institut FranÇais du ProCHe-orient bulletin d’études orientales tome lViii anné
institut FranÇais du ProCHe-orient bulletin d’études orientales tome lViii années 2008-2009 damas 2009 © 2009, INSTITUT FRANÇAIS DU PROCHE-ORIENT B.P. 344 - Damas - Syrie Téléphone : (963 11) 33 20 214 Télécopie : (963 11) 33 27 887 internet : www.ifporient.org courriel : diffusion@ifporient.org ISSN : 0253-1623 ISBN : 978-2-35159-143-7 Dépôt légal : 3e trimestre 2009 Le Bulletin d'Études Orientale (BEO) est publié par l'Institut français du Proche-Orient (UMIFRE 6, CNRS-MAE, USR 3135) Directeur des publications de l’Ifpo : François Burgat Directeur du BEO : Pierre Lory Responsable : Nadine Méouchy Site de Beyrouth Infographie et PAO : Rami Yassine Technicien supérieur PAO : Antoine Eid Site de Damas Techniciennes PAO : Lina Khanmé-Sberna Nadima Kremid Rana Darrous Diffusion Coordination et diffusion générale Liban et étranger : Lina Nacouzi Diffusion Syrie : Lina Chamchikh, Fatina Khoury-Fehde Diffusion Jordanie : Mohammed al-Khalaf Presses de l’ Bulletin d’Études Orientales publication annuelle éditée par l’institut français du Proche-Orient Direction des études arabes, médiévales et modernes UMIFRE 6, CNRS-MAÉE, USR 3135 Comité éditorial : denise aigle, directeur d'études à l'ePHe, Paris antoine Borrut, professeur assistant à Maryland university, eu Jamal Chehayed, professeur à l’iFPO, damas luc deheuvels, professeur à l'inalCO, Paris Pierre larCher, professeur à l'université de Provence Jérôme lentin, professeur à l’inalCO, Paris Jean-Paul PasCual, directeur de recherches, Cnrs Manfred KroPP, professeur à l'université de Mainz abdul-Karim rafeq, professeur au College William & Mary, Williamsburg, eu Bethany WalKer, professeur à Missouri state university Comité de leCture : andré Binggeli, chargé de recherche au Cnrs / irHt Marie-Odile rousset, chargée de recherche au Cnrs / uMr 8167 Petra sijPestijn, professeur à l’université de leiden Katia ZaKharia, professeur à l’université de lyon ii abdallah CheiKh moussa, professeur à l’université de Paris iV Jean-Patrick guillaume, professeur à l’université de Paris iii lidia Bettini, professeur à l’université de Florence Claude audeBert, professeur émérite à l’université de Provence Heidi toelle, professeur à l’université Paris iii Paul CoBB, professeur à university of Pennsylvania, eu anne-Marie eddé, directeur de recherches au Cnrs / irHt ray mouaWad, professeur à l’université saint-Joseph, Beyrouth Fred donner, professeur à university of Chicago Brigitte marino, chargée de recherche au Cnrs / ireMaM / MMsH Michel tuChsCherer, professeur à l'université de Provence eugene rogan, Professeur assistant à st antony’s college, Oxford Hind aBu al-shaar, directrice de la Bibliothèque nationale, amman régis morelon, directeur de recherche émérite au Cnrs / uMr 8584 Mohamed al-dBiyat, cartothécaire à l’iFPO, damas thierry Boissière, maître de conférences à l’université de lyon ii Claude gilliot, professeur émérite à l’université de Provence, Christian mueller, directeur de recherche au Cnrs / irHt emma gannagé, professeur à l’université saint-Joseph, Beyrouth louise marloW, professeur à Wellesley university, eu sommaire denise aiGle l’histoire sous forme graphique en arabe, persan et turc ottoman origines et fonctions ................................................................................................................... 11 Bethany J. WALKER Popular responses to Mamluk fiscal reforms in Syria ........................................................... 51 Jacqueline sublet et muriel rouabaH Une famille de textes autour d’Ibn Ḫallikān entre VIIe/Xiiie et Xie/XViie siècle documents historiques et biographiques arabes conservés à l’irHt ................................. 69 abbès ZouaCHe Dubays b. Ṣadaqa (m. 529/1135), aventurier de légende Histoire et fiction dans l’historiographie arabe médiévale (Vie/Xiie-Viie/Xiiie siècles)* . ...................................................................................................... 87 Katia ZAKHARIA Figures d’al-Ḥasan Ibn Hāni’, dit Abū Nuwās, dans le Kitāb Aḫbār Abī Nuwās d’Ibn Manẓūr .......................................................................... 131 mohamed BAKHoUCH le calife ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azīz et les poètes .......................................................................... 161 Pierre larCHer les systèmes conditionnels en ’in de l’arabe classique ........................................................ 205 manuel sartori l’évolution des conditionnelles en arabe égyptien contemporain .................................... 233 daniel Gimaret un extrait de la Hidāya d’Abū Bakr al-Bāqillānī : le Kitāb at-tawallud, réfutation de la thèse mu‘tazilite de la génération des actes ............................................. 259 Cécile bonmariaGe de l’amitié et des frères : l’épître 45 des Rasā’il Iḫwān al-Ṣafā’. Présentation et traduction annotée ........................................................................................ 315 mohammed Chaouki Zine Herméneutique et symbolique : le ta’wīl chez Ibn ‘Arabī et quelques auteurs antérieurs ...................................................... 351 Francesco CHiabotti Naḥw al-qulūb al-ṣaġīr : La « grammaire des cœurs » de ʿAbd al-Karīm al-Qušayrī Présentation et traduction annotée .................................................................................................... 385 Comptes rendus ......................................................................................................................... 433 HERMÉNEUTIQUE ET SYMBOLIQUE : LE TA’WĪL CHEZ IBN ‘ARABĪ ET QUELQUES AUTEURS ANTÉRIEURS. Mohammed Chaouki ZINE IREMAM, Aix-en-Provence INTRODUCTION La science (‘ilm) et la connaissance (ma‘rifa) traversent l’œuvre d’Ibn ‘Arabī de part en part. Peu d’études ont été consacrées à ces deux notions fondamentales. Notre objectif est de déterminer leurs significations respectives, leur identité et leur différence ainsi que leur apport symbolique et herméneutique. Quand on parle de science et de connaissance à quoi se réfère-t-on ? Comment ces deux notions ont-elles évolué dans l’histoire de la spiritualité musulmane ou soufisme (taṣawwuf) ? Y a-t-il une unité doctrinale autour de leur sens ou bien ont-elles requis des significations différentes, voire divergentes en fonction de leur usage ? C’est autour de ces questions que nous tenterons de définir la valeur épistémologique et herméneutique de la science et de la connaissance chez Ibn ‘Arabī (1165 -1240). Généralement on traduit le vocable ta’wīl par interprétation ou herméneutique. Mais Ibn ‘Arabī ne parle de l’interprétation (ta’wīl) que pour critiquer ses fondements théoriques et ses usages théologiques et philosophiques, de même pour le symbolisme qui requiert chez lui le sens de correspondance ou relation analogique (munāsaba) entre la chose et ce qu’elle signifie. Pourquoi prendre les notions de “herméneutique” et de “symbolisme” avec prudence ? Tout simplement parce qu’elles n’ont pas le même apport étymologique et lexicographique que fournit la langue arabe. C’est en débroussaillant le champ notionnel de la doctrine d’Ibn ‘Arabī que nous pouvons déceler ces implications anagogiques. 1- L’HERMÉNEUTIQUE ET LE SYMBOLISME : PRÉLIMINAIRES THÉORIQUES ET ÉPISTÉMOLOGIQUES Sous le vocable “herméneutique” se dessine une histoire longue et une littérature féconde qu’il serait impossible de cerner entièrement. Voyons seulement les définitions qui ont été adoptées pour les comparer ensuite avec la notion de ta’wīl. L’herméneutique serait une critique interne des textes en mettant à jour leurs idées sous-jacentes : « Le mot 352 MOHAMMED CHAOUKI ZINE “herméneutique”, du grec hermeneia qui signifie interprétation, caractérise la discipline, les problèmes, les méthodes qui ont trait à l’interprétation et à la critique des textes 1». Plus qu’une simple théorie, l’herméneutique recèle une valeur pratique qui consiste à employer des méthodes et des instruments philologiques, lexicographiques, sémantiques afin de découvrir la signification d’un mot, c’est-à-dire son origine, sa formation et son évolution : « L’herméneutique désigne en premier lieu une pratique guidée par un art. C’est ce qu’évoque déjà la formation du terme qui vient qualifier une technè. L’art dont il s’agit ici est celui de l’annonce, de la traduction, de l’explication et de l’interprétation et il renferme naturellement l’art de comprendre qui lui sert de fondement et qui est toujours requis là où le sens de quelque chose n’apparaît pas ouvertement ou sans équivoque 2 ». En d’autres termes, il y a interprétation là où il y a confusion et équivocité. Ceci nécessite alors une panoplie de méthodes et d’outils pour expliciter le sens du mot et le rendre clair et accessible. De ce point de vue, les racines étymologiques du terme “herméneutique” mettent en exergue plusieurs significations : Hermeneus : ce vocable signifie « traduire ». La traduction a, en effet, dans l’histoire des textes sacrés et des œuvres humaines un rôle prépondérant. Plus qu’une simple adaptation d’une œuvre en langue différente, la traduction signifie avant tout la saisie du sens de ce qui a été dit : « Partout, l’herméneutique doit accomplir une telle transposition d’un monde à l’autre, du monde d’une langue étrangère à une autre qui nous est familière 3 ». Hermeneia : ce mot signifie en quelque sorte la traduction d’une idée, c’est-à-dire l’énonciation d’une pensée en donnant corps aux idées abstraites. Hermeneuein : traduire, c’est déjà communiquer. En effet, le rôle de l’interprétation est de transmettre le vouloir-dire d’un auteur (ou un locuteur) à un lecteur (ou un auditeur). Platon associe cette transmission à l’art divinatoire, c’est-à-dire communiquer la volonté divine à celui qui devine son extension à travers les signes érigés dans le monde. Ces significations étymologiques qui s’entremêlent et se complètent ont pris plusieurs directions en fonction de l’emploi qui leur a été attribué. Aristote ne prend que le sens logique de l’herméneutique en pariant sur la nécessité d’écrire un Peri Hermeneias ou les éléments qui composent la proposition attributive. L’hermeneia ou la proposition traduit, chez Aristote, la pensée en mots proférés ou fixés dans un discours. Dans les Temps modernes, l’hermeneutica des Latins traduit la façon d’interpréter les textes sacrés. Ils parlent ainsi de ars interpretandi dont l’origine remonte jusqu’à Origène 4 : « Le même texte peut être interprété selon quatre perspectives superposées : 1) dans son sens littéral (dit “historique” ou “somatique”) qu’on atteint par des études grammaticales ; 2) dans un sens allégorique, héritage stoïcien, qui porte généralement sur les dogmes de l’Église ; 3) dans un sens tropologique ou moral, destiné à 1. Bernard DUPUY, « Herméneutique », Encyclopaedia Universalis, 11, 1989, p. 362. 2. Hans-Georg GADAMER, La philosophie herméneutique, trad. Jean Grondin, Paris, PUF, 1996, p. 85. 3. Ibid., p. 86 4. 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- Publié le Nov 19, 2021
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