grammaire du texte • 563 Grammaire du texte I Anaphore (voir aussi Stylistique)

grammaire du texte • 563 Grammaire du texte I Anaphore (voir aussi Stylistique) On nomme anaphore le procédé qui consiste à reprendre sous une autre forme linguistique un terme figurant déjà dans le texte. Dans l’exemple suivant, c’est un pronom qui reprend un groupe nominal : ➛« J’ai rencontré mon cousin Paul hier. Il arrivait de New York. » – La reprise peut aussi s’effectuer sous une forme lexicale. Le nouveau groupe nominal reprend le précédent, souvent sous la forme d’un équivalent synonymique ou d’un parasynonyme. De nom- breux effets de sens sont possibles en fonction du terme de reprise choisi. ➛« Il m’avait dit qu’il lui manquait un peu d’argent. La somme s’élevait à 200 euros. » – La reprise prend la forme d’une nominalisation quand ce sont des phrases appartenant au contexte antérieur qui sont reprises. Au lieu de reprendre un seul groupe nominal, la nominalisa- tion reformule le sens contenu dans ces phrases : ➛« La voiture fit une embardée et quitta la route après avoir heurté la glissière de sécurité. L’accident n’a heureusement fait aucune victime. » I Cohérence/Cohésion La cohésion d’un texte est produite par l’enchaînement de ses propositions. Pour assurer ces enchaînements, l’émetteur dispose de nombreux moyens linguistiques : anaphoreso, connec- teurso, répartition des informations entre thèmeo et proposo, etc. La cohérence d’un texte provient de la capacité du lecteur à interpréter le texte pour en com- prendre le sens. La cohérence n’est donc pas uniquement linguistique, elle fait appel à des règles de logique et de vraisemblance, tandis que la cohésion repose avant tout sur le respect de règles de bonne formation syntaxique du texte. Dans la pratique, il est souvent difficile de distinguer les deux notions. Sans doute un texte non cohésif ne peut pas être cohérent, par exemple en cas « d’anarchie » dans l’emploi des temps, d’oubli de liens logiques, etc. Mais, à l’inverse, un texte très « cohésif » peut ne pas avoir de sens, comme par exemple l’argumentation de certains malades mentaux qui savent enchaîner les pro- positions entre elles, mais pour produire des raisonnements aberrants. I Chaîne référentielle On appelle chaîne référentielle l’ensemble des termes anaphoriques qui renvoient tous à un même élément premier introduit dans le texte. ➛« Un roi avait un seul fils , il l’ aimait tout comme la prunelle de ses yeux, mais ce prince était toujours malcontent. Il passait des journées entières à son balcon, l’ œil au loin. « Mais qu’as-tu donc? lui demandait le roi… » (La chemise de l’Homme content, conte traditionnel). Deux chaînes sont ici présentées. – La première est celle qui commence par « un roi » : toutes les expressions en gras dans la suite du texte renvoient au roi. – La seconde est celle de « un seul fils » : toutes les expressions encadrées dans la suite du texte renvoient au fils du roi. I Connecteur (logique, spatial, temporel) On appelle ainsi un mot ou une locution qui ont un rôle de liaison dans le texte tout en soulignant sa structuration. On distingue : – des connecteurs spatiaux : ici, là, ailleurs, plus loin, en haut, en bas, à droite, à gauche, devant, derrière, au-dessus, au-dessous, etc., qui servent souvent à structurer des descriptions; – des connecteurs temporels : d’abord, après, ensuite, alors, puis, soudain, tout à coup, etc., qui mar- quent une succession chronologique et que l’on retrouve le plus souvent dans des textes narratifs; 564 • mémento de langue – des connecteurs logiques ou argumentatifs, qui marquent différents types de relation dans un texte : mais, pourtant, cependant, néanmoins, toutefois, au contraire, etc. pour la concession ou l’opposition; car, en effet, c’est pourquoi, aussi, ainsi, etc., pour une explication ou une justifica- tion; – et l’on peut ajouter : les connecteurs reformulatifs (autrement dit, en d’autres termes, etc.), énumératifs (enfin, bref, etc.), de complémentation (d’ailleurs, de plus, etc.) conclusifs (donc, ainsi, en tout cas, etc.). I Progression thématique Les informations apportées dans un texte s’enchaînent de manière différente selon l’ordre de reprise du thèmeo et du proposo. Leur progression peut être : – à thème constant : le thème demeure le même dans l’enchaînement des phrases. Ce sont les propos qui apportent dans chaque énoncé une information différente. ➛« Cosette ne lui fit pas de questions, ne s’étonna plus, ne s’écria plus qu’elle avait froid, ne parla plus du salon; elle évita de dire ni père ni monsieur Jean. Elle se laissa dire vous. Elle se laissa appeler madame. » (V. Hugo, Les Misérables) – linéaire : le propos du premier énoncé devient le thème du second; le propos du second énoncé devient le thème du troisième, etc. ➛« Marius depuis cinq ans avait vécu dans la pauvreté, […] mais il s’aperçut qu’il n’avait point connu la vraie misère. La vraie misère, il venait de la voir. C’est qu’en effet qui n’a vu que la misère de Propos 1 Thème 2 Propos 2 Thème 3 l’homme n’a rien vu, il faut voir la misère de la femme. Qui n’a vu la misère de la femme n’a rien vu, Propos 3 Thème 4 il faut voir la misère de l’enfant. (V. Hugo, Les Misérables) Propos 4 – à thème éclaté : les différents thèmes se rattachent à un même thème (l’hyperthème). ➛« Le deuil, un deuil poignant, était dans cette chambre. La servante se lamentait dans un coin, le curé priait, et on l’entendait sangloter, le médecin s’essuyait les yeux ; le cadavre lui-même pleurait. » (V. Hugo, Les Misérables) L’hyperthème « deuil » est développé sous forme des pleurs de trois, voire quatre actants (le cadavre!). I Texte (définition) On appelle texte la forme concrète prise par le discourso quand il se réalise à l’écrit. I Thème/ Propos Le thème est ce dont on parle, l’information connue qui sert de point de départ dans un énoncé. Le propos est ce qu’on dit du thème. Le propos constitue l’information nouvelle apportée à l’énoncé. ➛« Quant au Président du Club, il faut qu’il démissionne. » Le thème est constitué ici par l’objet de l’information, à savoir : le Président du Club. Le propos est ce qu’on dit de lui, à savoir : sa démission attendue. Ce découpage de la phrase ne se confond pas avec l’analyse syntaxique en GN et GV. Le point de vue est différent : il s’agit ici de mettre en valeur une information nouvelle (la démis- sion nécessaire du président) par la structuration de la phrase. uploads/Litterature/ grammaire-du-texte.pdf

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