PREPRINT - A paraître dans les actes de : Manuscrits Arabo-Berbères - Journée d
PREPRINT - A paraître dans les actes de : Manuscrits Arabo-Berbères - Journée d’études du 15 novembre 2011 (Paris) Un témoin manuscrit de la « Mudawwana d’Abū Ġānim » en berbère par Vermondo Brugnatelli Un siècle après les dernières informations, par Motylinski (1907), à propos du long texte berbère « connu sous le nom de Moudaououana d’Ibn R’anem »1 renfermant une traduction/commentaire en berbère du recueil de fiqh ibāḍite de Abū Ġānim Bišr b. Ġānim al-Ḫurāsānī, la (ré-)découverte de trois manuscrits de cet ouvrage a donné lieu à la publication de quelques articles par Ould-Braham (2008 et 2009), Ou- Madi (s.d. et 2005) et moi-même (Brugnatelli 2010 et 2011), et ouvre des perspectives nouvelles pour une meilleure connaissance de ce texte dont jusqu’à récemment on ne possédait qu’une vingtaine de phrases rappor- tées par Motylinski (1907) et un glossaire publié par Bossoutrot (1900)2. 1. Les manuscrits connus L’article d’Ould-Braham (2008) retrace l’histoire de la découverte du texte et dresse la liste des manuscrits dont on a connaissance jusqu’à 1 Le nasab (patronyme) Ibn Ġānim revient comme dénomination de cet auteur chez Motylinski (1897 : 246, 1905a : 146 et 1907 : 68 et 69), Bossoutrot (1900 : 489) et R. Basset (1907 : 540), ainsi que dans la fiche du catalogue de la bibliothèque de Tunis, bien que par erreur rubriquée sous un autre Ibn Ġānim. Au contraire, aussi bien Ould-Braham (2008 et 2009) que Ou-Madi (s.d.) font référence à la kunya (surnom) Abū Ġānim. Dans le texte lui-même, l’auteur est mentionné comme Abū Ġānim en arabe et Buɣanem en berbère (eḏ wawal n Buɣanem <nbwġʾnm>, f. 308a, l. 5-6). Comme le montre cet exemple, j’utilise deux systèmes différents pour la transcription des mots berbères et arabes, en suivant les habitudes des deux domaines. À noter, dans le système berbère : < c > au lieu de < š > arabe, < ɣ > pour < ġ >, < x > pour < ḫ >, < ɛ > pour < ʿ > (en outre, la longueur des voyelles ne sera pas notée et < e > = [ә]). Quand les deux langues coexistent dans un exemple, la distinction est aussi marquée par des caractères en gras. 2 La plaquette numérique d’Ou-Madi (2005) contient la traduction en arabe de cet article accompagnée de tableaux de récapitulation et d’explications contenant des renvois au manuscrit. 1 présent. Les exemplaires signalés sont : 1- Une copie manuscrite de 594 pages rédigée en 18723 ; 2- Une copie de 894 pages rédigée en 1816 ; 3- Une copie en 31 cahiers remontant au 1792 ; 4- Une copie de 394 pages rédigée en 1782. Le texte n° 1 a été retrouvé à Paris par Ou-Madi (s.d. : 3 ; 2005 : 5) qui en aurait fait des photocopies, mais actuellement il est introuvable4. La copie n° 4 est en possession de Ould-Braham, qui l’a achetée récemment, tandis que la n° 2 et la n° 3, découvertes comme la n° 1 entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème par le commandant Francis Rebillet (1848-1923), ont été étudiées par Motylinski en vue de la publication du texte, mais après sa mort et jusqu’à présent on ne disposait pas de renseignements précis sur leur survivance et localisation. À ma connaissance la n° 3 n’a pas encore été localisée5. Dans les notes de Motylinski qui accompagnaient le manuscrit Rebillet il y a aussi plusieurs pages consacrées à un « manuscrit en mauvais état » (p. 83) rédigé en plusieurs cahiers, mais Ou-Madi, qui a retrouvé ces notes, n’a pas mentionné la présence d’éventuels cahiers accompagnant le manuscrit : probablement ils n’étaient plus présents au moment de la découverte6. Quant au manuscrit n° 2, il a été vendu en 1979 à un acheteur 3 « La copie communiquée à M. Rebillet est relativement récente puisqu’à la fin des divisions on trouve comme date les années de l’hégire 1288, 1289 et 1290 » (Motylinski 1907 : 70). Cet exemplaire est appelé « Manuscrit Rebillet » aussi bien par Schacht (1956 : 381) que par Ould-Braham (2008 : 55). 4 En effet, le manuscrit faisait partie d’un fonds de matériaux d’Auguste Bossoutrot conservé dans les locaux d’une unité de recherche du CNRS (ERA 585) sise rue Santeuil que dirigeait David Cohen (sur ce fonds, v. aussi Ayoub 1981 et 1985 : 8). Cette unité de recherche n’existe plus et tous ses matériaux ont été transférés ailleurs. Mais une recherche effectuée dans le nouvel emplacement a révélé que le manuscrit en question n’en fait plus partie. Apparemment il y a eu une période où les locaux étaient mal surveillés, et il se peut que le manuscrit ait disparu à cette époque-là. 5 Quelques renseignements sur cet exemplaire sont contenus dans un rapport inédit de Motylinski conservé dans les Archives d’Outre-Mer d’Aix-en- Provence (Ould-Braham 2008 : 55). De plus, les notes de Motylinski retrouvées par Ou-Madi avec le Manuscrit Rebillet en comportent quelques extraits (v. ci- dessous). 6 En 2011, ces notes (122 pages numérotées) ont été reproduites en format numérique par les éditions eBox-Arobas sous le titre : A. de C. Motylinski, La Mudawana d’Ibn Ghanem manuscrit arabo-berbère (dans le site 2 inconnu. Heureusement, de ce manuscrit, le plus long des quatre, subsistent des photographies noir et blanc à la Bibliothèque Nationale de Tunis (cote Ms.Or. 2550) et des microfilms à la bibliothèque d’Aix-en- Provence (n° 125.3-6 du catalogue de Stroomer & Peyron 2003). Ayant eu l’occasion de prendre connaissance des photographies existantes dans la Bibliothèque Nationale de Tunis, je vais esquisser ici une description préliminaire de ce manuscrit7. 2. Le Ms. Or. 2550 de Tunis La fiche du catalogue de la bibliothèque de Tunis (Catalogue des manuscrits, troisième partie - Avril 1978) attribue erronément l’ouvrage à ʿAbdallāh b. ʿUmar b. Ġānim, au lieu de Abū Ġānim Bišr b. Ġānim al- Ḫurāsānī. Le titre de la fiche est Mudawwana, mais la première page du manuscrit contient ce qui semble être considéré le véritable nom de l’ouvrage, soit Kitāb al-Barbariyya. Ce titre est confirmé par l’un des deux index qui précèdent le texte. En effet, les premières pages, non numérotées, contiennent deux index. L’entête du premier est : al-ḥamdu li llāhi hāḏihi fihrisatu Kit ā bi Mudawwanati bni Ġ ā nimin raḥima-hu llāhu, celui du second est : al-ḥamdu li llāhi hāḏihi fihrisatu Kitābi l- Barbariyyati. Le premier index, couvrant une page (f. IIa), fait référence à un autre livre, puisque la disposition des chapitres est différente et la numérotation des pages ne correspond pas à celle du manuscrit. Le second index, en revanche, s’étale sur trois pages (ff. IIIa-IVa) et reproduit fidèlement le contenu du manuscrit. En dehors du frontispice et de l’index, cette dénomination reparaît aussi à l’intérieur de l’ouvrage, dans une note qui parle de l’auteur de ce livre en l’appelant ṣāḥib al-Barbariyya (f. 332b ; v. image ci-dessous). Le titre arabe de Barbariyya correspond exactement à Tmazixt, le titre berbère d’un poème religieux de Jerba composé entre le XVIIIe et le XIXe siècle (Brugnatelli 2005 : 132 et 2008a : 191-2). Il rappelle aussi le terme lmazɣiy « le livre berbère » utilisé au Maroc pour nommer toute composition écrite en langue berbère (van den Boogert 1997 : 40, 96). www.eboxeditions.com). 7 Quelques données extraites de ce texte ont déjà été l’objet de certains articles : Brugnatelli (2010, 2011 et sous presse). 3 Contrairement à ce qu’affirme Ould-Braham (2008 : 55 ; 2009 : 9), ce manuscrit ne semble pas être « accompagné » par le « glossaire » que Bossoutrot publia en 19008. Les photographies de Tunis (en format 18x24 cm.) sont réunies en quatre groupes contenant la reproduction de 115, 111, 113 et 110 feuillets, ainsi repartis : • I) 4 ff. non numérotés + ff. 1-110 (2 fois le f. 48) = 115 • II) ff. 111-220 (2 fois les ff. 190 et 201 mais sans f. 170) = 111 • III) ff. 221-335 (sans ff. 279 et 280) = 113 • IV) ff. 336-445 = 110 Au total, les feuillets sont donc 449, soit 898 pages. En tenant compte du fait que 5 pages n’ont pas été écrites (ff. Ib, IIb, IVb, 169b, 221b), le texte écrit s’étale sur 893 pages. Chaque page contient, normalement, 22 lignes. Dans plusieurs parties du texte cette longueur est respectée presque sans exceptions, mais parfois il y a des sections où le numéro des lignes varie d’une page à l’autre de 22 jusqu’à 28 lignes (f. 261a). À l’exception des premiers feuillets, contenant le titre et les deux index et qui ne sont pas numérotés, tous les feuillets du corps du texte affichent un chiffre dans le coin supérieur gauche du recto, alors que le verso n’est pas numéroté mais contient, dans la marge inférieur, la réclame, c’est-à-dire l’anticipation du premier mot de la page suivante. La numérotation des pages est successive à la rédaction du texte. On peut le constater dans quelques cas 8 C’est aussi Schacht (1956 : 381) qui parle d’un texte de uploads/Litterature/ kitab-al-barbariyya-preprint-libre.pdf
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- Publié le Jan 09, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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