I T suda tsuo Une philosophie à vivre Il est des œuvres à découvrir à tout âge
I T suda tsuo Une philosophie à vivre Il est des œuvres à découvrir à tout âge et à toute époque, des cheminements à partager. Si vous cher chez à mieux vous connaître, à trouver la voie de votre liberté, vous ne pourrez qu’être sensible à l’esprit d’Itsuo Tsuda. Le corps s’en est allé, mais son âme résonne dans les neuf ouvrages qu’il a écrits et dans le regard de ceux qu’il a accompagnés. par l’Ecole de la Respiration photos : Dominique Guiraud M M onsieur Tsuda s’est montré très discret sur sa vie. Les quelques éléments qu’il livre au fil de ses ouvrages permettent néanmoins de com prendre un peu mieux son parcours et ses recherches. De l’enfance à l’adolescence Itsuo Tsuda naît en Corée, à Pusan, en 1914, dans une famille Japonaise aisée, ouverte sur l’Occident. Son père a émigré très jeune au Canada où il possède des pro priétés. Fortune faite, il reviendra s’instal- ler en Corée. Itsuo Tsuda a un an quand sa sœur aînée, de deux ans plus âgée, meurt suite à une intervention médicale. Sa mère est profon dément affectée par ce décès et tombe malade (Livre 7, p. 35). Elle-même mourra quelques années plus tard alors qu’il est encore adolescent. Itsuo Tsuda découvrant une calligraphie du poète Hakuin Bien qu’héritier désigné des entreprises donnée en cadeau par ses élèves européens. familiales, il souhaite suivre son propre chemin. En désaccord avec son père, il s’enfuit vers la Chine alors qu’il est enco re adolescent. Retrouvé par sa famille, il se réconcilie avec son père. Ses maîtres et ses influences Itsuo Tsuda vient étudier en France, à Paris, à l’âge de vingt ans. De Marcel Granet et Marcel Mauss… Il suit à la Sorbonne les cours de Marcel Granet (sinologue) et de Marcel Mauss (sociologue). Ces études sont interrom pues par la guerre. En 1940, alors que les armées allemandes sont à 50 km de Paris, il reçoit l’ordre de quitter la France et reprend le bateau pour rentrer en Asie. Ses connaissances en langues étrangères lui vaudront d’être employé par l’armée japonaise dans le domaine des transmis sions. A ce poste, il sera l’un des premiers Japonais à prendre connaissance de la nature inconnue jusque-là des bombes larguées sur le Japon en août 1945. …à Haruchika Noguchi et Mori hei Ueshiba Dans les années 60, il va approfondir avec quelques maîtres du Japon contem porain une philosophie très vivante dans son pays. Cette philosophie, implicite dans l’apprentissage et la pratique des arts traditionnels, concerne la source de l’action : Si l’action (en Occident) est considérée comme la projection sur le plan de la réalité d’une opération intellec tuelle, l’action pour les maîtres japonais est la vie même. (Livre 4, p. 37) Il commence l’étude du théâtre Nô dans la tradition Kanzé, et plus tard, il aimera terminer ses stages de mouvement régé nérateur par une récitation de Nô. La récitation du Nô s’adresse à la sensibilité du spectateur qui peut recevoir l’intensi- té et la teneur du drame au-delà de la barrière de la langue. Il découvre le seïtaï et le mouvement régénérateur qu’il étudiera de nom breuses années auprès du fondateur, Haruchika Noguchi. Appelé auprès de Me Ueshiba pour ser vir d’interprète aux premiers élèves occi dentaux, il deviendra son élève. Il a alors 45 ans et il restera auprès de ce maître pendant 10 ans jusqu’à sa mort en 1969. Monsieur Tsuda sera très sensible à l’in- fluence du Shinto dans l’Aïkido de Me Ueshiba. Sa rencontre avec Mme Naka nishi (qui enseigna le kototama à Me Ueshiba) lui laissa entrevoir la profon deur de cette influence : Tout semble être basé sur la résonance (…) On oublie le fait que chacun est maître de soi. C’est afin de faire sortir les gens de cette ignorance qu’elle donne un coup de main. Cette idée recoupe celle de Noguchi, avec des moyens différents, des expressions diffé rentes. (Livre 8, p. 111 & 137) Il rencontrera également Me Deshimaru en France. La diffusion du mouvement régé nérateur en Europe En 1968, il obtient de Me Noguchi l’en- couragement pour propager le mouve ment régénérateur en dehors du cadre de l’association Seïtaï qui en avait gardé l’exclusivité (Livre 4, p. 168). Itsuo Tsuda a en effet la conviction que le mouve ment régénérateur peut avoir les mêmes effets de normalisation du terrain que la technique du seïtaï*. Quelques mois après le décès de son père et de Me Ueshiba, Itsuo Tsuda vient s’installer définitivement en Europe. En 1969, il fera en France les premières conférences sur le mouvement régénéra teur. Il s’y installera, tout en allant très régulièrement animer des stages et pro pager son enseignement dans différents pays d’Europe où des dojos se créent peu à peu (Genève, Bruxelles, Milan, Madrid, Ibiza, Palma). Sa philosophie et son enseignement Itsuo Tsuda se considère d’abord et sur tout comme un écrivain et un philosophe qui souhaite faire redécouvrir certains aspects de l’humain qui ont été perdus de vue en Occident depuis la Renaissance. C’est vers l’âge de quarante ans qu’il remet en question sa façon de penser : J’ai été formé, comme tout le monde, par une éducation dont la base se trouve dans le rationalisme, sans lequel toute organisa tion deviendrait impossible dans une société civilisée. C’est vers l’âge de 40 ans qu’un certain déclic s’est produit en moi, à la suite de quoi toute la structure de ma TÉMOIGNAGE Laisser venir ce qu’il y a d’authentiquement nous-même en nous. J’ai reçu de Monsieur Tsuda plusieurs messages précis à travers lesquels j’ai pu perce- voir des indications, et même des directions pour ma vie. Les voici dans l’ordre où ils se sont présentés pour moi dans le temps : - Ce que l’on perçoit à l’inté- rieur est au moins aussi déter- minant que ce que l’on perçoit de l’extérieur de ce qui nous entoure. (La Tranche sur Mer) - Notre attention doit se porter en priorité sur les éléments vitaux de notre vie, les éléments essentiels au moment présent, et à l’époque présente. (Genève) - Chaque personne est diffé- rente (chaque individu), aussi les réponses apportées à tel ou tel élève peuvent-elles différer sensiblement. - Il faut terminer chaque chose. Aller jusqu’au bout de ce que l’on peut faire, et conclure. Exemple : quand on quitte un endroit, un stage, on le quitte pour de bon, c’est un espace- temps terminé, que l’on referme en partant, libre de tout lien, si ce n’est que l’on reste relié, mais d’une façon pure, sans regret, sans chose non réglée, non terminée, qui traînerait. (Cou- longes sur l’Autize) - La vie se vit en direct, et non par l’intermédiaire de concepts, ni sous l’influence des condi- tionnements reçus. (Paris) Les propos de Monsieur Tsuda était bien évidemment de nous aider à sortir de nos difficultés et des “mauvais” plis avec lesquels nous avions l’habitude de vivre, en permettant, à cha- cun, de laisser venir ce qu’il y a d’authentiquement nous-même en nous. Ce qui se trouve caché et enfoui par des habitudes et conditionnements dont nous sommes inconscients. Aboutir à un contact beaucoup plus direct avec la vie, avec beau- coup moins d’a priori, a été et continue d’être pour moi le résultat de cette démarche. F. D. 42 Génération Tao n° 27 - hiver 2002/03 Génération Tao n° 27 - hiver 2002/03 43 A mesure que la pensée a été remise en question. J’ai cable. (Présentation de la Pratique commencé à voir le monde d’un œil Respiratoire) tout à fait nouveau (Livre 7, p. 10). Il - La normalisation de la sensibilité est de notre vie, celle-ci sensation s’éloigne engage alors une démarche qui bous- la seule chose qui m’intéresse. (Livre 9, cule les évidences et les a priori com- p. 32) munément admis : l’a priori du temps - C’est afin de nous dégager de l’empri- se prive de tout ce et de l’espace, la dualité du moi et de se d’imaginations figées que j’ai entre- l’environnement, la causalité, la supé- pris mon travail en Europe. (Livre 9, qui est naturel : riorité de l’esprit sur la matière, la p. 134) le mouvement force de la volonté, le pouvoir apporté - J’ai entrepris ce travail afin de libérer par les connaissances, etc. les individus de l’engrenage social, de leur faire comprendre qu’il n’y a pas naturel et spontané Une philosophie l’agréable et le d’autre maître que soi-même, et qu’un du corps, de l’inconscient échec vaut parfois mieux qu’une réussi- Il affirme dans ses livres venir propo- te… Aucune formule n’est valable tant la différence entre ser à l’Occident une philosophie de que l’Individu ne se sent pas vivre. S’il l’inconscient (Livre 7, p. 9), mais l’in- se sent vivre pleinement, il ne manque- conscient dont il parle n’est pas celui ra pas de trouver sa formule à lui. le fonctionnement désagréable, des psychanalystes. C’est ce que le Seï- (Livre 4, p. 5-6) taï appelle Le cœur de ciel pur (…) - La liberté surgit de uploads/Litterature/ gtao-itsuo-tsuda3-pdf.pdf
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- Publié le Oct 07, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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