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« Sociologues » et « littéraires », positions et prises de position Rechercher : Actualité scientifique Synthèse Calendrier Parutions Web littéraire Offres de postes Infos diverses Acta fabula Sommaire Projet Participation Atelier de théorie littéraire Sommaire Nouveautés Carte Colloque "L'effet de fiction" Présentation Débats en ligne Forum "Roland Barthes" Présentation Débats en ligne Dictionnaire subjectif Colloque "Frontières de la fiction" Présentation Débats en ligne Textes à télécharger Ressources Sites hôtes Colloques hôtes Annuaire Dramatica Metis Plume Théorie et critique littéraire sur Internet Aleph Carnet de sites Bibliothèques Inscrire un site Presentation in english Lettre d'information hebdomadaire Édition mobiles Ajouter Fabula à vos favoris Faire de Fabula votre page de démarrage « Sociologues » et « littéraires », positions et prises de position Lhomologie postulée entre positions et prises de position est le point vif du débat entre « sociologues » et « littéraires » - « pour présenter les choses dans leur polarité forcée » (voir M. Macé, Apollinaire sociologue). Au fondement de la sociologie de Bourdieu en effet, on trouve lambition constamment réaffirmée de dépasser lopposition entre les approches internalistes et externalistes, formalistes et « sociologistes » (dans les faits, les exemples sont très souvent les mêmes : Foucault (ce qui ne laisse pas dêtre étonnant), dun côté ; Lukacs ou Goldmann, de lautre), approches dont, il faut le reconnaître, Bourdieu mais surtout les travaux inspirés de son projet de « science des uvres » conservent néanmoins les acquis. Ni essentialisme de la littérature « pure », ni réductionnisme sociologique, la « science des uvres » se donne précisément pour objet la mise en relation de « lespace des uvres (cest-à-dire des formes, des styles, etc.) conçu comme un champ de prises de position qui ne peuvent être comprises que relationnellement, à la façon dun système de phonèmes, cest-à-dire comme système décarts différentiels, et lespace des écoles ou des auteurs conçu comme système de positions différentielles dans le champ de production » (Raisons pratiques, p. 69-70). Il y a là deux ambiguïtés en germe qui ont conduit à quelques malentendus : -la première concerne cette idée de relation ; quil y ait une relation entre les deux structures (la première constituée par les relations différentielles entre positions (soit la distribution du capital spécifique) et la seconde par les relations différentielles entre prises de positions (les choix stylistiques et esthétiques)) ne veut pas dire que cette relation soit de lordre de la détermination mécaniste ; cest au contraire une relation dialectique, toujours médiatisée à la fois par lhabitus des agents et par lespace des possibles tel quil a été historiquement défini. -la seconde ambiguïté provient du vocabulaire ; les termes de « stratégie », de « prise de positions » pourraient laisser penser que les agents sengagent consciemment dans des luttes pour la conquête de la légitimité, mais il nen est rien ; dans le cas du champ littéraire, il y a même un « intérêt au désintéressement », de sorte que des agents peuvent accomplir, de façon spontanément désintéressée, des actions qui, objectivement, servent leur intérêt. Il reste que toute production littéraire sinscrivant dans un espace différentiel, elle ne peut pas ne pas signifier, et traduit donc une « prise de position », au sens strict. Pourtant, et malgré ces précisions, les « littéraires » ne se reconnaissent ni dans la description que la sociologie de Bourdieu donne de leurs pratiques (en particulier dans le portrait particulièrement caricatural que celui-ci peut donner des lectures quil appelle « internes ») ni dans le parti pris explicatif quadopte ouvertement la « science des uvres ». Dénégation, répondra-t-on ; un tel refus est la réaction prévisible au « désenchantement » introduit par le regard du sociologue, et sans doute faut-il y voir le souci des « littéraires » de préserver leur pré carré, ce qui suppose le maintien des mythes fondateurs (la valeur de la littérature, son existence même, etc.). Dailleurs écrit Anna Boschetti, « lopposition entre « littéraires » et « sociologues » est, en fait, lune de ces fausses alternatives, dues à des habitudes mentales qui empêchent de faire progresser la connaissance » (voir sa réponse à un compte rendu de son ouvrage: http://www.fabula.org/revue/cr/297.php. Il reste que, si le social est autant « dans les têtes » que « dans le monde », une telle distinction a de facto des effets dans les pratiques ; et la persistance de cette « habitude mentale » est peut-être un peu plus quun archaïsme imposé par la masse de capital que la discipline « littéraire » comme institution a historiquement accumulée dans le champ universitaire. Mais cela, cest aux « littéraires » de le démontrer, et cest dabord là, dans cette incitation à lexplicitation du projet et des méthodes, quest la vertu majeure de la sociologie du champ -quil faut donc commencer par lire. On y trouve en effet un souci constant (parfois obsessionnel, voire paralysant) dexplicitation du projet, de lobjet, des présupposés, etc. Un tel souci - dont le sociologue na pas, quoi quil en pense, le monopole - mériterait cependant de servir de modèle pour une recherche en littérature souvent trop peu préoccupée de ses propres fondements, de la constitution de son objet, de son inscription sociale et de ses fins (les fins ne se confondant pas toujours avec les buts, ni les buts avec les motivations). Les ouvrages de Bourdieu comme ceux quil a inspirés constituent une invitation pour les chercheurs en littérature à se demander ce quils veulent faire -quitte à sapercevoir que ce quils veulent faire nest pas une sociologie du champ littéraire - . La force de le sociologie de Bourdieu - et sa tendance à labus de pouvoir - est de faire croire quelle a le monopole de la réflexivité, quelle est la seule véritable réflexivité ; il reste quon ne peut opposer à un tel projet quun autre projet, lui-même parfaitement explicité. Or, la « routinisation » et la généralisation de termes comme ceux de « champ » ou de « capital symbolique » détachés de leur contexte sont, à cet égard, des signes plutôt inquiétants et le plus souvent les indices dune réflexivité faible voire nulle ; on voit en particulier se développer aujourdhui une « lecture » du travail de Bourdieu qui tend à le présenter comme une sorte de moralisme XVIIe siècle matiné de sociologie, lecture exemplairement réductrice, quoique autorisée par certaines figures de renversement (« lintérêt au désintéressement », « faire de vertu nécessité et de nécessité vertu »), par certaines références (à lillusio, à Saint-Simon) ou par un titre comme Méditations pascaliennes. Pourtant, il importe de comprendre que ni les auteurs ni les critiques ne sont des hypocrites rusant avec leur conscience, et que le capital symbolique nest pas une version moderne du prestige (Le capital symbolique est nimporte quel type de capital spécifique perçu selon des schèmes cognitifs, des principes de vision qui sont eux-mêmes le produit de lincorporation des structures objectives du champ). Répondre à la sociologie de Bourdieu est toujours une entreprise malaisée car la théorie se construit comme une anticipation des objections qui pourraient lui être faites, ce qui contraint largumentation à emprunter des voies détournées, puisquelle ne doit pas seulement sopposer, mais aussi se démarquer de ce avec quoi on voudrait la confondre ; il reste que cest aux « littéraires » de répondre à la mise en demeure que constitue, pour leur discipline, la sociologie du champ, et que cette réponse nest certainement pas dans le silence dédaigneux ni dans un pseudo-dépassement que viendrait attester, ici et là, un usage affadi dun lexique tombé dans le domaine public. Vincent Debaene Carte de la notion | Soumettre une notion complémentaire ou commenter cette page Sommaire | Nouveautés | Index | Plan général | En chantier | Imprimer | Accès rédacteurs Dernière mise à jour de cette page le 1 Novembre 2002 à 14h27. 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