nuit que va se révéler la vérité. L’expression « joué son rôle » et « drôle », placés à la rime sont du genre de la comédie, mais qui va se révélée tragique. Elle reconnait qu’elle a été dupée, prise dans l’illusion théâtrale. Elle emploie la 3e personne (Distanciation de Cyrano-acteur, pas de dialogue). Elle se parle à elle-même. Elle découvre toute seule le stratagème (fin du stratagème, mais pas par un aveu). On peut souligner l’extrême rapidité de cette prise de conscience, après 14 années d’illusion. III/ Relecture du passé, entraînée par la prise de conscience. On a l’impression d’un juge et d’un coupable, qui nie. Le ton est très incisif, « c’était vous » est répété cinq fois. A chaque fois, il est à une place différente dans le vers. C’est martelé, non agressif, et n’a pas d’effet comique. Elle découvre qu’il était derrière tout (toute les places du vers). Dans ses dénégations, Cyrano fait également des répétitions, et des apostrophes. Alors que « non » porte déjà une négation, il répète « Ce n’était pas moi » ; « Je vous le jure » (aposiopèse pour nier). IV/ C’est un aveu qui se fait arraché. L’intention de Cyrano était juste de faire ses adieux. Là, il est pris au piège, acculé. « Mon cher amour », mis en valeur à la césure, « je ne vous aimais pas » est la 2e moitié. C’est une opposition sémantique, qui décrédibilise l’affirmation qui suit. C’est à ce moment-là seulement qu’ils vont entrer en dialogue. Les personnages se sont “retrouvés”, en réponse à la question. Le dialogue se construit, reprend. Sur le plan métrique, le dernier alexandrin est coupé en 2 : la disposition du vers et la symétrie syntaxique mettent en valeur l’opposition entre les pleurs et le sang. (Les pleurs de Cyrano, la douleur / le sang de Christian (métonymie), sang = incarné). C’est une façon de lui rendre hommage, en justifiant/rappelant que Christian méritait aussi l’amour de Roxane. Il veut laisser sa place au concret. Vérité de l’être dans l’union des deux ? Parallélisme entre « mort » et « né ». Conclusion : C’est une scène de fin, mais aussi une renaissance où chacun retrouve sa vraie place. Cyrano cesse d’être un imposteur, et retrouve une légitimité. Roxane, elle prend conscience de son erreur, et porte sa part de responsabilité. Elle “aurait pu” aimer : ce n’est pas une déclaration. C’est une mort vers une renaissance (du vrai Cyrano) … une fécondité. uploads/Litterature/ extrait-5-cyrano-de-bergerac.pdf
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- Publié le Aoû 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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