UNIVERSIDAD COMPLUTENSE DE MADRID FACULTAD DE FILOLOGIA L’IMAGE DE LA COURTISAN

UNIVERSIDAD COMPLUTENSE DE MADRID FACULTAD DE FILOLOGIA L’IMAGE DE LA COURTISANE DANS LES LITTÉRATURES FRANÇAISES ET ESPAGNOLES DES XVIE ET XVIIE SIÈCLES MEMORIA PARA OPTAR AL GRADO DE DOCTOR PRESENTADA POR Marion Munier Bajo la dirección de los doctores Didier Souiller y José Manuel Losada Goya Madrid, 2009 ISBN: 978-84-692-6497-3 Université de Bourgogne Universidad Complutense de Madrid L’image de la courtisane dans les littératures françaises et espagnoles des XVIe et XVIIe siècles Thèse en cotutelle Pour obtenir le grade de docteur Discipline : Littérature comparée Présentée et soutenue le 13 mars 2009 par Marion Munier Sous la direction de MM. les Professeurs Didier Souiller et José Manuel Losada Goya Jury Richard CRESCENZO, professeur à l’Université de Bourgogne José Manuel LOSADA GOYA, professeur à l’Universidad Complutense de Madrid Emmanuel MARIGNO, professeur à l’Université Lumière Lyon 2 Montserrat SERRANO MAÑES, professeur à l’Universidad de Granada Didier SOUILLER, professeur à l’Université de Bourgogne 3 Remerciements, Nous tenons à exprimer toute notre reconnaissance à MM. Didier Souiller et José Manuel Losada Goya qui surent encadrer notre travail avec la plus grande attention et disponibilité. Si leurs conseils et remarques furent très précieux, leur gentillesse le fut encore plus. Nous tenons également à remercier nos amis et parents qui firent preuve d’une grande patience et d’une bienveillance sans limite. Aline, Charlotte, Marie, Nuria, Céline et Julie se montrèrent particulièrement attentionnées, tant par leurs relectures que par leurs encouragements. 5 Remarques préalables De nombreuses œuvres utilisées pour ce travail ont été trouvées sur le site internet http://gallica.bnf.fr/ ; à chaque fois, nous utilisons le sigle Gallica pour le signaler. Pour chaque citation d’extraits d’œuvres italiennes ou espagnoles, une traduction sera proposée en note de bas de page. Pour les œuvres dramatiques, nous avons surtout utilisées les traductions du : Théâtre espagnol du XVIIe siècle, Paris, Gallimard, 1994, t. I. et t. II 1998, édition publiée sous la direction de Robert Marrast ; introduction générale par Jean Canavaggio ; textes présentés, traduits et annotés par Émile Arnaud, Pierre Blasco, Patrice Bonhomme,... [et al.] Lorsqu’il n’existait pas de traductions françaises, nous en avons proposée une personnelle. Le signe * l’indiquera. 7 Introduction « L’image de la courtisane dans la littérature française et espagnole des XVIe et XVIIe siècles ». A l’écoute de ce sujet, soit les interlocuteurs ne peuvent, soit s’empêcher d’esquisser un sourire, soit une lueur d’incompréhension et de gêne brille dans leurs regards…L’interrogation qui suit ces réactions est généralement celle-ci : « les courtisanes…les maîtresses des rois ? ». A quoi nous répondrons, non sans une certaine malice : « Non, les prostituées…les catins, les putains quoi !» Les plus grivois s’amusent du sujet traité qu’ils s’imaginent plein de gaillardises, les plus « sérieux » s’interrogent sur le bien fondé de ces recherches sur un sujet qui, somme toute, paraît peu académique et trop léger… Ces quelques lignes relatant ces réactions « plantent » les problèmes de notre étude. Qu’est-ce qu’une courtisane ? Et pourquoi traiter d’un sujet, qui encore de nos jours, met mal à l’aise, que ce soit par la grivoiserie qu’il évoque ou par son caractère « non politiquement correct » ? Nous essayerons en quelques mots d’expliquer les raisons de cette recherche. Ce sujet est né d’une évidence qui a surgi de mes précédentes recherches sur les femmes aux XVIe et XVIIe siècles. Si nombre d’études a été mené sur la femme honnête1, la femme « mauvaise », la prostituée, n’était que rarement traitée. Nous pensons particulièrement au brillant ouvrage de Marilo Vigil, La vida de las mujeres en los siglos XVI y XVII où elle se base sur des textes de moralisateurs, d’inquisiteurs et de religieux pour traiter des différents états de la femme : demoiselle, femme mariée, veuve et religieuse. Alors qu’elle semble regretter dans son introduction le fait que les femmes aient été ignorées par l’histoire et qu’elles soient « reléguées » à l’histoire des mentalités, elle semble pourtant atteinte du même syndrome en « oubliant » les femmes ne rentrant pas dans les critères sociaux de l’honnêteté…Même dans le domaine de la recherche, « un voile pudique » semble parfois recouvrir les « marginales » qui sont rejetées hors de la catégorie de la femme ! 1 Nous tenons à préciser que nous employons à de nombreuses reprises cette expression pour désigner les femmes correspondant aux codes moraux de l’époque, c’est à dire une femme chaste ou fidèle. Il ne faut y voir aucune condamnation morale personnelle. 8 Mais néanmoins, il nous faut reconnaître que le sujet de la prostitution aux XVIe et XVIIe siècles fut abondamment traité par les historiens espagnols, les nombreuses références bibliographiques en font foi, mais il fut négligé par les Français. Le Moyen Âge fut brillamment étudié par Jacques Rossiaud2 ; le XVIIIe et surtout le XIXe siècle déchaînèrent les passions des historiens de la prostitution3. Mais, en ce qui concerne le XVIe et XVIIe siècle, les travaux français sur la prostitution sont assez pauvres. Dans le domaine de la littérature, là encore, les chercheurs français s’attardèrent longuement sur les personnages des prostituées dans les œuvres des XVIIIe et XIXe siècle, mais « oublièrent » notre période. Si ce n’est Madeleine Lazard, dans Images littéraires de la femme à la Renaissance, qui consacre le chapitre X aux courtisanes, nombre d’ouvrages pourtant consacrés à la femme dans la littérature de l’époque4 n’abordent pas ce personnage. En ce qui concerne l’Espagne, les études littéraires furent plus ouvertes à ce sujet, nous pouvons nous référer à l’ouvrage de Petronella Wilhelmina Bomli qui lui consacre un chapitre5, mais surtout, nous pouvons renvoyer à Courtisans in the literature of Spanish Golden Age6, où Carmen Hsu étudie, auteur par auteur, œuvre par œuvre, le personnage mais sans pour autant adopter une démarche comparatiste, ni essayer d’en dégager des particularités propres. Du reste, elle utilise le mot de courtisane comme une façon élégante pour désigner les prostituées : In this study, the term « courtisan » is used to describe women whom we would today call prostitutes, as well as those who cohabit with men not their legal husband. In this way, autoright prostitutes, as well a s concubines, clandestine prostitutes, and pícaras are all referred to as courtesans in this book.7 2 La prostitution médievale, Paris, Flammarion, 1988. 3 Nous pouvons citer les travaux de Erica-Marie Benabou, La prostitution et la police des mœurs au XVIIIe siècle, Paris, Perrin, 1987 ; Alain Corbin, Les filles de noce : misère sexuelle et prostitution ( 19e siècle), Paris, Flammarion, 1982, Jacques Solé, L’âge d’or de la prostitution de 1870 à nos jours, Paris, Plon, 1993… 4 Dans Onze études sur l’image de la femme dans la littérature française du dix-septième siècles, réunies par Wolfgang Leiner, Onze nouvelles études sur l’image de la femme dans la littérature du dix-septième siècle, réunies par Wolfgang Leiner, Tübingen, Gunter Narr Verlag, Paris, Editions Jean-Michel Place, 19834 ; Guillerm, J.P., Guillerm L., Hordoir, L. , Piejus, M.F., Le miroir des femmes, t. I, Moralistes et polémistes au XVIe siècle, Lille, Presses universitaires de Lille, 1983 ; Le miroir des femmes, t. II ; Roman, conte, théâtre, Poésie au XVIe siècle, Lille, Presses Universitaires de Lille, 1984 ; le personnage de la courtisane n’est pas abordé. 5 La femme dans l’Espagne du Siècle d’Or, S-Gravenhage, Nijhoff, 1950. 6 Kassel, Edition Reichenberger, 2002. 7 Ibid., p. 1. * Dans cette étude, le terme de « courtisane » est utilisé pour décrire des femmes que nous appellerions de nos jours prostituées, aussi bien que celles qui cohabitent avec des hommes qui ne sont pas leurs époux légaux. De la sorte, les prostituées autorisées, comme les concubines, les prostituées clandestines, et les pícaras sont toutes référées comme des courtisanes dans ce livre. 9 Cette définition correspond, sans doute, à la vision d’un homme des XVIe-XVIIe siècle, rejetant dans le rang des prostituées toutes femmes entretenant des relations intimes avec un homme hors du cadre du mariage. D’une certaine façon, nous pouvons considérer qu’elle « complète » l’étude réalisée par Marilo Vigil. Sans vouloir dévaluer la démarche de Carmen Shu, nous nous proposons de définir plus précisément ce que nous entendons par le mot « courtisane ». Certes, nous traitons de prostitution8. Mais si nous pouvons dire que les courtisanes sont des prostituées, nous ne pouvons pas dire que toutes les prostituées sont des courtisanes. Il existe une différence de classe dans la prostitution. Ainsi, une courtisane ne travaille pas dans un bordel, ni dans une mancebía : elle n’est pas une prostituée autorisée puisqu’elle n’entre pas dans les réseaux légaux de la prostitution, à l’époque où celle-ci était encore institutionnalisée. Mais pour autant, la courtisane n’est pas totalement clandestine, elle est en effet généralement tolérée et connue de tous comme telle. Quoique nous verrons qu’elle profite souvent de son anonymat pour se faire passer pour une femme « honnête». Nous tenons également à différencier la concubine de la courtisane ; s’il est vrai que la première a des relations intimes avec un homme en dehors des liens du mariage et uploads/Litterature/ l-x27-image-de-la-courtisane.pdf

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