Franz Kafka, Lettre au père lundi 7 juin 2010, par Alice Granger [Texte de mai
Franz Kafka, Lettre au père lundi 7 juin 2010, par Alice Granger [Texte de mai 2005.] Il faut lire "La lettre au père" pour comprendre ce qu’est une situation kafkaïenne. Dans cette lettre, il dit qu’il est comme un prisonnier qui a l’intention de s’en aller, ce qui serait peut-être réalisable, on pourrait ajouter par l’écriture, c’est-à-dire en cessant de vouloir être l’égal du père sur le même terrain que lui, mais en même temps, il a le projet de transformer la prison en château à son usage, ce projet de transformation de la prison en château étant son désir de se marier, réussir comme son père le projet de cet acte le plus grand, mais ce n’est pas possible, car il ne peut pas s’y trouver en relation étroite avec son père, sur son domaine le plus personnel ! Si réellement il projette de s’évader, il ne peut entreprendre la transformation de la prison en château, et s’il désire réellement entreprendre cette transformation, il ne peut s’évader, mais Franz Kafka ne choisira jamais, il voudra toujours deux choses contradictoires. Ne pourrait-on pas dire que le projet de s’évader de Kafka, en devenant écrivain, projet maintenu vif et opérationnel par l’écriture, est une sorte d’alibi lui permettant en réalité de rester dans le château tout en camouflant la jouissance intense en le nommant prison car dans une prison ce n’est pas possible de jouir et de vouloir rester ? Cette oscillation entre château et prison inscrit le sentiment de culpabilité, et cherche à camoufler l’irrésistible séduction d’une situation en réalité incestueuse. Dans cette lettre, le père de Kafka apparaît comme l’omniprésent personnage fascinant de toute sa hauteur le petit Franz, vers lequel sa mère joue le rôle de rabatteur. Sa mère est subjuguée par son mari, qu’elle désigne à ses enfants dans toute sa puissance. Le petit Franz toute sa vie sous l’influence tyrannique de ce père, littéralement touché par lui, frise en permanence l’homosexualité et l’inceste. Le sentiment de culpabilité indiquant que ça brûle. Car il est sous l’influence de son père qui tombe sur lui de toute sa hauteur ironique comme sa mère est sous l’influence de cet homme ! Se mettre sous cette influence, sentant toute l’ironie de son père à son endroit, cela signifie pour lui se mettre du côté de sa mère, jouir de la même manière qu’elle, être en symbiose avec elle. Cela lui permet de s’éterniser avec sa mère, au château qu’il nomme prison pour faire diversion et apaiser le sentiment de culpabilité naissant de cette situation incestueuse. S’évader, devenir libre, ce n’est pour Franz Kafka qu’un alibi. Je suis ailleurs, donc je ne suis pas au château, vous ne pouvez pas me soupçonner, et comme je suis insoupçonnable, je peux donc rester au château ! Page 1 of 10 Franz Kafka, Lettre au père - Exigence : Littérature 07/03/2011 http://www.e-litterature.net/publier2/spip/spip.php?page=imprim&id_article=995&va... Même la peur qu’il a de son père est un alibi. S’il a une telle peur de lui, il ne peut pas rester sur le même terrain que lui, ce n’est pas possible, c’est une preuve qu’il n’est pas là où secrètement il a choisi pour toujours de rester. Voilà un père qui a su matériellement mettre à l’abri sa famille, qui a travaillé dur, qui a réussi avec son magasin. Sa femme et ses enfants sont dans l’aisance matérielle. Franz peut apprendre comme il veut. Ce père a en somme assuré la matérialisation d’un espace matriciel. C’est certifié, le père travaille tellement que rien ne pourra faire disparaître cela, c’est un monde qui ne se décomposera pas, la famille vit, grâce à ce père, dans la sensation matérielle d’un abri. Le père assure cet abri, ce ventre, ce château, que, donc, Franz n’a même pas besoin de construire, il sait bien qu’il existe et qu’il est dedans, sans projet réel de s’en évader, il faut juste qu’il se construise un alibi. C’est un père qui assure femme et enfants, en premier lieu Franz, premier enfant après plusieurs garçons morts en bas âge, et qui restera seul quelques années avant la naissance de ses sœurs, de l’éternisation d’un abri. Pas de fin de la vie intra-matricielle de château. Le petit Franz, c’est à son père qu’il le doit ! Son père est un assureur de ça ! Plus tard, Franz Kafka travaillera comme par hasard dans une compagnie d’assurances, "Assecurazione Generali " ! En symbiose avec sa mère. Situation incestueuse où il est en concurrence avec son père. Avoir peur de son père, et être en même temps fasciné par lui, allège son sentiment de culpabilité né de la situation incestueuse, et pour ainsi dire l’attrait qu’il a pour son père qui l’influence de toute sa hauteur souligne bien comment il frise de faire un choix homosexuel pour échapper à l’inceste avec la mère et son sentiment de culpabilité intenable. Ce serait une prison, ce giron maternel, mais la parole du père, en élargissant l’espace maternel, en en faisant son domaine propre ouvert à son fils, le métamorphose en château. Ce ne serait pas vivable, ce giron maternel, ce serait une prison, mais le fait que le père le revendique comme sien, tout en le laissant des journées entières au fils parce qu’il est souvent absent, cela le rend moins dangereux, cela en fait un château. Il est dans le château, mais il faut juste que, par ce père, il ait l’impression de ne jamais pouvoir y entrer. Ce père qui se présente comme ayant tout sacrifié pour ses enfants est très étonné du peu de prévenance de son fils à son égard, de son peu de sympathie. Le jeune Franz ne s’intéresse pas au commerce de son père, ni à ses affaires, il est très froid, ingrat. Comme s’il devait prendre de la distance par rapport à l’homosexualité. Froideur, ingratitude, distance, pour ne pas savoir. En même temps, Kafka écrit à son père que dans cet état de chose entre eux, il n’a pas tort, sauf peut-être d’avoir été trop bon avec lui ! Car, après tout, c’est bien ce père qui a assuré la matérialisation d’un lieu à l’abri, métaphore d’un lieu matriciel, si bien que le jeune Franz n’a jamais eu l’impression d’avoir été mis dehors du ventre maternel. Son père a fait le contraire d’assurer la coupure du cordon ombilical, et, en plus, il voudrait être remercié d’avoir assuré l’immortalisation de cet abri, alors même qu’en tant que père, il aurait dû assurer autre chose, c’est-à-dire la perte de cet abri et la coupure du cordon ombilical. Donc, un père trop bon ! Mais, ajoute Franz Page 2 of 10 Franz Kafka, Lettre au père - Exigence : Littérature 07/03/2011 http://www.e-litterature.net/publier2/spip/spip.php?page=imprim&id_article=995&va... Kafka, lui-même est aussi innocent de l’éloignement survenu entre eux ! Innocent d’inceste et d’homosexualité ! Il se tient à distance pour mieux y rester, en ne voulant pas savoir ! Son père l’assure qu’il l’avait toujours aimé ! La preuve ? Cet abri matériel ! Maintien dans la métaphore d’un ventre ! C’est pour cela que Franz Kafka arrive à écrire à son père : il y a quelque chose d’anormal entre nous ! Quelque chose que son père a contribué à provoquer, sans que ce soit de sa faute ! La faute, c’est celle de l’abri matriciel, donc du côté maternel, mais c’est le père qui a provoqué sa matérialisation. D’autre part, ce père qui a réussi par son commerce, père très doué, a matérialisé quelque chose qui n’existait pas avant. Il est parti de rien, venu de la campagne vers la ville. Du fait qu’il a offert cet abri matériel à sa famille, son fils Kafka n’aura plus jamais à faire pareil, car il ne part justement pas de rien ! Donc, comme l’écrit dans cette lettre Franz Kafka, il ne peut pas devenir un homme selon le cœur de son père. Autant son père est fort, entreprenant, doué, tyrannique, autant Franz est faible, anxieux, hésitant, inquiet. Comme père qui a assuré la matérialisation de l’abri, il est à jamais plus fort que son fils, d’autant plus que ses frères sont morts en bas âge. Tout seul, le jeune Kafka a dû soutenir ce premier choc avec un père assurant une telle matérialité à l’abri, faisant le contraire de certifier qu’il était bien mis hors du ventre matriciel, choc par rapport auquel il était trop faible ! Ainsi, il se définit par le nom de sa mère, il est un Löwy, face à son père qui est un Kafka et donc porté par cette volonté qui le mène vers les affaires, la conquête. Lui, un Löwy, comme sa mère, est sous la coupe d’un père Kafka, de ce Nom du père, qui est si fort, si éloquent, si content de lui-même, si tenace, ayant un tel sentiment d’être supérieur au monde ! A jamais, ce père qui a assuré l’abri, qui a donc assuré la mère, laquelle est subjuguée par lui, est content de lui-même ! La mère conforte ce statut du père assureur uploads/Litterature/ kafka-lettre-au-pere 2 .pdf
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- Publié le Mar 16, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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