Institut National des Langues et Civilisations Orientales École doctorale N°265

Institut National des Langues et Civilisations Orientales École doctorale N°265 Langues, littératures et sociétés du monde CERMOM THESE présentée par Francesca GORGONI soutenue le 27 février 2017 pour obtenir le grade de Docteur de l’INALCO Discipline : Littératures et Civilisations La Traduction hébraïque du Commentaire Moyen d’Averroès à la Poétique d’Aristote : étude, édition du texte hébreu et traduction française avec glossaire hébreu-arabe- français Thèse dirigée par : Monsieur Alessandro GUETTA Professeur des universités, INALCO Monsieur Pierre LARCHER Professeur Émérite, Université Aix-Marseille RAPPORTEURS: Madame Sarah STROUMSA Professeur des universités, Université Hébraïque de Jérusalem Monsieur Mauro ZONTA Professeur associato, Université « La Sapienza » di Roma MEMBRES DU JURY : Monsieur Philippe CASSUTO Professeur des universités, Université Aix-Marseille Monsieur Alessandro GUETTA Professeur des universités, INALCO Monsieur Pierre LARCHER Professeur Émérite, Université Aix-Marseille Madame Colette SIRAT Professeur Émérite, EPHE Monsieur David WIRMER Professeur des universités, Université de Cologne 2 3 I Première Partie Introduction…………………………………………………………………..….p. 9 1.Le Be’ur Sefer ha-Shir dans le contexte philosophique de la Provence du XIVe siècle…………………………………………………..p.13 1.1. La tradition de la Poétique d’Aristote dans le monde juif médiéval……………………………………………………………………...p.20 1.2 Description de l’ouvrage………………………………………………p.22 1.2.2Noyaux de la Poétique d’Aristote…………………………………… p.22 1.2.3Les développements conceptuels du Be’ur Sefer ha-Shir …..………p.27 2.Todros Todrosi traducteur-philosophe provençal du XIVe siècle 2.1Todros Todrosi d’Arles : un esquisse historique et sociale……………..p.33 2.2Le corpus des traductions de Todrosi…………………………………….p.39 2.3L’Art Poétique d’Aristote dans la littérature juive médiévale : entre esthétique littéraire et pédagogie de l’action……………………..………………………….....p.41 II Deuxième Partie 3.La tradition textuelle du Commentaire Moyen à la Poétique : une inclusion tardive parmi les livres logiques 3.1La tradition de l’antiquité tardive ………….……………………………...p.51 3.2. La tradition syro-arabe ………………………………………………........p.55 3.3. La tradition hébraïque……………………………………………………..p.59 4. La traduction de Todros Todrosi 4.1De l’arabe à l’hébreu : le contexte des traductions philosophiques……....p.62 4.2La méthode de travail : l’haqdamah de Todrosi et le Kitāb al-ʿayn……....p.66 4.3Le lexique du Be’ur Sefer ha-Shir : les termes clés et la grammarie philosophique………………………………………………………………………p.71 4 III Troisième Partie 5. Critères de l’édition critique et de traduction………………………………...p. 81 5.1 Description des manuscrits, colophons et histoire textuelle……………...p. 82 5.2 Les colophons…………………………………………………………….…..p.87 5.3 Analyse philologiques des manuscrits et stemma codicum………………p. 90 Le Be’ur Sefer ha-Shir Edition du texte hébreu et traduction critique en langue française………….p. 103 6. Analyse des chapitres…………………………………………………….……p. 228 Pereq rishon………..……………………………………………………..…p. 229 Pereq sheni…………..……………………………………………………....p. 232 Pereq shelishi…………………………………………………………….….p. 234 Pereq revʿi…………………………………………………………………...p. 236 Pereq ḥamishi..…………………………………………………………..…..p. 240 Pereq Shishi………………………………………………………………..…p. 244 Pereq shivʿi………………………………………………………………..…..p. 246 Glossaire hébreu-arabe-français……………………………………………….…p. 253 Appendice…...…………...………………………………………………….…….. p. 266 Bibliographie………………………………………………………………..…...…p. 269 5 Critères de translittération de l’arabe Nous ne signalons que les lettres qui ont besoin d’un système de signes spécifiques. Le modèle est celui d’Arabica. ث ṯ ; ج ǧ ; ح ḥ ; خ ḫ ;ذ ḏ ; ش š ; ص ṣ ; ض ḍ ; ط ṭ ; ظ ẓ ; عʿ ;غ ġ Critères de translittération de l’hébreu Nous ne signalons que les lettres qui ont besoin d’un système de signes spécifiques. חḥ ; טṭ ; י y ; כּ k ; כ kh; ס s ; ע ʿ ; צẓ ; ק q ; שׁsh ; שׂ ś 6 7 τὸ ὄν λέγεται πολλαχῶς remerciements Je voudrais remercier d’abord mes directeurs de recherche, Monsieur le Professeur Alessandro Guetta et Monsieur le Professeur Pierre Larcher. J’ai eu le privilège d’étudier avec eux pendant mes années de thèse et de bénéficier de deux interlocuteurs uniques pour leur écoute et pour leur profondeur d’esprit. J’ai reçu la transmission d’une science, comprise en tant que cohésion entre la rigueur de la méthode scientifique et l’écoute attentive et sensible de la dimension humaine des textes anciens ainsi que de notre relation avec l’étude. A eux vont mes remerciements le plus vifs pour m’avoir transmis une forme d’adab historiographique ainsi que deux langues et deux cultures, en mettant toujours en lumière l’équilibre délicat entre particularisme et universalité, entre les zones de contact et celles de distance. Je tiens à remercier aussi Monsieur le Professeur Gad Freudenthal (CNRS), Monsieur le Professeur Jean-Baptiste Brenet (Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Monsieur Philippe Bobichon (CNRS-Irht, Section Hébraïque), Madame le Professeur Caterina Rigo (Université Hébraïque) ainsi que le jury de thèse, Madame le Professeur Colette Sirat (CNRS-Irht, Section Hébraïque) Monsieur le Professeur David Wirmer (Université de Cologne), Monsieur le Professeur Mauro Zonta (Université de Rome « La Sapienza »). Aux rapporteurs Monsieur le Professeur Sarah Stroumsa (Université Hébraïque) et Monsieur le Professeur Mauro Zonta j’adresse mes remerciements les plus chers pour avoir contribué à cette thèse avec leurs ouvrages, mais aussi avec leurs conseils de vive voix et leur évaluation du travail. Il m’est difficile de trouver les mots pour remercier une amie et un maître, Samuela Pagani (Université du Salento) qui a toujours été à mes côtés pendant ces années d’étude. Notre lecture à haute voix du Talḫīṣ a animé le texte qui soudainement prenait vie sous nos yeux. Depuis notre première rencontre, grâce à nos dialogues, j’ai toujours compris, à nouveau, et à plusieurs profondeurs différentes, les raisons de l’engagement dans mes études. Je dédie un remerciement spécial à mon amie Arlette Burgos Leon, énergie vivante dans les moments difficiles et excellente traductrice, qui entre le beau cadre d’Ostia Antica et nos nombreux emails, m’a donné les clés d’accès à la langue française, à sa grammaire et à son esprit. Cette thèse est aussi le résultat de son aide attentive, délicate et toujours joyeuse. Les chers amis que j’ai eu la chance de rencontrer pendant mes séjours à Aix-en-Provence, à Paris, à Haïfa et à Jérusalem : Chiara, Emma, Francesco, Lotem, Giacomo, Rachele, Erica, Yakir pour ne mentionner que les plus proches, sont les personnes qui ont adouci mes jours et avec lesquelles je sens un lien tout à fait particulier. Si j’ai réussi à faire face à toutes les nouveautés et les difficultés de ces années, je le dois certainement à la présence solide et au soutien toujours brillant et intelligent de ma famille, les nerot tamid de ma vie : mon père, ma mère, ma sœur mon frère, Carla, Michael, Samuela, Emanuele et Barbara. A eux mes sentiments d’amour les plus profonds. *** Aux remerciements scientifiques et personnels je voudrais ajouter mes remerciements à l’INALCO de Paris pour m’avoir accordé le privilège d’une allocation de recherche pendant les années 2012-2015 et à la Rothschild Foundation Europe ha-Nadiv pour le financement de la dernière année de thèse 2015-2016. 8 9 Introduction Nous présentons ici l’édition critique et l’étude du Be’ur Sefer ha-Shir le-Arisṭo, à savoir la traduction hébraïque du Talḫīṣ Kitāb aš-Šʿir, le Commentaire Moyen d’Averroès à la Poétique d’Aristote. Cette traduction a été achevée en 1337 par Todros ben Meshullam ben David Todrosi d’Arles, un des derniers traducteurs-philosophes alors actifs en Provence qui contribuèrent à introduire la pensée antique gréco-arabe au sein de la culture juive médiévale. Deux raisons en particulier m’ont amenée à l’étude du Be’ur Sefer ha-Shir : d’une part, la nature philosophique du texte, à cheval entre éthique et esthétique, entre théorie de l’imagination et théorie de la praxis ; d’autre part, l’intérêt pour cette page négligée de l’histoire de la pensée philosophique juive qu’il faut, au contraire, considérer comme un des noyaux théoriques du XIVe siècle. La traduction du Be’ur Sefer ha-Shir a été achevée durant un siècle crucial de l’histoire de la pensée philosophique juive médiévale. En 1306, la polémique anti-maïmonidienne, qui avait enflammé les communautés juives d’Espagne et de Provence au XIIIe siècle, arrivait à son terme avec la décision de prohiber les études philosophiques avant l’âge de 25 ans. Au même moment, dans les milieux philosophiques, une révolution culturelle était en acte et se caractérisait, d’un côté, par la poursuite des expériences philosophiques élaborées au cours du XIIIe siècle, et de l’autre, par une ouverture aux relations avec la scolastique latine et l’introduction d’une forme d’aristotélisme filtré par des sources plus proches du néo-platonisme que du rationalisme traditionnel, non seulement les commentaires d’Averroès et de Fārābī mais aussi, par des sources liées à la tradition d’Avicenne et son école. Todros Todrosi, traducteur et philosophe à Arles, de 1330 à 1340, est un des protagonistes de cette nouvelle page de l’histoire de la pensée philosophique juive. C’est une figure emblématique de ce passage, entre continuité et innovation. Son activité de traduction de l’arabe à l’hébreu est liée à la méthode mise en place par l’école philosophique des Tibbonides, mais ses choix de traductions correspondent au climat culturel de son époque. Ses traductions comptent les commentaires d’Averroès et de Fārābī aux livres de l’Organon à la Physique, mais aussi des ouvrages d’auteurs très rarement traduits, comme Avicenne, ou complètement inédits, comme Faḫr ad-Dīn ar-Rāzi. Un intérêt nouveau et extensif pour la psychologie, l’éthique et la fonction de l’imagination dans l’épistémologie aristotélicienne s’installe parallèlement au débat interne de la philosophie scolastique et de la théologie chrétienne sur la valeur de la déduction et de l’intuition et leur rapport avec la querelle sur les universaux. La question de la valeur épistémologique de l’imagination constitue un des problèmes centraux de la philosophie et de la théologie médiévales et comprend la réflexion sur la fonction de la langue et le rapport entre langue-révélation-vérité. Le Be’ur Sefer ha-Shir touche uploads/Litterature/ gorgoni-francesca-va.pdf

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