Hypotipose de Magophon Ce titre, bien qu’il y paraisse, n’a pas la moindre prét
Hypotipose de Magophon Ce titre, bien qu’il y paraisse, n’a pas la moindre prétention. Il est tout à fait technique, le seul convenable et génuine au sujet, car il trace, dans sa concision, le plan de notre étude. Une hypotypose (de upo sous Tupoz, empreinte, emblème) est une explication placée sous des figures abstraites. Or le Mutus Liber est un recueil d’images énigmatiques. Il s’est formé autour du Mutus Liber une légende absurde. Une Ecole - qui n’a d’hermétique que le nom - a fait à cet ouvrage une réputation d’obscurité impénétrable et, de ce chef, le vénère comme un sacrement, sans le comprendre. C’est une erreur; de même que traduire Mutus Liber par le Livre muet, sans paroles, est un contresens philosophique. Tous les signes adoptés par l’industrie humaine pour manifester la pensée sont des verbes. Les Latins - ce mot entendu congrûment appellent le dessin, la peinture, la sculpture et l’architecture, au moyen desquels les Hiérogrammates réservent aux élus les arcanes de la Science, mutae artes, c’est-à-dire les arts symboliques. Qu’est-ce qu’un symbole? Sumbolh est une convention, un signe de reconnaissance. Un symbole est donc ce que nous nommons aujourd’hui un " Code ", un système tacite d’écriture adopté pour la correspondance diplomatique, voire commerciale, les communications télégraphiques, sémaphoriques, etc. Pour un homme illettré, tout livre est mutus. Un volume en hébreu, sanscrit, chinois, est un mutus liber, un libre muet, pour le plus grand nombre, encore qu’ils soient instruits dans leur propre langue. Il faut donc se faire à cette idée, toute simple, que le Mutus Liber est un libre comme les autres et qu’il peut se lire en clair, si l’on en possède la grille. D’ailleurs, les ouvrages d’alchimie, en vers, en prose, en latin, en français ou tout autre idiome, ne sont eux-mêmes que des cryptogrammes. Bien qu’écrits avec les lettres banales de l’alphabet et le vocabulaire commun, ils n’en demeurent pas moins indéchiffrables pour quiconque en ignore la clef. A dire vrai, entre les deux procédés sténographiques, celui du Mutus Liber est encore le plus transparent, car l’image objective est certainement plus parlante que les tropes littéraires et les figures de rhétorique, surtout en une matière aussi expérimentale que celle de la chimie. En épinglant ces quelques pages de commentaires aux planches allégoriques du Mutus Liber, nous nous sommes proposé, sans quitter le manteau du philosophe, d’en faciliter la lecture, par une interprétation sincère, aux véritables inquisiteurs de science, probes, patients, laborieux comme les diligentes abeilles, et non aux curieux, désœuvrés et frivoles, qui passent leur vie à papillonner inutilement de livre en livre, sans jamais s’arrêter à aucun pour en extraire la mellifique substance. Eh quoi! La grammaire, la géographie, l’histoire, les mathématiques, la physique, la chimie et le reste ne deviennent accessibles qu’après de longs et pénibles efforts, et l’on voudrait entrer au débotté dans le " Palais du Roi " sans observer les convenances et se soumettre aux lois de l’étiquette! Une lecture hâtive et superficielle ne saurait remplacer l’étude austère et grave. Les sciences profanes elles-mêmes ne sont pénétrables et assimilables qu’à la suite d’un travail soutenu et prolongé. On peut nous objecter que l’Université compte d’illustres grammairiens, géographes, historiens, mathématiciens, physiciens et chimistes, mais qu’on n’y signala jamais le moindre alchimiste. Et si l’agrégé d’alchimie est inconnu, c’est que l’alchimie est une chimère. Cet argument ad hominem n’est pas sans réplique: une chose cachée n’est point pour cela inexistante, et l’alchimie est une science occulte; nous dirons mieux: elle est la science occulte tout entière, l’arcane universel, le sceau de l’absolu, le ressort magique des religions, et c’est pourquoi on l’a appelée l’Art Sacerdotal ou Sacré. Il y a dans toutes les croyances imposées au vulgaire au moyen d’une mythologie appropriée: Bible, Védas, Avesta, Kings, etc., un substratum positif qui est l’assise des sanctuaires de tous les cultes répandus sur le globe. Ce mystère, reconnu dans le catéchisme comme l’apanage des Pontifes - qui ne sont pas les Dignitaires publics - est l’alchimie sur tous les plans: physique et métaphysique. La possession exclusive du sacrarium fait la force des Eglises; aussi veillent elles sur le " secret maçonnique " avec un soin inquiet et jaloux, secondées par une police et une censure ombrageuse. Nous n’avançons rien au hasard, et cependant ces allégations peuvent sembler gratuites, parce qu’invraisemblables, attendu que, depuis l’invention de l’imprimerie, les livres hermétiques ont toujours été publiés librement avec la licence des autorités civiles et religieuses. Et rien, en effet, ne s’opposait à la diffusion de ces libellés écrits en langues connues, mais en dedans; à telle enseigne que les plus grands chimistes de L’Ecole de Lavoisier à Berthelot - s’y sont brisé le front sans résultat. N’est ce pas ici le lieu de rappeler la méprisante apostrophe d’Artéphius et les avertissements hautains des Adeptes qui déclarent, sans ambages, n’écrire que pour ceux qui savent et leurrer les autres ! Ainsi fait-on parler le " Christ " dans les Evangiles, et les disciples se modèlent sur le " Maître ". Mais, pour être une science cachée, l’alchimie n’en est pas moins une science réelle, exacte, conforme à la raison et, de plus, rationaliste. De tous temps, il y eut des " faiseurs d’or "; les " gentilshommes verriers ", même de nos jours, la transmutation opère encore des miracles. A la suite de débats sensationnels et peu distants [Cette introduction a été écrite avant la première guerre mondiale. (N. de l’Ed.)] on a laissé dire - et au milieu de quelle stupeur que l’Administration de la Monnaie aurait saisi, sans autre forme de procès - et pour cause ! - la production d’un alchimiste contemporain: - " Vous ne devez pas savoir pouvoir faire de l’or ! " Lui dit-on d’un air comminatoire, en le renvoyant les mains libres, mais vides. Est-il donc défendu d’être savant ou alors l’alchimie serait-elle un secret d’Etat? Cela n’emporterait point cette conclusion naïve les ministres qui se succèdent soient au fait de la Kabbale. Les rois règnent, mais ne gouvernent pas, suivant un aphorisme célèbre. Et il semble bien, par moment, qu’il y ait encore, dans la coulisse, quelque éminence grise qui tire les ficelles! Le fameux " Galetas du Temple " n’est peut-être pas si aboli qu’on le suppose, et il y aurait un livre surprenant à écrire sur les filigranes des billets de banque et les sigles des pièces de monnaie. Mais dans ce cas, dira-t-on, pourquoi l’or est-il devenu si rare que la vie sociale en est comme paralysée? Les espèces ne se sont pas volatilisées, elles se sont déplacées, et il faut attendre qu’elles reviennent à leur point de départ par un mouvement économique inverse. Seulement, une trop grande. Lenteur dans ce retour peut avoir des conséquences incalculables. La politique des peuples est réglée par un pacte métallique secret qui ne peut être violé sans entraîner les plus graves complications internationales. On tirera donc des billets à tour de bras, mais on ne frappera plus de pièces d’or. Et pourtant, ce n’est point que l’or manque: il s’étale ostensiblement, et avec quel faste, sur d’innombrables épaules, autour de poignets, de doigts et même de jambes dont d’élégance et l’esthétique laissent parfois à désirer. Rien ne serait, partant, plus facile pour l’Etat que d’échanger son papier contre de la matière précieuse et de mettre les " coins " à l’œuvre. C’est paradoxal, mais c’est la vérité. Il y a donc à cette éclipse momentanée du numéraire or une raison profonde fondée sur la sagesse. " Or est qui or vaut ", dit un adage. Si la frappe en était licite aux nations qui ont épuisé leurs réserves normales, la surabondance en entraînerait l’avilissement. L’étalon fiduciaire n’offrirait plus aucune garantie et équivaudrait à de la fausse monnaie. L’équilibre financier serait rompu; ce serait la mort des affaires, la ruine mondiale. C’est pourquoi la production " naturelle " de l’or est elle-même limitée, si bien qu’on refuse la concession de nouvelles mines et jusqu’à son extraction à pauvre rendement des sables fluviatiles et autres. Cependant, l’heure est proche où la science réclamera intégralement tous ses droits, et ou l’occulte redeviendra manifeste comme il le fut jadis. Le savant Girtaner l’a annoncé en basant son opinion sur des lois ignorées, mais certaines: " Au XXème siècle, la Chrysopée sera dans le domaine public ". Cet événement considérable est subordonné, évidemment, à un statut social tout différent de celui qui nous régit; mais nous allons fort, le monde tourne vite, et qui peut prévoir la charte de demain ! Toutefois, si l’alchimie se bornait uniquement à la transmutation des métaux, ce serait une science inappréciable sans doute au point de vue industriel, mais assez médiocre au sens philosophique. En réalité, il n’en est pas ainsi. L’alchimie est la clef de toutes les connaissances, et sa divulgation complète est appelée à bouleverser de fond en comble les institutions humaines, qui reposent sur le mensonge, pour les rétablir dans la vérité. Ces considérations préliminaires nous ont paru opportunes, avant de prendre charitablement le uploads/Litterature/ hypotypose-de-magophon.pdf
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- Publié le Sep 15, 2022
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