Dissertation 17/20 Excellent travail. La méthode est bien appliquée, les exempl

Dissertation 17/20 Excellent travail. La méthode est bien appliquée, les exemples bien présentés et souvent bien analysés, les phrases de bilan-transition sont très bonnes. Féliciations. Que ce soit à l’Antiquité dans les cités grecques et romaines, au XVIIe siècle dans la société de cour, ou bien aujourd’hui dans la vie courante, l’homme cherche toujours à partager son opinion et son point de vue sur divers sujets, que ce soit politique, culturel ou bien sociétal. Pour ce faire, il argumente, à l’aide de raisonnements fondés, pour faire agréer son auditoire à son idée ; toutefois, ce partage d’opinion peut être censuré : il peut alors avoir recours à l’argumentation indirecte qui envoie au lecteur un message implicite, comme Jean de La Fontaine avec ses fables, les frères Grimm et certains de leurs célèbres contes ou bien George Orwell et ses romans dystopiques. Nous pouvons donc nous poser la question suivante : dans quelle mesure l’argumentation indirecte est-elle efficace pour offrir au lecteur une réflexion sur l’homme et son comportement en société ? En d’autres termes, est-ce efficace d’exprimer son opinion derrière d’autres genres de manière détournée, comme l’apologue, le récit fictif ou le théâtre, pour faire questionner le lecteur sur sa propre attitude en société ? Dans cette perspective, nous nous demanderons si défendre sa thèse derrière un récit « imaginaire » est bénéfique, ou a contrario, si ce n’est pas une entrave à la compréhension du lecteur afin de le faire réfléchir sur lui-même. Dans un premier temps, nous montrerons l’efficacité avérée de l’argumentation indirecte pour exposer l’homme en société, avant, dans un second temps, de mettre en évidence les limites de cette méthode. Nous montrerons donc dans cette première partie, la pertinence de l'argumentation indirecte pour fournir aux lecteurs une réflexion sur les personnes et leurs comportements sociaux en dénonçant, sans oublier, leurs travers. Dans un premier temps, l’argumentation indirecte, à travers différents types de récits, permet d’éviter la censure et par conséquent, elle peut faire passer des messages interdits par le pouvoir. Prenons, par exemple, le roman dystopique de George Orwell, La Ferme des animaux. L’avènement du régime égalitaire fondé sur la liberté décrit par la prophétie de Sage l’Ancien, le soulèvement des animaux contre Mr Jones, l’éviction de Boule de Neige par Napoléon décrivent les évènements politiques qui se sont déroulés en Russie entre la Première Guerre mondiale et l’accession au pouvoir de Staline. Tous les animaux de la ferme sont une satire des personnages, des groupes ou des idées qui ont menés à la montée du stalinisme sans pour autant les évoquer clairement et permet donc au lecteur de comprendre la critique sous-entendue du régime politique. Il en est de même pour certains apologues, comme Les Souris de Dino Buzzati, dans lequel des souris en apparence inoffensives au début du récit deviennent peu à peu des monstres envahissants et terrifiants que plus personne n’ose contredire. Ecrit par un auteur ayant vu naitre le fascisme, celui-ci est symbolisé ici par les souris. Le fascisme, qui à l’origine n’était qu’une idéologie fondée sur un bien commun, est décrit dans l’apologue comme les petites souris bénignes. Il est ensuite devenu un système politique autoritaire n’osant plus être défié par quiconque, comme les monstres qu’elles sont devenues. Le lecteur perçoit donc la comparaison et la critique du fascisme derrière cette histoire implicite. Donc, comme nous l’avons vu, l’argumentation indirecte permet de faire passer des messages interdits par le pouvoir, de le critiquer, sans pour autant être censuré. Pour pouvoir faire passer ces messages, l’argumentation indirecte incite le lecteur à réfléchir sur le fond du texte. Avec l’argumentation indirecte, le fait de décoder le texte implicite permet de faire appel à la réflexion du lecteur et donc de mieux faire passer son message. Dans l’apologue de Fredric Brown, L’arme, l’auteur nous raconte l’histoire d’un scientifique, Graham, travaillant sur l’élaboration d’une arme de de destruction « totale ». Un journaliste vient à sa rencontre pour le questionner sur cette « arme totale » que lui-même qualifie de non-adaptée pour une humanité pas assez mûre. Il offre ensuite à son fils un cadeau : un pistolet chargé. Graham se dit, alors à la fin de l’apologue, que « Seul un fou peut donner un pistolet chargé à un idiot », phrase faisant directement référence à sa situation avec l’arme nucléaire. Le lecteur, en décodant l’implicite du récit, comprend que cette phrase correspond, et au cadeau que le journaliste a fait au fils de Graham, et au fait que le scientifique est en train d’élaborer une arme de destruction massive (le « pistolet »), qu’il compte fournir à des gouvernements capables de s’anéantir (« idiots »), dans un contexte ou l’équilibre de la terreur fait rage . Nous pouvons aussi prendre comme exemple Un général dans la bibliothèque de Italo Calvino, dans lequel des lieutenants et soldats découvrent une quantité astronomique d’ouvrages de toutes les époques, remettant en question les conceptions qu’ils ont de la société. Le lecteur comprend à travers cet apologue qu’aujourd’hui, il faut toujours remettre en question nos opinions et convictions et ne pas toujours penser comme la doctrine dictée par le système ; par exemple à travers les livres, puisqu’ils mettent en évidence des idées contradictoires et permettent au lecteur de forger sa propre opinion. Ainsi, l’argumentation indirecte oblige donc le lecteur à décoder le fond du texte, cachée derrière une histoire, et l’amène alors à réfléchir. Cette réflexion est d’autant plus efficace, puisqu’elle est renforcée par différents procédés littéraires. Chez le lecteur, différents procédés comme l’humour, les registres ou le style du récit permettent de captiver son attention et donc de mieux faire passer son message. Dans Comme on se retrouve de Roy Bradbury, le genre science-fictif est omniprésent. L’apologue met en scène un futur technologique, qui semble aujourd’hui possible, mêlant avec une problématique sociétale dont les Etats-Unis d’Amérique ont déjà été témoins : la ségrégation raciale. Toutefois, le récit inverse les évènements réels. Ce sont des hommes blancs qui viennent en fusée sur Mars, où une civilisation régie par les noirs s’est déjà installée. L’auteur, en ajoutant des éléments futuristes (la fusée des hommes blancs ; la civilisation martienne) et donc en associant la science-fiction à son histoire, attire un certain type de lecteurs. De plus, en mettant en scène un évènement étant déjà arrivé mais modifié, et qui pourrait possiblement se passer, l’auteur attire davantage l’attention du lecteur et l’amène à réfléchir sur les dérives sociales de l’homme, et s’il pourrait les réitérer. On peut aussi citer Les journées perdues de Dino Buzzati. Il nous raconte l’histoire de Kazirra, un homme qui découvre, face à son cambrioleur, des boites dans lesquelles sont exposées des scènes cruciales de sa vie, auxquelles il a préféré privilégiée sa personne. Malgré le fait que la nouvelle soit courte et grâce au style dans la représentation des idées abstraites (les scènes passées ainsi que la reconnaissance des erreurs du passé), l’auteur arrive néanmoins, à travers ces « boites » dont le protagoniste n’avait connaissance, et ce cambriolage, à traduire l’égoïsme dont certains hommes peuvent faire preuve, favorisant leur propre personne sans penser aux autres. Ainsi, l’argumentation indirecte, à l’aide de différents genres littéraires et styles d’écriture, s’avère considérablement utile pour réfléchir sur les comportements sociaux humains et les relations que l’homme entretient avec la société. Toutefois, certaines limites émergent rapidement. L’argumentation indirecte peut effectivement avoir quelques failles, de par sa forme implicite qui peut entrainer une mauvaise compréhension de la morale de l’apologue, de la confusion, ou simplement car le message n’est pas compris par le lecteur. Dans un premier temps, il est commun que le sens « implicite », dissimulée par le récit, n’arrive pas à la portée de compréhension et crée donc de la confusion chez le lecteur. Nous pouvons prendre comme exemple les deux apologues de Franz Kafka, réputé pour « plonger d’emblée son destinataire dans un monde dont il ne comprend pas le fonctionnement », Les Portes de la Loi et Le Terrier. Dans le premier apologue, un gardien se tient devant les portes de la Loi ; un homme de la campagne vient un jour le trouver et lui demande la permission d'entrer. Le gardien lui dit alors que c'est possible, mais pas « maintenant », et l’impressionne en lui parlant des nombreuses péripéties et différents obstacles qui l'attendent. L'homme décide donc d'attendre, et l'attente dure des années. Finalement, l'homme, au bord de la mort, demande au gardien pourquoi personne d'autre n'est venu essayer d'entrer ; le gardien lui répond donc: « Cette entrée n'était faite que pour toi, maintenant je pars, et je ferme la porte ». Le lecteur, face à ce récit, n’a dès la première lecture probablement pas compris la thèse de l’auteur. Quel message l’auteur souhaite réellement transmettre à travers ce texte : que la loi est interdite d’accès ? Que l’homme est juste incapable d’exercer ses propres choix et qu’il n’obéit qu’aux décisions que le gardien lui donne ? Le lecteur est donc confus face à cet apologue, dont il ne comprend uploads/Litterature/ inconnu 1 .pdf

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