« La ligne ramasse ses fleurs comme une danseuse à laquelle elles furent lancée
« La ligne ramasse ses fleurs comme une danseuse à laquelle elles furent lancées en hommage, qui les plonge dans son corsage ou les pique dans ses cheveux » (Henry van de Velde) ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! L’ORNEMENT, un tapuscrit inédit de Henry van de Velde sur l’origine de l’ornement et sur l’ornement structo-lineaire et dynamographique. ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! Année 2003-2004 Diplôme d’Etudes Approfondies en Histoire de l’Art Professeur Bruno Foucart Université Paris IV- Sorbonne Priska Schmückle von Minckwitz ! ! SOMMAIRE ! ! ! 1. INTRODUCTION : Henry van de Velde et la question de l’ornement ! ! 2. « L’ORNEMENT », un tapuscrit inédit de Henry van de Velde sur l’origine de l’ornement et l’ornement linéaire dynamo-graphique ! 1. Présentation de la transcription du tapuscrit ! 2.2 Une transcription du tapuscrit Introduction : une nouvelle classification des ornements ! L’ornement linéaire Notes ! ! 3. ANNEXES ! 3.1 Descriptif des manuscrits et notes sur l’ornement conservées dans le fonds Henry van de Velde ! 3.2 Bibliographie ayant servi à Henry van de Velde dans ses recherches sur l’ornement ! ! 4. BIBLIOGRAPHIE ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! (La citation en frontispice est extraite du tapuscrit F.S.X. 1279) ! "2 ! ! Remerciements ! ! ! ! Ma gratitude va ici à Mme Anne Van Loo, conservatrice à la Commission Royale des Monuments et Sites à Bruxelles, à laquelle je dois l’idée de ce sujet de DEA ainsi que de m’avoir fait largement profiter de sa connaissance et de ses travaux sur l’œuvre de Henry van de Velde. ! J’adresse également ma reconnaissance à M. Jean-Louis Gaillemin, maître de conférences à l’université de Paris IV- Sorbonne qui m’encouragea dans le choix du sujet et à M. Bruno Foucart, Professeur à l’université de Paris IV - Sorbonne, pour son soutien et son encouragement. ! M. Fabrice van de Kerckhove et tous ses collègues de la Bibliothèque du musée de la littérature à Bruxelles m’ont, avec largesse, facilité l’accès au fonds Henry van de Velde de la Bibliothèque royale ; je leur en suis très reconnaissante. A l’École de la Cambre, ce sont Mme Caroline Mierop, directrice, et Mme Régine Carpentier, bibliothécaire, que je souhaite remercier de m’avoir généreusement ouvert les portes des archives van de Velde. Enfin j’adresse mes remerciements à M. Emmanuel Château, ATER à l’université Paris IV - Sorbonne, qui sut toujours avoir pour moi une oreille et des conseils avisés. ! "3 ! 1. INTRODUCTION : Henry van de Velde et la question de l’ornement ! ! ! L’architecte belge Henry van de Velde (1864-1957) appartient à une génération d’artistes qui vécut en son plein la révolution stylistique du tournant du XXème siècle en livrant un combat acharné contre l’historicisme. Ensemble et individuellement, ils se lancèrent à la recherche d’un style nouveau, inédit et adapté à une société transformée par les révolutions industrielles et sociales. La remise en question fut profonde, elle toucha tous les arts, majeurs comme mineurs, la littérature et la philosophie ; elle favorisa les échanges artistiques et inspira des vocations à talents multiples. Qu’ils furent peintres, philosophes, architectes, poètes ou décorateurs, presque tous écrivirent et firent circuler leurs idées nouvelles au travers de revues d’art alors florissantes, telles « L’Art décoratif », « The Studio », « Kunst und Künstler » ou « Jugend ». Dans ce décor fin de siècle, Henry van de Velde eut un parcours caractéristique : peintre de formation, il se voua bientôt aux arts graphiques avant de vivre une grave dépression, une remise en question de l’utilité de la peinture de chevalet, qui le mena aux arts décoratifs. C’est avec son premier discours « Déblaiement d’art », sorte de déclaration publique, qu’en 1894 van de Velde tourna définitivement le dos à la peinture. Inspiré par « l’artisan socialiste » anglais William Morris, van de Velde s’édifia en 1896 une première maison, pour laquelle il conçut tout jusqu’au dernier détail, dans un geste artistique unique et sans emprunt aux styles anciens. Après s’être fait architecte et ensemblier, puis chef d’une petite entreprise de production de mobilier, van de Velde passa bientôt à l’enseignement et s’adonna de plus en plus à une de ses activités favorites, l’écriture. La liste de ses publications est longue et variée, depuis la critique d’art jusqu’à la description des techniques artisanales de la Thuringe en passant par des réflexions sur le « Style nouveau ». Parallèlement à 1 ses nombreux articles de presse et essais théoriques, van de Velde mena deux projets de plus grande envergure qui ne purent être publiés avant sa mort. Ses mémoires furent de loin le plus ambitieux de ces projets et il fallut attendre 1962 2 avant que ne soit publiée une des quatre versions manuscrites auxquelles van de Velde consacra les dix dernières années de sa vie. L’autre chantier que van de Velde laissa inachevé sont ses écrits sur « L’Ornement ». Certes ses théories sur la ligne, et en particulier sa trop célèbre « ligne force » exposée dans « Die Linie » en 1902, 3 resurgissent jusque dans les années quarante et eurent une postérité exceptionnelle. Mais à côté de cela, il laissa inachevés une série de tapuscrits et minutes portant plus précisément sur la nature et l’origine de l’ornement qui datent des années 1900 "6 à 1940. Avec « Eene nieuwe klassificatie der ornamenten », Henry van de Velde publia en 1935 dans la revue flamande Gentse bijdragen tot de kunstgescheidenis l’introduction ainsi qu’une déclaration d’intention de publier le texte dans son intégralité. Dans le résumé français qui accompagne le texte néerlandais, on peut lire : ! « Selon qu’on admet ou non ma proposition : celle des sources, des zones de pénétration et du mélange, on entreverra que, pour une histoire générale de l’ornement, tous les ornements connus devraient être reclassés selon qu’ils sont d’origine purement linéaire, technique ou naturalistique ou d’origine mélangée. » 4 ! Puis, dans un des tapuscrits inédits des années 30, la version française des dernières lignes néerlandaises précise : ! « Nous n’hésitons pas à déclarer qu’une pareille classification est possible, désirable ; plus, qu’elle s’impose. L’entreprise est tentante mais la tâche est d’une envergure telle qu’elle pourrait faire reculer de plus audacieux et de plus persévérants que nous. Elle exigera de celui qui l’entreprendra un plus grand nombre d’années de recherches et de travail que celui dont nous pouvons espérer disposer encore. Par suite, nous devons limiter le champ de nos investigations. L’ouvrage que nous publions se réduira à des considérations générales : CONSIDÉRATIONS SUR LA NATURE DE LA LIGNE ET SON RÔLE DE SOURCE. Nous ferons suivre ces considérations d’un exposé très raccourci de l’évolution de cette espèce d’ornements qu’il est convenu d’appeler LINÉAIRE » 5 ! Aucune indication biographique ou correspondance expliquant concrètement pourquoi l’ouvrage n’a jamais été publié dans son intégralité ne nous est connue. Nous n’avons pas non plus trouvé d’explication à la publication de l’introduction sus mentionnée. Il ressort des notes et manuscrits conservés que les premières recherches de van de Velde datent de 1900, un peu avant son article sur la ligne, et qu’il les poursuivit au moins jusqu’en 1935, date de la publication néerlandaise citée plus haut. Van de Velde mentionna en fin de certains manuscrits et tapuscrits : « Le "7 douze Décembre dix-neuf cent seize nous terminions d’écrire ce manuscrit, commencé en Janvier dix-neuf cent quinze ! Le seize Août dix-neuf cent trente nous avons achevé la révision de ce texte en vue de la présente publication. » La première date correspond aux années pauvres en commandes architecturales, durant lesquelles van de Velde était bloqué à Weimar en raison de la guerre, se consacrant alors pleinement à l’enseignement et à ses écrits. La précarité de sa situation, ainsi que les troubles de la guerre peuvent expliquer que son premier texte n’ait été publié alors. En 1930, Henry van de Velde œuvrait pour les Kröller-Müller en Hollande, s’ennuyant et faisant tout son possible pour revenir à Bruxelles. La fin des années vingt fut, comme 1915, une période pauvre en commandes architecturales et riche en écriture – ses commanditaires industriels furent particulièrement touchés par la crise économique. Lors de cette deuxième phase d’écriture, les références bibliographiques indiquées dans les tapuscrits furent enrichies d’ouvrages récents et les idées largement développées. En 1932, les efforts de van de Velde furent récompensés : il prit en charge la direction à Bruxelles du nouvel Institut Supérieur des Arts Décoratifs (I.S.A.D.) – La Cambre. Le changement de lieu et de fonction entre 1930 et 1932 peut une fois de plus expliquer que « L’Ornement » n’en soit pas venu à être publié et ce fut visiblement seulement autour de 1935 que van de Velde entreprit une nouvelle tentative et la publication de l’introduction en néerlandais. ! Parti d’une inspiration géniale qui lui fit écrire en 1902 « la ligne uploads/Litterature/ l-x27-ornement.pdf