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co Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/kantismeetmodernOOvanl ( 9 ) KANTISME ET MODERNISME DU MÊME AUTEUR La \ icrgc Immaculée. Neuvainc de considérations^ théologiques sur les grandeurs de la Mère de Dieu (S'' édition en préparation). Elévations Eucharistiques. 5^ édition. (Avignon Aubanel.) Elevaciones Eucaristicas. Traduccion de la cinqua edicion francesa por Pedro de Segura. (Barce- lona. Librcria roliiTiosa.) EN PRÉPARATION : Modernisme et Catholicisme en Allemagne cou temporaiuc. I IMP. I'. TÉQUI, 93. RUE Dl ViUGlRARD, PARIS. Abbé VAN LOO Kantisme et Modernisme ESSRI PHILOSOPHIQUE et THÉOliOGIQUE PARIS ! GEiNÈVE ! MERRE TÉQUI, Éditeiji j ACTION BIBLIOGRAPHIQUE SOCIALB 82, RUE BONAPARTE, S2 | II, RUE DU PRINCE, H 1917 b ^\dRA^ NIHJL OBSTAT: Y. DE LA BrIÈRE, Cens. dep. Lutetiae Parisiorum, die 19 Martii 1917. IMPRIMA 1 UR : Parisiis, die 20 Martii 1917. H. Odelin, AU LECTEUR Le sang et les larmes qui coulent à flots depuis trois ans devraient, semble-t-il, laisser dans l'ombre les discussions et les recherches philoso- phiques. Mais s'il reste vrai que les idées mènent le monde, au milieu du fracas de la mitraille il ne faut pas qu'on oublie l'œuvre toujours né- cessaire, celle d'hier et celle de demain : la saine culture des intelligences et, par elle, la droite formation des cœurs. Beaucoup sourient lorsqu'ils entendent dire que la philosophie tient la première place dans le gouvernement des choses d'ici-bas. Et cependant n'est-ce pas la pensée de l'élite qui, passant par les livres et les mille organes de la presse, arrive à pénétrer dans la masse .^ De la tête du corps so- cial, les idées passent dans les membres dont elles imbibent l'esprit et gouvernent la volonté. L'homme du peuple ne pense pas beaucoup, VI mais il croit volontiers ce quil lit dans le livre ou le journal qui lui tombe sous la main. N'est-ce jias la philosophie allemande qui de- puis un siècle a grisé l'Allemagne au point de renverser en ce pays les notions premières des valeurs morales? Le manifeste odieux des <( intel- lectuels » allemands, couNrant de leur autorité les monstruosités des troupes les plus barbares que la terre ait jamais vue^. iirouve à l'évidence l'équation des mentalités militaire et intellec- tuelle germaniques. 7/ faut que meure la légende des deux AlUiuagne. 11 n y a plus d'Allemagne mystique, pacifiste, à coté de l'Allemagne pan- germaniste, ivre de conquêtes. Philosophes, théo- logiens et soldats allemands tendent leurs forces vives vers la création d'une morale internationale nouvelle où la jorce prime le droit. C'est avant tout de la philosophie de Fichte qu'est né le militarisme prussien, mais Fichte est de mentalité kantienne. Et Kant, quoique ayant écrit un traité sur la paix universelle, était prussien dans l'Ame. « Il mettait la musique mi- litaire au-dessus de tout, écrit le professeur G. von Below, et ouvrait ses fenêtres toutes gran- des quand les soldats prussiens, musique en tête, ]ra<saient devant sa maison (i). » Chez lui, les théories de l'esprit n'auraient- elles pas été d'accord avec les affections du oœur.^ il) Voir : Scientia. revue italienne, livraisons 1, -2, 1916. VII Que la question kantienne soit des plus actuel- les, c'est ce que prouve un long article intitulé (( Kant et l'opinion française )>, paru le 24 juil- let 19 16 dans le Journal de Genève sous les ini- tiales J. E. R. Après avoir attaqué le Pape et les Jésuites, il aurait été surprenant que le journal protestant ne s'en prît pas à ceux qui ont l'audace de eom- battre la philosophie de Kant, « le champion de l'autonomie de la conscience et de la raison, que plusieurs ne parviennent pas à admirer ». Le journaliste calviniste à qui nous abandon- nons volontiers la supériorité d'admirer le <( champion » allemand s'en prend à MM. Las- serre, Bourget, Maurras, Daudet, de Gaultier, Barrés, etc.. qui osent croire à « l'existence d'un lien secret entre l'individualisme kantien et les violences de l'impérialisme allemand ». Puis J. E. R. s'en prend au R. P. Janvier en ces termes : «. Le R. P. Janvier (interview publiée dans VOpinion du 20 novembre 191 5) a bien vu qu'un lien unit Kant à Descartes. Voici comment il le définit : <( Le doute méthodique cartésien n'est autre chose que l'application, à la philoso- phie, du libre examen institué en religion par Luther... VIII (( La France... a souffert... par ce canal dérivé, des conséquences intellectuelles de la réforme al- lemande. L'Eglise voyait juste quand elle mettait Descartes à l'index. L'individualisme de la pen- sée philosophique française et l'individualisme religieux allemand devaient aboutir ((à une jonc- tion explicite dans Rousseau et Kant ». (( Ainsi, d'après le R. P. Janvier, l'essence de la pensée cartésienne est allemande. Ce n'est pas as- sez dire. Tout philosophe qui ne jure pas sur la parole de saint Thomas est allemand. Toute la philosophie moderne, y compris la plus pure philosophie de France et d'Angleterre, est alle- mande! (( De sorte que, d'après nos ingénieux critiques de Kant, si Kant est responsable à un degré quel- conque des aberrations du pangermanisme, toute la philosophie moderne est également coupable. On se demande parfois si on doit prendre au sé- rieux une pareille exposition des rapports entre la philosophie et l'histoire. Et, d'autre part, on sent que ces adversaires du kantisme écrivent et pensent avec une absolue sincérité. mystère de ITime des autres I « Nous respectons le « mystère de l'âme », de J. E. R. et lui faisons grâce de sa logique qui tire des prémires des conclusions tout autres que cel- les qui y sont renfermées. Le texte du P. Janvier a été habilement tron- IX que par l'écrivain calviniste pour les besoins de la cause. Nous rétablissons ici certains extraits de l'arti- cle de VOpinion o\i l'éloquent dominicain expose clairement les effets de l'individualisme dont Kant est le père (i). Réponse du R. P. Janvier à une enquête. ... Il faut bien reconnaître que ce fonds social de nos idées traditionnelles organisatrices a été sensiblement entamé par l'influence du protes- tantisme qui, au lieu de maintenir la solidarité, a éparpillé l'individualité, rompu la discipline, émietté la hiérarchie. C'est la Réforme qui est responsable de la crise d'individualisme qui sé- vit sur nos temps modernes. Sans doute, en France, dans l'ordre intellec- tuel, l'individualisme s'en est tenu à la forme de doctrine philosophique. On peut même dire que, sous cette forme, il est issu plus ou moins direc- tement de Descartes. Mais prenez garde que pré- cisément le doute mé(bodi([uc cartésien n'est au- tre chose que l'application, à la philosophie, du (1) Si nous attachons tant d'importance à un article de jour- nal, c'est que trop de catholiques de la Suisse romande et d'ail- leurs étudient la théologie dans le calviniste Journal de Genève et se font souvent l'écho de ses opinions tendancieuses ou sec- taires. 1. libre examen institué en religion par Luther. De- puis deux cents ans, la France, demeurée fonciè- rement catholique, mais imbue de cartésianisme, a souffert en quelque manière, par ce canal dé- i\\é, des conséquences intellectuelles de la Ré- forme allemande. L'E^dise voyait juste lors- qu'elle mettait Descartes à l'index. L'individualisme ainsi déposé en germe dans la pensée ])hilosophique française ne fit que se développer parallèlement à l'évolution de l'indi- vidualisme religieux allemand. L'un et l'autre devaient aboutir naturellement à une jonction explicite dans Rousseau et Kant. De Rousseau, il est inutile de rappeler les attaches protestantes (le calvinisme n'étant pas meilleur que le luthéra- nisme au point de vue qui nous occupe). Pour Kant, proclamant l'automonie morale de lindi- vidu, il suffit de rappeler le mot du docteur Paul- sen : « Kant est le philosophe du protestan- tisme... » ... Je viens fie dire de l'individualisme (juil est vme maladie. Oci choquera sans doute ceux qui, sur la foi de Kant et de Rousseau, le considè- rent comme une qualité de l'individu. Cependant il faut bien reconnaître que le caractère naturel de l'individu humain est d'être social. L'homme a des liens de tous les côtés, liens naturels, tradi- tîoimels, politiques, religieux. Si vous le libérez de ces liens, vons lui otez une de ses plus grandes (|ualités d'homme. Qu'on ne vienne donc pas XI prétendre construire la société avec des individus considérés a priori, en eux-mêmes. C'est au con- traire un état social donné qui définit l'individu. Tel est le postulat auquel on doit se référer sans -cesse dans toute critique méthodique de l'organi- "sation sociale. Je viens de vous montrer la cause originelle de l'individualisme moderne. Elle est d'ordre intel- lectuel (philosophique et religieux).^ C'est que la doctrine et l'esprit sont à la base de toute orga- nisation humaine, sous quelque aspect qu'on l'envisage, du point de vue artistique jusqu'au politique... ... En Allemagne, au contraire, le principe fondamental de l'organisation manque totale- ment dans l'ordre intellectuel et religieux. D'a- près Kant, chacun peut et doit chercher en lui- même le principe de sa conduite. D'après Luther, chacim peut avoir uploads/Litterature/ kantisme-et-modernisme.pdf
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- Publié le Aoû 21, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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