1 Journal des études de la cabale, Jec : http://jec2.chez.com/ Amphi Charles Mo

1 Journal des études de la cabale, Jec : http://jec2.chez.com/ Amphi Charles Mopsik : http://www.charles-mopsik.com/ Projet pour une série de documentaires sur L'HISTOIRE DE LA MYSTIQUE JUIVE1 Par Charles Mopsik projet présenté au CNC, 2001, extraits NOTE D'INTENTION Lettre de motivation Pendant plus de vingt-cinq ans, je me suis livré à des recherches historiques, philologiques et philosophiques dans le domaine de la mystique juive. J’ai travaillé aussi 1 Nous n’utilisons évidemment pas le mot “mystique” ou “mysticisme” dans le sens que lui attribuent les travaux contemporains des spécialistes des religions du monde anglo-saxons (ou qui se situent dans la mouvance de la culture anglo-américaine), très marquée hélas par l’influence déterminante de William James et de Rudolf Otto. Le genre de définition qui découle de cette culture particulière, à prétention indûment universelle, se réduit à des classements qui n’ont que l’apparence de la rigueur et qui brouillent la description des faits religieux plus qu’ils ne l’éclairent. A quoi bon en effet s’épuiser à distinguer « expériences religieuses » et « expériences mystiques », « expériences unitives » et « expériences numineuses », si ces distinctions verbales ne servent qu’à remplir des entrées de dictionnaire. Contrairement à cette approche qui tient le mysticisme comme l’expérience « directe d’une réalité inaccessible à la perception sensorielle » (sic), nous considérons au contraire que la perception sensorielle est une composante intrinsèque de toute expérience dite mystique. L’expérience que l’on appelle mystique est une expérience religieuse sensorielle des objets du croire généralement invisibles, elle est même l’expérience, souvent individuelle et parfois collective, à l’origine de toute forme de croire religieux. Refaire ou réactiver une expérience mystique revient donc souvent à utiliser une méthode pour rendre temporairement visible l’invisible. En tant qu’elle est implique un vécu particulier et individualiste, le mystique qui vit ce genre d’expérience est souvent décalé vis-à-vis de la société où il évolue, et il tend à revendiquer son indépendance face aux institutions religieuses, qui le tiennent parfois en suspicion. Et comme il s’agit fondamentalement d’une expérience humaine sensorielle qui n’est pas déterminée par une culture donnée bien qu’elle puisse adopter ses modes d’expression spécifiques et même lui fournir une imagerie et un langage (symboles, métaphores, etc.), les expériences mystiques décrites dans les religions les plus variées partagent de nombreux points communs. La conception de Bergson dans Les deux sources, inspire davantage notre démarche. 2 bien sur des écrits de la littérature ancienne remontant aux premiers siècles (Le Livre hébreu d’Hénoch), que sur des textes plus tardifs du Moyen Âge et en particulier sur le Zohar (Castille, XIIIe siècle), qui devint la « Bible » de la cabale pour les siècles à venir. J’ai pu constater maintes fois que cette forme de mysticisme a exercé une immense influence, depuis les origines du christianisme jusqu’à nos jours, en passant par ce qui a été dénommé « cabale chrétienne » de la Renaissance, et que des préjugés bien ancrés et répandu dans la culture générale déformaient considérablement la réalité historique, les contenus doctrinaux de cette mystique, ainsi que les expériences visionnaires qui en constituent la trame. Malgré le nombre d’écrits toujours plus grands consacrés à son étude, travaux de synthèse ou d’érudition très pointus, qui ont vu le jour depuis les travaux de Gershom Scholem et de ses successeurs, aux USA, en Israël et en Europe, la mystique juive continue à alimenter une nébuleuse mystico-ésotérique nourrit à son tour des représentations mythologiques et obscurantistes. J’ai constaté que le medium livresque ne pourrait jamais, malgré ses immenses mérites qui n’ont pas besoin d’être rappelés, venir à bout, dans l’esprit du grand public, des faux-sens et des contre-sens qui persistent. Puisque la mystique juive, comme toutes les mystiques qui se sont développées au sein des religions monothéistes, appréhende le voir, les visions, comme la question par excellence qui soumet ces religions au paradoxe d’un Dieu invisible et transcendant qui pourtant se manifeste et se laisse voir, j’ai considéré qu’elle constitue un problème clé à travers lequel la mystique juive pouvait être interrogée sous un angle qui fait appel aux sens autant, sinon plus, qu’aux abstractions. Comme l’expression audio-visuelle permet d’associer de façon complémentaire et inséparable des expériences sensorielles, images et musiques, à des énoncés explicatifs qui doivent s’imbriquer entre eux de manière indiscernable, unissant pensée et sensibilité dans un même mouvement, un rythme commun, elle est la seule issue par laquelle il est possible de communiquer à des non-spécialistes les résultats de la recherche concernant un domaine considéré comme étant d’accès difficile et parfois même rébarbatif. Bien entendu, c’est un regard passionné par son objet qui sera porté sur la mystique juive et son histoire, seule possibilité pour qu’il devienne un sujet passionnant pour les spectateurs. Il s’agira de faire partager des expériences, le temps du visionnage de chaque épisode, et non d’inculquer de manière didactique et sèche des connaissances et des commentaires savants. Je voudrais donc pouvoir délivrer la mystique juive, aux yeux d’un large public, des oripeaux mythiques qui entourent son histoire et son contenu, non pour professer, sous une autre forme, ce que l’on trouve déjà dans les livres, mais, en profitant pleinement des possibilités uniques qu’offre l’écriture audio-visuelle, mettre le public en situation concrète d’écoute et de découverte, au moyen d’une formulation sensible, palpable, ludique et jouissive, forcément nouvelle et originale, des préoccupations principales de la mystique juive, surtout en ce qui touche au paradoxe de la vision de la divinité, et des solutions qu’elle a apportées à chaque étape de son développement. NATURE ET MOTIFS DU PROJET Le présent projet consiste en la réalisation d’une série d’une trentaine d’épisodes, qui seront autant d’étapes d’une lecture à la fois scientifique et poétique du phénomène 3 mystique au sein de la religion juive, de l’Antiquité biblique à l’époque actuelle. L’exploration de l’ensemble des aspects très variés de ce phénomène, du prophétisme biblique aux musiques extatiques contemporaines (musiques Techno comme New Age), tente au fond de répondre à la simple question : qu’est-ce qu’une vision ? La réponse qui est loin d’aller de soi et implique un travail détaillé et attentif de clarification et d’investigation. Comme les pratiques et les croyances du judaïsme dans son ensemble, la mystique juive s’est déployée en fonction des conditions sociales et historiques que les communautés juives ont traversées et du statut de peuple dominé, souvent livré à l’arbitraire des nations où elles étaient exilées. C’est donc une mystique de survie et de l’humiliation qui a été élaborée, depuis Ezéchiel au VIIe siècle avant l’ère chrétienne jusqu’au XIXe siècle après J.C, et non une mystique triomphante. L’absence de dérive politique de la mystique juive au long d’une très longue partie de son histoire lui confère la qualité d’un champ autonome ouvert en constante transformation, alors que les appropriations politiques du mysticisme ont figé en grande partie l’évolution du mysticisme dans le christianisme et l’islam. Bien évidemment, à travers la mystique juive proprement dite, c’est le phénomène du mysticisme en général dans les religions monothéistes qui sera abordé, et la spécificité de la mystique juive se dégagera de sa rencontre avec les autres formes des mystiques dans les religions du Livre. Mon ambition est triple : 1/ Fournir un outil de découverte approfondie et rigoureuse de la mystique juive sous tous ses aspects à toutes les époques de son développement, de l’Antiquité à l’époque contemporaine, afin de balayer les idées reçues qui abondent dans ce domaine et d’écarter le flou qui règne dans les réutilisations d’éléments de cette mystique dans les nouvelle formes de religiosité contemporaine (allant des mouvements New Age aux jeux informatiques). 2/ Montrer, tout au long d’un périple à travers une histoire bimillénaire, comment la mystique juive s’est ramifiée et déployée pour donner naissance à plusieurs concepts religieux et théologiques fondamentaux du christianisme et de l’islam (angélologie, christologie, apocalyptique, prophétologie). Ce sont en effet les réactivations variées des visions des mystiques juifs de l’Antiquité et du début du Moyen Age qui ont forgé les contours de l’idée de Dieu à l’œuvre dans les grandes religions monothéistes. 3/ Contribuer à l’élaboration de l’histoire des religions et des sciences sociales du croire religieux en laissant opérer le pouvoir heuristique de la création audio-visuelle comme instrument de recherche efficace et novateur. Le travail audio-vidéographique peut être à mon sens non pas seulement un moyen de transmission d’un savoir acquis et élaboré ailleurs, mais faire partie intégrante de l’activité de recherche. En associant travail sur le texte, sur le son et sur l’image, la réalisation d’un vidéogramme donne la possibilité de traiter un objet d’étude dans le domaine des sciences humaines et sociales dans les trois dimensions où il est situable et accessible : l’image, le son et le texte. Ainsi, sa dimension poétique au sens propre, c’est-à-dire là où il est créateur d’un récit lié à une vérité vécue (symbolique, imaginaire ou réelle), peut être pleinement abordée et délivrée. Forme et composition de chaque épisode : 4 Des séquences d’entretiens avec des spécialistes de l’histoire de la mystique juive (et chrétienne et islamique pour les périodes concernées), alternent avec des plans- séquences uploads/Litterature/ histoire-de-la-mystique-juive-cnc-2001.pdf

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