111 CONTEMPORARY FRENCH THEATRE 3 THÉÂTRE FRANÇAIS CONTEMPORAIN 135 TEATRO FRAN

111 CONTEMPORARY FRENCH THEATRE 3 THÉÂTRE FRANÇAIS CONTEMPORAIN 135 TEATRO FRANCÉS CONTEMPORÁNEO Libération newspaper journalist. A number of his articles have been collected in Chroniques d’un chasseur d’oubli (Chronicles of an Opponent of Oblivion)(Christian Bourgois). Writer. Last work published: L ’Orson, a novel (Actes Sud). Journaliste à Libération. A réuni certains de ses articles dans Chroniques d’un chasseur d’oubli (Christian Bourgois). Écrivain. Dernier ouvrage paru: L ’Orson, roman (Actes Sud). Periodista de Libération. Presenta algunos de sus artículos en Chroniques d’un chasseur d’oubli (Christian Bourgois). Escritor. Última publicación: L ’Orson, novela. (Actes Sud). Jean-Pierre Thibaudat Minière des A{aires étrangères. Direction générale de la coopération internationale et du développement. Direction de la coopération culturelle et du français. Division de l’écrit et des médiathèques. T ribulations de l’écriture dramatique en France Post-scriptum 1999 Dictionnaire portatif de quelques idées reçues ayant trait au théâtre français contemporain T entative d’inventaire pour une bibliothèque idéale du théâtre français 05 23 27 28 111 The tribulations of dramatic writing in France 134 A portable dictionary of certain generally accepted notions related to contemporary french theatre 132 An attempt at an inventory for an ideal library of french theatre. 128 154 Desventuras de la escritura teatral en Francia 137 Diccionario portador de algunas ideas fijas relacionadas con el teatro francés contemporáneo 160 Proposición de inventario de la biblioteca ideal del teatro francés 158 I THÉÂTRE FRANÇAIS CONTEMPORAIN Tribulations de l’écriture dramatique en France Il n’y a jamais eu autant d’auteurs dramatiques en France, jamais autant d’aides distribuées, de bourses accordées, de commandes passées à des dramaturges… Chaque année sont publiées des dizaines de pièces nouvelles, et pourtant, qui saurait dire avec une insolente assurance quels sont les cinq grands auteurs français d’aujourd’hui dont les noms courent sur toutes les lèvres et font le tour du monde? Qui sont les Beckett, Genet, Ionesco ou Adamov d’aujourd’hui? On observe ici et là des coups de foudre entre un metteur en scène et un auteur, mais sont-ce là des aventures exceptionnelles à la hauteur des couples célèbres, Jouvet- Giraudoux, Barrault-Claudel, Blin-Beckett, Blin-Genet? On se rue sur l’œuvre de Bernard-Marie Koltès mais on ne l’a jamais autant fait que depuis qu’il est mort (du sida) et – signe de notre temps? – un auteur aussi singulier que V alère Novarina ne connaît souvent d’autre issue que celle de monter lui-même ses propres textes. Ajoutons encore ce signe: ce n’est que très récemment qu’un auteur (par ailleurs metteur en scène) comme Roger Planchon a vu l’un de ses textes monté par un autre (Alain Françon). Entre l’engouement saisonnier, la marginalité insistante ou la lente reconnaissance, l’époque secoue comme elle peut son sablier. Ces propos ne soufflent-ils pas sur ces vieilles lanternes que toute époque allume avec des feux antérieurs? N’est-on pas toujours, peu ou prou, aveugle sur sa propre époque, et combien d’auteurs à succès des temps jadis sont aujourd’hui putréfiés dans la fosse aux oubliettes? En 1929, Charles Dullin ne déclarait-il pas: «Malgré une production dramatique énorme, les hommes de théâtre en sont réduits à se disputer les bonnes pièces»? On en est toujours là. Situation de crise endémique ou aveuglement normal d’une époque face à sa progéniture? Ne serait-ce pas plutôt une vieille loi du théâtre qui veut que parmi les fantassins de l’écriture partant au front des salles, seuls quelques soldats connaissent la gloire immédiate et laissent derrière 5 Théâtre français contemporain\Tribulations de l’écriture dramatique en France 6 eux des blessés, parfois plus valeureux qu’eux? blessés qui, plus tard, soignés dans l’infirmerie de la mémoire, seront pour certains célébrés comme il se doit. Est-ce là encore, à travers l’actuelle pléthore d’auteurs – il n’y en a jamais trop, bien sûr –, le symptôme esthétique et social d’une époque qui a vu le théâtre s’émietter à force de développement? Est-ce enfin l’un des effets pervers de l’économie – toujours souffreteuse – du théâtre qui se serait infiltré dans le processus de l’écriture au risque de banaliser par trop cette dernière? Ces questions sont forcément abruptes, complexes, sensibles, sujettes à discussion et à caution comme tous les héritages. Où en sommes-nous? Une prophétie, une blague et un nombre feront office de baromètre. La prophétie, signée Craig, est citée par Michel Vınaver, un auteur qui depuis trente ans balaie le champ de l’écriture dramatique: «Lorsque à son tour le metteur en scène saura combiner la ligne, la couleur, le mouvement et le rythme, il deviendra artiste. Ce jour-là, nous n’aurons plus besoin d’auteurs dramatiques. Notre art sera indépendant.» Et Vınaver d’ajouter: «Cette prophétie de Craig s’est pleinement accomplie.» La blague, sans doute authentique, est racontée par Lucien Attoun, qui, avec sa femme Micheline, à la tête de Théâtre Ouvert (créé sous Vılar au festival d’Avignon), a longtemps dépensé plus d’énergie pour l’écriture contemporaine que la plupart des centres dramatiques nationaux réunis: «Un jour, un auteur m’a montré une lettre signée Gallimard, elle disait: ‹Monsieur, nous ne pouvons pas retenir votre pièce car elle a été écrite pour le théâtre›.» Le nombre, rond et officiel, est communiqué par la Sacd, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, organisme hérité de Beaumarchais, régi par des auteurs et auquel l’immense majorité d’entre eux est affiliée. C’est le nombre des auteurs dramatiques: vingt mille. Soit le public d’un théâtre de huit cents places qui jouerait à guichets fermés pendant un mois. Vıngt mille, c’est beaucoup, c’est trop, mais c’est bien peu face au nombre d’individus qui se déclarent écrivains ou auteurs. Ce baromètre express montre qu’il ne saurait être question de dresser – en soi – un panorama de l’écriture théâtrale contemporaine. Sa seule écriture vit écartelée entre la poésie, la déclamation, le commerce de Théâtre français contemporain\Tribulations de l’écriture dramatique en France la scène et celui de l’édition.Le théâtre est une constellation. D’hommes, de talents, de structures, d’artisanats, de pratiques artistiques et de bilans financiers. Entremêlés, conjugués, ennemis ou complices. On y observe depuis longtemps une lutte de pouvoir, comme ailleurs dans l’intimité d’un couple ou sur la scène publique des partis politiques. Si l’acteur fut le roi du théâtre à la fin du xix∫siècle, si l’auteur régna en maître au début de ce siècle, c’est le metteur en scène qui depuis trente ans au moins a pris le pouvoir sur le plateau des théâtres et assujetti les auteurs (morts de préférence) à son bon vouloir. On parle désormais d’«écriture scénique». Cette époque va-t-elle connaître, connaît-elle déjà une revigorante mutation? S’oriente-t-on vers un rééquilibrage des forces assorti d’une volonté d’ouverture et de rajeunissement? Quel rôle joue en ces jours l’écriture dans le processus de l’art dramatique et quel est aujourd’hui son pouvoir de réplique? Observons que l’écriture dramatique n’a jamais baissé les bras. Face aux assauts, aux abus de pouvoir et aux détrousseurs de dot, elle a toujours su résister – les auteurs solitaires étant les plus résistants. Gageons qu’elle risque fort de connaître dans les années qui viennent une nouvelle germination. Survol de l’après-guerre En reprenant une analyse de Bernard Dort, prenons l’année 1947 comme symbole. Cette année-là, Gaston Baty quitte le Théâtre Montparnasse pour se consacrer au Théâtre de Marionnettes. C’est la fin du Cartel. Cette année-là, le 13 janvier, Antonin Artaud donne une conférence au Vıeux-Colombier. Puis il envoie une lettre à André Breton: «Je m’étais rendu compte que c’était assez de mots, assez même de rugissements, et que ce qu’il fallait, c’étaient des bombes, or je n’en avais pas dans mes mains ni dans mes poches.» T out Mai-68 est là en germe. Cette année-là, ce même mois de janvier, trois villes de l’est de la France financent la création du Centre dramatique de l’Est. C’est le début institutionnel de la décentralisation dramatique. 7 Théâtre français contemporain\Tribulations de l’écriture dramatique en France 8 Cette année-là enfin, Louis Jouvet crée Les Bonnes, de Jean Genet, Jean Vılar met en scène un jeune poète, Henri Pichette, avec Gérard Philipe (entouré par Maria Casarès et Roger Blin). Le futur tandem du Tnp est déjà réuni, les auteurs des années cinquante montent au créneau. Mais l’après-guerre, c’est d’abord le triomphe d’auteurs comme Jean-Paul Sartre, Albert Camus ou Henry de Montherlant, une écriture de la mort et de la peur où l’Histoire se pose des questions de liberté et où la politique s’arrête à des problèmes de conscience, de morale. Les grandes pièces de ces auteurs, comme Huis clos, Caligula ou Port-Royal, sont de facture classique. Il en va de même avec Jean Anouilh dans Antigone ou Le Rendez- Vous de Senlis. L’humour (souvent grinçant) et le jeu du mensonge en plus, un jeu qui est bien sûr celui du théâtre dans La Répétition ou L ’Amour puni. Anouilh est le prototype même de l’auteur dramatique qui a toujours cours, à la fois indémodable et toujours un peu suranné: un homme voué au théâtre plus qu’à toute autre forme littéraire, un homme qui connaît de mieux en mieux les mécanismes du plateau, jusqu’à basculer dans la mise en scène. Ce qu’il fera. Il y a chez lui un mécanicien très doué pour bricoler un dialogue, huiler uploads/Litterature/ jean-pierre-thibaudat-theatre-francais-contemporain.pdf

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