1 > Objet d’étude : Littérature contemporaine Véronique CHARPENTIER Séquence 3-
1 > Objet d’étude : Littérature contemporaine Véronique CHARPENTIER Séquence 3-FR01 Fin de partie, Samuel Beckett © Cned – Académie en ligne 3 Séquence 3-FR01 Introduction A Édition recommandée B Objet d’étude et objectifs C Comment travailler ? D Testez votre première lecture E Problématique d’ensemble Chapitre 1 > Contextes A Qui était Samuel Beckett ? B Un « nouveau théâtre » ? C Situation de Fin de partie Chapitre 2 > Quelle dramaturgie ? A Quelle action ? B Un espace de fin du monde C Le temps D Les didascalies Chapitre 3 > Les personnages A L’onomastique B Le corps C Le lien D Le rôle des objets © Cned – Académie en ligne 4 Séquence 3-FR01 Chapitre 4 > La parole, plutôt que l’action A Quel dialogue ? B Raconter des histoires C Le problème de la signification Chapitre 5 > Quelle théâtralité ? A Comique ou tragique ? B La mise en abyme du théâtre C Mettre en scène Lexique © Cned – Académie en ligne Séquence 3-LA21 5 ntroduction Séquence 3-FR01 A Édition recommandée Nous nous reporterons dans ce cours à l’édition de poche : Samuel Beckett, Fin de partie, Éditions de Minuit, 2009 (ISBN 978-2-7073-0070-6). À cette édition renverront les indications de pages entre parenthèses, incluses dans le corps même du cours. Toute référence à des analyses universitaires sera indiquée en note. B Objet d’étude et objectifs Les Instructions Officielles prescrivent l’étude de Fin de partie en « Littérature contemporaine ». L’objectif est de favoriser votre engagement dans l’interprétation personnelle et de vous permettre de mobiliser votre jugement critique en vous confrontant à une œuvre récente, remarquable par les questionnements qu’elle suscite. Or, Fin de partie, pièce « créée (…) le 1er avril 1957 », soit il y a plus de cinquante ans, ne doit plus tout à fait vous apparaître « contemporaine ». D’autant que la pièce est déjà un classique. Quel temps et quelle époque exprime en effet ce théâtre qui nous est contemporain? Si nous sommes ses contemporains, nous sommes aussi les contemporains d’un infini hétéroclite : terrorisme, problèmes d’écologie planétaire, explosion des moyens de communication... S’en tenir là serait réduire la contem- poranéité à une actualité, et la littérature à un art de circonstance. La contemporanéité inscrit dans notre corps le sentiment du temps qui passe et de la simultanéité des événements en plusieurs espaces. Mon corps et ma mémoire sont contemporains de multiples manières : je puis me sentir contemporain de mon siècle, comme du moment présent. Du coup, je considère ma propre finitude. Or, Fin de partie, fait de la fin et de la finitude son sujet. L’œuvre de Samuel Beckett donne ainsi accès aux problématiques de la littérature contemporaine et est emblématique du rapport de l’homme contemporain au langage et au monde. C Comment travailler ? Première lecture de l’œuvre : lisez la pièce pour le plaisir de vous laisser entraîner dans l’univers de Beckett. Laissez-vous surprendre. À l’issue de cette première lecture, notez vos premières impressions : questions, troubles, plaisirs, dégoûts, ennui, envies de rire, de sourire, ou de pleurer… Deuxième lecture : relisez la pièce intégralement, mais le crayon à la main. Essayez de repérer le retour de certaines répliques, de certains objets, de certains gestes (notez le numéro des pages). Interrogez-vous sur l’enjeu et la progression de cette « partie ». Vous êtes mûr(e) pour « tester » votre lecture (voir ci-dessous : D). Vous pouvez passer à l’étude du cours : Ce cours propose un parcours raisonné de l’œuvre. Il fait alterner l’examen d’extraits, prolongement de la lecture analytique que vous avez appris à maîtriser en Première, des parcours thématiques plus synthétiques qui touchent l’ensemble de l’œuvre, et des lectures cursives de documents. Ne négligez pas les questions préparatoires : l’épreuve demande moins l’accumulation d’un savoir, que l’expérience d’une réflexion personnelle. Suivez les conseils donnés dans les prolongements : ils vous permettront de mettre l’œuvre en perspective. Chaque mot du cours suivi d’un astérisque est expliqué dans un lexique en fin de cours. N.B N.B © Cned – Académie en ligne 6 Séquence 3-FR01 D Testez votre première lecture Exercice autocorrectif n°1 Qui sont Nagg et Nell ? Dans quel ordre les épisodes suivants sont-ils présentés dans la pièce ? a) Clov fait de l’ordre ; b) La puce de Clov ; c) L’histoire du tailleur ; d) Le mur creux ; e) Clov chante ; f) La mort de Nell. Citez trois histoires contées par les personnages. Résumez le « roman » de Hamm. Citez quatre objets manipulés par les personnages. Pourquoi Clov ne tue-t-il pas Hamm ? Qui est la mère Pegg ? Que dit découvrir Clov la dernière fois qu’il regarde par la fenêtre ? Clov parvient-il à quitter Hamm ? Comment comprenez-vous le titre ? Corrigé de l’exercice autocorrectif n°1 1. Nagg et Nell sont les parents de Hamm. Culs-de-jatte depuis un accident de tandem dans les Ardennes (p. 29), ils sont placés dans des poubelles « à l’avant-scène à gauche » (p. 11). 2. Ordre des épisodes : 1. L’histoire du tailleur (p. 33) – 2. Le mur creux (p. 40) – 3. La puce de Clov (p. 48) – 4. Clov fait de l’ordre (p. 76). – 5. La mort de Nell (p. 81). – 6. Clov chante (p. 93). 3. et 4. Les histoires : L’histoire du tailleur (p. 33) racontée à Nell par Nagg pour la « dérider » ; le fou de Hamm (p. 49) ; le conte de Noël ou le « roman » de Hamm (histoire du mendiant qui vient lui confier son fils : p. 69-72, puis p. 78-80). Les passages relatifs au récit de cette dernière histoire mettent en parallèle les commentaires de Hamm créant le style du récit et le récit lui-même ; on reconnaît dans celui-ci des faits qui peuvent renvoyer à la manière dont Clov a été recueilli par Hamm (cf. p. 54). 5. Les objets : l’escabeau dont se sert Clov pour grimper aux fenêtres et la lunette employée pour observer ce qui se passe à l’extérieur, la poudre anti-puce qui sert aussi à tuer Nell, son costume de voyage et sa valise ; la gaffe, le mouchoir, le chien en peluche, les lunettes, le cathéter, le fauteuil rou- lant, le tableau retourné contre le mur de Hamm ; les poubelles de Nell et Nagg, le bonnet de dentelle de Nell. Effectivement présents et visibles sur scène, ou n’existant que dans les propos des personnages, comme le buffet, ces objets meublent la scène de manière dérisoire et dénotent l’infirmité des personnages, ou – comme le chien, le tableau ou la lunette – le désir de voir autre chose, de se distraire de la mort. 6. et 9. La question est posée par Hamm lui-même (p. 20), conscient que ses récriminations et exigences constituent pour Clov une torture morale. La réponse de Clov, « Je ne connais pas la combinaison du © Cned – Académie en ligne 7 Séquence 3-FR01 buffet », révèle de manière comique (par la trivialité de la raison invoquée et l’association du buffet à un coffre-fort par le terme de « combinaison ») le dénuement extrême des personnages, réduits à subsister plutôt qu’à vivre, et la cruauté de leurs rapports : l’infirmité extrême de Hamm s’inversant en puissance de rétorsion privant Clov ou son propre père, Nagg, de nourriture. Cet échange est l’un des nombreux qui donnent son unité à la pièce en montrant l’interdépendance étroite des personnages qui ne peuvent se séparer les uns des autres, en dépit du désir qu’ils expriment. Ainsi, en dépit des menaces de quitter Hamm réitérées tout au long de la pièce par Clov, celui-ci revient se poster près de Hamm, en habit de voyage et avec sa valise, alors qu’il était prêt à partir (p. 108). 7. Clov accuse Hamm d’avoir laissé mourir la mère Pegg, une petite vieille qui a sans doute été une maîtresse de Hamm dans sa jeunesse, « d’obscurité » (p. 58 et 96-97), en lui refusant égoïstement la lumière qu’elle lui demandait. Pour chacun des personnages, on peut ainsi trouver une sorte de « faute » introduisant le thème de la culpabilité, sans que le lecteur ou le spectateur soit vraiment convaincu de la relation de cause à effet entre cette « faute » et le châtiment que peut sembler constituer l’état misérable dans lequel se trouvent les personnages. Il s’agit plutôt de faire sentir le besoin d’explication, le désir de sens, qu’éprouve l’homme devant l’extrême souffrance – ici, la fin de vie et l’impossibilité de la déterminer de manière consciente. 8. Clov remplace en quelque sorte les yeux dont Hamm ne peut plus se servir. À la demande de Hamm, il grimpe régulièrement sur l’escabeau pour examiner les alentours, vers la mer, ou vers la terre, dévastés et vides. Vers la fin de la pièce, Clov dit apercevoir un enfant. Curieusement, cette découverte laisse fina- lement Hamm uploads/Litterature/ fin-de-partie-samuel-beckett-analyse-et-etude.pdf
Documents similaires










-
31
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 28, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.5012MB