Outil d’accompagnement aux pratiques de classe L’entrée dans l’écrit à l’école

Outil d’accompagnement aux pratiques de classe L’entrée dans l’écrit à l’école maternelle L’entrée dans l’écrit à l’école maternelle Outil d’accompagnement aux pratiques de classe Service général du Pilotage du Système éducatif Avril 2007 Christine CAFFIEAUX, Sophie LECLOUX et Sylvie VAN LINT sous la direction du Professeur Bernard REY Service des Sciences de l’Éducation de l’Université libre de Bruxelles © Ministère de la Communauté française - Sylvie VAN LINT – Henri DEFRESNE Conception des jeux : Sylvie VAN LINT Illustrations : Henri DEFRESNE Les cartes et les plans de jeux peuvent être reproduits par les enseignants pour un usage au sein de leur classe et par les parents pour un usage au sein de leur famille. La reproduction à d’autres fins est interdite sauf autorisation préalable du Ministère de la Communauté française. 3 Quelques points de repère sur l’entrée dans l’écrit à l’école maternelle L’école maternelle, même la troisième année, n’est pas le lieu de l’apprentissage formel de la lecture et de l’écriture. Néanmoins, les professionnels du monde de l’éducation s’accordent à dire que l’école maternelle a un rôle à jouer dans les premiers contacts de l’enfant avec la culture de l’écrit. Ce rôle est d’autant plus crucial lorsqu’il s’agit d’enfants provenant de milieux socioculturels plus défavorisés. En effet, il apparaît que les milieux socioculturels plus favorisés apportent souvent, presque inconsciemment, à travers leurs habitudes de vie, une approche fonctionnelle du monde de l’écrit qui se révèle bénéfique aux premiers apprentissages. ¾ Mais qu’entend-t-on concrètement par « premiers contacts avec la culture de l’écrit » ? Nous pouvons envisager deux grandes compétences autour de l’écrit qui seront à acquérir par les élèves avant même d’apprendre formellement à lire et à écrire. Tout d’abord, il y a la question des fonctions de l’écrit : Qu’est-ce que le monde de l’écrit ? A quoi cela sert-il de savoir lire ? A quoi cela sert-il de savoir écrire ? Quels sont les différents types d’écrit ? A quoi servent-ils ? Cette compétence permet aux enfants de donner du sens aux activités que sont la lecture et l’écriture. En effet, quand un enfant apprend à parler, il perçoit bien à quoi cela peut bien lui servir et très vite, il ressent l’expression orale comme un besoin. Ressentir l’apprentissage comme un besoin donne du sens et apporte une motivation intrinsèque qui portera l’enfant tout au long de son apprentissage. En ce qui concerne l’apprentissage de la lecture, qui suppose un effort soutenu, l’enfant doit prendre conscience de ce à quoi cela va lui servir. L’enfant doit découvrir les enjeux individuels et sociaux de cette activité : dans notre société moderne, l’écrit est omniprésent et la lecture est devenue un outil totalement indispensable à l’intégration sociale et professionnelle de toute personne. De plus, les fonctions de l’écrit sont diverses (informative, imaginative, communicative, régulatrice,…) et chaque fonction privilégie un type de support, un type de mise en page, un champ sémantique déterminé, etc. A ce niveau, l’école maternelle a un rôle important à jouer. Dès l’entrée à l’école maternelle, l’enseignante peut, petit à petit, faire découvrir ces différentes fonctions. Cela commence par la lecture régulière d’histoires, d’affiches publicitaires, d’invitations, d’informations, ou encore l’utilisation du calendrier. En troisième année maternelle, cette sensibilisation sera de plus en plus intensifiée. C’est autant la question de « l’envie » de lire qui est en jeu que la prise de conscience de l’omniprésence de l’écrit dans notre environnement. 4 Il y a ensuite la découverte des règles de codage du système d’écriture : comprendre le principe alphabétique et maîtriser le code c’est-à-dire la correspondance entre graphème (une ou plusieurs lettres) et phonème (le son). Qu’est-ce que le principe alphabétique ? Qu’est-ce qu’un graphème et un phonème ? Notre système d’écriture est un système alphabétique : la combinaison de 26 lettres permet de construire des milliers de mots différents. Dans la langue française, nous trouvons 36 phonèmes représentés par un nombre considérable de graphèmes. Un phonème est la plus petite unité sonore (un son) qui permet des distinctions sémantiques. Dans le mot « sol », il y a trois phonèmes : [s], [o] et [l]. Aucun n’est décomposable en unités plus petites. De plus, ces phonèmes sont distinctifs, ils s’opposent à d’autres sons et permettent une distinction avec d’autres mots : exemple : le mot « vol » se distingue du mot « sol » par le premier phonème. Le mot «chat », quant à lui, comporte 2 phonèmes ([ƒ] et [a]) mais chaque phonème se traduit, à l’écrit, par deux lettres. En effet, un même phonème peut être représenté de plusieurs façons. Le phonème [o] se traduit, entre autre, par o comme dans chocolat, o(t) comme dans lot, au(d) comme dans chaud, par eau dans sceau et ô(t) dans tôt. Le concept de phonème est propre à la langue orale. Un graphème est une lettre ou une suite de lettres correspondant à un phonème. Si l’on reprend l’exemple du mot « chat », le premier graphème (qui correspond au premier phonème du mot) comprend deux lettres : « c » et « h ». Le concept de graphème est propre à la langue écrite. Le principe alphabétique correspond à l’idée selon laquelle il existe une relation entre le mot oral et le mot écrit et que cette relation s’établit en unités inférieures au mot, c’est-à-dire des phonèmes assemblés en syllabes. Ainsi, les sons entendus dans le mot à l’oral sont représentés dans le même ordre à l’écrit. A cinq ans, beaucoup d’enfants ont compris que pour écrire des mots différents, il faut des lettres différentes. Mais ils doivent encore découvrir le secret du choix et de l’ordre des lettres dans le mot. Par exemple, un enfant qui reconnaît sur une fiche son prénom peut penser que même si on mélange les lettres de son prénom, cela sera toujours son prénom. De la même manière que s’il est maquillé ou déguisé, il pensera que ses parents le reconnaîtront toujours et que son identité (c’est-à-dire pour lui, son prénom) n’en sera en rien affectée. Il peut penser aussi, que la première ou les premières lettres suffisent pour dire que c’est son prénom. De la même manière qu’il pense que si un ami ne voit que sa tête et pas le reste de son corps, il le reconnaîtra sans problème. Le monde de l’écrit est régi par des lois totalement inconnue par l’enfant et il faut l’y introduire progressivement afin qu’il puisse petit à petit intégrer les modes de fonctionnement de ce code. 5 ¾ Quel est le rôle de l’école maternelle à ce niveau ? Nous le répétons, l’école maternelle n’est pas le lieu de l’apprentissage formel de la lecture et de l’écriture. Néanmoins, ne peut-elle pas aider tous les enfants à développer les habilités sous- jacentes à ces futurs apprentissages ? En effet, ces habilités sont généralement socialement discriminatrices c'est-à-dire que des recherches ont pu démontrer que les enfants qui se montraient les plus compétents dans ces habiletés appartiennent plutôt à des milieux favorisés et que ce sont ces mêmes enfants qui réussissent mieux les tests de lecture. Nous avons vu que pour apprendre à lire et à écrire, l’enfant va devoir faire, dans le cas de la lecture, la correspondance entre des graphèmes (lettre ou groupe de lettres) et des phonèmes et, dans le cas de l’écriture, des correspondances entre des phonèmes et des graphèmes. Un aller retour incessant entre l’oral (par l’intermédiaire des phonèmes) et l’écrit (ou le visuel par l’intermédiaire des graphèmes) devra s’instaurer. Pour nous adulte, il est évident que la parole est composée de syllabes, que chaque syllabe est composée de plusieurs sons successifs appelés phonèmes. Ainsi, nous sommes capables d’identifier la présence d’un phonème dans une suite de mots indépendamment de sa position, de son contexte ou de son orthographe. Nous percevons le même phonème [k] dans une série d’expressions comme « car », « qui », « chœur », « roc », « rixe » ou « cirque ». Mais pour les jeunes enfants, les sons de la parole constituent un flux continu. Les phonèmes ne sont pas perçus comme des segments discontinus du courant acoustique. Ils entendent un flux dont ils comprennent la signification mais dont ils ne perçoivent pas le découpage en phonèmes comme nous, adultes, le percevons. Le même phénomène se rencontre au niveau de la chaîne numérique verbale : la récitation de la suite des nombres. On connaît tous des enfants qui « comptent » à toute vitesse et qui n’arrivent pas à réguler le rythme de leur litanie verbale avec le mouvement de leur index pointant des objets à dénombrer. Tout se passe comme si ils n’arrivaient pas à s’arrêter! L’apprenti lecteur va devoir prendre conscience de l’existence des mots, des syllabes et puis des phonèmes. Cela s’appelle la conscience métalinguistique (voire métaphonologique quand cela se situe au niveau des phonèmes). 6 Pourquoi parle-t-on de phonèmes et non pas simplement de sons ? Prenons un exemple : les syllabes « bol » et « col » diffèrent par le phonème initial. Pour uploads/Litterature/ l-x27-entree-dans-l-x27-ecrit-a-l-x27-ecole-maternelle.pdf

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