Maurice BLONDEL (1861-1949) Le jansénisme et l’anti-jansénisme de Pascal (1923)
Maurice BLONDEL (1861-1949) Le jansénisme et l’anti-jansénisme de Pascal (1923) Un document produit en version numérique par Mr Damien Boucard, bénévole. Courriel : mailto :damienboucard@yahoo.fr Dans le cadre de la collection : "Les classiques des sciences sociales" dirigée et fondée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Site web : http ://classiques.uqac.ca/ Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web : http ://classiques.uqac.ca Maurice Blondel, Le Jansénisme et l'anti-Jansénisme de Pascal (1923) 2 Politique d'utilisation de la bibliothèque des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite, même avec la mention de leur provenance, sans l’autorisation formelle, écrite, du fondateur des Classiques des sciences sociales, Jean-Marie Tremblay, sociologue. 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Jean-Marie Tremblay, sociologue Fondateur et Président-directeur général, LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES. Maurice Blondel, Le Jansénisme et l'anti-Jansénisme de Pascal (1923) 3 Un document produit en version numérique par Damien Boucard, bénévole. Courriel : mailto :damienboucard@yahoo.fr Maurice Blondel Le jansénisme et l’anti-jansénisme de Pascal (1923). Revue de Métaphysique et de Morale — Tome XXX (n°2, 1923), pp. 129-163. Polices de caractères utilisés : Pour le texte : Times New Roman, 12 points. Pour les citations : Times New Roman 12 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points. Pour le grec ancien : TITUS Cyberbit Basic (disponible à : http ://titus.fkidg1.uni-frankfurt.de/unicode/tituut.asp ) Les entêtes et numéros de pages de l’édition originale sont entre [ ]. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2007 pour Windows. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition complétée à Chicoutimi, Ville de Saguenay, Québec, le 5 janvier 2010. Maurice Blondel, Le Jansénisme et l'anti-Jansénisme de Pascal (1923) 4 LE JANSÉNISME ET L’ANTI-JANSÉNISME DE PASCAL 1 Revue de Métaphysique et de Morale, Tome XXX (n°2, 1923), pp. 129-163. Si l’on eût demandé à Pascal « Êtes-vous Janséniste ? » peut-être aurait-il répondu « Non » dans le temps et dans la proportion même où, sans doute, il l’a été. « Je ne suis pas de Port-Royal, » a-t-il déclaré lui-même. Et, au contraire, n’eût-il pas avoué l’avoir été, à mesure qu’il s’est senti autre que ses amis, qu’il s’est dégagé de leurs affaires de parti, qu’il a enrichi ses pensées, élargi sa méthode et ses expériences, ouvert davantage sa vie spirituelle ? Il y a donc une première difficulté à résoudre : qu’est-ce, en effet, qu’être janséniste, si la plupart de ceux à qui l’on a imposé cette étiquette pour désigner un esprit de secte ou une tendance particulière ont protesté contre cette « note », en soutenant n’avoir d’autre foi, d’autre obédience que celles de l’Église universelle, celles du catholicisme le plus pur et le plus génuine ? — Ce qui rend la réponse encore plus embarrassante, c’est la longue et tenace survivance qui, à travers mille complications théologiques, disciplinaires, morales, politiques, a fait apparemment du Jansénisme une sorte de Protée qui prétend n’exister pas dès qu’on veut le définir, et qui semble toujours vivace 1 La nécessité d’être bref et clair me force à supprimer les citations, références et analyses détaillées : j’espère cependant ainsi mettre d’autant mieux en une lumière d’ensemble les articulations et connexions organiques d’une histoire très complexe et d’une logique qui, pour être souple et multiforme, n’en est pas moins très rigoureuse. Maurice Blondel, Le Jansénisme et l'anti-Jansénisme de Pascal (1923) 5 dès qu’on le dit mort ou chimérique. — Enfin, pour comble de difficulté, pendant que la doctrine et l’attitude jansénistes évoluaient au point de sembler parfois changer de plan, Pascal, de son côté, se convertissait perpétuellement, tantôt par [130] soubresauts, tantôt insensiblement, mais toujours par des voies toutes personnelles et selon des vues profondément originales. D’où la nécessité de démêler d’abord les pistes qui s’entrecroisent et risquent de se brouiller. Comment figurer en gros ce double itinéraire que nous allons avoir à suivre ? — Au cours de sa longue et fuyante histoire, le Jansénisme s’est développé ou transformé tout autrement qu’en une ligne droite ou qu’en une courbe régulière. — Au cours de sa brève et ardente expérience d’âme, sous la pression des idées et des passions plus que des événements, Pascal s’est trouvé changé au prix de crises et de brisures en apparence soudaines, résultant de besoins spirituels et de stimulations intérieures. Aussi est-ce par des tracés irréguliers qu’il faudrait représenter cette double marche : zigzags qui se rapprochent, se recoupent, se superposent, mais qui, même alors qu’ils semblent se confondre, procèdent d’élans très différents, comme ils finissent par s’éloigner en réalité et par diverger tout à fait. Démêler cet écheveau, nulle question sans doute n’est davantage dans le sens de l’auteur des Pensées : ce dont il s’agit, c’est de découvrir le fil conducteur de son drame intime, le secret de quelques-unes de ses plus subtiles souffrances, l’orientation de son effort suprême, l’âme de son âme. Or, pour discerner ce qu’il y a de janséniste ou d’anti-janséniste en lui, le seul moyen, semble-t-il, c’est de décrire d’abord séparément, en traits rapides, la double dialectique dont je viens le donner un aperçu préalable, pour nous permettre ensuite de comparer les tracés dissemblables et les positions successives. D’où ces questions liées : Qu’est-ce au juste que le Jansénisme ? Qu’est-ce que Pascal y a vu, en a pris et retenu, en a éliminé ou repoussé, le sachant et le voulant ? Comment en était-il indépendant ou s’en est-il éloigné plus peut-être qu’il ne l’a cru lui-même, et pourquoi s’en est-il affranchi plus sans doute qu’on ne l’a pensé d’ordinaire ? Il faut, une bonne fois, sortir de la confusion et voir que Pascal a une pensée vraiment originale, que sa doctrine comporte une méthode et une précision techniquement philosophiques, et que cette méthode, Maurice Blondel, Le Jansénisme et l'anti-Jansénisme de Pascal (1923) 6 cette philosophie personnelles sont en dehors, pour ne pas dire aux antipodes du Jansénisme. [131] I Au dire de la plupart de ceux qu’on a nommés plutôt qu’ils ne se sont appelés eux-mêmes « les Jansénistes », et selon le témoignage tout récent encore de leur historien le plus zélé, le Jansénisme ne serait guère qu’un « fantôme », fabriqué tout exprès et longuement exploité pour discréditer la gênante austérité et pour réduire l’intransigeante, l’agressive indépendance des solitaires de Port-Royal. Ainsi présentée en bloc tout simple, cette thèse n’est, à proprement parler, ni fausse ni vraie : la réalité historique et théologique que nous avons à discerner est beaucoup plus complexe et même singulièrement différente. D’une part, en effet, ce qu’on voudrait nous faire regarder comme une entité artificielle et comme une fiction tendancieuse, a bel et bien (nous allons le constater) une réalité doctrinale et morale. Mais, d’autre part, il faut l’ajouter aussitôt, cette réalité théologiquement et philosophiquement consistante n’est pas telle que, non seulement parmi les adversaires, mais souvent même parmi les amis et les partisans, on se l’est trop communément figurée. D’où les innombrables malentendus où se mêlent les raisons et les torts, et ou chacun peut se déclarer incompris ou calomnié, sans que, malgré tant d’explications litigieuses et tant de travaux critiques, l’on ait, en toute impartialité historique, réussi d’ordinaire à caractériser équitablement les hommes et surtout les thèses : nul mouvement d’idées et de vie peut-être ne demeure, plus que celui-là, difficile à faire passer du domaine de la passion dans celui de la claire et exacte justice. Aimons une fois pour toutes à reconnaître la force de caractère, la science, les vertus éminentes et souvent savoureuses qui, au culte de Port-Royal, gardent des fidèles, des dévots, des pèlerins ; mais ici, il ne s’agit pas de sentiment. Primum intelligere. Quelque admiration ou quelque antipathie qu’on éprouve, il faut découvrir ce qu’il y a de spécifique dans les positions spéculatives et dans la physionomie ascétique et religieuse de ce groupement, si malaisé à situer : car, il est pour ainsi dire Maurice Blondel, Le Jansénisme et l'anti-Jansénisme de Pascal (1923) 7 évanescent à l’égard du catholicisme, alors cependant qu’il a quelque chose presque de dur et de provocant dont l’empreinte est si forte qu’à vrai dire il paraît unique uploads/Litterature/ jansenisme-pascal.pdf
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- Publié le Jui 11, 2022
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